Les maladies sont des problèmes communautaires. Même si les interventions individuelles peuvent avoir un impact, elles sont moins efficaces que les mesures qui peuvent être exécutées au niveau communautaire. La prévention des maladies et la promotion de la santé parmi les individus et la population en général sont l’objectif de la santé publique. La santé publique est gérée par les autorités de santé publique locales, régionales, nationales, et internationales. Les interventions de la santé publique comprennent la recherche, la prévention, l’éducation, et la préparation aux situations d’urgence. Les interventions de la santé publique les plus importantes pour réduire la mortalité au cours de 150 dernières années comprennent l’assainissement de l’eau et de l’air, l’amélioration des routes pour les rendre plus sécuritaires, et la vaccination contre les maladies infectieuses. Ironiquement, comme le disent souvent les praticiens de la santé publique, le succès en santé publique est souvent invisible lorsque les mesures fonctionnent. Au Canada, l’émergence rapide, l’urgence, la gravité, la portée mondiale, et la persistance prolongée de la pandémie de COVID-19 ont mis tous les aspects de la santé publique sous les projecteurs publics et politiques à un niveau encore plus élevé que jamais auparavant. Pour certains Canadiens et Canadiennes, ceci a entraîné une perte de confiance envers les autorités de la santé publique, alors que d’autres ont réalisé l’importance de maintenir et de financer la santé publique.
Ce texte est l’article intégral sur la santé publique au Canada. Si vous souhaitez lire un résumé en langage simple, veuillez consulter l’article Santé publique au Canada (résumé en langage simple).
Qu’est-ce que la santé publique?
La santé publique est la science qui protège et améliore la santé des personnes et des communautés. Ceci comprend les recherches sur la prévention des maladies et des blessures; la détection des maladies infectieuses ainsi que la réponse à ces maladies et leur prévention; la promotion de styles de vie sains; et la préparation aux situations d’urgence. Cela inclut également la protection à la fois de la santé physique et de la santé mentale des populations. Au Canada, la santé publique est une responsabilité qui est partagée entre les gouvernements municipaux, provinciaux/territoriaux, et le gouvernement fédéral, ainsi qu’avec les autorités et organismes autochtones (voir Peuples autochtones au Canada; Autonomie gouvernementale des Autochtones). Les hôpitaux, les universités, les organismes communautaires, et les organismes bénévoles sont également impliqués dans la promotion et la protection de la santé publique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), une agence des Nations Unies, assure le leadership international sur les questions de santé mondiale et sur la coordination de la recherche et des réponses aux événements de santé publique.
Facteurs qui affectent la santé
Alors que les soins de santé se concentrent sur le traitement des gens qui sont malades, la santé publique vise à les empêcher de tomber malades. Elle se concentre sur les populations, et non sur les patients individuels. Ainsi, l’objectif de la santé publique est d’établir et de prévenir les menaces à la santé d’une communauté. Ceci comprend non seulement l’identification des maladies infectieuses et la réponse face à leur menace, mais également la prise en compte des facteurs sociaux et économiques qui influence la santé, facteurs étant également connus sous le nom « déterminants sociaux de la santé ». Ces facteurs comprennent l’éducation, le chômage et la précarité d’emploi, les conditions de vie professionnelle, l’insécurité alimentaire, le logement, et l’accès à des services de santé abordables et de qualité adéquate. Par exemple, les chercheurs qui étudient l’obésité (qui peut causer de l’arthrose, des maladies cardiovasculaires, et du diabète) examinent les raisons sous-jacentes pour lesquelles les gens mangent trop (voir Cardiopathie). Les facteurs possibles sont liés à l’éducation, au stress, aux possibilités d’activités physiques, ainsi qu’au coût et à la disponibilité d’aliments nutritifs.
Activités de la santé publique
La santé publique comprend six secteurs d’activité principaux : la surveillance de la santé, l’évaluation de la santé de la population, la protection de la santé, la prévention des maladies et des blessures, la promotion de la santé, et la préparation et réponse aux situations d’urgence.
