Le Grand Sudbury, en Ontario, constitué en tant que ville en 2001, population de 166 004 habitants (recensement de 2021), de 161 531 habitants (recensement de 2016). Siège judiciaire du district de Sudbury, la Ville du Grand Sudbury est située sur la rive ouest du lac Ramsey, à environ 60 km au nord de la baie Georgienne. Lorsqu’elle a été constituée en 2001, elle a remplacé l’ancienne municipalité régionale de Sudbury (1973-2000) et la ville de Sudbury (1930-2000). Elle doit une grande partie de son développement à l’industrie minière, et plus particulièrement à l’exploitation du nickel. La Ville du Grand Sudbury est la plus grande région urbaine du nord-est de l’Ontario, elle offre aujourd’hui une concentration de services commerciaux, culturels et éducatifs et est reconnue pour son impressionnant programme de reverdissement qu’elle mène depuis les années 1970.
Colonisation
L’occupation humaine de la région de Sudbury commence il y a au moins 9000 ans, à la suite du retrait de la dernière calotte glaciaire du continent. À l’époque de l’arrivée des Européens, la région au nord du lac Huron et celle entourant le lac Supérieur sont dominées par les peuples autochtones de langue anishinaabemowin depuis des centaines d’années. La région autour de Sudbury continue d’être le foyer de divers peuples algonquins et ojibwés, comme la nation Atikameksheng Anishnawbek.
Contrairement aux régions plus tempérées et plus fertiles de ce qui est maintenant le sud de l’Ontario, la région entourant le lac Ramsey est relativement peu peuplée. Les premiers changements démographiques d’importance s’amorcent au milieu du 17e siècle, résultat de la traite des fourrures que viennent pratiquer les Français à Sault Ste. Marie. À mesure que les bandes ojibwées dépendent de plus en plus des produits européens, la chasse aux animaux à fourrure devient très compétitive, obligeant certaines bandes à chasser plus, et provoquant plusieurs conflits.
Les Ojibwés entretiennent des relations plus harmonieuses avec les Français qu’avec les Britanniques; alors que les Français se concentrent sur la traite des fourrures, les Britanniques espèrent coloniser la région à long terme et développer l’exploitation minière. Au début du 19e siècle, l’arrivée massive d’hommes blancs à la recherche de cuivre et d’autres métaux dans la région attise les tensions. Au milieu du 19e siècle, les Ojibwés soumettent des plaintes écrites au gouvernement colonial britannique concernant l’intrusion des Européens sur leurs terres, mais ces plaintes sont ignorées.
Au cours des années qui suivent, le nombre de marchands, de prospecteurs et d’arpenteurs blancs dans la région augmente considérablement, mais la ville de Sudbury n’est établie que dans les années 1880, avec l’arrivée du chemin de fer du Canadien Pacifique (CP).
Développement
Durant l’hiver de 1882-1883, environ 3350 travailleurs arrivent sur le site de la ville moderne de Sudbury. En mars 1883, ils érigent les premiers bâtiments de la ville. Ce qui n’était censé être au départ qu’un simple lieu d’entreposage pour le chemin de fer du CP devient une ville d’entreprises de plus en plus peuplée. Le surintendant du CP, James Worthington, nomme la ville d’après le lieu de naissance de sa femme en Angleterre. On n’imagine guère que cet avant-poste éloigné, entouré de marécages et d’affleurements rocheux, deviendra éventuellement la plus grande communauté du nord de l’Ontario.
Le commerce du bois est l’une des premières industries locales et il n’est pratiqué qu’à petite échelle. Mais l’activité commerciale de la ville de Sudbury commence à augmenter considérablement en 1885, à la suite de la découverte de nombreux gisements de cuivre et d’autres métaux dans le bassin de Sudbury. Des rumeurs selon lesquelles les Ojibwés ont exploité du cuivre dans la région par le passé, des développements plus récents tels que la découverte de minerais dans la péninsule supérieure du Michigan, ainsi que des rapports de la Commission géologique du Canada, attirent l’attention sur le secteur de l’exploitation minière.
En effet, le bassin de Sudbury s’avère l’une des formations géologiques les plus particulières du Canada. Formé il y a environ 1,8 milliard d’années par l’impact d’un météorite, le bassin a une dimension de 60 km sur 30 km, et il contient de riches gisements de cuivre, de nickel et de platine.
