Les Germano-Canadiens et leurs descendants ont profondément marqué la toponymie, l’économie, et la vie politique et culturelle du pays. Ils ont contribué à l'évolution du Canada dans plusieurs domaines. Au nombre des leurs, on relève les noms de John Diefenbaker, premier ministre du Canada, Ralph Klein, maire de Calgary et premier ministre de l’Alberta, Paul Gross, acteur et réalisateur et Joel Thomas Zimmerman (Deadmau5), producteur de musique électronique.
Origines des migrants
Les Germano-Canadiens sont venus au Canada de presque tous les pays d’Europe de l’Est, de la Russie d’Asie, des États-Unis et de l’Amérique latine (il y a eu des colons allemands qui se sont installés en Europe de l’Est dès le Moyen Âge et dans les colonies d’Amérique dès 1683). La plupart de ceux qui ont émigré au Canada sont originaires de Russie, plus particulièrement des pays de la Volga, des côtes de la mer Noire et de la Volhynie. Le deuxième groupe en importance vient de l’Autriche-Hongrie, plus particulièrement de la Galicie et des colonies établies par ceux qu’on appelle les Souabes le long du Danube, entre l’Autriche et la Roumanie. Les Saxons de Transylvanie arrivent comme ouvriers dans les années 1920 et comme réfugiés dans les années 1950. Les Germano-Canadiens viennent aussi d’autres pays d’Europe de l’Est : Tchécoslovaquie, Roumanie, Pologne et pays baltes.
Les germanophones qui arrivent au Canada sont de nationalités diverses : autrichienne, suisse, luxembourgeoise, hongroise, russe, française et américaine, et s’identifient à différentes régions, notamment le Palatinat, la Bavière, la Saxe, le Burgenland, les Sudètes, la Souabe danubienne, les pays Baltes, l’Alsace et la Pennsylvanie hollandaise. Ils appartiennent à la religion mennonite, huttérite, luthérienne, catholique, baptiste, morave ou juive. Leurs dialectes comprennent le haut allemand, le bas allemand, le hollandais de Pennsylvanie et beaucoup d’autres parlers régionaux. Par la diversité de leurs terres natales et de leurs nombreuses migrations antérieures, les immigrants germanophones ont transplanté une véritable mosaïque de cultures. On y retrouve des caractéristiques ancestrales aujourd’hui disparues en Allemagne. Ces immigrants ont fait preuve d’une capacité remarquable à s’adapter à des milieux non germaniques.
Histoire migratoire
L’immigration germanique au Canada peut être subdivisée en six grandes vagues : les premiers colons d’avant 1776; la vague engendrée par la guerre de l’Indépendance américaine, de 1776 à 1820; l’immigration au Haut-Canada (Ontario), de 1830 à 1880; l’immigration dans l’Ouest canadien, de 1874 à 1914; l’immigration de l’entre-deux-guerres; et l’immigration d’après 1945.
Immigration allemande en Nouvelle-France et en Acadie
Avant la conquête britannique, aux environs de 1760, les germanophones viennent essentiellement en Nouvelle-France pour servir dans l’armée française. Il y a des gardes suisses dans la première expédition française de 1604 venue fonder une colonie en Acadie. Premier colon allemand officiellement enregistré au Québec, Hans Bernhard, originaire d’Erfurt, en Thuringe, achète une terre sur l’île d’Orléans en 1664. En 1760, il y a environ 200 familles allemandes dans la vallée du Saint-Laurent, principalement des familles de soldats, de marins, d’artisans et de médecins militaires. Parmi les Allemands qui parviennent à la notoriété au Québec entre 1760 et 1783 en tant qu’hommes d’affaires, médecins, géomètres, ingénieurs, forgerons et fourreurs, plusieurs sont venus de la Nouvelle-Angleterre avec la milice britannique.
