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Saint John

Saint John, au Nouveau‑Brunswick, constitué en tant que ville en 1785, population de 69 895 habitants (recensement de 2021), de 67 575 habitants (recensement de 2016). La ville de Saint John, la deuxième plus grande ville du Nouveau‑Brunswick, est située à l’embouchure du fleuve Saint‑Jean, dans la baie de Fundy.


Autochtones

Avant l’arrivée des Européens, les Wolastoqiyik (également connus sous le nom de Malécites) sont les principaux habitants de la région de Saint John. D’autres tribus, notamment les Mi’kmaq à l’est et les Peskotomuhkati (Passamaquoddy) à l’ouest, vivent également dans la région. Pendant l’été, les Wolastoqiqik résident dans des villages le long du fleuve Saint‑Jean, tirant leur subsistance de la pêche des bars, des esturgeons et des saumons, et de la cueillette de racines et de baies sauvages. Ils plantent également du maïs, le récoltant à la fin de l’été avant leur chasse migratoire d’hiver. Pendant les mois les plus froids, le groupe parcourt le Nouveau‑Brunswick, le Maine et la Gaspésie à la recherche d’orignaux et d’ours. L’écorce du bouleau joue un rôle central dans la culture des Wolastoqiyik, qui l’utilisent pour couvrir leurs wigwams et fabriquer leurs canots. Les Wolastoqiyik appellent Menahkwesk le site qui va devenir Saint John. Aujourd’hui, ils continuent d’habiter Saint John et sa région. La réserve la plus proche de la ville est la Première Nation Oromocto, située à environ une heure de route au nord de Saint John. La nation Peskotomuhkati à Skutik, une communauté autonome, se trouve à une heure à l’ouest.

Colonisation

Samuel de Champlain atteint le port de Saint John, à l’embouchure du fleuve Saint‑Jean, le 24 juin 1604, le jour de la Saint-Jean-Baptiste. Il baptise alors le fleuve le Saint‑Jean, les Wolastoqiyik l’appelant traditionnellement Wolastoq. Malgré son arrivée sur place, la première tentative de fonder un établissement colonial permanent ne survient qu’en 1631, lorsque Charles de la Tour bâtit le Fort La Tour sur le site de l’actuelle Saint John.

En 1701, Jacques‑François de Brouillan, gouverneur de l’Acadie, détruit le Fort La Tour, et regroupe ses forces de l’autre côté de la baie de Fundy à Port‑Royal. Ce n’est que dans les années 1730 que les Acadiens d’autres régions commencent à se réinstaller le long du fleuve Saint‑Jean. En 1749, les Anglais et les Français se disputent la souveraineté sur la région, ce conflit conduisant les Britanniques à déporter les Acadiens qui y sont installés. De tels déplacements forcés prennent place dans toutes les Maritimes, du milieu des années 1750 au début des années 1760 (voir Histoire de l’Acadie). En 1758, le Fort La Tour est reconstruit par les Anglais et renommé Fort Frederick, avant d’être détruit en 1775 par les Américains.

Le peuplement anglais permanent de la région commence dans les années 1760. En 1778, les Britanniques construisent le Fort Howe du côté est du port de Saint John. James Simonds et James White, des marchands de Boston, construisent leurs demeures au pied de l’actuelle colline du Fort Howe. Ils font du commerce avec les Autochtones et avec la garnison, et ils nouent des liens avec les Britanniques à Halifax.

En 1783, cette communauté portuaire s’agrandit considérablement avec l’installation des loyalistes à l’est du port à Parr Town, à l’ouest à Carleton et au nord à Portland. En 1785, Carleton et Parr Town sont constituées et prennent le nom de Saint John, qui devient ainsi la toute première municipalité de l’actuel Canada. Les immigrants arrivant au port de la ville nouvellement constituée sont d’abord détenus sur l’île Partridge, juste à l’extérieur de Saint John, afin de veiller à ce qu’ils n’introduisent pas de maladies auprès de la population de la ville.

