Le ski de fond, activité durant laquelle le skieur glisse sur une surface de neige horizontale, est dérivé du ski. Jadis mode de déplacement hivernal, cette discipline est devenue, au Canada, une activité récréative pratiquée par près de quatre millions de Canadiens. Pour une poignée d'athlètes de haut niveau, le ski de fond offre la possibilité de briller sur la scène olympique.
Origines
Bien que ses origines remontent à il y a plus de 5 000 ans, en Scandinavie, le ski de fond ne fait son apparition au Canada que dans les années 1890. À l'origine, la plupart des skieurs utilisent un seul bâton de ski et des skis en bois non laminé mesurant de 2,5 à 4 m de longueur sur 80 mm de largeur. Les skis sont si lourds (plusieurs kg chacun) et leurs fixations tellement gênantes que les skieurs les enlèvent et les portent pour remonter les pentes. En 1915, le Norvégien Thorleaf Haug invente les fixations en acier vissées et élimine ainsi le besoin de pratiquer des fentes dans le milieu du ski pour retenir les courroies. Beaucoup plus robustes, les skis peuvent ainsi être plus courts (moins de 2,5 m), moins larges (moins de 60 mm) et plus légers (moins de 1 kg chacun). Combinés à deux bâtons de bambou, ces skis serviront pour toutes les formes de la pratique du ski pendant les 20 années suivantes.
Loisirs
Le ski de fond comme loisir gagne en popularité quand, en 1927, le Canadien Pacifique inaugure des voyages en train dans la région des Laurentides et de nombreux skieurs peuvent ainsi tirer avantage d'un important réseau de pistes tracées par d'avides skieurs tels que Jackrabbit »
Johannsen. Vers 1935, de telles installations se retrouvent dans toute l'Amérique du Nord. C'est avec enthousiasme que les skieurs utilisent les remonte-pentes, depuis le câble de remontée inventé à Shawbridge (Québec) en 1932, jusqu'au télésiège qui fait ses débuts au Mont Tremblant (Québec) en 1938. Les skis doivent ainsi être adaptés aux pentes abruptes; très rapidement on voit apparaître les carres de métal pour la stabilité sur la glace (vers 1930) et les fixations à câble qui maintiennent le talon fixé au ski, assurant ainsi une meilleure maîtrise. En une décennie, le ski de fond devient un sport qui nécessite un équipement spécial et que pratique seulement un petit noyau d'adeptes.
En 1967, plusieurs centaines de fondeurs célèbrent le Centenaire canadien en skiant 160 km (100 milles) de Montréal à Ottawa. Cette expédition de trois jours devient par la suite le Marathon canadien de ski (MCS), la plus longue randonnée du genre en Amérique du Nord. Le MCS s'étale aujourd'hui sur deux jours et attire plus de 2 000 skieurs du Canada, des États-Unis et de plus d'une dizaine d'autres pays. Le circuit part de Lachute, au Québec, et traverse les forêts et fermes de l'Outaouais pour aboutir dans la région de la capitale nationale (Ottawa/Hull) à l'apogée du festival Bal des Neiges de la mi-février. Les différentes catégories de la compétition se prêtent aux skieurs de tout âge et de toute habileté; des enfants de quatre ans peuvent parcourir un circuit de 16 km (10 milles) alors que les Coureurs de bois Or parcourent toute la distance sur deux jours avec une charge de 10 kg sur le dos, s'arrêtant à mi-chemin pour passer la nuit sous la tente.
Dans les années 1970, les coûts prohibitifs du ski alpin, l'encombrement des pentes et l'intérêt grandissant pour la condition physique incitent bon nombre de personnes à se tourner vers le ski de fond. Par exemple, le nombre de participants au Marathon canadien de ski passe de 400 à 4 000 durant cette décennie, et de nombreuses autres randonnées et courses ouvertes au grand public voient le jour dans tout le pays.