Le premier établissement allemand organisé au Canada se forme en Nouvelle-Écosse entre 1750 et 1753, quand 2 400 fermiers et commerçants protestants du Sud-Ouest de l’Allemagne débarquent à Halifax avec leur famille. Ils sont recrutés par le gouvernement britannique pour renforcer sa position vis-à-vis des Français en Acadie. En 1753, 1 400 de ces Allemands fondent la communauté voisine de Lunenburg. Bien qu’ignorants des choses de la mer à leur arrivée, ils se retrouvent pêcheurs, marins et constructeurs de bateaux dès la deuxième génération. Dans les années 1760, les concessions de terres attirent dans la vallée de l’Annapolis, en Nouvelle-Écosse, un millier d’immigrants d’origine germanique de plus en provenance de la Nouvelle-Angleterre et de l’Allemagne.
À partir de 1752, l’église morave de Herrnhut envoie des missions auprès des communautés inuits du Nord du Labrador. Installés dans huit stations côtières, les Moraves allemands sont au service des Inuits jusque dans les années 1960 à titre d’enseignants, d’employeurs, de commerçants, de juges, de médecins, de professeurs de musique et de lexicographes. En créant un alphabet inuktitut et en établissant un dictionnaire, ils contribuent à préserver la langue et l’identité culturelle des Inuits.
Loyalistes d’origine germanique après la guerre de l’Indépendance
La guerre de l’Indépendance américaine provoque l’émigration des Loyalistes. Parmi eux, les Allemands, qui représentent de 10 % à 20 % des réfugiés au Canada en 1786, constituent le plus grand des groupes d’ascendance non britannique. Au Haut-Canada, la part des loyalistes d’origine germanique aurait atteint 40 %. Arrivés dès 1776, ces gens sont pour la plupart les enfants des habitants qui ont quitté le Palatinat et les régions limitrophes pour émigrer à New York, où ils se sont trouvés mêlés à la politique de leurs propriétaires, des loyalistes irlandais des environs.
Pour réprimer la guerre de l’Indépendance américaine, la Grande-Bretagne engage pour ses troupes auxiliaires quelque 30 000 mercenaires dans différents États de l’Empire germanique. Quelque 2 400 de ces « Hessois » (la majorité étant originaire du pays de Hesse) resteront au Canada à la suite du conflit. Ils exercent une influence culturelle et démographique profonde sur la société canadienne, du seul fait qu’ils représentent, en 1783, de 3 % à 4 % de toute la population canadienne de sexe masculin. Dans les villes du Bas-Canada (Québec) où ils sont cantonnés, les Hessois épousent des filles de la région, deviennent pères de familles nombreuses et s’assimilent rapidement.
Certains de ces Loyalistes d’origine germanique contribuent à l’établissement d’autres familles allemandes. C’est le cas de George Pozer, épicier de New York et originaire de Wilstedt (Baden-Württemberg) qui s’installe avec sa famille à Québec en 1785. Après avoir fait fortune dans le commerce, il fait l’achat de trois seigneuries. Afin de mettre en valeur sa seigneurie de D’Aubert-Gayon en Nouvelle-Beauce, il recrute près de 200 colons de son village natal qui viennent y cultiver le chanvre. La ville de Saint-Georges-de-Beauce a été nommée en son souvenir.
En 1794, William Moll Berczy, spéculateur foncier et artiste, devient le cofondateur de York (qui deviendra plus tard Toronto) en lançant une gigantesque opération de colonisation dans le canton de Markham. Avec 190 immigrants recrutés en Allemagne, il se fraye, dans la forêt vierge, un chemin qui deviendra la rue Yonge, à Toronto. Il défriche, cultive les champs, construit une église et une école et fonde un village, German Mills (aujourd’hui abandonné), dont les « moulins allemands » servaient de scierie et à broyer le grain. L’entreprise est dissoute en 1803, quand le Conseil exécutif du Haut-Canada, qui n’a pas confiance en Berczy, décrit ses motivations comme étant ceux d’un « arriviste étranger », pour reprendre les propos de Paul Robert Magocsi dans l’Encyclopedia of Canada’s Peoples, et déclare sa concession illégale.
