Roughriders de la Saskatchewan | l'Encyclopédie Canadienne

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Roughriders de la Saskatchewan

Les Roughriders de la Saskatchewan sont une équipe qui joue en division Ouest de la Ligue canadienne de football. Il s’agit du plus ancien club de football professionnel de l’Ouest du Canada ayant fonctionné sans interruption, exclusivement devancé à ce chapitre, à l’échelon du pays tout entier, par les Argonauts de Toronto de la division Est. Les Roughriders, l’une des trois seules équipes de la LCF détenues par une collectivité, jouent à domicile à Regina, le « marché sportif » le moins peuplé au pays, seuls les Packers de Green Bay, aux États Unis, jouent, en NFL, dans un centre urbain plus petit. Toutefois, à l’instar de ces derniers, les Roughriders sont célèbres pour la passion de leurs partisans surnommés la « Rider Nation », beaucoup vivant bien au delà des frontières de la Saskatchewan.
Faits et chiffres sur les Roughriders de la Saskatchewan
Date de création : 1910
Stade : Mosaic Stadium
Couleurs de l’équipe : vert et blanc
Victoires en Coupe Grey : 4

Roughriders de la Saskatchewan : les débuts (1910‑1945)

Les Roughriders sont créés sous le nom de Regina Rugby Club lors d’une réunion le 13 septembre 1910. Beaucoup de joueurs ont été attirés par l’expansion économique de l’Ouest et souhaitent jouer au rugby‑football nord‑américain tel qu’ils l’ont connu dans l’Est du Canada et aux États‑Unis. Les hommes d’affaires de la ville, voyant le succès sportif comme une puissante publicité pour leur collectivité en pleine croissance, lancent une tradition, qui ne se démentira pas, de soutien financier et d’aide en matière de gestion et d’organisation. En deux semaines, ils créent une ligue de quatre équipes, la Saskatchewan Rugby Football Union, l’année suivante voyant la formation de la Western Canadian Rugby Union (WCRU) composée d’équipes d’Edmonton, de Calgary, de Winnipeg, de Moose Jaw, de Saskatoon et de Regina.

Le Regina Rugby Club devient rapidement une formidable organisation, qui domine le football dans l’Ouest du Canada jusqu’à la fin des années 1930. L’équipe remporte son premier championnat de la WCRU en 1912 et fait main basse sur 15 des 21 premiers matchs joués pour le titre. À la fin des années 1920, le club reste invaincu, pendant une période de sept ans, face à ses concurrents de l’Ouest, avec une fiche cumulée de 662‑75, ce qui représente une moyenne tout à fait étonnante de deux petits points par match marqués par ses adversaires. Toutefois, l’objectif du Regina Rugby Club est bien de prendre le dessus sur les équipes plus expérimentées de l’Est du Canada et de remporter la Coupe Grey, créée en Ontario en 1909 pour récompenser l’équipe de football dominante d’un océan à l’autre. À l’occasion de plusieurs matchs exhibitions, l’équipe de Regina a joué et perdu contre les Tigers de Hamilton en tournée dans l’Ouest, la première de ces confrontations ayant eu lieu dès 1913; toutefois, dans les années 1920, le club joue pour tenter de s’imposer dans la Coupe Grey.

Les équipes de l’Ouest éprouvent de très grandes difficultés lors des matchs de la Coupe Grey. La partie est systématiquement jouée dans l’Est du pays, habituellement sur le terrain de l’équipe finaliste, ce qui est synonyme, pour l’autre équipe finaliste championne de l’Ouest, d’un voyage en train de deux ou trois jours particulièrement fatiguant. En outre, le match se joue conformément aux règles de l’Est qu’appliquent des officiels de l’Est. Le Regina Rugby Club découvre les difficultés à s’imposer dans cette compétition lorsqu’il est battu par les étudiants de l’Université Queen’s en 1923 sur la marque de 54 à 0, puis perd cinq matchs consécutifs pour le titre de 1928 à 1932, avant de s’incliner encore une fois en 1934. Toutes ces parties successives permettent toutefois à l’équipe de Regina de s’améliorer et vont même apprendre quelque chose aux équipes de l’Est. En effet, en 1929, les joueurs de Regina choquent, à l’occasion d’un match, tous les observateurs en effectuant les premières passes en avant de l’histoire de la Coupe Grey (en rugby, seules les passes en arrière sont autorisées). En moins d’un an, les officiels responsables de l’établissement des règlements à l’Est adoptent ce qui est devenu l’une des caractéristiques les plus enthousiasmantes de ce sport.