Paysage urbain
L’essor initial de Sudbury est restreint par les voies ferrées et la topographie de la région, ainsi que par l’absence d’une assiette fiscale solide (la communauté ne commence à percevoir d’impôt auprès de l’industrie minière qu’avec l’avènement du gouvernement régional en 1973). La ville s’étend graduellement le long des routes principales, séparées par des corniches rocheuses. De nouvelles zones résidentielles apparaissent dans les districts de West End, Donovan, Minnow Lake, New Sudbury et Lockerby.
Vers la fin du 19e et le début du 20e siècle, de nombreux Canadiens français commencent à cultiver la vallée agricole au nord et à l’ouest. Encouragés par les efforts des nationalistes canadiens-français pour ramener les immigrants canadiens-français partis travailler dans les usines de la Nouvelle-Angleterre afin qu’ils « occupent » le nord et l’ouest canadien, des prêtres missionnaires établissent des paroisses rurales où des villages à forte majorité canadienne-française émergent au tournant du 20e siècle. Au départ, les Canadiens français travaillent dans l’exploitation forestière et l’agriculture, mais l’appauvrissement des sols et la nécessité grandissante d’avoir un revenu d’appoint en mène éventuellement un bon nombre à aller travailler dans les mines et parfois à emménager dans des quartiers particuliers, comme le Moulin-à-Fleur, le centre-ville et, à partir des années 1950, la banlieue du nouveau Sudbury. Cette expansion sans discernement mène finalement à la création d’un gouvernement régional en 1973 et à la nouvelle ville unifiée en 2001.
En raison de l’exploitation forestière, d’incendies de forêt et de la pollution causés par la pratique de griller le minerai sur des feux de bois à ciel ouvert pour en extraire les minéraux désirés, la végétation devient clairsemée et composée essentiellement d’espèces de peupliers et de bouleaux. Sudbury acquiert alors la réputation peu enviable d’être l’un des centres urbains les moins attrayants du Canada. Toutefois, dès 1973, Sudbury commence à transformer son paysage urbain grâce au plus vaste programme au monde de reboisement urbain et de restauration de l’environnement. Entre 1978 et 2017, plus de 3400 hectares de terrains très endommagés sont restaurés et 9,7 millions de feuillus et de conifères sont plantés. En reconnaissance de ces efforts, Sudbury reçoit plusieurs prix depuis 1986, notamment le Prix d’excellence environnementale du gouvernement du Canada, le United States Chevron Conservation Award et la Médaille du gouvernement local des Nations Unies (remis lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, au Brésil en 1992).
Sudbury compte également plusieurs lacs, soit 219 lacs à l’intérieur des limites de la ville, incluant le lac Ramsey, dont la superficie est de 8,25 km2, ce qui en fait le plus grand lac enclavé au sein d’une ville en Amérique du Nord.
Le paysage urbain comprend également certains édifices d’intérêt architectural : le Bell Mansion, les églises Saint-Jean-de-Brébeuf et Christ the King, le complexe Science Nord, le Complexe municipal, le Centre fiscal de l’Agence du revenu du Canada et l’École d’architecture McEwen.
Population
La population de Sudbury n’est que de 2027 habitants en 1901, mais elle double à chaque recensement (1911, 1921 et 1931). À la suite d’une fusion et d’une annexion majeure en 1960, le nombre d’habitants augmente à 80 120 en 1961. Après une autre expansion en 1973, la population de la ville atteint 91 829 habitants en 1981. En 2001, les villes de l’ancienne municipalité régionale de Sudbury (soit Capréol, Nickel Centre, Onaping Falls, Rayside-Balfour, Sudbury, Vallée-Est et Walden) sont incorporées dans la nouvelle ville du Grand Sudbury, avec une population de 155 601 habitants. En date de 2021, la population de la ville est de 166 004 habitants.
En 1901, les Canadiens d’origine britannique et française constituent respectivement environ 55 % et 35 % de la population de Sudbury. Bien qu’ils vivent dans des quartiers différents et ne fréquentent pas les mêmes églises, les deux groupes s’entendent plutôt bien. Aujourd’hui, Sudbury demeure l’une des plus importantes concentrations de Franco-Ontariens de la province : en 2021, 22,6 % des résidents de la ville déclarent le français comme étant leur langue maternelle.