Immigration mennonite en Ontario
Les mennonites de Pennsylvanie arrivent sur ses traces. Ces fermiers anabaptistes et pacifistes fuient la ferveur nationaliste américaine et cherchent des terres pour leur population grandissante. Partisans des établissements homogènes, ils font l’acquisition d’un immense lopin de terre dans le comté de Waterloo. Ils y transplantent progressivement leurs familles, leurs coreligionnaires et la culture germanique de Pennsylvanie. En s’isolant des immigrants britanniques et en accueillant environ 50 000 nouveaux arrivants des années 1830 aux années 1850, leur établissement du comté de Waterloo, dont le noyau se nomme Berlin (qui sera rebaptisé Kitchener en 1916), se développe dans une région où la colonisation allemande est intense. De là, les colons allemands gagnent les comtés de Perth, de Huron, de Bruce et de Grey. Dans les années 1860, la guerre de Sécession arrache à l’Amérique les Allemands qui s’y étaient fixés pour les transplanter dans les terres agricoles de la vallée de l’Outaouais. En 1891, on retrouvait 12 000 Prussiens disséminés des deux côtés de la rivière, notamment dans les cantons de Mulgrave-et-Derry, Renfrew et Pontiac.
Peuplement allemand de l’Ouest canadien
En 1911, plus de la moitié des 152 000 premiers colons allemands de l’Ouest viennent d’Europe de l’Est. Après avoir perdu leur exemption du service militaire, environ 7 000 mennonites de Russie ouvrent la voie entre 1874 et 1879. Ils provoquent, dans les Prairies canadiennes, un afflux constant de coreligionnaires venus d’Europe et des États-Unis. Le succès de leurs colonies manitobaines prouve que les fermiers venus des steppes russes sont particulièrement bien adaptés à l’agriculture dans les Prairies et que l’homogénéité ethnique et religieuse des établissements est une stratégie efficace pour ouvrir l’Ouest.
En Colombie-Britannique, la présence allemande remonte à la ruée vers l’or de la région de Cariboo, dans les années 1860. C’est alors que les Allemands arrivent avec les premiers chercheurs d’or de Californie. Ils seront suivis par plusieurs vagues de mineurs qui remonteront jusqu’à la vallée du Fraser. En Alberta, les immigrants allemands commencent à s’établir en 1882. En 1892, le flot constant d’Américains d’origine allemande qui gagne l’Alberta et la Saskatchewan se mêle à des colons de presque toutes les régions germanophones d’Europe pour former des colonies allemandes mixtes. Les plus grandes sont les colonies catholiques de St. Peter et de St. Joseph, en Saskatchewan, fondées respectivement en 1902 et en 1904. Mises sur pied par des moines bénédictins du Minnesota et de l’Illinois, elles visent à canaliser les nouveaux arrivants catholiques vers des colonies germanophones fermées, où leur foi sera préservée d’un environnement protestant plus vaste.
Immigration allemande de l’entre-deux-guerres
En 1918, en dépit du sentiment germanophobe marqué au pays à la fin de la Première Guerre mondiale, le Canada accepte 1 000 huttérites et de 500 à 600 mennonites qui fuient l’extrême intolérance des Américains à l’endroit des pacifistes et des germanophones. Sur les 18 colonies huttérites américaines, toutes, à l’exception d’une seule, dont les membres sont les descendants d’immigrants de langue allemande qui ont quitté l’Ukraine pour le Dakota du Sud dans les années 1870, entrent au Canada par suite d’un décret de 1899 qui les exempte du service militaire. Toutefois, en mai 1919, le Canada ferme ses frontières aux huttérites et aux mennonites jusqu’en 1921. Pour les ressortissants des anciens pays ennemis, l’interdiction est maintenue jusqu’en 1923.
