Les Wolastoqiyik (parfois écrit Welastekwewiyik ou Welustuk, un terme signifiant « peuple de la belle rivière » qui se prononce woul-las-tou-wi-ig), sont un people autochtone habitant depuis longtemps aux abords du fleuve Saint‑Laurent, au Québec, ainsi que du fleuve Saint-Jean, au Nouveau‑Brunswick et dans le Maine. Historiquement, les colons européens les désignent par le mot micmac malécite, dont la traduction approximative en français est « personnes à la langue brisée ». Le terme suggère que les Micmacs voyaient la langue wolastoq comme une version « brisée » de la leur. De nos jours, on compte des communautés wolastoqiyik au Québec, dans les Maritimes et dans le Maine. Selon le recensement de 2016, quelque 7 635 personnes au Canada se définissent comme étant d’ascendance wolastoqiyik.
Territoire et population
Les Wolastoqiyik habitent depuis toujours dans la vallée du fleuve Saint-Jean, qui coule au Nouveau‑Brunswick et dans le Maine, ainsi que dans les régions au sud du fleuve Saint‑Laurent, au Québec. Vers l’ouest, ils sont installés jusqu’à l’actuel comté d’Aroostook, dans le Maine. Les terres et les ressources ancestrales des Wolastoqiyik sont délimitées par celles de leurs alliés : les Micmacs à l’est, les Pescomody et les Pentagouets à l’ouest.
L’arrivée des colons européens dans les années 1700 et 1800 réduit le territoire agricole des Wolastoqiyik en bordure du fleuve. Au 19e siècle, le gouvernement colonial crée des réserves pour les Wolastoqiyik à Madawaska, à Oromocto (Welamukotuk), à Fredericton, à Kingsclear, à Woodstock, à Tobique (Neqotkuk) et à Viger (Wolastoqiyik Wahsipekuk). Depuis, les bandes de Wolastoqiyik ont déposé de nombreuses revendications territoriales, dont certaines sont approuvées par les gouvernements fédéral et provinciaux. C’est notamment le cas de celle relative à la cession de 1892, présentée par la Première Nation de Tobique et réglée en septembre 2016, ainsi que de celle relative à l’emprise du Canadien Pacifique, présentée par les Malécites du Madawaska et réglée en 2008. (Voir aussi Revendications territoriales des Autochtones au Canada et Territoire autochtone.)
Selon le recensement de 2016, quelque 7 635 personnes au Canada se disent d’ascendance wolastoqiyik. En juillet 2018, les Premières Nations Wolastoqiyik enregistrées au Canada comptent : Wolastoqiyik Wahsipekuk (Viger; 1 200 résidents); Kingsclear (1 042 résidents); Oromocto (Welamukotuk; 707 résidents); Madawaska (374 résidents); Wolastoqiyik de St. Mary’s (1 927 résidents); Tobique (Negotkuk; 2 479 résidents); et Woodstock (1 074 résidents).
Vie avant l’arrivée des colons
Traditionnellement, les Wolastoqiyik sont des chasseurs et des pêcheurs, mais ils se mettent à un certain point à cultiver le maïs, les haricots, la courge et le tabac. Les femmes complètent le régime alimentaire par la cueillette de noix, de baies et de fruits.
Avant la venue des Européens, les Wolastoqiyik vivent sous des wigwams situés dans des villages fortifiés et utilisent des produits naturels, comme le bois, la pierre et la céramique pour fabriquer leurs outils, leurs canots, leurs armes et leurs ustensiles quotidiens. (Voir aussi Histoire de l’architecture des peuples autochtones au Canada.)
Société et culture
Les bandes wolastoqiyik sont sous la gouverne d’au moins un chef qui siège au conseil tribal avec des représentants de chaque famille. En tant que communauté, les Wolastoqiyik sont aussi membres de la Confédération Wabanaki, qui regroupe les nations parlant une langue algonquienne. Ces dernières font front uni face à la Confédération des Cinq‑Nations (plus tard confédération des Six‑Nations), qui menace leur territoire et leur mode de vie. (Voir aussi Haudenosaunee.) La Confédération Wabanaki est toujours active de nos jours. (Voir aussi Abénakis.)