La large communauté francophone de la ville se reflète également dans ses plus grands groupes ethniques : selon le recensement de 2021, les résidents de Sudbury qui déclarent des origines françaises constituent le groupe ethnique le plus important, avec 28 % de la population, suivis des origines irlandaises (18,4 %) et des origines canadiennes (17,2 %). Les minorités visibles représentent 6,6 % des résidents de la ville; les Noirs, les Asiatiques du Sud, les Chinois, et les Latino-Américains constituent les communautés les plus importantes de ce groupe. Sudbury compte également une importante communauté autochtone, soit 11 % de la population.
Économie et main-d’œuvre
Sudbury est traditionnellement connue comme une ville minière. La première compagnie minière, la Canadian Copper, est fondée en 1886 et commence ses activités de fusion des métaux en 1888. En 1902, elle fusionne avec la Orford Refining Company pour former le géant International Nickel Company of Canada (INCO limitée). En 1915, les mines de Sudbury fournissent 80 % de la production mondiale de nickel. La suprématie du bassin de Sudbury est renforcée par l’établissement de la Falconbridge Nickel Mines (aujourd’hui Sudbury Integrated Nickel Operations de Glencore) en 1928. À ce jour, le bassin de Sudbury demeure l’un des plus importants producteurs de nickel du monde. De plus, le minerai local contient du plomb, du zinc, de l’argent, de l’or, du cobalt, du platine, du sélénium et du tellure.
Il n’est donc pas surprenant que la croissance de Sudbury ait été profondément influencée par les cycles d’expansion et de ralentissement étroitement liés aux fluctuations de la demande de nickel. En fait, la Canadian Copper a de la difficulté à trouver un marché pour le nickel mais, dans les années 1890, le minerai commence à être utilisé dans la fabrication de blindage pour véhicules militaires, et un lien s’établit entre les mines locales et l’armée qui dure de nombreuses décennies.
Jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, l’industrie minière est de loin le principal employeur pour l’économie régionale. L’emploi dans le secteur minier culmine en 1971, avec 26 000 emplois, mais ce nombre chute au cours des décennies suivantes en raison du perfectionnement de la technologie d’extraction et de la fluctuation des prix des métaux. L’industrie n’emploie que 6000 ouvriers en 2005, et seulement 3000 en 2018. INCO, une entreprise plus grande que Falconbridge, est achetée par la société brésilienne Vale en 2006. (Voir aussi Main-d’œuvre minière.)
Malgré ce déclin de l’emploi minier, la production minière dans la région de Sudbury demeure élevée grâce à la mise en place de techniques d’exploitation en continu (qui permettent l’acheminement ininterrompu du minerai du front d’abattage) et à l’utilisation de technologies novatrices. En fait, Sudbury devient un centre majeur du développement de la technologie minière. Grâce au succès de la ville dans la remise en état de ses terres, elle devient également un centre mondial des sciences environnementales liées à l’exploitation minière. La ville compte maintenant plus d’une douzaine d’instituts de recherches. Parmi ceux-ci, les instituts affiliés à l’Université Laurentienne comprennent le Centre de recherche en développement humain, le Centre de recherche en exploration minérale, le Centre d’excellence en innovation minière, l’Unité conjointe d’écologie d’eau douce, la Chaire de recherche en géomécanique, l’Institut franco-ontarien, l’Institut nord-ontarien de recherche et de développement (INORD) et le Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du nord. Le Northern Centre for Advanced Technology (NORCAT) se trouve au Cambrian College.
Le détecteur de neutrinos souterrain le plus profond du monde se trouve à Sudbury et est exploité par l’Observatoire de neutrinos de Sudbury. Parfaitement opérationnel depuis 1999, cet observatoire recueille des données qui promettent des découvertes révolutionnaires liées aux propriétés des neutrinos (une sorte de particule élémentaire) et au noyau solaire. Cet observatoire place Sudbury au centre des recherches internationales dans le domaine de la physique des particules subatomiques.
