Dr Frank Hayden et la recherche canadienne
Plusieurs études menées au début des années 1960 montrent que les personnes présentant des incapacités intellectuelles ou du développement sont dans une condition physique nettement inférieure à celle des personnes sans incapacités. Nombreux sont ceux qui pensent à l’époque qu’une incapacité intellectuelle s’accompagne systématiquement d’un niveau de forme et de capacités physiques moindres, mais Dr Frank Hayden, chercheur dans le domaine du sport à Windsor, en Ontario, décide de tester cette théorie.
Alors en poste à l’Université de Toronto, Frank Hayden étudie les effets du conditionnement physique et de l’entraînement spécifique sur un groupe d’étudiants à l’école Beverley, dans le centre-ville de Toronto. Il conclut que la raison pour laquelle ceux qui présentent une incapacité intellectuelle sont moins en forme physiquement est en fait un manque d’accès aux activités sportives plutôt qu’une conséquence directe de leur incapacité intellectuelle. S’ils en ont l’occasion, ces étudiants peuvent eux aussi acquérir les aptitudes nécessaires pour participer à diverses activités sportives et devenir ainsi plus en forme sur le plan physique. En 1964, Frank Hayden présente les résultats de ses études devant le premier Congrès international de psychologie du sport, qui se tient à Rome, et publie un manuel de tests et d’entraînement.
Dr Patricia Austin, de l’Université de l’Alberta, effectue des études similaires dans les années 1960. Patricia Austin soutient alors que les professeurs d’éducation physique devraient être attentifs aux « enfants délaissés » et s’efforcer de satisfaire aux intérêts, aux besoins et aux aptitudes de tous les enfants, y compris ceux qui présentent des incapacités.
Fondation d’Olympiques spéciaux
Frank Hayden se donne pour mission d’aider les personnes présentant une déficience intellectuelle à avoir accès au sport. Il conçoit et propose à cet effet un programme national d’entraînement sportif et de compétitions au Canada. Ses travaux attirent l’attention d’Eunice Kennedy Shriver, sœur du regretté président américain John F. Kennedy. En 1965, Frank Hayden déménage à Washington D.C. où il devient directeur de la fondation Joseph P. Kennedy. Durant les sept années qu’il passe à Washington, il travaille sur la conception des terrains de jeu, développe des méthodes d’enseignement des techniques sportives aux personnes présentant des déficiences intellectuelles et participe à la préparation d’une législation visant à aider les personnes handicapées. Frank Hayden et Kennedy Shriver jouent également un rôle important dans le lancement du mouvement des Olympiques spéciaux en Amérique du Nord en organisant le premier événement sportif international pour déficients intellectuels.
Les premiers Jeux olympiques spéciaux mondiaux sont organisés à Chicago, dans l’Illinois, en juillet 1968. Plusieurs athlètes canadiens participent aux Jeux, dans les épreuves de hockey en salle. Parmi ceux qui accompagnent l’équipe de hockey en salle canadienne, on peut citer Harold Ballard, actionnaire minoritaire des Maple Leafs de Toronto, George Armstrong, capitaine de cette même équipe (qui occupe le poste de capitaine honoraire) et Harry « Red » Foster, commentateur sportif à la télévision canadienne.
Olympiques spéciaux arrive au Canada
Tout comme Frank Hayden, Harry Foster a joué un rôle très important pour faire évoluer l’attitude et la perception des Canadiens à l’égard des déficiences intellectuelles. Harry Foster, dont le frère était aveugle et atteint d’un handicap intellectuel, a fait campagne pour l’établissement de centres de recherche canadiens visant à étudier les causes des déficiences intellectuelles et à élaborer des programmes d’entraînement pour les personnes handicapées.
Il est président des premiers Jeux olympiques spéciaux canadiens, organisés à Toronto, en Ontario, en juin 1969 (moins d’un an après les premiers Jeux olympiques spéciaux mondiaux à Chicago). Au total, quelque 1 400 Canadiens ont participé aux épreuves de hockey en salle, de nage et d’athlétisme. Harry Foster sera à nouveau président des Jeux olympiques spéciaux canadiens à Toronto en 1971 et de ceux de Winnipeg, au Manitoba, en 1974.
Harry Foster et Frank Hayden ont été récompensés pour leur contribution. Harry Foster et Frank Hayden ont ainsi tous les deux été intronisés au Panthéon des sports canadiens, respectivement en 1984 et en 2016. Harry Foster a été fait membre de l’Ordre du Canada en 1970 et reçu un Prix du gouvernement de l’Ontario pour contribution exceptionnelle en 1974. Frank Hayden a été admis à l’Ordre du Canada en 2000 et à l’Ordre de l’Ontario en 2012. Une école de Burlington, en Ontario, a par ailleurs été baptisée en son honneur en 2013.