Les Wolastoqiyik jouissent d’un riche patrimoine culturel, qui s’apparente à celui des Pescomody, des Micmacs et des Pentagouets. Reconnus pour leur artisanat – notamment la sculpture, la décoration en piquants de porc‑épic, le perlage et la vannerie –, les Wolastoqiyik ont conçu des objets d’une valeur inestimable qui reflètent leur histoire, leur spiritualité et leur culture. Le tambour est aussi un élément très important dans leur culture : leurs rythmes rallient la communauté dans diverses cérémonies et célébrations.
Langue
Le wolastoq (encore communément appelé le malécite) est une langue algonquienne de l’Est. Les langues des Micmacs et des Abénakis au Québec, et des Pescomody et des Pentagouets dans le Maine font aussi partie de cette famille de langues. Le wolastoq et le passamaquoddy (langue des Pescomody) sont très similaires, hormis quelques différences mineures dans le vocabulaire, la prononciation et l’accentuation. Ces langues sont donc souvent regroupées sous la bannière malécite-passamaquoddy.
Selon Statistique Canada (2016), 350 Canadiens déclarent avoir le wolastoq comme langue maternelle. Le recensement de 2001 rapporte un nombre plus imposant (825), ce qui indique un déclin du nombre de locuteurs de la langue. Les communautés wolastoqiyik travaillent à la préservation et à la promotion de leur langue menacée par une foule d’initiatives, dont un programme de bourses pour étudier le malécite‑passamaquoddy offert aux étudiants du Centre Mi’kmaq-Wolastoqey de l’Université du Nouveau‑Brunswick, des études rendues possibles grâce à la collaboration de locuteurs natifs.
Religion et spiritualité
Quoique des missionnaires aient converti bon nombre de Wolastoqiyik au christianisme aux 17e et 18e siècles, le peuple conserve sa spiritualité autochtone. Parmi les coutumes religieuses et spirituelles traditionnelles, on compte la purification par la fumée (qui consiste à brûler du foin d’odeur pour purger l’esprit), les rituels de guérison, les rites de passage et les cérémonies, entre autres. (Voir aussi Religion et spiritualité des Autochtones au Canada.)
Récit des origines
Le récit des origines des Wolastoqiyik est celui de Gici Niwaskw, le « Grand Esprit » ou Créateur. Parfois appelé Weli-Niwesqit ou Woli-Niwesqit, soit « Bon Esprit » en malécite‑passamaquoddy, le Créateur est un être bienveillant et intangible qui n’interagit pas directement avec les humains. Comme chez d’autres bandes algonquiennes, le Grand Esprit est rarement personnifié dans les contes wolastoqiyik, et les légendes orales ne lui attribuent pas de sexe. Bien que l’on raconte que Gici Niwaskw a créé le monde entier, la tâche de préserver et de transformer ou de maîtriser le territoire revient au héros, Glooscap.
Glooscap est le protagoniste de nombreux contes wabanaki et wolastoqiyik. Il existe différentes versions du récit selon la nation. D’après la plupart des récits wolastoqiyik, Glooscap n’est pas un dieu, mais un héros et un filou doté de pouvoirs surnaturels lui permettant de manipuler le monde autour de lui et d’ainsi en améliorer l’habitabilité pour les humains. Entre autres manipulations, il adoucit les vents, apprivoise les animaux sauvages et contrôle les eaux. Dans certaines légendes wolastoqivik, il est accompagné dans ses aventures de Mikumwesu, son frère aîné de petite stature. Les légendes de Glooscap et d’autres personnages culturels, comme la grand‑mère du héros et son jumeau maléfique, sont transmises de génération en génération, et ce, souvent par la tradition orale.