Surveillance de la santé
Une partie importante de la santé publique consiste à surveiller la santé. Selon l’OMS, la surveillance de la santé est la collecte, l’analyse, et l’interprétation, de manière continuelle et systématique, des données relatives à la santé. Ces données sur la santé comprennent les statistiques d’état civil (par exemple les naissances et les décès); l’incidence de la maladie; la disponibilité des vaccins ainsi que leur conformité et leurs effets indésirables; les symptômes des patients; les traitements; les choix de style de vie; et les facteurs sociaux et environnementaux. (Voir aussi Vaccination et réticence à la vaccination au Canada.) La collecte et l’analyse de ces données aident les praticiens de la santé publique à mieux définir et comprendre l’épidémiologie (c’est-à-dire la distribution et les déterminants) des problèmes de santé. Ceci peut ainsi mener à de meilleures politiques et approches (voir Politique sur la santé). Cela les aide également à prévoir les urgences sanitaires et à développer des outils pour aider à prévenir ou à répondre à de tels événements. Enfin, la surveillance de la santé permet aux experts de suivre et d’évaluer les progrès et l’impact des politiques de la santé publique et d’autres interventions.
Évaluation de la santé de la population
La santé publique est également impliquée dans la collecte et l’analyse de routine des données sur la santé. Ces données permettent aux experts de mieux comprendre la santé de communautés ou de populations spécifiques. Ceci peut également aider à identifier des facteurs qui favorisent la santé ou qui lui posent un risque. Grâce à ces connaissances, les praticiens de la santé publique peuvent développer de meilleurs services et politiques pour la communauté.
Protection de la santé
Une autre facette de la santé publique consiste à développer des règlements afin d’assurer la santé et la sécurité de la population. Ceci comprend un cadre réglementaire pour contrôler les maladies infectieuses, assurer la sécurité des aliments et des médicaments, et protéger les gens contre les menaces environnementales.
Prévention des maladies et des blessures
La santé publique vise également à prévenir les maladies et les blessures, à la fois physiques et mentales. Ceci comprend les enquêtes sur les sources d’une maladie, et la mise en place de protocoles et de procédures pour réduire le risque d’émergence et d’épidémies de maladies infectieuses. La santé publique effectue également des recherches sur les modes de vie sains qui pourraient réduire la probabilité et l’incidence des maladies mentales et des maladies telles que le cancer, le diabète, et le VIH/sida (voir Santé mentale). De plus, la santé publique comprend la prévention des blessures, incluant les chutes (par exemple chez les personnes âgées), les commotions cérébrales (par exemple sur les terrains de sport), et les blessures en milieu de travail. (Voir aussi Maladies professionnelles.)
Promotion de la santé
En plus de prévenir les maladies et les blessures, la santé publique vise à améliorer la santé. Les experts de la santé publique gèrent cet aspect en aidant à développer des politiques publiques au niveau gouvernemental. Ils travaillent avec d’autres partenaires, comme les agences communautaires et les organismes communautaires, afin d’encourager des modes de vie sains et de les soutenir, de défendre la protection de l’environnement, de réduire la pauvreté, et d’améliorer le logement et l’assainissement. Les médias jouent également un rôle indirect dans la santé publique en faisant connaître ses questions et en partageant les informations concernant les styles de vie. (Voir aussi Communications.)
Préparation et réponse aux situations d’urgences
La santé publique est également impliquée dans la préparation et la réponse aux catastrophes naturelles ou causées par l’homme afin de minimiser les maladies graves, les décès, et les perturbations sociales. Les catastrophes naturelles comprennent les inondations, les tremblements de terre, et les épidémies de maladies infectieuses dangereuses (par exemple le SRAS et la COVID-19). Les catastrophes causées par l’homme incluent les menaces biologiques, les explosifs, et l’exposition à des substances radioactives.
Organismes de santé publique et responsabilités
À l’échelle internationale
L’OMS assure le leadership international sur les questions de santé mondiale, et sur la coordination des recherches et des réponses aux événements de santé publique. L’organisation surveille également les tendances et les événements reliés à la santé. L’OMS a joué un rôle de premier plan dans l’élimination de la variole qui a été déclarée éradiquée en 1980. Les campagnes en cours comprennent l’éradication de la poliomyélite, et l’amélioration de la santé maternelle et infantile. (Voir aussi Le Canada et la mise au point du vaccin contre la polio.) En tant que membre des Nations Unies, le Canada soutient le travail de l’OMS. En 2021, le Canada avait versé environ 18 millions de dollars annuellement au cours des cinq années précédentes.