Olympiques spéciaux Canada
Olympiques spéciaux Canada possède maintenant des sections dans chaque province et territoire, sauf au Nunavut. En 1975, la Saskatchewan devient la première province du Canada à accueillir une section enregistrée d’Olympiques spéciaux. Plusieurs sections provinciales de l’organisme ont par la suite été enregistrées au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et en Ontario en 1979; au Manitoba, en Colombie-Britannique et en Alberta en 1980; au Québec et au Yukon en 1981; sur l’Île-du-Prince-Édouard en 1982; à Terre-Neuve en 1986 et dans les Territoires du Nord-Ouest en 1995.
Les athlètes d’Olympiques spéciaux pratiquent leur discipline sportive de manière récréative ou compétitive. Olympiques spéciaux Canada reconnaît officiellement 17 disciplines sportives : 10 pour l’été et 7 pour l’hiver. Les 10 disciplines d’été sont l’athlétisme, le jeu de quilles (5 ou 10 quilles), le basketball, la pétanque, le golf, l’haltérophilie, la gymnastique rythmique, le soccer, le softball et la natation. Les 7 disciplines d’hiver sont le ski alpin, le ski de fond, le curling, le patinage artistique, le hockey en salle, la raquette et le patinage de vitesse.
Les athlètes qui obtiennent de bons résultats lors des compétitions locales ou régionales peuvent se qualifier pour concourir lors des Jeux provinciaux. Ces mêmes athlètes peuvent ensuite progresser du niveau provincial au niveau national, pour lequel des jeux sont organisés tous les deux ans, alternant entre jeux d’été et jeux d’hiver. Les Jeux d’été de 2014 se sont tenus à Vancouver, en Colombie-Britannique, tandis que les Jeux d’hiver de 2016 étaient organisés à Corner Brook, à Terre-Neuve-et-Labrador.
Les athlètes qui ressortent comme étant les meilleurs à l’issue des Jeux nationaux peuvent représenter le Canada aux Jeux mondiaux, qui se tiennent aussi tous les deux ans de manière alternée (Jeux d’été, jeux d’hiver). Lors des Jeux mondiaux d’été de 2015 à Los Angeles, Équipe Canada comptait 115 athlètes et près de 50 employés. Un contingent encore plus important est prévu pour les Jeux mondiaux d’hivers de 2017 en Autriche, au cours desquels 110 athlètes représenteront le pays.
Jeux d’été d’Olympiques spéciaux Canada
1969 | Toronto (Ontario) |
1971 | Toronto (Ontario) |
1974 | Winnipeg (Manitoba) |
1978 | Regina (Saskatchewan) |
1981 | Ottawa (Ontario) |
1986 | Calgary (Alberta) |
1990 | Vancouver (Colombie-Britannique) |
1994 | Halifax (Nouvelle-Écosse) |
1998 | Sudbury (Ontario) |
2002 | Prince Albert (Saskatchewan) |
2006 | Brandon (Manitoba) |
2010 | London (Ontario) |
2014 | Vancouver (Colombie-Britannique) |
Jeux d’hiver d’Olympiques spéciaux Canada
1988 | Edmundston (Nouveau-Brunswick) |
1992 | Saskatoon (Saskatchewan) |
1996 | Calgary et Canmore (Alberta) |
2000 | Ottawa (Ontario) |
2004 | Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard) |
2008 | Québec (Québec) |
2012 | St. Albert (Alberta) |
2016 | Corner Brook (Terre-Neuve-et-Labrador) |
Jeux olympiques spéciaux mondiaux d’été
1968 | Chicago (Illinois, États-Unis) |
1970 | Chicago (Illinois, États-Unis) |
1972 | Los Angeles (Californie, États-Unis) |
1975 | Mount Pleasant (Michigan, États-Unis) |
1979 | Brockport (New York, États-Unis) |
1983 | Baton Rouge (Louisiane, États-Unis) |
1987 | South Bend (Indiana, États-Unis) |
1991 | Minneapolis et Saint Paul (Minnesota, États-Unis) |
1995 | New Haven (Connecticut, États-Unis) |
1999 | Raleigh/Durham (Caroline du Nord, États-Unis) |
2003 | Dublin (Irlande) |
2007 | Shanghai (Chine) |
2011 | Athènes (Grèce) |
2015 | Los Angeles (Californie, États-Unis) |
Jeux olympiques spéciaux mondiaux d’hiver
1977 | Steamboat Springs (Colorado, États-Unis) |
1981 | Stowe (Vermont, États-Unis) |
1985 | Park City (Utah, États-Unis) |
1989 | Reno (Nevada, États-Unis) |
1993 | Salzburg (Autriche) |
1997 | Toronto (Ontario, Canada) |
2001 | Anchorage (Alaska, États-Unis) |
2005 | Nagano (Japon) |
2009 | Boise (Idaho, États-Unis) |
2013 | Pyeongchang (République de Corée) |
2017 | Graz/Schladming (Autriche) |
Jeux olympiques spéciaux mondiaux d’hiver au Canada en 1997
En 1997, Toronto et Collingwood, en Ontario, accueillent ensemble les Jeux olympiques spéciaux mondiaux d’hiver. C’est la première et seule fois que le Canada accueille les Jeux olympiques spéciaux et la deuxième fois seulement que les Jeux olympiques spéciaux mondiaux d’hiver ont lieu à l’extérieur des États-Unis (après ceux de Salzburg, en Autriche, en 1993). Près de 2 000 athlètes de 73 pays ont concouru dans cinq disciplines sportives lors de ces Jeux d’hiver de 1997. Ce fut l’événement sportif multidisciplinaire le plus important de l’année.