Histoire coloniale
L’arrivée de commerçants de fourrures et de pêcheurs européens au début du 17e siècle permet aux Wolastoqiyik d’établir des relations commerciales stables qui durent près de 100 ans. (Voir aussi Traite des fourrures.) Le Fort La Tour, construit près du fleuve Saint‑Jean au début des années 1600, devient un centre de commerce et d’échanges culturels. Malgré les maladies européennes qui déciment leur population, les Wolastoqiyik conservent des sites côtiers et riverains, où ils chassent, pêchent et font de la cueillette, et se rassemblent dans les vallées de rivières pour le trappage.
À mesure que les hostilités entre les Français et les Anglais au Québec et à Port-Royal s’intensifient dans la deuxième moitié du 17e siècle, les combats et les raids sporadiques se multiplient dans la région de la vallée du Bas-Saint-Jean, ce qui nuit au florissant commerce des fourrures dans l’Est. Afin d’alléger le fardeau économique en résultant, les femmes wolastoqiyik s’adonnent à l’agriculture, qui n’est pratiquée jusqu’alors que dans le sud du territoire wolastoqiyik. Les hommes, quant à eux, chassent sans grand succès, mais ils s’avèrent être des alliés utiles pour les forces militaires françaises, qui s’opposent aux Anglais de la fin du 17e siècle au début du 18e siècle. (Voir aussi Guerres iroquoises.) Les mariages mixtes entre Français et Wolastoqiyik renforcent cette alliance contre les Anglais.
De 1725 à 1779, afin de promouvoir de meilleures relations au Canada, la Couronne britannique signe des traités de paix et d’amitié avec les Wolastoqiyik de même qu’avec les Micmacs et les Pescomody. Les accords garantissent aux Autochtones leurs droits de faire du commerce sans entrave, de pêcher et de chasser selon leurs us et coutumes, et de recevoir un approvisionnement annuel de nourriture, de provisions et de munitions de la Couronne. (Voir aussi Traités autochtones au Canada.)
Bien que les hostilités s’atténuent dans le premier quart du 18e siècle, le retour à la vie ancestrale n’est pas possible pour les Wolastoqiyik, en partie à cause de la population sévèrement amoindrie de castors. L’agriculture autochtone sur les rives est également grandement restreinte par l’arrivée des colons européens : en effet, toutes les terres agricoles le long de la rivière Saint‑Jean, autrefois occupées par les Wolastoqiyik, sont saisies, ce qui force la relocalisation des Wolastoqiyik. Chassés de leur territoire ancestral pendant des années, les Wolastoqiyik sont forcés, au 19e siècle, de vivre dans des réserves.
Revendications territoriales
En octobre 2020, six communautés wolastoqiyik annoncent qu’elles présentent une revendication pour des terres longeant le fleuve Saint-Jean. En effet, les descendants des traités de paix et d’amitié affirment que leurs ancêtres n’ont jamais cédé leurs terres. La revendication couvre environ la moitié du Nouveau-Brunswick. (Voir aussi Titre autochtone.)
Vie contemporaine
Au Canada, la Première Nation des Wolastoqiyik est composée des communautés Wolastoqiyik Wahsipekuk (Viger), Madawaska, Kingsclear, Oromocto (Welamukotuk), Wolastoqiyik de St. Mary’s, Tobique (Neqotkuk) et Woodstock. On trouve aussi une communauté dans le Maine : la bande de Houlton. Toutefois, aucune organisation unique ne représente les Wolastoqiyik sur le plan politique.
La Première Nation des Wolastoqiyik revendique activement des territoires, gère l’affectation des ressources (carburant, forêts, pêches et autres), participe aux activités d’organismes qui défendent des causes panautochtones et soutient les entreprises des réserves, comme les magasins de vente au détail, les centres de jeux, les stations d’essence et bien plus encore.