Le Canada recommence à accepter les Allemands en 1924, à titre d’immigrants « non privilégiés ». Cette catégorie les cantonne dans l’agriculture et les travaux domestiques. En janvier 1927, cependant, les ressortissants allemands passent dans la classe des « privilégiés ». Sur les 100 000 immigrants allemands qui arrivent au Canada de 1924 à 1930, 52 % viennent d’Europe de l’Est et 18 % des États-Unis. De concert avec les comités d’immigration mennonites, baptistes, luthériens et catholiques, les chemins de fer canadiens (Canadien Pacifique et Chemins de fer nationaux du Canada) organisent le recrutement en Europe et l’établissement au Canada. Refusés aux États-Unis par suite de la loi sur les contingents, quelque 21 000 réfugiés mennonites de Russie soviétique constituent le groupe d’immigrants allemands le plus important dans les années 1920.
Au cours des années 1930, le Canada refuse l’asile politique à la majorité des réfugiés juifs du Troisième Reich qui en font la demande (voir Paquebot Saint Louis), à l’exception de 972 personnes qui font partie d’un contingent de 2 300 personnes envoyées de Grande-Bretagne dans les camps d’internement canadiens en 1940 (voir Internement au Canada). Nombre d’entre elles apportèrent par la suite une contribution remarquable à la vie culturelle canadienne. Un seul autre groupe de réfugiés allemands est accepté en 1939–1940, également à la suite de pressions exercées par la Grande-Bretagne. Ces 1 043 sociaux-démocrates sudètes s’établissent dans la région de Tupper Creek, en Colombie-Britannique, ainsi que sur une concession ferroviaire désaffectée dans le Nord-Est de la Saskatchewan.
Politiques d’immigration d’après-guerre : réfugiés et immigrants
Dans le cadre de ses politiques d’après-guerre sur le rétablissement des personnes déplacées en provenance d’Europe, le Canada accueille environ 15 000 Volksdeutsche (Allemands de souche de l’Europe de l’Est) de 1947 à 1950. La majorité est parrainée par le Canadian Christian Council for the Resettlement of Refugees, organisme agréé par l’État et mis sur pied par les Églises luthérienne, catholique, mennonite et baptiste pour faciliter l’entrée des réfugiés de souche allemande qui n’ont pas été pris en charge par l’Organisation des Nations Unies.
En 1950, les frontières sont rouvertes aux Reichsdeutsche (ressortissants allemands). En 1960, un quart de million d’immigrants germanophones sont déjà arrivés grâce à cette mesure, dont le tiers sont des réfugiés venus de Russie, de Volhynie, de Souabe danubienne, des pays Baltes, des Sudètes et de Transylvanie. De 1945 à 1994, 5 % des 400 000 immigrants de langue allemande déclarent des origines autrichiennes et 5 % des origines suisses. Au cours des années 1960, les contingents annuels d’immigrants allemands oscillent entre 4 400 personnes et 8 200 personnes. Dans les années 1970 et 1980, ils se situent entre 1 500 personnes et 3 400 personnes. Parmi ces nouveaux arrivants, 30 à 50 % retourneront en Europe ou partiront aux États-Unis.
Vie économique
Jusqu’en 1945, c’est la perspective de pratiquer l’agriculture sur des terres vastes et peu coûteuses tout en conservant le caractère religieux de leur mode de vie propre qui attire la majorité des Allemands au Canada. Ces derniers jouent également un rôle appréciable en tant qu’entrepreneurs, professionnels, artistes et commerçants dans les débuts de la vie citadine canadienne de Halifax, Montréal, Toronto, Hamilton, Berlin (la future ville de Kitchener), Winnipeg, Calgary, Edmonton, Victoria et Vancouver. Une forte proportion des élites commerciales, professionnelles, universitaires ou artistiques germano-canadiennes qu’on retrouve sur la scène urbaine du pays est venue des États-Unis. À Hamilton, Winnipeg, Edmonton et Calgary, les Allemands font partie de la main-d’œuvre industrielle dès les débuts.
