Sociétés secrètes
Les sociétés secrètes sont perçues quelquefois comme des sectes religieuses, philosophiques ou spirituelles qui confèrent à leurs initiés un certain mystère. Ce mystère est entretenu patiemment et méticuleusement. L'initié y a accès graduellement, par étapes, grâce à l'accomplissement de rites destinés à purifier l'heureux élu. En d'autres occasions, les sociétés secrètes sont vues comme des organisations politiques séditieuses, des associations économiques clandestines, des groupes criminels, des mouvements idéologiques aux intentions révolutionnaires ou encore comme des groupes qui ont un intérêt pour les sciences occultes. On peut aussi les voir comme des organismes voués à l'entraide, au soutien, à la fraternité, à la charité ou aux bonnes oeuvres.
Pour qu'un groupe attire l'attention de gens intrigués ou intéressés par la spiritualité, il lui suffit généralement de tenir des activités clandestines (comme dans la FRANC-MAÇONNERIE), d'avoir une panoplie de rites et coutumes inusités (à l'instar de nombreux clubs sociaux) ou d'entretenir un certain mystère autour des cérémonies d'initiation (comme dans certains groupes autochtones). Les fabriquants de mythes exploitent l'intérêt des gens pour l'immatériel et le surnaturel et font baigner les initiés et les novices dans une atmosphère mystique afin de garantir leur solidarité.
Historiquement, toutes les sociétés secrètes, qu'elles soient des confréries, des corporations, des sociétés à mystère, des associations initiatiques et des sociétés spiritualistes ou, plus simplement, des associations fermées dont les motivations sont d'ordre économique, politique ou religieux, ont ou ont déjà eu leurs propres serments, leurs propres rituels, leurs coutumes et leur langage secret afin de préserver la solidarité dont le groupe a besoin. Toutes adoptent des signes de reconnaissance, des mots de passe, des chants cadencés et d'autres façons de se rappeler mutuellement le comportement associé au code moral de leur société. Elles mettent toutes en place des étapes successives menant à l'obtention d'une connaissance ou d'un pouvoir secrets, des périodes d'apprentissage et d'essai, et elles entretiennent souvent une hiérarchie complexe. Toutes organisent des cérémonies capables de séparer le néophyte du membre de longue date ou le profane de l'élu. Toutes s'identifient à certains principes moraux et à des croyances qui les distinguent de celles qui les entourent et qui leur sont par conséquent étrangères ou subordonnées. Toutes donnent un sens sacré à leur existence.
Il n'est donc pas très utile de tenter de différencier les sociétés secrètes des autres organisations en se basant sur les distinctions de lieux (sociétés primitives, sociétés occidentales), de cultures (sociétés caraïbe, germanique, slave ou protestante américaine), de religions (ORDRE DE JACQUES-CARTIER, ORDRE D'ORANGE), de nationalités (amérindienne, espagnole, italienne, irlandaise ou française) ou de sexes (sorcières ou grands-prêtres).
L'existence des sociétés secrètes remonte au moins à l'époque des premiers écrits connus. Certaines d'entre elles servent à des fins utilitaires, d'autres à des fins spéculatives, certaines ont de la visibilité, d'autres demeurent cachées, sauf pour les services d'information des gouvernements qui ont toujours connaissance de leur existence. Chacune d'entre elles fonde son existence sur un secret, le secret de son mystère, de ses intentions, de son orientation, de son rituel ou, plus généralement, de son organisation. En fin de compte, ce qui distingue les sociétés secrètes des autres organisations depuis toujours et en tout lieu, c'est que les premières sont organisées parallèlement et souvent au-dessus des formes de gouvernement officielles, quelles que soient ces formes.
Au Canada, les sociétés secrètes sont souvent fondées par des groupes ethniques et particulièrement par les Irlandais. Les Whiteboys et les United Irishmen étaient déjà actifs avant 1812 et les FENIANS (Fraternité républicaine irlandaise) à l'époque de la Confédération. Les organisations d'agriculteurs et d'ouvriers, tels les Grange et les CHEVALIERS DU TRAVAIL , ont été fondées comme sociétés secrètes. De nos jours, les sociétés les plus connues sont celles des Francs-Maçons, de l'Ordre d'Orange, de l'Ordre de Jacques-Cartier, de l'Opus Dei et, par moments, du KU KLUX KLAN.
Voir aussi MOUVEMENTS RELIGIEUX, NOUVEAUX.