Alice Wilson | l'Encyclopédie Canadienne

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Alice Wilson

Alice Evelyn Wilson, MBE, géologue et paléontologue (née le 26 août 1881 à Cobourg, en Ontario; décédée le 15 avril 1964 à Ottawa, en Ontario). Éduquée à l’Université de Toronto et à l’Université de Chicago, Alice Wilson passe toute sa carrière professionnelle, de 1909 à 1946, avec la Commission géologique du Canada. Elle est la première femme géologue du Canada, et une autorité reconnue sur les fossiles et les rochers de la vallée du Saint-Laurent et de l’Outaouais. Malgré les nombreuses barrières qu’elle doit surmonter en tant que femme dans une profession dominée par les hommes, elle est peu à peu reconnue pour son travail par divers honneurs, devenant notamment la première femme membre de la Société royale du Canada en 1938.
Alice Wilson

Jeunesse

La famille d’Alice Wilson est très éduquée, à commencer par son père, John Wilson, un professeur d’études classiques au Victoria College, à l’Université de Toronto. Elle a aussi deux frères, un géologue et un mathématicien. Il est suggéré que la passion qu’éprouve Alice Wilson pour la géologie est le produit des étés qu’elle passe dans la nature à faire du canot, à camper et à ramasser des fossiles en compagnie de sa famille.

Alice Wilson, géologue

Éducation

En 1901, Alice Wilson entreprend un baccalauréat en arts avec concentration en langues et en histoire au Victoria College. Pour raison de maladie, elle n’obtient son diplôme qu’en 1911. En 1907, lors d’une pause dans ses études, elle commence à travailler en tant qu’assistante au musée de minéralogie de l’Université de Toronto. En 1909, elle reçoit la permission de travailler pour la Commission géologique du Canada (CGC) en tant que secrétaire dans la section de paléontologie des invertébrés au Victoria Memorial Museum, à Ottawa. Elle catalogue et étiquette des collections sous la tutelle de Percy Raymond, un Américain qui était à l’époque le paléontologue en chef de la CGC. C’est ce dernier qui l’encourage à prendre un congé sans solde afin d’achever ses études. À son retour, en 1911, elle obtient un poste permanent à la CGC.

En 1915, Alice Wilson demande un autre congé sans solde afin d’entreprendre des études doctorales. À l’époque, la CGC offre des congés payés pour le travail académique. Sa demande est refusée. Elle continue de faire pression sur son employeur, qui continue de refuser. En 1926, elle obtient une bourse de la Fédération canadienne des femmes diplômées des universités (FCFDU). Cependant, la CGC refuse une fois de plus sa demande de permission pour ses études. LA FCFDU fait campagne en son nom, et elle finit par réussir. En 1929, à l’âge de 49 ans, Alice Wilson obtient son Ph. D. à l’Université de Chicago.

Carrière

Alice Wilson dans son bureau penchée sur un microscope.

Alice Wilson travaille avec la CGC de 1909 jusqu’à sa retraite, en 1946. Pendant sa carrière, elle gravit les échelons de la CGC, même si son progrès est plus lent et plus modeste que celui de ses collègues masculins. En 1920, elle est promue aide-paléontologue, et en 1926, aide-géologue (« géologue » étant considéré comme une plus haute distinction). En 1940, six ans avant sa retraite, elle est promue géologue associée.

L’œuvre d’Alice Wilson se concentre surtout sur les fossiles d’invertébrés trouvés à travers le Canada datant de l’ère paléozoïque (de 252 à 541 millions d’années avant notre ère), plus particulièrement les fossiles de la période ordovicienne (de 444 à 485 millions d’années avant notre ère). Elle étudie aussi la stratigraphie (c’est-à-dire les couches rocheuses) de l’Ontario et du Québec, et entreprend des recherches sur la faune ordovicienne dans les montagnes Rocheuses et dans l’Arctique.

« Si vous vous heurtez à un mur de pierre, il est inutile de chercher à le renverser. Il vaut mieux le contourner et trouver une faille », signé Alice Wilson concernant les relations entre hommes et femmes en géologie.

Ironiquement, l’important apport d’Alice Wilson à la connaissance de la géologie de l’Ontario et du Québec est motivé en partie par les politiques sexistes de la CGC. Malgré son désir de diriger des travaux sur le terrain, la CGC ne lui permet pas de voyager dans des régions reculées avec des collègues masculins (cette dernière interdit toutes les femmes de mener des travaux sur le terrain jusqu’en 1970). À la place, Alice Wilson les convainc de lui permettre de faire de courts voyages en solitaire dans la vallée du Saint-Laurent et de l’Outaouais, qui était relativement peu étudiée. Elle étudie la région à pied et à bicyclette. Quand la CGC refuse de lui acheter une voiture (fournie aux hommes sur le terrain), elle en achète une de sa poche.

Après sa retraite obligatoire, à l’âge de 65 ans, Alice Wilson continue d’occuper un emploi à la CGC jusqu’à l’âge de 82 ans. Elle enseigne aussi la paléontologie au Collège de Carleton (plus tard Université Carleton) de 1948 à 1958. En 1947, elle publie The Earth Beneath Our Feet, un livre pour enfants sur la géologie.

Alice Wilson au Montagne de Rigaud, au Québec, en mai 1953.

Distinctions

Alice Wilson devient membre de l’Ordre de l’Empire britannique en 1935. En 1936, elle devient la première femme canadienne à se joindre à la Société américaine de géologie, ainsi que la première femme à devenir membre de la Société royale du Canada en 1938. En 1960, elle devient la première femme à recevoir un doctorat honorifique en droit à l’Université Carleton.