Dans les années 1950 et 1960, la majorité des immigrants allemands cherchent du travail dans le secteur secondaire. Bien qu’ils ne représentent que 13 % de tous les immigrants, ils constituent 19 % de la main-d’œuvre spécialisée qui arrive au Canada de 1953 à 1963. Les Allemands parviennent rapidement à un revenu équivalent ou même supérieur à celui des Canadiens anglais ou français. Bénéficiant de l’important marché des immigrants allemands, ils saisissent souvent les occasions qui se présentent de travailler à leur compte. Entre 1950 et 1966, 19 % des entreprises lancées par des immigrants appartiennent à des Allemands. Certaines d’entre elles ont connu une croissance impressionnante, comme en attestent les succès financiers de Helmut et Hugo Eppich à Vancouver et de Frank Stronach (d’origine autrichienne) à Markham. Mécaniciens à leur arrivée en 1953–1954, Eppich et Stronach feront, dans les années 1990, de leur petit commerce de pièces d’automobile et d’outils (fondé dans les années 1950), des sociétés multinationales connues sous les noms d’EBCO et de Magna International.
La présence germanique a des répercussions plus visibles dans certaines provinces. Par exemple, en 2012, les Germano-Canadiens représentent près de 22 % de la population du Manitoba, soit le troisième pourcentage le plus élevé au Canada (l’Ontario et l’Alberta occupant les deux premières places respectivement). En tout, 216 755 personnes déclarent être d’origine allemande. Plusieurs viennent de Russie ou de l’ancienne Union soviétique et occupent des emplois de tous genres, allant d’ébéniste à électricien. Lors de la montée en flèche de l’industrie de la potasse et des sables bitumineux, les Allemands comptent parmi les immigrants qualifiés que recherchent les employeurs en période de pénurie de main-d’œuvre.
Vie sociale
De 1650 à 1950, près du deux tiers des 390 000 immigrants germanophones au Canada ne proviennent pas d’Allemagne. Toutefois, la majorité des 380 000 immigrants germanophones qui s’établissent au Canada entre 1950 et 1994 viennent de l’Allemagne.
La diversité de leurs origines n’a pas empêché les immigrants germanophones de se créer une collectivité homogène. De Lunenburg, en Nouvelle-Écosse jusque dans l’Ouest canadien, en passant par le comté de Waterloo, en Ontario, ce sont les antécédents pourtant hétérogènes des collectivités allemandes qui ont donné leur forme prédominante aux établissements allemands, ont façonné leur participation à la vie ecclésiale et aux associations ethniques bénévoles et les incitent à organiser des manifestations symboliques comme le German Day, l’Oktoberfest et le Karneval.
Alors que les Allemands des régions rurales d’Europe de l’Est sont enclins à structurer leur vie sociale autour des Églises, les immigrants issus des villes allemandes fondent des clubs sociaux laïques. La première organisation ethnique germano-canadienne est la Halifax High German Society (1786–1791). En 1994, il y en a plus de 600. La plus ancienne des associations allemandes encore en activité est la German Society of Montreal, fondée en 1835. La première organisation reconnue à l’échelle nationale pour en avoir chapeauté d’autres est la Trans-Canada Alliance of German Canadians (TCA). Fondée en 1952, elle compte 20 ans plus tard 94 organisations (avec 20 000 membres actifs et 40 000 membres inscrits). Le German-Canadian Congress (GCC), fondé en 1984, lui succède avec environ 550 organismes affiliés, y compris 130 Églises, 100 écoles de langue allemande, 20 foyers pour personnes âgées, des associations artistiques, des musées, des théâtres, des caisses de crédit, ainsi que plusieurs organisations régionales qui en chapeautent d’autres, créées en 1994.
