Roy Dupuis. Comédien (Haileybury, Ontario, 21 avril 1963 -). Né d'un père franco-ontarien, vendeur pour la compagnie Canada Packers et d'une mère québécoise, professeur de piano, Roy Dupuis voit le jour dans un village ontarien sur la rive nord-ouest du lac Témiscamingue, à 150 Km au nord de North-Bay. Ses parents, Roy et Ryna, déménagent peu après à Amos, en Abitibi, où il passera une bonne partie de son enfance.
Il a douze ans quand sa famille retourne en Ontario, à Kapuskasing. Après le divorce de ses parents, trois ans plus tard, il déménage au Québec, avec sa mère, sa sœur aînée et son frère cadet, dans le quartier Sainte-Rose à Laval.
Se destinant tout d'abord à une carrière scientifique, il s'inscrit en physique à l'université. C'est en voyant le film Molière d'Ariane Mnouchkine que Roy Dupuis s'intéresse au métier d'acteur. En 1984, il remplace un ami lors d'une audition d'entrée à l'École nationale de théâtre du Canada. Il sera choisi parmi plus de mille candidats.
En 1985, il se rend dans la ville de Québec pour jouer avec Élise Guilbault la pièce Les deux Gentilshommes de Vérone de William Shakespeare, adaptée en québécois par Dominic Champagne et mise en scène par Fernand Rainville et François Dussault.
Dès la fin de sa formation, en 1986, il décroche des rôles tant au théâtre qu'aux petit et grand écran. Roy Dupuis est Harold dans la pièce Harold et Maude, de Colin Higgins, mise en scène par Richard Thériault, Martin dans Fool for love de Sam Shepard, sous la direction de Michèle Magny, Gerry dans Au pied de la lettre d'André Jean avec le metteur en scène René-Richard Cyr et Pierrick dans Toupie Wildwood, de Pascale Rafie, dans la première mise en scène de Dominic Champagne. En 1989, il sera Jay dans Le Chien, de Jean-Marc Dalpé, dans une mise en scène de Brigitte Haentjens et Roméo dans le Roméo et Juliette de Guillermo d'Andréa. Brigitte Haentjens le dirige à nouveau dans la pièce Un oiseau vivant dans la gueule de Jeanne-Mance Delisle, en 1990.
On le voit aussi à la télévision dans un épisode de l'Amour avec un grand A, de Janette Bertrand, en 1988 et dans la célèbre série Lance et compte réalisée par Richard Martin, en 1990.
Roy Dupuis obtient parallèlement plusieurs rôles au cinéma, se faisant remarquer dès 1988 dans le court métrage Sortie 234, de Michel Langlois. Cette même année, il fera partie de la distribution des longs métrages Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer de Jean-W. Benoît, Dans le Ventre du dragon d'Yves Simoneau et Jésus de Montréal de Denys Arcand.
Les années 90 le consacreront vedette du petit écran avec son personnage d'Ovila Pronovost dans la série culte Les filles de Caleb, d'après le roman d'Arlette Cousture, qui lui méritera le prix Gémeau du premier rôle masculin et le Metrostar du meilleur acteur en 1991 et en 1992, ainsi qu'un Fipa d'Or d'interprétation au Festival international de Programmes Audiovisuels à Cannes. Il jouera à nouveau ce personnage dans une suite de la série intitulée Blanche, réalisée par Charles Binamé. Il tiendra aussi le rôle principal de Michel Gagné dans les quatre saisons de la série Scoop écrite par Fabienne Larouche et Réjean Tremblay, réalisée par Georges Mihalka, Pierre Houle et Alain Chartrand, de 1991 à 1994. Il joue ensuite un psychotique dans la série Urgence du même tandem d'auteurs, réalisée par Michel Poulette.
Parfait bilingue, Roy Dupuis tiendra le rôle du père des jumelles Dionne dans la série Million Dollar Babies de Christian Duguay en 1994 et le personnage de Michael Samuelle dans la série Nikita (1996-2001), de Joël Surnow, qui le fera connaître internationalement, avec une diffusion dans plus de cinquante pays. Il tiendra aussi le rôle titre dans la minisérie Maurice Richard: Histoire d'un Canadien de Jean-Claude Lord (1999) et le rôle du motard Ross Desbiens dans la série Le Dernier chapitre réalisée par Richard Roy, qui lui méritera son 3e metrostar de meilleur acteur de télésérie, en 2003.