De nombreux loyalistes noirs, soutenant les Britanniques dans leur guerre avec les Américains, s’installent dans la région après la Révolution américaine. Comme les autres loyalistes, on leur a promis une terre. Cependant, les parcelles qui leur sont attribuées, lorsque c’est le cas, sont inadéquates. La première charte municipale de Saint John interdit aux Noirs d’exercer un métier, de vendre quoi que ce soit et de voter. Ils sont donc nombreux à s’établir à Portland, qui fusionne éventuellement avec Saint John et qui porte aujourd’hui tout simplement le nom de quartier North End.

En 1784, lorsque le Nouveau‑Brunswick se sépare de Halifax et devient sa propre colonie britannique, Saint John en est brièvement la capitale. Ultérieurement, cette dernière déménage à Fredericton plus en amont du fleuve.

Développement

Navires de Saint-Jean

Le début de l’économie de la ville émerge avec le commerce du bois et de la construction navale. Les parcs à bois de Saint John fournissent du bois équarri et, plus tard, du bois de sciage à la Grande‑Bretagne et aux Antilles. Dès 1770, ses chantiers navals construisent des navires, qui finissent eux‑mêmes par devenir des produits d’exportation, transportant des produits forestiers. Saint John devient la plaque tournante de la construction navale dans les Maritimes, et de nombreux navires qui y sont construits, comme le Marco Polo, acquièrent une certaine célébrité. De plus, les quais de Saint John voient naître le plus important syndicat ouvrier de la ville, lequel s’affilie à l’Association internationale des débardeurs dès 1911. La ville reste, encore aujourd’hui, très marquée par un fort esprit syndical.


Au milieu des années 1800, l’économie de la construction navale et du bois de construction de la ville est mise à rude épreuve par des technologies plus récentes comme le moteur à vapeur et l’exploitation du fer. De 1860 à 1880, Saint John est également fortement touchée par la fin du protectionnisme britannique sur le bois des colonies. La situation s’aggrave encore lorsqu’une dépression économique internationale voit le jour au début de l’année 1874. En 1877, la ville subit un incendie catastrophique qui laisse en cendres le quartier des affaires ainsi que la plus grande partie du front de mer et de la zone résidentielle. Cette catastrophe porte un dur coup d’arrêt aux espoirs économiques de Saint John en tant que ville portuaire en plein essor.

En 1876, l’arrivée du chemin de fer Intercolonial Railway met les industries manufacturières de Saint John en concurrence avec celles du centre du Canada, ce qui désavantage Saint John à long terme. Ce désavantage persiste de nos jours : après l’effondrement définitif de l’industrie de la construction navale de la ville en 2000, de nombreux habitants de Saint John n’ont que peu de possibilités économiques.

Paysage urbain

Le paysage urbain est largement dominé par le port et par le fleuve. Le labyrinthe de rues à sens unique de Saint John finit par converger à l’extrémité sud de la ville pour descendre, en pente douce, vers l’embouchure de la baie. Un tronçon d’une vingtaine d’îlots, connu aujourd’hui sous le nom de Trinity Royal, obtient une désignation patrimoniale dans les années 1980 : une grande partie des bâtiments historiques de Saint John sont ainsi demeurés intacts. Ce quartier et d’autres du centre‑ville abritent de nombreux édifices de l’époque victorienne tardive. Ces bâtiments ont été restaurés et ont retrouvé leur élégance passée, contribuant, ces dernières années, à la popularité croissante de Saint John en tant que destination pour les navires de croisière. Le Saint John City Market est le plus vieux marché construit spécialement à cet effet au pays. Chaque été, les touristes, en quête des fameux petits pains fourrés au homard, se pressent dans ses allées, et photographient le toit de l’édifice, qui a la forme appropriée d’une coque de navire.