Le GCC s’est fait le défenseur de la communauté germano-canadienne dans son ensemble, y compris les mennonites et les huttérites, les Autrichiens et les Suisses, ainsi que les Canadiens anglophones ou francophones d’ascendance germanique.
En 2010, le président du GCC, Tony Bergmeier, déclenche la controverse en s’opposant à ce que le Musée canadien des droits de la personne, qui doit initialement ouvrir ses portes en 2013, monte une exposition sur l’Holocauste. Des représentants d’autres groupes ethniques, comme le Congrès des Ukrainiens Canadiens, émettent des opinions semblables. Selon le communiqué de presse du GCC, le musée devrait reconnaître que la souffrance humaine affecte tout un chacun et que la souffrance d’un groupe de personne ne peut être plus importante que celle d’un autre. Bernie Farber, qui est alors président du Congrès juif canadien, se dit surpris et déçu par les déclarations du GCC. Le 28 décembre, Wendy Lampert écrit dans le National Post que présenter l’Holocauste comme un génocide parmi tant d’autres ne méritant pas de reconnaissance distincte, c’est d’ignorer l’incidence qu’a eue cet événement sur le 20e siècle.
Vie religieuse et culturelle
Jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, l’importance accordée à l’Église dans la vie sociale des immigrants des zones rurales reste le facteur le plus déterminant de la formation et du maintien de la collectivité germanique au Canada. Les ministres du culte font office d’agents de liaison pour assurer la cohésion sociale et la sauvegarde de la langue et du patrimoine culturel allemands. Le luthéranisme est la confession la plus répandue parmi les Canadiens d’origine germanique, suivie par le catholicisme et la religion mennonite.
Le pluralisme culturel de la mosaïque canadienne d’origine allemande se reflète dans son riche héritage. À Lunenburg, les vestiges de la culture allemande du 18e siècle sont encore visibles. Le premier arbre de Noël illuminé du Canada, coutume médiévale allemande, est érigé en 1781 par le général von Riedesel, commandant des troupes allemandes en Amérique du Nord. Des médecins, artistes et musiciens d’origine allemande établissent les normes professionnelles de leurs arts respectifs dans la société québécoise de l’époque.
L’amour des Allemands pour la musique se reflète dans les chœurs, musiciens, chefs d’orchestre et orchestres formés dans de nombreuses villes canadiennes (voir Musique allemande au Canada). Depuis le début du 19e siècle, des artistes germano-canadiens comme William Berczy, Peter Rindisbacher et Otto R. Jacobi enrichissent la culture canadienne. Aujourd’hui, certains Canadiens d’origine allemande sont des architectes (Eberhard Zeidler), des scientifiques (Gerhard Herzberg et John Polanyi) et des ingénieurs en aéronautique (Claus Wagner Bartak) reconnus à l’échelle internationale.
La presse de langue allemande remonte au Neu-Schottändischer Calender de Halifax (1788–1801). En 1867, 18 journaux de langue allemande avaient fait leur apparition dans le Sud-Ouest de l’Ontario. Le journal qui paraît depuis le plus longtemps sans interruption est le Mennonitische Rundschau. Le Nordwesten de Winnipeg (1889–1969) et le Regina Courier (1907–1969) sont les principaux journaux non confessionnels distribués à l’échelle nationale. En 1970, ils fusionnent pour devenir le Kanada Kurier.
Depuis 1900, la German Saturday School fournit un effort continu pour assurer la survie de la culture germanique. Fondé par les Églises, les clubs et les parents, ce type d’école reçoit les élèves les samedis matins, quand les écoles ordinaires sont fermées, pour une période de deux heures et demie ou trois heures, sous l’égide d’enseignants bénévoles. Au début des années 1970, le TCA coordonne un réseau national de 106 écoles du samedi rassemblant 10 240 élèves. Depuis lors, le nombre des inscriptions a baissé, et la langue allemande est de plus en plus enseignée à des élèves qui n’ont aucun antécédent germanophone.