De nombreux observateurs considèrent le Regina Rugby Club de 1936 comme la meilleure équipe de football jamais mise sur pied dans l’Ouest du Canada, une équipe qui aurait bien pu gagner sa première Coupe Grey cette année‑là si elle n’avait été victime de l’une des nombreuses querelles réglementaires qui empoisonnaient les compétitions de football du début du 20e siècle. Winnipeg avait été la première équipe de l’Ouest à remporter la Coupe Grey l’année précédente, en 1935, avec sept joueurs dans son effectif provenant des États‑Unis; toutefois, un an plus tard, la Canadian Rugby Union (devenue aujourd’hui Football Canada) refuse d’autoriser Regina à jouer le match décisif pour le titre en championnat avec ses cinq recrues étrangères. À la suite de cette décision, le Regina Rugby Club refuse de jouer la finale et la Coupe Grey est remise, par forfait, aux Imperials de Sarnia qui s’étaient imposés face aux Rough Riders d’Ottawa sur la marque de 26 à 20 dans la finale de l’Est. Dans les 12 mois qui suivent, les joueurs étrangers sont autorisés à jouer les matchs de la Coupe Grey et deviennent une composante essentielle des équipes de football d’un océan à l’autre.

Nom et couleurs des Roughriders de la Saskatchewan

La Deuxième Guerre mondiale, comme la Grande Guerre avant elle, met un coup d’arrêt à toutes les compétitions civiles organisées de football. Cependant, jusqu’en 1943, le Regina Rugby Club continue à jouer sous l’appellation de « All‑Services Roughriders », les joueurs provenant des unités locales de l’Armée de terre, de la Marine, de l’Aviation et de la GRC. Le nom « Roughrider » avait été adopté plusieurs années auparavant. En 1924, l’équipe d’Ottawa de football, appelée les « Rough Riders » en hommage aux bûcherons travaillant sur la rivière des Outaouais, abandonne ce nom au profit de celui de « Senators ». Le club de Regina ne laisse pas passer l’occasion de s’appeler lui‑même les « Regina Roughriders », un terme utilisé pour décrire les rudes officiers qui domptaient les chevaux sauvages pour qu’ils puissent ensuite être montés par les hommes de la GRC. L’équipe d’Ottawa reprend son nom de « Rough Riders » pour la saison 1931, et, durant les 65 années suivantes, il y aura deux équipes portant le même nom dans le football professionnel canadien. La franchise d’Ottawa disparaît en 1996 avant d’être brièvement ressuscitée sous le nom de « Renegades » et lorsque les nouveaux propriétaires se voient refuser le droit d’utiliser le nom « Rough Riders », ils décident, en 2013, d’adopter celui de Redblacks en hommage aux couleurs des équipes d’origine d’Ottawa.

Sans un caprice du destin, les Redblacks auraient même pu se voir refuser le droit de porter un maillot rouge et noir. En effet, au cours de l’été 1948, un dirigeant des Roughriders de Regina, en voyage d’affaires à Chicago, se rend dans un magasin de surplus militaires qui proposent des ensembles de maillots de football en nylon vert et blanc à des prix bradés. À la vue de cette bonne affaire, il achète deux ensembles qu’il ramène avec lui à Regina. Devant la supériorité évidente de ces maillots par rapport aux uniformes rouge et noir abîmés restant de l’avant‑guerre, le club adopte cette nouvelle tenue. Étonnamment, les partisans ne s’opposent pas véritablement à cette évolution et, depuis, les Roughriders ont toujours porté, sous une forme ou sous une autre, un uniforme vert et blanc ou vert et noir.

Toutefois, un changement beaucoup plus important concernant l’identité des Roughriders se produit également en 1948. Plusieurs années auparavant, le journaliste sportif Tom Melville avait signalé aux dirigeants du club que l’intérêt pour leur équipe s’était largement répandu au‑delà de Regina et qu’il attirait plus de partisans venus de toute la province que n’importe quelle autre équipe de football au pays. Ces derniers, prenant conscience qu’un club dont l’identité serait explicitement provinciale attirerait encore plus de partisans, décident, lors d’un vote, de modifier le nom de l’équipe qui devient les « Roughriders de la Saskatchewan ». Ce changement se fait toutefois de façon relativement discrète et, effectivement, il faudra de nombreuses années avant que les commentateurs n’adoptent ce nom rallongé.

