Élevage du mouton | l'Encyclopédie Canadienne

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Élevage du mouton

L'élevage du mouton (famille bovidae; espèce ovis aries) au Canada date des origines mêmes de l'agriculture. Il faut remonter jusqu'en 1664 pour retracer l'introduction des premiers moutons au pays.
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Tonte des moutons (oeuvre de Lewis Parker).
Moutons
Moutons broutant dans les pâturages de Marmora en Ontario (photo de Jim Merrithew).

Élevage du mouton

L'élevage du mouton (famille bovidae; espèce ovis aries) au Canada date des origines mêmes de l'agriculture. Il faut remonter jusqu'en 1664 pour retracer l'introduction des premiers moutons au pays. En 1667, en NOUVELLE-FRANCE (aujourd'hui le Québec), on dénombre 45 moutons, originaires de France, alors qu'en 1671, l'Acadie (aujourd'hui la Nouvelle-Écosse) en compte 407. Dans l'Ouest, l'introduction des ovins est plus tardive, soit vers le milieu du XIXe siècle. À cette époque, les moutons sont indispensables pour la fabrication des VÊTEMENTS et l'alimentation des premiers colons. Au début du XXe siècle, la population ovine canadienne s'élève autour de 2,5 millions de têtes pour atteindre un sommet en 1931 avec 3,6 millions d'ovins. Après les deux grandes guerres mondiales, avec l'arrivée des tissus manufacturés et des fibres synthétiques ainsi qu'avec la mondialisation du marché de la laine, la demande de laine diminue considérablement. Du coup, les éleveurs ovins canadiens n'ont d'autres choix que de délaisser la commercialisation de la laine pour s'orienter vers la PRODUCTION DE VIANDE d'agneau. Après 1931, la population ovine canadienne ne cesse de décroître pour atteindre son plus bas niveau en 1977 avec environ 560 000 moutons. On compte maintenant autour d’un million d'ovins au Canada. L'Ontario et le Québec sont les deux plus importantes provinces productrices du pays, suivies de l'Alberta.

Aujourd'hui encore, la laine a très peu de valeur commerciale pour les éleveurs canadiens, pour qui la viande d'agneau est devenue le principal produit. L'agneau est une viande rouge extrêmement tendre qui possède une saveur plus typée que la viande de bœuf ou de porc. Son goût particulier et unique lui vient de sa composition particulière en acides gras. Bien qu'elle soit en croissance depuis dix ans, la consommation de viande ovine canadienne est relativement faible par rapport à celle d'autres viandes. Elle est d’un peu plus d’un kilogramme par personne annuellement, alors que la consommation de boeuf, par exemple, est d’environ 20 kg par personne par année. Malgré cela, le Canada ne produit que moins de la moitié de la viande ovine qu'il consomme; le reste de sa consommation est donc comblé par les importations provenant surtout de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie et des États-Unis. On prévoit que la consommation de viande d'agneau au Canada augmentera significativement d'ici 2020, résultat de l'augmentation de l'immigration, mais aussi du fait que le consommateur recherche davantage à diversifier son alimentation.

La production de lait de brebis, pour la fabrication de FROMAGES, est un secteur d'activités en plein essor, particulièrement au Québec et en Ontario. Le lait de brebis possède environ deux fois plus de gras et 40 p. cent plus de protéines que les laits de vache et de chèvre, ce qui en fait un excellent produit pour la transformation fromagère.

Les races

On compte dans le monde quelque 860 races pures de mouton. Au Canada, il existe 52 races, dont la grande majorité est sélectionnée et élevée pour la production de viande. Les races produisant une laine de qualité y sont quasi absentes. Vers 1830, les immigrants britanniques amènent au pays les premiers moutons de races pures. Encore aujourd'hui, ce sont des races originaires de l'Angleterre qui constituent la base du cheptel ovin canadien.

On peut regrouper les races en quatre principales catégories : maternelle, paternelle, prolifique et laitière. Les races « maternelles » sont reconnues pour leurs aptitudes à élever des agneaux : instinct maternel développé, bonne production laitière, faible mortalité des agneaux. Les races Dorset et Polypay sont les races de ce type les plus populaires. Les races « paternelles » sont élevées et sélectionnées pour leurs qualités liées à la production de viande : croissance rapide, bon développement musculaire, faible déposition de gras. Les races Suffolk, Hampshire, Texel en sont de bons exemples. Il existe aussi des races dites « prolifiques » dont la principale caractéristique est de pouvoir donner naissance à plusieurs agneaux (moyenne de près de 3 agneaux par mise bas). De ce type, on retrouve l'Arcott Rideau, une race canadienne développée par des chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada à Ottawa, et la Romanov. Les brebis utilisées par les éleveurs commerciaux sont généralement une combinaison de différentes races de façon à réunir, chez une même femelle d'élevage, plusieurs qualités recherchées (nombre d'agneaux nés et élevés, bonne production laitière...).