Pérennité de la culture allemande au Canada
Jusqu’à la Première Guerre mondiale, les Canadiens d’origine allemande ne se demandent pas si leurs coutumes et leurs traditions sont compatibles avec la vie canadienne. D’ailleurs, les autorités canadiennes anglaises affirment à maintes reprises que les valeurs et le caractère allemands présentent des affinités avec les leurs. La Première Guerre mondiale vient modifier la situation du tout au tout. Du jour au lendemain, les Allemands deviennent les sujets d’un pays ennemi les plus vilipendés du Canada. Accusés de trahison et de sédition sans qu’aucune preuve ne vienne jamais étayer ces accusations, nombreux sont ceux qui se retrouvent ruinés et victimes d’ostracisme. La population s’en prend à eux et à leurs biens dans toutes les villes canadiennes. La Loi des élections en temps de guerre de 1917 prive de leur droit de vote tous les Canadiens d’origine allemande qui ont été naturalisés après le mois de mars 1902. On dissout les clubs et les associations, on ferme les écoles allemandes et on supprime les journaux de langue allemande. Les villes qui portent des noms comme Berlin, en Ontario, changent de nom. Plus de 2 000 immigrants allemands sont internés. L’ébranlement causé par la Première Guerre mondiale incite plusieurs Canadiens d’origine allemande à se faire passer pour des Hollandais, des Scandinaves ou des Russes. Ce climat persistera bien après la guerre. Durant la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement canadien fait arrêter et interner 837 fermiers canadiens d’origine allemande, des travailleurs et des membres de clubs qui suscitent la vindicte et sont taxés de déloyauté. Les activités culturelles cessent presque totalement, une fois de plus.
Après 1945, le rétablissement déjà problématique de la confiance pour cette minorité ethnique devient d’autant plus difficile que l’on révèle les atrocités commises par le régime nazi. En 1964, le magazine Maclean’s prétend que les Germano-Canadiens sont douloureusement dépourvus d’assurance. D’après les enquêtes réalisées après la guerre, plus du tiers des immigrants allemands ne demandent qu’à renoncer à leur identité en faveur de la « canadianité ». Les recensements confirment que les Canadiens d’origine allemande abandonnent leur langue maternelle avec une rapidité qui n’est surpassée que par les immigrants qui parlent scandinave, hollandais, flamand et gaélique.
Selon le recensement canadien 404 745 personnes ont déclaré l’allemand comme langue maternelle en 2016, soit 25 000 personnes de moins qu'en 2011. L’allemand est néanmoins la huitième langue immigrante en importance au Canada (voir Langues en usage au Canada).
Relation bilatérale entre le Canada et l’Allemagne
Le Canada et l’Allemagne ont des relations étroites et amicales qui se manifestent dans les domaines de la coopération internationale, du commerce et des investissements, de la vie culturelle et de l’enseignement supérieur. Ces deux pays travaillent en collaboration afin de défendre des valeurs qu'ils ont en partage comme les droits de la personne, la démocratie et la sécurité internationale. Leur expérience commune du fédéralisme a aussi donné lieu à des accords de coopération entre des provinces canadiennes et des Länder allemands.
Dans le secteur des affaires, l’Allemagne représente le huitième marché d’exportation en importance du Canada (en 2013, les exportations de marchandises canadiennes en Allemagne atteignaient près de 3,5 milliards de dollars) et le dixième investisseur étranger direct au Canada (avec des actifs de 11,7 milliards de dollars pour l’année 2012 seulement).
En 1975, un accord culturel a été ratifié entre l'Allemagne et le Canada. Plusieurs universités allemandes offrent un programme d’études canadiennes et des ententes interuniversitaires ont permis d’établir plus de 200 programmes d'échanges entre des universités allemandes et canadiennes.