Organismes de santé publique au Canada
Au Canada, la santé publique est une responsabilité partagée. Le gouvernement fédéral, et les gouvernements aux niveaux provinciaux/ territoriaux et municipaux adoptent des lois, élaborent des politiques, et financent les organismes de santé publique. Les professionnels de la santé publique sont formés à l’école, dans les laboratoires, dans les cliniques, et sur le terrain. Au Canada, une variété de programmes d’études supérieures et postdoctorales dans le domaine de la santé publique sont offerts dans plusieurs universités, le plus important étant la Dalla Lana School of Public Health de l’Université de Toronto. Les médecins peuvent également suivre une formation complémentaire pour obtenir une certification spécialisée avec le programme Public Health and Preventive Medicine Residency (programme de résidence en santé publique et médecine préventive) du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Le travail des professionnels de la santé publique est également renforcé et amélioré grâce à des associations provinciales et nationales en santé publique, comme l’Association canadienne de santé publique. Des publications comme la Revue canadienne de santé publique contribuent également à l’avancement de la recherche et des activités de la santé publique (voir Recherche médicale).
Agence de la santé publique du Canada
L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) coordonne les approches gouvernementales en matière de santé publique et développe des politiques nationales. Elle fournit également du financement aux organismes communautaires, aux organismes bénévoles, et aux organismes à but non lucratif pour soutenir des politiques. De plus, l’ASPC rend publiques les recherches canadiennes et les meilleures pratiques au sein de la communauté internationale. En retour, elle applique les recherches internationales aux programmes de santé publique du Canada.
Organismes provinciaux et territoriaux de santé publique
Les provinces et les territoires ont également des agences de santé publique, comme Santé publique Ontario, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), et le Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique. Ces agences surveillent la santé de la population et interviennent en cas d’épidémies de maladies infectieuses et d’incidents environnementaux. Elles fournissent également des conseils sur les programmes de vaccination, elles fournissent des services de laboratoire, elles développent des programmes éducatifs, elles fournissent une expertise scientifique et technique aux professionnels de la santé, et elles conseillent les gouvernements dans l’élaboration des politiques sur la santé.
Municipal
Au niveau municipal, les services de santé publique ont plusieurs responsabilités, comme la surveillance de la santé, la production et l’administration de vaccins, la gestion des cliniques de santé, la production et la distribution des rapports, et la préparation des lignes directrices et des brochures d’information publique. Les services municipaux de la santé publique inspectent également les installations publiques, telles que les piscines, les centres de la petite enfance, ainsi que les restaurants et leurs cuisines.
Les agents de la santé publique aux niveaux municipaux, provinciaux/territoriaux et au niveau fédéral jouent un rôle important dans l’éducation et l’information de la population canadienne sur les risques et les réponses en santé publique. Par exemple, durant la pandémie de COVID-19, Theresa Tam, l’administratrice en chef de la santé publique, a fait des mises à jour et des annonces quotidiennes sur les plateformes des médias traditionnels et sur les réseaux sociaux. Elle et ses homologues provinciaux, comme Bonnie Henry, la médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique, sont devenus largement reconnus par le public canadien durant la pandémie. De même, au niveau municipal, des médecins hygiénistes, comme Eileen de Villa à Toronto, ont fourni des mises à jour régulières durant la pandémie de COVID-19.
Défis
On dit communément que lorsque la santé publique fonctionne efficacement, elle est invisible aux yeux du public. Ceci est dû à la mission et à l’approche de la santé publique, qui vise à prévenir les maladies et à assurer la santé à long terme de la population. Toutefois, l’invisibilité d’une opération efficace de la santé publique est l’un des principaux défis de la santé publique, car les individus, les chefs d’entreprises, les industries, les médias, et les politiciens peuvent facilement négliger, ignorer, sous-estimer, et sous-financer ce qui n’est pas visible à leurs yeux. Ceci devient un problème si une nouvelle crise de santé publique, comme la pandémie de COVID-19, survient et que la santé publique n’est pas en mesure d’y répondre et de tenir les individus et l’ensemble de la population informés, en sécurité, et en santé.