Prix annuels décernés par Olympiques spéciaux Canada
Depuis 1989, Olympiques spéciaux Canada organise tous les ans une cérémonie de remise de prix. L’événement a habituellement lieu à Toronto, en novembre. Ces prix récompensent l’athlète masculin et l’athlète féminine de l’année, l’entraîneur et l’entraîneuse de l’année, l’équipe de l’année, le bénévole du Festival Olympiques spéciaux de l’année, le bénévole non-entraîneur de l’année et le bénévole de l’année pour sa participation au maintien de l’ordre.
Il y a aussi deux prix spéciaux : le prix Harry-Red-Foster est attribué tous les ans à la personne qui a le mieux représenté l’esprit, la philosophie et les objectifs du mouvement des Olympiques spéciaux, et le prix de carrière sportive De-Frank-Hayden pour celui ou celle qui a réussi sur le plan athlétique tout au long de sa carrière en incarnant au mieux l’esprit des Olympiques spéciaux.
Les joueurs canadiens de la NHL et les Olympiques spéciaux
La Ligue nationale de hockey (LNH) et les Olympiques spéciaux ont toujours entretenu une solide relation. De nombreux joueurs de hockey professionnels ont offert leur temps pour contribuer aux Olympiques spéciaux et de nombreux matchs entre anciens de la LNH sont organisés chaque année au profit des Jeux.
En 1984, les avants des Flames de Calgary Lanny McDonald et Jim Peplinski ont chacun reçu un prix pour leur collaboration bénévole avec les Olympiques spéciaux. Lanny McDonald a reçu le Prix Olympiques spéciaux international pour services émérites et Jim Peplinski le prix humanitaire Charlie-Conacher qui récompense les joueurs de la LNH ayant contribué de manière exceptionnelle dans les domaines de l’humanitaire et des services publics.
En 1989, l’avant des Islanders de New York, Bryan Trottier, de Val Marie, en Saskatchewan, a remporté le trophée King Clancy pour son bénévolat au sein du mouvement des Olympiques spéciaux. Le prix est offert à un joueur qui a fait preuve d’un leadership exemplaire à l’intérieur et à l’extérieur de la patinoire et qui a contribué à la collectivité sur le plan humanitaire.
En 1992, Peter Conacher, de Toronto, qui a joué au sein de la LNH de 1951 à 1958, a été intronisé au Temple de la renommée d’Olympiques spéciaux. Peter Conacher a occupé le poste de président d’Olympiques spéciaux Ontario.
L’entraîneur en chef des Kings de Los Angeles, Darryl Sutter, de Viking, en Alberta, et le directeur général des Hurricanes de la Caroline, Ron Francis, de Sault-Sainte-Marie, en Ontario, ont activement aidé Olympiques spéciaux. Le fils de Darryl Sutter, Chris, est atteint du syndrome de Down, tandis que le frère de Ron Francis, Ricky, présente des dommages cérébraux, séquelles de crises épileptiques durant son enfance. Ils ont tous les deux concouru durant les Olympiques spéciaux.
Lanny McDonald, de Hanna, en Alberta, Tiger Williams, de Weyburn, en Saskatchewan, et Frank Selke Jr., de Kitchener, en Ontario, ont chacun remporté le prix Harry-Red-Foster. Parmi les autres récipiendaires connus du prix Harry-Red-Foster, on peut citer l’ancien président des Argonautes de Toronto, Bob Nicholson, et l’ancien commissaire de la Ligue canadienne de football, Tom Wright.
Ambassadeurs d’Olympiques spéciaux
Les médaillés olympiques canadiens Mark Tewksbury (natation), Catriona Le May Doan (patinage de vitesse) et Jamie Salé (patinage artistique) ont été très actifs au sein d’Olympiques spéciaux Canada. Mark Tewksbury était l’entraîneur honoraire d’Équipe Canada lors des Jeux olympiques spéciaux mondiaux d’été de 2015 à Los Angeles. Catriona Le May Doan était l’entraîneuse honoraire d’Équipe Canada lors des Jeux olympiques spéciaux mondiaux d’hiver de 2013 à Pyeongchang, en République de Corée. (Voir aussi : Entretien avec Catriona Le May Doan.) Jamie Salé sera l’entraîneuse honoraire d’Équipe Canada lors des Jeux olympiques spéciaux mondiaux d’hiver de 2017 en Autriche.
Mark Tewksbury, Catriona Le May Doan et Jamie Salé font partie du Réseau des champions d’Olympiques spéciaux Canada, mis sur pied le 11 juillet 2014 pour sensibiliser tous les Canadiens aux programmes mis en place par Olympiques spéciaux.