Sylvain Lelièvre, chansonnier, auteur, compositeur, interprète, poète, écrivain et enseignant (né le 7 février 1943 dans le quartier Limoilou à Québec, au Québec; décédé le 30 avril 2002 à Lévis, au Québec). Il marque l’histoire de la chanson québécoise par son talent, son amour de la langue française et l’importance qu’il accorde à la recherche du mot juste tout au long de sa carrière musicale et littéraire. Sylvain Lelièvre a remporté trois trophées Félix. Sa chanson Marie-Hélène a été intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2015.
Premières années
Sylvain Lelièvre est le deuxième d’une famille de quatre enfants, où la culture est très présente. Son père, Roland Lelièvre, est journaliste et sa mère, Marie-Ange Hawey, est comédienne de métier. Intéressé par les arts, il étudie d’abord l’architecture, se consacrant à la musique, plus particulièrement au piano, pendant ses loisirs. Il se dirige ensuite en lettres, à l’Université Laval entre 1963 et 1966 où il écrit des poèmes et de courtes pièces de théâtre pour la radio, tout en se produisant lui-même dans les boîtes à chanson de Québec. Lors de ces années, il fait la rencontre de Gilles Vigneault qui devient son ami et mentor.
Carrière musicale
En 1962, il s’inscrit au concours Chansons sur mesure organisé par la Communauté radiophonique des programmes de langue française et remporte un premier prix avec sa pièce Après l’hiver interprétée par Aimée Major en 1962. Un an plus tard, il récidive et gagne la finale de ce concours international grâce à sa chanson Les amours anciennes interprétée par Monique Leyrac, ce qui lance sa carrière de chansonnier professionnel.
L’artiste Renée Claude enregistre ses compositions, soit Chanson du bord de l’eau et Quand le soir descend en 1966. Il s’installe à Montréal en 1968 et devient animateur de l’émission D’un chansonnier à l’autre sur les ondes de la radio de Radio-Canada. Il est, par la suite, engagé comme professeur de français au cégep de Maisonneuve où il crée le premier cours de chanson québécoise. Il réalise alors son rêve de mettre sur pied une école de la chanson. Il considère la chanson comme une discipline d’aussi grande importance que celles de la musique, du théâtre, du cirque ou de l’humour pour lesquelles des institutions d’enseignement existent déjà. Il donne des prestations dans les boîtes à chansons, comme celles de chez Clairette Oderra, où plusieurs artistes tels que Robert Charlebois, Diane Dufresne ou Claude Dubois se réunissent. Avec l’aide de Gilles Vigneault, Sylvain Lelièvre enregistre son premier album sous son étiquette Le Nordet en 1973.
C’est seulement en 1975 que Sylvain Lelièvre connaît le succès avec sa chanson-titre Petit matin tirée de son deuxième album. Vient l’année suivante l’album Programme Double, incluant la chanson « Marie-Hélène », l’une de ses plus connues. Sylvain Lelièvre,où figure « Lettre de Toronto », suit en 1978. Une signature « Lelièvre » est maintenant reconnue et appréciée du grand public. Visionnaire en matière d’environnement, sa chanson intitulée Tôt ou tard (reprise en 1990 par Céline Dion) est un cri d’alarme quant à la question du réchauffement planétaire.
De 1976 à 2002, Sylvain Lelièvre parcourt le Québec, ainsi que le reste du pays, allant jusqu’au Maroc et en France, avec une tournée musicale. Son talent de compositeur et d’interprète est reconnu publiquement. L’Université du Massachusetts l’invite à deux reprises (1993 et 1998) dans le cadre d’événements culturels sur la chanson francophone en Amérique. En 1983, la parution de son album Le chanteur indigène, lui vaut une reconnaissance du public français et le propulse sur la scène du Théâtre de la Ville de Paris dans un spectacle fort apprécié tant par ses admirateurs que des critiques musicaux.
Tout en poursuivant les présentations de ses nombreux spectacles, Sylvain Lelièvre participe à plusieurs projets. On lui doit, entre autres, la pièce musicale du film de Marcel Simard, Les mots perdus (1993) ainsi que celle de la série radiophonique Un fleuve et des gens. Il réalise aussi, en étroite collaboration avec Michel Tremblay, des projets musicaux comme pour la pièce Les héros de mon enfance (1976). Il publie un recueil de chansons À mots découverts en 1993. Féru de jazz, son album Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves ? (1994) annonce le spectacle qu’il offre, des années plus tard, au Festival international de jazz de Montréal (2000). Vient ensuite, son dernier spectacle Versant Jazz (2001) ainsi que la parution de l’album Versant Jazz Live au Lion d’Or l’année suivante, soit en 2002.
Œuvres littéraires
Parallèlement à sa carrière de musicien, Sylvain Lelièvre publie des recueils de poésie : Les trottoirs discontinus (1969), Entre écrire (1982), et un roman, Le troisième orchestre (1996). Il est l’invité d’honneur du Salon du livre de Montréal en 1996. En tant qu’enseignant, il offre tout au long de sa carrière, des ateliers d’écriture et de chansons à travers le circuit collégial du Québec.
Héritage
C’est au retour d’une tournée aux Îles-de-la-Madeleine que Sylvain Lelièvre est victime d’un grave malaise à bord de l’avion qui le ramène vers Montréal. Il succombe le 30 avril 2002 à une embolie cérébrale sévère, après un coma de deux jours dont il ne se réveille pas.
Virtuose de la musique et des mots, Sylvain Lelièvre reste présent dans les mémoires. Après son décès, le Cégep de Maisonneuve et celui de Limoilou nomment leurs salles de spectacles respectives en son nom. Le Prix Sylvain-Lelièvre est remis annuellement par la fondation SPACQ (Société professionnelle des auteurs et compositeurs du Québec). Depuis 1983, le Prix Rapsat-Lelièvre, initialement connu sous le nom de Wallonie-Bruxelles, est décerné en alternance à un artiste de la communauté wallonne et francophone de Belgique et à un artiste québécois. En 2001, la chanson Marie-Hélène reçoit le prix Les Classiques de la SOCAN afin de souligner le fait qu’elle a été jouée plus de 25 000 fois à la radio canadienne depuis son lancement.
Prix et distinctions
Premier prix, Concours international Chansons (Les amours anciennes), Communauté radiophonique des programmes de langue française (1963)
Médaille Jacques Blanchet, Succession Jacques Blanchet (1983)
Trophée Félix du Meilleur auteur-compositeur-interprète de l’année, ADISQ (1994)
Trophée Félix de l’Anthologie/Réédition/Compilation de l’année (L’Intégrale 1975-1989), ADISQ (2001)
Prix Les Classiques de la SOCAN (Marie-Hélène), SOCAN (2001)
Trophée Félix Album de l’année – Jazz (Versant Jazz Live au Lion d’Or), ADISQ (2002)
Intronisation (Marie-Hélène), Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens (2015)