Le ski de fond connaît une très grande popularité en tant que sport de loisir. Plus de 3,5 millions de Canadiens possèdent le matériel nécessaire pour exercer ce sport et 2 millions d'entre eux font du ski de fond au moins une fois par semaine. Après 50 ans d'intense spécialisation du matériel et de la technique, on remarque aujourd'hui un important mouvement vers le retour aux skis de randonnée tout usage, aux bottes souples en cuir et aux fixations qui laissent le talon libre de ses mouvements. Grâce à ce matériel et à la technique d'orientation (par rotation) télémark qui remonte au début des années 1900, les skieurs sont désormais en mesure d'apprécier les exigences du ski alpin et l'exaltation qu'il procure tout en profitant d'une activité physique saine et de la sérénité qui se dégage du ski de fond.
Compétition
Bien que les championnats nationaux de ski de fond aient lieu depuis 1921, ce n'est que depuis quelques années que ce sport de plus en plus populaire, produit des athlètes de classe internationale tels que Sharon et Shirley Firth, Pierre Harvey, Beckie Scott et Chandra Crawford, qui arrivent à tenir tête aux skieurs européens, jusque-là dominants. L'épreuve du combiné nordique, sport qui combine le saut à skis et le ski de fond, fait l'objet de compétitions internationales et est présentée aux Jeux olympiques depuis 1924. Le Canada n'a toutefois pas encore obtenu de bons résultats à l'échelle internationale.
Durant les années 1980 et 1990, les innovations techniques modifient le sport. Des moyens de fartage plus simples ou les skis antirecul diminuent grandement la complexité de la préparation de la semelle du ski. Grâce aux matériaux synthétiques, on peut maintenant fabriquer des skis et des bâtons extrêmement légers et robustes. De nouveaux systèmes de fixations permettent une meilleure maîtrise à haute vitesse. Comme les nouveaux skis ont une glisse beaucoup plus rapide, le pas de patineur et la double poussée prennent une importance considérable dans les compétitions internationales. Au milieu des années 1980, on crée d'ailleurs une catégorie distincte pour le style classique afin d'empêcher la disparition de la technique traditionnelle aux dépens du style libre de patinage, plus rapide. La technique du pas de patineur est également prisée des skieurs amateurs qui skient en centre, car elle s'apprend facilement et ne requiert aucune cire antiglissement. Si la technologie a simplifié le sport sur le plan récréatif, elle augmente la complexité de la course d'élite. Le choix de l'équipement et les techniques de fartage relèvent aujourd'hui de « l'art » et font appel à une grande variété de cires de glisse et d'adhérence pour toutes les conditions de neige.
Aux Jeux Olympiques de 2002, à Salt Lake City, Beckie Scott devient la première Nord-Américaine à remporter une médaille en ski de fond, derrière les coéquipières russes Olga Danilova et Larissa Lazutina, dans le sprint de 5 km. Lorsque les deux Russes échouent à des tests anti-dopage lors de courses ultérieures, le Comité olympique canadien (COC) dépose un appel auprès du Comité international olympique, arguant que les skieuses russes devraient se voir retirer leurs médailles du 5 km. Il invoque la Charte olympique qui stipule que tout athlète pris à tricher aux Olympiques devrait perdre toute médaille remportée aux mêmes jeux. En juin 2003, Beckie Scott se voit remettre la médaille d'argent qui avait été accordée à Larissa Lazutina, puis en décembre de la même année, elle reçoit la médaille d'or d'Olga Danilova. En plus d'être la première Nord-Américaine à remporter une médaille en ski de fond, Beckie Scott est également la seule personne à qui ont été décernées les médailles d'or, d'argent et de bronze dans la même discipline.
Les athlètes canadiens de ski de fond ont pris part aux Jeux olympiques de Turin en 2006 et certains ont décroché des médailles. Chandra Crawford a remporté l'or dans l'épreuve du sprint de 1,5 km. Contre toute attente, les Canadiennes Sara Renner et Beckie Scott ont remporté l'argent dans l'épreuve du sprint par équipe chez les femmes. L'un des bâtons de Sara Renner s'était cassé pendant la course et l'entraîneur de l'équipe norvégienne exemplifiant l'esprit olympique lui prêta l'un de ses bâtons pour qu'elle puisse continuer la course.