Au cours de ces mêmes années, on verra Roy Dupuis à l'affiche de nombreux longs métrages francophones et anglophones. Son premier grand rôle est fulgurant dans le personnage de Claude, le jeune prostitué coupable d'un meurtre passionnel, dans Being at home with Claude de Jean Beaudin en 1992. Dans ce drame, adapté de la pièce éponyme de René-Daniel Dubois, le jeune acteur éblouit dans un monologue final de trente minutes. Roy Dupuis devient une figure incontournable du cinéma québécois, prêtant son talent aux productions grand public mais aussi à de nombreuses œuvres de répertoire. Il tournera dans une vingtaine de films de tous genres, n'hésitant pas à endosser des rôles périlleux de tragédie ou de comédies, et des personnages historiques. Il fait partie de la distribution de Cap tourmente (1992) de Michel Langlois, C'était le 12 du 12 et Chili avait les blues (1993) de Charles Binamé, Screamers (1994) de Christian Duguay, Le passage des hommes libres (1995) de Luis Armando Roche, J'en suis (1996) de Claude Fournier, Free money (1997) d'Yves Simoneau, Un homme et son péché (2001) de Charles Binamé, Les invasions barbares (2002) de Denys Arcand. Il sera parfois à l'affiche de plusieurs films au cours de la même année. En 2003, il joue un rôle principal dans Monica la Mitraille de Pierre Houle, tient le rôle clé dans Jack Paradise de Gilles Noël, et occupe l'écran presqu'à lui seul dans Manners of dying de Jérémy Peter Allen. En 2004, il est en tête d'affiches pour C'est pas moi, c'est l'autre d'Alain Zaloum, Les Etats-Unis d'Albert de Marc-André Forcier et Mémoires affectives de Francis Leclerc, qui lui méritera le Jutra et le Génie du meilleur acteur. Il incarne pour la deuxième fois le Rocket l'année suivante, dans le Maurice Richard de Charles Binamé, qui le consacrera meilleur acteur au Tokyo International Film Festival.
Cette année-là, il est aussi le détective Conk Adams dans le film That beautiful somewhere, tourné par Robert Budreau à North-Bay.
On le retrouve en 2006 aux côtés de Susan Sarandon et Christopher Plummer dans Emotional Arithmétic de Paulo Barzman et dans Shake Hands with the Devil de Roger Spottiswoode, où le rôle du lieutenant-général Roméo Dallaire lui mérite le prix Génie de la meilleure interprétation masculine dans un premier rôle.
En 2007, il participe à cinq longs métrages : The time keeper de Louis Bélanger, Némésis de Marc-André Forcier, L'instinct de mort de Jean-François Richet, Un été sans point ni coup sûr de Francis Leclerc, et Truffe de Kim Nguyen.
En 2008, Roy Dupuis fait un retour au théâtre, dans la controversée pièce Blasté de l'auteur Sarah Kane, mise en scène par Brigitte Haentjens. Il avait tenu, quatorze ans plus tôt, son dernier rôle sur scène dans True West de Sam Shepard, montée aussi par Brigitte Haentjens.
Il tourne aussi, cette année-là, dans un nouveau long métrage : Les Doigts Croches, une comédie de Ken Scott.
Roy Dupuis est considéré comme une bête de scène et l'un des plus grands acteurs de sa génération, de la trempe des James Dean, Marlon Brando ou Tim Robbins, qui ont été ses modèles.
Réunissant la beauté, l'animalité, la sensibilité et une intériorité qui est la principale caractéristique de son jeu, il confère une profondeur remarquable à tous ses rôles.
Influencé par sa mère musicienne, Roy Dupuis joue du violoncelle, mais c'est aussi un grand sportif. Il pratique l'athlétisme, la boxe, le hockey, le basket ball, le volley ball, le cross country, le ski et le parachutisme.
Il n'hésitera donc pas à descendre en rafting une tumultueuse rivière de la Basse Côte Nord, au cours d'une expédition de six jours, baptisée SOS Rivière Romaine. Roy Dupuis est en effet président et cofondateur d'un groupe environnemental, la Fondation Rivières, qui lutte pour sauver les grands cours d'eau menacés par la construction de barrages hydroélectriques. Partageant la philosophie des autochtones, il admire leur relation avec la nature qui se résume en une phrase: « On n'hérite pas la terre de ses ancêtres, on l'emprunte plutôt à nos enfants ».
Même s'il a adoré vivre en ville à son arrivée sur l'île de Montréal en 1977, Roy Dupuis vit maintenant à la campagne dans une maison de ferme datant de 1840, tout en projetant de faire un jour le tour du monde en bateau à voile.