La naissance de la Ligue nationale de hockey | l'Encyclopédie Canadienne

Éditorial

La naissance de la Ligue nationale de hockey

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En 1917, la formation de la Ligue nationale de hockey (LNH) ne pesait pas lourd dans la vie des Canadiens. Au moment où un groupe de propriétaires se réunit à l'hôtel Windsor de Montréal le 26 novembre pour en établir les modalités, un seul journaliste, Elmer Ferguson, attendait patiemment des nouvelles. La première personne à sortir de la réunion à huis clos fut Frank Calder. Ferguson lui lança : « Eh Frank! Qu'est-ce qui s'est passé là-dedans? » « Pas grand chose, Fergie », lui répondit Calder.

« C'est tout comme notre ancienne ligue sauf qu'on n'a pas invité Eddie Livingstone à en faire partie », d'ajouter Calder. Cinq des six propriétaires de l'Association nationale du hockey en avaient eu assez de l'attitude butée et conflictuelle d'Eddie Livingstone, propriétaire des Blueshirts de Toronto. Ils se réunirent sans lui et établirent une nouvelle ligue. Selon Tommy Gorman, propriétaire de l'équipe d'Ottawa, « Maintenant qu'on s'est débarrassé de Livingstone, on peut se remettre à la tâche de faire de l'argent. »

Le Canadien de Montréal était l'une des quatre équipes qui constituaient la Ligue nationale de hockey en 1917 (avec la permission du Temple de la renommée des sports du Canada).

Le hockey professionnel n'avait que quelques années, mais il avait déjà donné lieu à un paysage familier : querelles entre les propriétaires, salaires à la hausse, poursuites judiciaires et injonctions, cap salarial, faillite de franchises - toutes les injures qui font partie de l'héritage du marché.

En fait, c'est un dentiste américain, J. L. Gibson, qui fonda la première ligue professionnelle de hockey en 1903. Il embaucha les meilleurs joueurs pour son équipe à Portage Lakes, Michigan. L'équipe était tellement forte que les autres durent acheter des joueurs pouvant leur faire concurrence. C'est ainsi que l'International Professional Hockey League vit le jour. À contrecœur, la Eastern Canadian Hockey Association (Association canadienne de hockey de l'Est) accepta des joueurs professionnels en 1904. Le phénomène des « joueurs en disponibilité » ne se fit pas attendre bien longtemps une fois qu'on se mit à rémunérer les joueurs. En effet, en 1908, Tom Phillips, le joueur vedette des Thistles de Kenora, annonça qu'il offrait ses services à n'importe quelle équipe qui lui verserait 1 800 $ la saison. Il signa une entente avec Ottawa.

Des équipes professionnelles virent le jour dans les endroits les plus inattendus, tels Cobalt et Haileybury, en Ontario. De riches propriétaires de mine achetaient les meilleurs joueurs que leurs moyens financiers leur permettaient. Ambrose O'Brien, le « George Steinbrenner » de son époque, assembla une équipe de vedettes du hockey qui jouèrent pour lui dans la ville de Renfrew, en Ontario. Parmi ces super-joueurs, citons Fred 'Cyclone' Taylor et les frères Frank et Lester Patrick qui gagnèrent chacun la somme enviable de 3 000 $ - du jamais vu à cette époque!

Les coûts d'embauche entraînèrent la chute des équipes de Haileybury et de Cobalt. Les propriétaires d'équipes qui avaient obtenu que des joueurs parafent des ententes moyennant des salaires élevés en leur parlant de 'marché libre' se rendirent vite compte de la réalité de la 'responsabilité fiscale' et firent front commun en imposant le premier cap salarial de 5 000 $ par équipe. Des joueurs qui avaient gagné jusqu'à 1 800 $ durent alors se contenter d'un salaire de 500 $; on parlait même d'un syndicat de joueurs.

Les premières parties de la LNH furent jouées le 19 décembre 1917. C'était du hockey dont les partisans d'aujourd'hui rêvent, car on y comptait de nombreux buts. Les 'Montreal Wanderers' remportèrent la victoire 10 à 9 contre Toronto, et les Canadiens de Montréal eurent raison d'Ottawa au compte de 7 à 4. Cette année-là, Joe Malone remporta la palme des buts comptés avec 44 buts en 20 parties (il manqua deux parties), une statistique que même Wayne Gretzky envierait. Toutefois la ligue perdit deux équipes dès le début de la saison. La franchise de Québec s'effondra à cause du manque d'appui de ses supporteurs - ce ne fut pas la dernière fois. Les Wanderers disparurent lorsque leur stade passa au feu. Il ne restait que trois équipes : les Canadiens de Montréal, les Sénateurs d'Ottawa et les Arenas de Toronto. Selon le Globe de Toronto : « Le hockey professionnel n'en avait plus pour bien longtemps. » C'était tout le contraire.

Pour le meilleur et pour le pire, les ligues professionnelles de hockey transformèrent le jeu du hockey. Ce qui était autrefois un jeu auquel on s'adonnait par amour du sport et pour le plaisir, à cause d'une fierté locale et, en fin de compte, pour vivre l'ultime expérience d'être un Canadien, passa du côté du monde des affaires. Les gens d'affaires détenaient les habiletés organisationnelles et l'argent nécessaires pour organiser ce sport, payer les joueurs et faire construire les nouveaux stades. En échange, ils voulaient être propriétaires du jeu. La LNH usurpa la Coupe Stanley par laquelle lord Stanley avait voulu reconnaître les valeurs du sport amateur. De nos jours, la LNH allègue même être propriétaire de 'l'image' de la coupe.

La nostalgie engendrée par la partie légendaire récemment disputée à l'extérieur, à Edmonton, était censée célébrer les origines du hockey alors que les parties étaient jouées sur les étangs des régions rurales du Canada. Néanmoins, il est révolu le temps où le sport était intimement relié au simple plaisir du jeu plutôt qu'à une poursuite obsessionnelle de l'argent.

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