Dans les décennies suivantes, le nom complet du club avec la province et le grand « S » présent dans tous les logos du club, sont devenus de véritables emblèmes pour tous les partisans des Roughriders. Ces derniers portent fièrement des maillots et des casquettes à la marque du club, partout en Saskatchewan, mais également dans le monde entier, y compris sur des pyramides mayas, dans les rues de Londres et même dans un avant‑poste éloigné en Afghanistan! La vue d’un partisan affichant ainsi son allégeance au club de Regina suscite souvent un cri spontané de ralliement « Go Riders » en provenance d’une autre personne passant par là par hasard. Au fur et à mesure d’un processus évolutif ainsi que d’habiles opérations de marketing conduites ces dernières années, la tenue de sport verte et le « S » en sont venus à représenter, au‑delà d’une simple équipe sportive, une province tout entière. Les partisans du club ont adopté ce phénomène avec un tel enthousiasme que, même lors des saisons perdantes, la vente de souvenirs et d’objets à la marque du club a représenté plus de la moitié des revenus provenant de la vente de produits dérivés de toutes les équipes de la LCF. Après avoir été pendant près de 100 ans le « parent pauvre » de la ligue, les Roughriders sont désormais l’un de ses clubs les plus solides sur le plan financier.

Roughriders de la Saskatchewan : l’époque moderne (1945‑2000)

Cependant, durant les décennies entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et les années 2000, la fidélité des partisans des Roughriders est souvent mise à l’épreuve. La création des Stampeders de Calgary en 1945 et des Eskimos d’Edmonton en 1949 a entraîné une compétition de plus en plus rude pour la suprématie sur le football de l’Ouest et les Roughriders de la Saskatchewan ont dû faire de sérieux efforts pour concurrencer des équipes implantées dans des centres urbains plus importants et plus riches. Pendant un certain temps, le club de Regina y parvient, se qualifiant, en 1951, pour la Coupe Grey sous la conduite du charismatique Glenn Dobbs, un quart‑arrière vedette américain qui avait refusé un contrat avec les Bears de Chicago pour jouer en Saskatchewan. Cependant, une série de trois matchs au couteau, disputée en finale de la division Ouest contre les Eskimos, laisse les Roughriders épuisés, blessés et meurtris, et ils doivent s’incliner, lors de la finale du championnat, contre Ottawa, sur la marque de 21 à 14.

Les Roughriders continuent, les années suivantes, à aligner des équipes compétitives, jusqu’au coup de tonnerre de la catastrophe de 1956. De retour d’un match des étoiles à Vancouver, quatre des meilleurs joueurs du club sont tués lorsque leur avion heurte les flancs d’une montagne dans les Rocheuses. Comme si le cœur même du club lui avait été arraché dans cet accident, les Roughriders s’engagent dans une inexorable dégringolade, ne remportant que 13 matchs lors des quatre saisons suivantes. Ils touchent le fond en 1959, de fait la pire saison de l’histoire du club, ne remportant, cette année‑là, qu’une seule de leurs 16 confrontations.

La franchise de la Saskatchewan lance un programme de reconstruction dont les premiers résultats se font sentir en 1962; toutefois, c’est l’année suivante que les Roughriders connaissent la campagne de recrutement la plus importante dans l’histoire du club. Son directeur général, Ken Preston, achète Ron Lancaster à Ottawa pour 500 $ et recrute George Reed, fraîchement diplômé de l’Université d’État de Washington. Surnommé « Little General », Ron Lancaster deviendra, au cours des 16 saisons suivantes, l’un des plus grands quarts‑arrière de la LCF, tandis que George Reed sera sans doute le meilleur centre arrière de toute l’histoire de la ligue. Entourés de joueurs locaux et étrangers, ces deux‑là forment la base et le cœur d’une équipe qui va remporter plus de matchs, entre 1966 et 1976, que n’importe quel autre club de football en Amérique du Nord.