Le réaménagement du secteur riverain constitue un objectif majeur de la ville au cours des années 1990 et au début des années 2000, avec pour objectif d’en faire une destination touristique de choix. La présence d’eaux d’égout brutes rend les lieux inexploitables, le nettoyage du port faisant, dès lors, partie intégrante du programme de la municipalité. Ce processus est terminé en 2014 et plusieurs nouvelles entreprises et résidences haut de gamme s’installent rapidement dans le quartier.

Les célèbres chutes réversibles sont situées à environ 1 km du centre‑ville, du côté ouest de la ville. À la marée haute, les eaux de l’océan remontent dans une gorge étroite, inversant le cours du fleuve à travers la gorge à la marée basse.

Population

Depuis plus de 150 ans, Saint John lutte pour maintenir sa population. Dès les années 1860, la population de la ville cesse de croître, et au cours des années 1870 et 1880, elle commence à décliner. De nombreux résidents émigrent aux États‑Unis voisins à la recherche de meilleures possibilités économiques. De plus, la ville est largement contournée par l’immense afflux d’immigrants au Canada de la fin du 19e siècle. Néanmoins, certains des nouveaux arrivants, notamment des Juifs d’Europe de l’Est et des Libanais, choisissent de rester à Saint John, enrichissant ainsi le profil culturel de la ville.

En 1901, la tendance de la population à quitter Saint John s’inverse légèrement, en partie parce que les résidents des communautés situées le long du fleuve Saint‑Jean viennent s’installer dans la ville. Cependant, à cette époque, la question de savoir s’ils doivent quitter Saint John ou y rester trotte déjà dans la tête de nombreux habitants des Maritimes. L’exode se poursuit encore aujourd’hui et de nombreux jeunes quittent Saint John et le Nouveau‑Brunswick en général pour aller travailler au Québec, en Ontario ou dans les provinces de l’Ouest.

Toutefois, le vent tourne lentement avec l’arrivée de plus d’immigrants en provenance de Chine, de Syrie, du Liban, de Corée du Sud, des Philippines et d’autres pays. Par conséquent, la population de Saint John connaît une légère croissance au cours des années qui suivent le déclin signalé lors du recensement de 2016.

Bien que la composition ethnique de la ville change, Saint John demeure une ville majoritairement anglophone. Selon le recensement de 2021, 87,2 % des résidents de la ville déclarent l’anglais comme leur langue maternelle (une légère baisse par rapport au taux de 90,5 % rapporté lors du recensement de 2016). Dans le même ordre d’idées, les origines ethniques les plus souvent citées sont les origines irlandaise, anglaise, écossaise et canadienne. Les personnes qui s’identifient à des minorités visibles représentent 10,9 % de la population (contre 5 % en 2016). Les communautés noires, sud-asiatiques, arabes, chinoises et philippines sont les plus importantes au sein de ce groupe.

Économie et emploi

Après la Deuxième Guerre mondiale, l’économie de Saint John continue d’être axée sur les industries traditionnelles. Des efforts sont déployés pour diversifier les marchandises qui arrivent au port et qui en partent, pour agrandir les usines de pâtes et papiers, et pour revitaliser le secteur de la construction navale. Bien que l’industrie de la construction navale n’a pas pu être sauvée, le secteur des pâtes et papiers, géré par le Groupe Irving, est encore une industrie majeure de la ville de nos jours. Depuis les années 1920, les compagnies du Groupe Irving jouent un rôle important à Saint John et dans la province dans son ensemble. Le Groupe Irving détient également, sous la filiale appelée Brunswick News, le quotidien de langue anglaise de la province, le Telegraph‑Journal. Au milieu des années 2000, on estime que 8 % de la population active est employée par l’une des compagnies du Groupe Irving.