La ville devient également un centre important d’éducation supérieure. En plus des conseils scolaires catholique et public de la région, elle comprend des écoles secondaires publiques de langue anglaise, des collèges catholiques publics (Notre-Dame, Marymount, St. Charles et Sacré-Cœur) et (depuis 1969) des écoles secondaires publiques de langue française. L’Université de Sudbury est fondée par les Jésuites canadiens-français en 1957. En 1960, elle devient la composante catholique de la nouvelle Université Laurentienne, une fédération bilingue et non confessionnelle de plusieurs collèges. Sudbury offre également de la formation professionnelle au Cambrian College, fondé en 1967. En 1995, la section de langue française de Cambrian devient indépendante et est choisie comme campus principal du Collège Boréal, le deuxième collège de langue française de l’Ontario. Toutefois, les efforts pour obtenir une université de langue française à Sudbury n’ont pas abouti à ce jour.
De nombreux emplois gouvernementaux, surtout dans l’administration provinciale et dans des services tels que la Commission géologique de l’Ontario, sont également transférés à Sudbury. Dans le secteur des services financiers et services aux entreprises, Sudbury est maintenant le foyer de nombreux centres d’appels et de sièges sociaux du nord-est de l’Ontario pour plusieurs banques. La Loi sur les services en français (1986) désigne Sudbury comme une région offrant des services provinciaux dans les deux langues officielles.
À la suite de la construction du complexe Science Nord en 1984 et du cinéma IMAX, ainsi que des attractions qu’offre le Big Nickel au complexe Terre dynamique, Sudbury est également l’une des destinations touristiques les plus populaires du nord de l’Ontario. En hiver, le Sudbury Trail Plan entretient un circuit de 1200 km de pistes de motoneige.
Transports
Les chemins de fer sont établis entre Sudbury et Sault Ste. Marie en 1887, et entre Sudbury et Toronto en 1908. La construction d’autoroutes menant à North Bay et à Sault Ste. Marie commence en 1912. En 1956, on inaugure la route 69 Sud qui descend à Gravenhurst. La construction de la première voie vers Timmins, la route 144, est terminée en 1970. L’Aéroport du Grand Sudbury assure des services aériens vers plusieurs autres villes de l’Ontario depuis 1954.
Communications
La ville de Sudbury est également un important centre de médias. La région compte plusieurs journaux, notamment le Sudbury Star, le Northern Life, Le Voyageur et le Northern Ontario Business. La radio arrive à Sudbury en 1947 grâce à la station de radio de langue française (CFBR) et celle de langue anglaise (CHNO). Des antennes régionales de CBC/Radio-Canada et d’autres radios commerciales sont ajoutées à partir des années 1970. La télévision apparaît avec CKSO en 1953, et aujourd’hui elle est affiliée au réseau CTV.
Administration et situation politique
De 1973 jusqu’à la constitution de la mégaville du Grand Sudbury en 2001, la région comprend deux paliers gouvernementaux : un conseil régional composé de 20 membres et d’un président, ainsi que sept conseils locaux. En 2001, cette structure est remplacée par une municipalité unique comprenant 12 quartiers représentés par 12 conseillers et un maire.
Vie culturelle
La transformation de Sudbury en centre de l’éducation génère également une croissance dynamique de l’activité culturelle depuis les années 1970. Des institutions culturelles francophones sont fondées, incluant le Théâtre du Nouvel-Ontario (un théâtre franco-ontarien qui monte des productions originales en français), les Éditions Prise de parole (la première maison d’édition franco-ontarienne), et La Nuit sur l’étang (le premier festival annuel de musique émergente francophone). Le Grand Sudbury compte aussi deux théâtres de répertoire de langue anglaise (Sudbury Theatre Centre, Theatre Cambrian), des galeries d’art (Galerie d’art de Sudbury et Galerie du Nouvel-Ontario), des musées (les musées du Moulin à Fleur et de Copper Cliff), un orchestre symphonique, ainsi que des activités et des festivals annuels bilingues, comme le Northern Lights Festival Boréal, le Cinéfest, le Blueberry Festival, le Snowflake Festival et l’UpFest.
Sudbury est le foyer de plusieurs installations sportives et récréatives, comme des arénas de hockey et des centres récréatifs. La ville est également la première ville de l’Ontario à faire aménager une piscine olympique à l’Université Laurentienne en 1971, qui devient la piscine où s’est entraîné le nageur Alex Baumann, qui décroche deux médailles d’or aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984. Cinq parcs provinciaux se trouvent dans la région. Dans la ville même, la Zone de conservation du lac Laurentien est une destination très populaire.