Ces atouts permettent aux Roughriders de disputer quatre finales de la Coupe Grey, sans toutefois qu’ils réussissent à mettre, aussi souvent qu’ils l’auraient dû, la main sur le trophée. En 1966, ils remportent la première Coupe de leur histoire sur la marque de 29 à 14 face aux Rough Riders d’Ottawa pourtant largement favoris. Toutefois, l’année suivante, les joueurs de la Saskatchewan doivent céder leur titre à Hamilton avant d’être battus par Ottawa en 1969. En 1970, l’équipe de Regina connaît sa meilleure saison régulière, remportant 14 de ses 16 matchs. Toutefois, battus par Calgary sur la marque de 15 à 14 à la suite d’un botté de placement marqué dans le blizzard lors de la dernière action du troisième match décisif de la série finale de la division de l’Ouest, les Roughriders ne réussissent pas à atteindre la finale de la Coupe Grey. Lors du dernier match de la Coupe Grey 1972, les Roughriders semblent parfaitement maîtriser la situation lors des dernières minutes de cette confrontation avec Hamilton, mais c’est finalement l’équipe de l’Ontario qui l’emporte sur la marque de 13 à 10, en réussissant un botté de placement de 34 verges sur la dernière action de la partie. Le match de la Coupe 1976 est encore plus douloureux dans sa conclusion puisqu’il voit Tony Gabriel s’échapper derrière les défenseurs de la Saskatchewan et, alors qu’il ne reste que quelques secondes à jouer, rattraper une passe de touché de 24 verges pour donner à Ottawa la victoire sur la marque de 23 à 20.

Les Roughriders sont favoris lorsqu’ils se présentent pour la finale de la Coupe Grey 1976; toutefois, 1977 sera la première de 11 saisons consécutives au cours desquelles ils ne réussiront pas à atteindre les séries éliminatoires, marquant, de fait, le début d’une décennie d’espoirs déçus. George Reed prend sa retraite en 1975, suivi par Ron Lancaster en 1978, mais c’est sans doute, en 1974, lorsque le formidable joueur de ligne canadien, Bill Baker, décide de faire jouer l’option de son contrat lui permettant de quitter le club et de rejoindre les Lions de la Colombie‑Britannique que les Roughriders subissent leur coup le plus rude. Cette époque est marquée par l’introduction du statut de joueur autonome en LCF et, dans un contexte où les salaires ne sont pas plafonnés en vue de permettre aux différentes équipes de se mesurer dans des conditions équitables, la franchise de la Saskatchewan éprouve les pires difficultés pour rivaliser avec les clubs plus riches d’Edmonton, de Calgary et de Vancouver.

En fait, les difficultés vont au‑delà de l’aspect sportif puisque les Roughriders doivent même se battre pour survivre en tant que club. L’équipe avait toujours pu compter sur un soutien local extraordinaire, de l’appel initial à constituer un club en 1910 jusqu’à l’exceptionnelle collecte de fonds pendant la Grande Dépression alors que les journaux titraient « THE RIDERS NEED HELP! » (les Riders ont besoin d’aide) en passant par la campagne publique de reconstruction après la Grande Guerre. Mais, dans un contexte où les saisons médiocres et les dettes s’accumulent au cours des décennies 1970 et 1980, la direction se voit forcée d’adopter des mesures désespérées pour maintenir le club en vie. En 1979, un ancien journaliste sportif de Regina, John Robertson, revient de Winnipeg pour conduire une campagne de collecte de fonds au cours de laquelle il va inventer un slogan qui fera florès : « Rider Pride » (la fierté des Riders). En 1985, on crée une loterie annuelle, « Friends of the Riders » (les amis des Riders), qui permettra, au fil des ans, de rapporter 20 millions de dollars dans les coffres du club. En 1987, les organisateurs d’un téléthon, animé par George Reed, Ron Lancaster et des dizaines d’autres anciens joueurs et entraîneurs, réussissent à vendre suffisamment de billets pour permettre au club de continuer à aligner une équipe.

À l’occasion, les Roughriders offrent à leurs partisans quelques motifs de fidélité. Bien que l’équipe connaisse peu de succès durant cette période, un certain nombre de joueurs exceptionnels vont tout de même porter l’uniforme vert et blanc, les Roughriders atteignant la finale de la Coupe Grey à deux reprises. En 1989, après une saison régulière au cours de laquelle ils enregistrent une fiche de 9‑9, les joueurs de la Saskatchewan causent la surprise en prenant le meilleur sur Calgary en demi‑finale de la division Ouest grâce à un retournement de situation qui les voit remporter la partie sur la marque de 33 à 26 dans les dernières minutes. En finale de division, ils doivent affronter les Eskimos d’Edmonton, qui, avec une fiche de 16‑2, sont probablement la meilleure équipe de la LCF jamais mise sur pied; pourtant, ce sont bien les Roughriders qui l’emportent sur la marque de 32 à 21 lors du premier match à Edmonton. Une semaine plus tard, Dave Ridgway réussit, alors qu’il ne reste que deux secondes à jouer, à marquer un botté de placement qui donne aux joueurs de la Saskatchewan la victoire sur la marque de 43 à 40 dans ce que beaucoup d’observateurs considèrent comme l’un des matchs les plus enthousiasmants jamais joués en Coupe Grey.

