Notre histoire en souvenirs : Lynn Johnston | l'Encyclopédie Canadienne

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Notre histoire en souvenirs : Lynn Johnston

En 2005, pour commémorer le 60e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des Canadiens célèbres ont exprimé ce que signifiait pour eux cet exercice de mémoire, dans le cadre de la campagne Notre histoire en souvenirs, menée par l’Institut Historica-Dominion (aujourd’hui Historica Canada), CanWest News Service (aujourd’hui Postmedia News) et le ministère des Anciens Combattants. Cet article est tiré de cette campagne.

« La guerre continue »

Lynn Johnston dit qu’elle n’oubliera jamais sa conversation avec le célèbre dessinateur d’animation Charles Schulz, créateur de Peanuts, tout juste avant le décès de ce dernier en février 2000.

Johnston, auteur de la bande dessinée For Better or For Worse acclamée par les Canadiens, avait alors discuté, entre autres, de la tragédie de la guerre avec Schulz, l’inventeur de Snoopy. Schulz s’est battu avec l’armée américaine pendant la Deuxième Guerre mondiale et a participé à la libération du camp de Dachau.

Lors de leur conversation, il avait confié à Johnston que les occasions où il avait pris part à la libération de prisonniers dans des camps constituaient les moments de sa vie dont il était le plus fier. Il avait également mentionné avoir espéré en rentrant aux États-Unis que tout allait s’arrêter, qu’il n’y aurait plus jamais de guerre. Au lieu de cela, avait-il dit : « Rien n’a changé. La guerre continue. Alors, pourquoi nous sommes-nous battus? »

Johnston a elle aussi cette même vision mélancolique des conflits dont Schulz faisait alors mention.

« Rien n’a changé », a-t-elle dit. « Les gens veulent encore s’entretuer. Les armées cherchent toujours un but. Ça conduit à secouer la tête et à se demander "À quoi ça rime?" »

« C’est une perte de temps et d’énergie, mais pour une raison ou une autre, les humains ressentent le besoin de faire la guerre. Nous prenons toujours un ennemi qui nous semble différent de nous, mais nous sommes tous les mêmes. Nous aimons tous nos enfants, nous voulons tous ce qu’il y a de mieux pour nos familles. Tout ça m’attriste et me choque. Je me demande pourquoi mon propre père s’est battu et a perdu ses amis. »

Équipage de bombardier

La dessinatrice de bande dessinée canadienne la plus reconnue dans le monde a grandi à Vancouver, au milieu d’histoires de la Deuxième Guerre mondiale. Ses parents, Mervyn et Ursula Ridgeway, se sont rencontrés alors qu’ils servaient tous les deux en tant que membres au sol d’une escadrille de bombardement de l’Aviation royale du Canada en Grande-Bretagne.

« Mes parents m’ont parlé de la guerre sans arrêt », a-t-elle dit. « Surtout mon père, puisqu’il considérait cette période comme la plus excitante de sa vie. Une période au cours de laquelle ce qu’il avait fait avait vraiment eu un sens pour le monde, où il avait pris part à quelque chose de vraiment important. »

Premier bombardier Lancaster
En ao\u00fbt 1943, des ouvriers en construction aéronautique de Malton (Ontario) entourent le premier bombardier Lancaster de fabrication canadienne. Nommé le \u00ab Ruhr Express, \u00bb le bombardier sera utilisé par le 419e Escadron pendant la guerre avant d'\u00eatre abattu en janvier 1945. (Archives de la Ville de Toronto/SC266/86576)

Horloger de Collingwood, en Ontario, Mervyn s’est engagé dans l’Air Force à 18 ans et a servi à titre de mécanicien d’aéronef à la base de Linton, en Angleterre. Ursula a quitté West Vancouver à l’âge de 19 ans pour aller travailler à Linton en tant que commis à l’approvisionnement chargée de commander les écrous, boulons et autres pièces des avions. Les parents de Lynn n’ont jamais connu la peur des combats ou l’horreur des batailles, mais ils ont vécu avec l’angoisse de voir mourir leurs amis et de ne pas savoir, chaque fois qu’un avion quittait le sol, s’ils allaient revoir son équipage.

« Comme ils ne se sont jamais rendus sur les champs de bataille, ils ont souvent dit au revoir à ceux qui s’y rendaient », a raconté Johnston. « Ils ont participé à plusieurs cérémonies où chaleur et affection étaient au rendez-vous, puisqu’ils ne savaient jamais si leurs amis allaient revenir. »

« Histoires incroyables »

Lynn Johnston dit que ses parents ont toujours conservé un profond respect pour les anciens combattants et les sacrifices qu’ils ont faits, et ce longtemps après leur retour au Canada.

« Mon père s’est rendu à toutes les parades du jour du Souvenir », a-t-elle dit. « Je crois qu’il n’a jamais oublié les bons amis qu’il a perdus en temps de guerre. Je me souviens m’être rendue avec lui, étant enfant, au Monument commémoratif de guerre du Canada de North Vancouver. Il se tenait debout devant le Monument, les larmes aux yeux. »

Les premiers contacts de Johnston avec la tragédie de la guerre et les cicatrices qu’elle laisse sur une génération lui ont été transmis par ses parents, décédés il y a quelques années. Comment pourrons-nous enseigner ces leçons aux Canadiens, si les anciens combattants qui restent ont tous disparu?

« La seule façon de transmettre les souvenirs d’une génération à l’autre est d’écouter les expériences de ceux qui les ont vécus », a dit Johnston. « Nous devons profiter du fait que nous avons encore accès à des gens avec qui discuter et j’encourage les enseignants à amener leurs étudiants rencontrer ceux qui ont vécu la guerre et sauront leur en parler dans les maisons de retraités et les filiales de la Légion. Ils ont les histoires les plus incroyables à raconter. »

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