Ces dernières années, les activités touristiques prennent de l’ampleur dans la ville, des bateaux de croisière y accostent tout au long de l’été et de l’automne. Grâce, notamment, aux financements accordés aux nouvelles entreprises, les quartiers résidentiels connaissent une renaissance pour la première fois depuis les années 1990.

Le secteur des services est également désormais un élément important de l’économie de Saint John. Dans les années 1990, les efforts conjoints du gouvernement provincial et de l’administration municipale incitent plusieurs centres d’appel à s’installer en ville. Le milieu des années 1950 voit le début d’une évolution du secteur du commerce de détail avec la construction du centre commercial de la Lansdowne Place dans le quartier North End. Avec l’ouverture de nouveaux magasins à grande surface dans l’est de Saint John, la ville est en vue de devenir la destination de magasinage régional par excellence du sud du Nouveau‑Brunswick.

L’Université du Nouveau‑Brunswick est également un important employeur local. Le campus de Saint John est situé dans le nord de la ville. De nombreux étudiants viennent y étudier les affaires et travaillent ensuite pour le Groupe Irving.

Transports

Dans les années 1970, la construction d’un réseau routier unifie quelque peu les différents quartiers de Saint John. Le nouveau pont Harbour permet, notamment, d’accéder plus facilement à l’ouest de la ville et d’en sortir plus rapidement. Néanmoins, Saint John poursuit son expansion géographique, de nouveaux parcs industriels et de nouvelles zones de vente au détail venant s’ajouter aux quartiers historiques. Le pont‑jetée Courtney Bay s’étend sur les vasières où les navires étaient construits, reliant l’est aux quartiers sud et nord de la ville et conduisant à un centre commercial. Pour se déplacer localement au sein de ce vaste réseau, la plupart des gens utilisent leur propre voiture. De nombreux résidents des banlieues voisines de Rothesay, Quispamsis et Grand Bay‑Westfield travaillent quotidiennement à Saint John.

Le réseau de transport en commun de la ville, s’étend jusqu’aux banlieues, et il offre des services fréquents et pratiques. Le Maritime Bus entre et sort du quartier North End, et dessert le reste des provinces maritimes ainsi que le Québec. Le petit aéroport de Saint John propose principalement des vols locaux, notamment vers les autres provinces de l’Atlantique, vers l’Ontario, vers le Québec et vers l’est des États‑Unis.

Administration et politique

En 1967, Saint John s’agrandit pour inclure la ville de Lancaster, la paroisse de Lancaster et une partie de la paroisse de Simonds. Le conseil municipal de Saint John est composé d’un maire et de dix conseillers. Deux conseillers représentent l’ensemble de la ville et huit conseillers représentent les quatre quartiers à raison de deux par quartier. Chaque conseiller, après son élection, accomplit un mandat de quatre ans. Les élections municipales ont lieu le deuxième lundi de mai.

Vie culturelle

Marché municipal de Saint John

La culture de Saint John est essentiellement une culture ouvrière et elle en est fière. En dépit d’une population relativement restreinte, les différentes manifestations et activités spéciales organisées dans la ville attirent de nombreux spectateurs et de nombreux visiteurs. La croissance récente de la ville permet d’intégrer des initiatives comme des marchés de nuit avec des marchands et des artistes, des fêtes de rue et des marchés agricoles pour le grand public. Les rues sont remplies de gens de tous âges lorsque ces événements ont lieu.

Sur la côte est, la nourriture est un élément important et Saint John ne fait pas exception. Les pubs et les restaurants du centre-ville sont généralement animés tous les soirs. Les grands événements ont généralement lieu au Harbour Station et au Imperial Theatre, qui ont tous deux fait l’objet d’efforts de revitalisation dans les années 1990. À l’origine, Harbour Station est construit pour accueillir les Flames de Saint John, une équipe de la Ligue américaine de hockey aujourd’hui dissoute. De nos jours, l’aréna remplit la même fonction pour les Seadogs de Saint John, une équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, soutenue avec ferveur par les partisans de la communauté.

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