En 1997, les Roughriders suivent le même chemin pour atteindre la finale de la Coupe Grey, en s’appuyant toutefois sur une équipe beaucoup moins talentueuse. Cette année‑là, les joueurs de Regina terminent troisième de la division Ouest avec, à leur actif, une modeste fiche de 8‑10; toutefois, ils vont s’imposer lors des séries éliminatoires face à Calgary et à Edmonton avant de perdre, sur la marque de 47 à 23, le match décisif pour le championnat contre une solide équipe de Toronto emmenée par des vedettes telles que Doug Flutie et Pinball Clemons. Les deux années suivantes donnent certainement une meilleure idée de la véritable force des Roughriders durant cette période : en 1998, ils produisent une fiche de 5‑13, tandis que l’année suivante, en 1999, ils terminent le siècle avec un bilan désastreux de 3‑15.

Roughriders de la Saskatchewan : de 2000 jusqu’à aujourd’hui

Au début du millénaire, les Roughriders semblent connaître un regain de forme et de réussite; toutefois, on peut certainement appliquer aux années qui ont suivi jusqu’à aujourd’hui la célèbre phrase de Charles Dickens : « C’était le meilleur et le pire des temps... » Depuis l’an 2000, l’équipe de la Saskatchewan a atteint les séries éliminatoires à 12 reprises, a joué 4 matchs en finale de la Coupe Grey et a mis la main sur le titre par 2 fois. Cependant, durant cette même période, elle n’a pas réussi à se qualifier pour les séries éliminatoires à 5 reprises et, en plusieurs occasions, plus particulièrement en 2011 et en 2015, a connu des saisons d’une grande médiocrité. Il faut toutefois signaler qu’indépendamment de la qualité de ses résultats sportifs, victoire ou défaite, le club connaît, depuis le début du millénaire, une meilleure santé financière qu’à n’importe quelle autre époque de son histoire.

La compétitivité retrouvée des Roughriders en LCF s’explique en partie par l’introduction d’un plafond salarial permettant d’égaliser les chances des clubs les plus riches et de ceux qui ne disposent pas des mêmes moyens financiers. Toutefois, l’argent n’explique pas tout et ce renouveau est également dû à certaines décisions judicieuses des actionnaires, notamment la nomination, fin 1999, comme directeur, de Roy Shivers. Recruteur de talent, il se lance rapidement dans la reconstruction de l’équipe et, en 2004, les Riders atteignent la finale de la division Ouest qu’ils perdent en prolongation face aux Lions de la Colombie‑Britannique sur la marque de 27 à 25. En 2007, la franchise de Regina retourne à Vancouver pour la finale de la Coupe Grey, avec, cette fois, Eric Tillman au poste de directeur général, Kent Austin en tant qu’entraîneur et, sur le terrain, Kerry Joseph, un quart‑arrière repêché chez les Renegades d’Ottawa après leur disparition. Les Riders battent les Lions sur la marque de 26 à 17 et remportent la Coupe Grey dans une lutte acharnée en défense à l’occasion d’une partie qui se déroule à Toronto.