Bien que le secteur laitier soit encore peu développé au Canada, comparativement à d'autres pays, trois races de brebis laitières y sont disponibles pour les éleveurs : l'East Friesian, la British Milksheep et la Lacaune.

La reproduction

Le mouton est une espèce animale qui a une reproduction particulière : on dit qu'elle est « saisonnière ». En effet, naturellement, la brebis ne peut être accouplée que durant une courte période de l'année, la « saison de reproduction », soit l'automne et l'hiver. Le printemps et l'été, il est très difficile de réaliser des accouplements fertiles, c'est la « contre-saison de reproduction ». Cette variation de fertilité naturelle est contrôlée par la durée du jour; en période de jours courts (automne et hiver), le système reproducteur de la brebis est pleinement fonctionnel, alors qu'il devient dysfonctionnel en période de jours longs.

Au Canada, la période d'activité sexuelle des brebis est bien définie et s'étend généralement du mois d'août au mois de février. Elle varie cependant en fonction de plusieurs facteurs, dont la race, l'âge et le niveau d'alimentation. En élevage traditionnel, les brebis sont accouplées à l'automne; il y a donc un nombre élevé d'agneaux disponibles sur les marchés au printemps (la période de gestation est de 145 jours, en moyenne). En contrepartie, on observe une diminution de la disponibilité de la viande d'agneau durant les autres périodes de l'année. Ainsi, pour pouvoir répondre aux demandes des consommateurs, les éleveurs ovins doivent structurer leur production de façon à assurer un approvisionnement constant des marchés, ce qui implique une répartition des agnelages, par conséquent des accouplements, sur toute l'année. Plusieurs techniques d'accouplement en contre-saison de reproduction ont été développées pour assurer un approvisionnement régulier en viande ovine. Une des plus populaires dans l'est du Canada (Québec et Ontario) est certainement le contrôle de la reproduction par l'utilisation de programmes artificiels de photopériode (durée d'éclairement ou longueur du jour) à l'intérieur des bergeries. D'ailleurs, plusieurs chercheurs canadiens ont contribué à la mise au point de cette technique.

La régie d'élevage

Les systèmes de production au Canada sont différents selon les régions. Ainsi, pour augmenter la productivité et la rentabilité de leur entreprise, la majorité des producteurs du Québec et de l'Ontario utilise un système d'accouplements visant à obtenir un agnelage (mise bas) tous les huit mois pour chaque brebis du troupeau (système dit « intensif »). Ce système, en plus d'augmenter la productivité, permet également d'étaler la mise en marché de l'agneau à différentes périodes de l'année. Dans les autres provinces, la plupart des producteurs accouplent leurs brebis une fois tous les douze mois, généralement à l'automne, pour n'obtenir qu'un seul agnelage par brebis par année (système dit « extensif »).

Le système extensif, dans lequel l'utilisation des pâturages est valorisée, permet de réduire les coûts de production et le temps de travail des éleveurs, mais il entraîne souvent des problèmes importants avec les prédateurs (coyotes, loups). Dans certaines provinces plus à l'est, les conditions environnementales souvent difficiles liées aux températures rigoureuses font que l'utilisation de bâtiments devient une nécessité. De plus, dans les régions de production intensive, la tendance est de loger les ovins dans des bergeries à longueur d'année, dans un environnement contrôlé où la manipulation des animaux est facilitée. Le fait de garder les ovins dans des bâtiments limite les pertes dues aux prédateurs, permet une alimentation mieux contrôlée qu'en système de pâturage libre, en plus d'éliminer l'incidence de certaines maladies comme le piétin. Toutefois, de tels systèmes entraînent des coûts de production plus élevés que ceux des systèmes plus extensifs.

Le mouton adulte est un ruminant, tout comme la vache. Il doit donc être alimenté principalement avec des fourrages. À certains stades de production, où les besoins nutritionnels de l'animal sont plus élevés (accouplement, gestation, lactation), des grains (maïs, orge, avoine) sont ajoutés à la ration quotidienne. Pour combler certaines carences en minéraux et vitamines des FOURRAGES et des grains, souvent conséquence de la nature du sol sur lequel ils sont cultivés, un supplément vitaminique et minéral est donné aux animaux.

En général, l'agneau est laissé avec sa mère jusqu'à 60 jours. Il peut alors être abattu à un poids d'environ 23 kg pour produire un « agneau de lait », une viande très prisée par les communautés ethniques. Il peut également être engraissé jusqu'aux environs de 45 kg pour donner un « agneau lourd » ayant une carcasse plus grosse qu'on transformera pour obtenir les différentes coupes retrouvées dans les comptoirs d'épicerie. Durant sa croissance, l'agneau est alimenté principalement d'un mélange de grains.

Voir aussi ZOOTECHNIE;INSPECTION ET CLASSEMENT DES PRODUITS AGRO-ALIMENTAIRES; INDUSTRIE TEXTILE

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