L’ultramontanisme est un courant de pensée dans l’Église catholique qui valorise l’autorité suprême de la papauté en matière de spiritualité et de gouvernance. L’ultramontanisme rejette également les idéaux modernes en faveur d’une suprématie de la foi catholique et de l’Église dans la vie publique. Ce courant de pensée est particulièrement influent dans la société canadienne-française au 19e et au début du 20e siècle.
Origines
Au Canada comme en Europe, principalement en France, où ce courant de pensée apparaît au Moyen Âge et connaît une forte progression dans la foulée de la Révolution française, ses adeptes condamnent la séparation de l’Église et de l’État et ce qu’il désigne comme les manifestations du libéralisme moderne et prônent la primauté de l’Église catholique dans les affaires tant civiles que religieuses. Elle se caractérise principalement par l'attachement à l’autorité du Saint-Siège et, à partir de 1870, par la croyance au dogme de l’infaillibilité du pape. En ce sens, le terme « ultramontain » signifie « au-delà des montagnes » car les ultramontains en France reconnaissent la suprématie du Vatican, qui se situe au-delà des montagnes des Alpes, sur les clergés locaux.
L‘ultramontanisme s'implante au Canada à partir des années 1820, d'abord au Séminaire de Saint-Hyacinthe, fortement influencé par les idées du prêtre français Félicité de Lamennais, puis à Montréal sous l'influence de son premier évêque catholique, Jean-Jacques Lartigue. Celui-ci s’oppose aux idées gallicanes et lutte pour la liberté de l'Église, ainsi que pour la suprématie religieuse en matière d'éducation. Son successeur, Mgr Ignace Bourget, fait triompher les idées ultramontaines dans tous les domaines (théologie, éducation, relations entre l'Église et l'État, etc.) à Montréal en fait un élément majeur, quoique contesté, du monde catholique au Canada.
Division idéologique
L’ultramontanisme, devenu très puissant au Canada, connaît une scission vers la fin des années 1860, à la suite notamment de l’affaire Guibord. Une frange plus extrémiste et plus engagée dans les institution politiques, d’abord représentée par Mgr Bourget, puis par Mgr Louis-François Laflèche, lutte pour l’application immédiate des principes ultramontains : exercice du pouvoir sur l'éducation, réforme des lois pour qu’elles soient conformes au droit canonique, surveillance de la législation civile par l'épiscopat, etc. Les ultramontains modérés, tels que Joseph-Sabin Raymond, qualifiés de libéraux par les extrémistes, souhaitent une application plus prudente des principes défendus par les ultramontains et le recours au compromis si nécessaire.
Les extrémistes mobilisent des journalistes et des politiciens conservateurs, qui préconisent dès 1871 un programme électoral catholique visant à garantir la suprématie de l'Église dans la vie politique. Au cours des années suivantes, les extrémistes et les partisans du « programme » mènent une croisade antilibérale, dont l'une des conséquences est la naissance du groupe dit des « Castors », en 1882.
Influence
La pensée ultramontaine domine l’enseignement philosophique et théologique des petits et des grands séminaires, la doctrine sociale de l’Église catholique au Canada et plusieurs des directives des évêques de la seconde moitié du 19e siècle jusqu'aux années 1950.
L‘ultramontanisme guide notamment les idéaux de figures importantes du nationalisme canadien-français, qui aspirent à une société autosuffisante et dominée par l'Église. Le mouvement a une influence considérable sur la société canadienne-française et les années de règne de Maurice Duplessis comme premier ministre du Québec. L’ultramontanisme a pour effet de nourrir les tendances traditionalistes et conservatrices dans la société canadienne-française. C’est avec la Révolution tranquille et le concile Vatican II que l’ultramontanisme perd définitivement son influence dans les institutions de la société canadienne-française.