En 2008, en dépit d’un sérieux handicap représenté par pas moins de sept jambes cassées au sein de la formation, un chiffre sans précédent, les Roughriders prennent la deuxième place de la division Ouest lors de la saison régulière, mais perdent lors de la demi‑finale face aux Lions. Cependant, en 2009, l’équipe remporte la finale de la division Ouest pour faire face aux grands favoris que sont les Alouettes de Montréal lors de la finale de la Coupe Grey à Calgary. Pendant 48 minutes, les joueurs de la Saskatchewan endiguent toutes les attaques de Montréal et, sous la houlette de leur quart‑arrière, Darian Durant, réussissent à construire une avance au tableau d’affichage de 16 points. Toutefois, le sort de la partie va complètement s’inverser lors des 12 dernières minutes, les Roughriders se montrant incapables de marquer et leur défense concédant 17 points. À quelques secondes de la fin du match, l’équipe de Regina est encore en tête; toutefois, sur la dernière action, une pénalité offre aux Alouettes une deuxième chance de marquer le botté de placement de la victoire, ce que les joueurs de Montréal feront pour remporter la partie et le championnat sur la marque finale de 28 à 27. Ce coup du sort représente une véritable tragédie pour les partisans des Roughriders, un drame inscrit dans leur mémoire collective des mauvais souvenirs juste derrière l’attrapé réussi par Tony Gabriel dans le match de la Coupe Grey 1976. Silencieux et hébétés, ils quittent le stade McMahon l’un après l’autre, comme s’ils venaient d’assister à un enterrement plutôt qu’à un match de football.

L’année suivante, les joueurs de la Saskatchewan ont l’occasion de se venger de cette humiliation dans une nouvelle finale de la Coupe Grey face à Montréal, mais ce sont, à nouveau, les Alouettes qui s’imposent sur la marque de 21 à 18, et il faudra attendre 2013 pour que le cauchemar de Calgary soit quelque peu exorcisé. Cette année‑là, avec un Darian Durant au poste de quart‑arrière qui fait montre d’une détermination terrible, les Roughriders battent les Lions de la Colombie‑Britannique, puis Calgary, pour remporter leur division avant d’être opposés à Hamilton pour le match décisif de la Coupe Grey au Mosaic Stadium de Regina. Pratiquement la totalité des quelque 45 000 spectateurs présents dans le stade sont des partisans des Roughriders, la plupart d’entre eux étant arrivés sur place 1 h 30 avant le début d’une partie qui va se disputer dans une atmosphère électrique. Avec sur le terrain l’équipe peut‑être la plus brillante de son histoire, la franchise de Regina s’impose sur la marque de 45 à 23, son demi offensif Kory Sheets établissant un nouveau record pour une finale de la Coupe Grey en cumulant des gains totaux par la course de 197 verges, Geroy Simon attrapant, quant à lui, les deux dernières passes de touché de sa carrière. La plupart des partisans considérent que cette victoire de leur équipe favorite a constitué un moment d’une intensité inégalable dans leur vie sportive.

L’année suivante, cependant, les Roughriders s’inclinent face aux Eskimos d’Edmonton en demi‑finale de la division Ouest. Les deux saisons suivantes vont être parmi les pires de l’histoire de l’équipe, la Saskatchewan ne réussissant pas à se qualifier pour les séries éliminatoires après des fiches en saison régulière de 3‑15 et de 5‑13. En 2017, les Roughriders joueront dans un nouveau stade, dont les partisans espèrent qu’il verra la naissance d’un nouvel âge d’or pour le club.

Stades des Roughriders de la Saskatchewan

Le Regina Rugby Club dispute ses premiers matchs à domicile au Dominion Park, un stade construit pour le base‑ball doté d’une tribune et de gradins populaires découverts qui sera toutefois démoli vers la fin de la Première Guerre mondiale. À compter de 1921, les matchs ont lieu sur un terrain de soccer appelé Park Hughes sur le site de ce qui deviendra le Mosaic Stadium. Avant 1936, date à laquelle on construit les premiers gradins, les partisans se tiennent debout autour d’une piste en terre battue, certains assistant même au spectacle confortablement installés dans leur véhicule le long des lignes de côté. Avant la saison 1947 qui voit la pose du premier gazon, les matchs de football se jouent sur un terrain en terre. Cette même année, on renomme le stade le Taylor Field en hommage à N.J. « Piffles » Taylor, un dirigeant du club de premier plan qui avait joué quart‑arrière dans les années 1920 en dépit d’un œil perdu pendant la Première Guerre mondiale. Aucune des modifications alors apportées au stade ne remet en cause son côté intime et, même au début des années 1970, les partisans ont la possibilité de s’asseoir à quelques mètres du jeu, le long des lignes de côté et dans les zones des buts. Ces caractéristiques font du Taylor Field un stade inhospitalier et hostile pour les équipes en déplacement qui s’y sentent souvent mal à l’aise, l’éminent journaliste sportif Jim Kearney l’ayant d’ailleurs décrit comme le « dernier bastion du cannibalisme » et le directeur général des Lions de la Colombie‑Britannique, Herb Capozzi, ayant suggéré qu’il devrait être classé comme « asile d’aliénés à ciel ouvert ».

À compter de 2006, date à laquelle la société The Mosaic Company, qui produit notamment de la potasse, achète le droit d’associer son nom au stade, ce dernier sera connu sous le nom de Mosaic Stadium. Le nouveau Mosaic Stadium, un stade ultramoderne, a été officiellement inauguré le 1er juillet 2017 lors d’une rencontre entre les Roughriders et leurs plus anciens rivaux, les Blue Bombers de Winnipeg.

Roughriders de la Saskatchewan : résultats en Coupe Grey

Année Vainqueur Vaincu Ville hôte
1923 Université Queen’s – 54 Regina – 0 Toronto
1928 Tigers de Hamilton – 30 Regina – 0 Hamilton
1929 Tigers de Hamilton – 14 Regina – 3 Hamilton
1930 Balmy Beach de Toronto – 11 Regina – 6 Toronto
1931 Winged Wheelers de Montréal – 22 Regina – 0 Montréal
1932 Tigers de Hamilton – 25 Regina – 6 Hamilton
1934 Imperials de Sarnia – 20 Regina – 12 Toronto
1951 Rough Riders d’Ottawa – 21 Roughriders de la Saskatchewan – 14 Toronto
1966 Roughriders de la Saskatchewan – 29 Rough Riders d’Ottawa – 14 Vancouver
1967 Tiger‑Cats de Hamilton – 24 Roughriders de la Saskatchewan – 1 Ottawa
1969 Rough Riders d’Ottawa – 29 Roughriders de la Saskatchewan – 11 Montréal
1972 Tiger‑Cats de Hamilton – 13 Roughriders de la Saskatchewan – 10 Hamilton
1976 Rough Riders d’Ottawa – 23 Roughriders de la Saskatchewan – 20 Toronto
1989 Roughriders de la Saskatchewan – 43 Tiger‑Cats de Hamilton – 40 Toronto
1997 Argonauts de Toronto – 47 Roughriders de la Saskatchewan – 23 Edmonton
2007 Roughriders de la Saskatchewan – 23 Blue Bombers de Winnipeg – 19 Toronto
2009 Alouettes de Montréal – 28 Roughriders de la Saskatchewan – 27 Calgary
2010 Alouettes de Montréal – 21 Roughriders de la Saskatchewan – 18 Edmonton
2013 Roughriders de la Saskatchewan – 45 Tiger‑Cats de Hamilton – 23 Regina

Membres des Roughriders de la Saskatchewan intronisés au Temple de la renommée du football canadien

Nom Poste Année d’intronisation
Jack Abendschan Garde/botteur de précision 2012
Roger Aldag Joueur de ligne offensive 2002
Ron Atchison Centre/garde intérieur/plaqueur défensif 1978
Bill Baker Ailier défensif 1994
Greg Battle Secondeur 2007
Al Benecick Joueur de ligne offensive 1996
Ken Charlton Demi offensif/flying wing 1992
Bill Clarke Plaqueur offensif/plaqueur défensif 1996
Tom Clements Quart‑arrière 1994
Eddie Davis Demi défensif 2015
Ray Elgaard Demi inséré 2002
Dean Griffing Centre 1965
Eddie James Demi offensif/demi défensif/flying wing 1963
Gerry James Demi offensif 1981
Alondra Johnson Secondeur 2009
Harvey "Tyrone" Jones Secondeur 2012
Bobby Jurasin Ailier défensif 2006
Eagle Keys Entraîneur‑chef 1990
Bob Kramer Président 1987
Ron Lancaster Quart‑arrière/entraîneur‑chef 1982
Don McPherson Président 1983
Ed McQuarters Plaqueur défensif 1988
Gene Makowsky Plaqueur offensif 2015
Don Matthews Entraîneur‑chef 2011
Don Narcisse Receveur 2010
Willie Pless Secondeur 2005
George Reed Demi offensif 1979
Dave Ridgway Botteur 2003
Al Ritchie Entraîneur‑chef 1963
Martin Ruby Plaqueur offensif/plaqueur défensif 1974
Tom Shepherd Dirigeant 2008
Geroy Simon Receveur 2017
Brian Timmis Plaqueur défensif 1963
Harold Edward "Ted" Urness Joueur de ligne offensive 1989
Clair Warner Dirigeant/président 1965

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