Roch Carrier

Son roman La Guerre, Yes Sir! (1968) une vision cauchemardesque et surréaliste du Québec au temps de la crise entourant la conscription à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale, établit sa réputation au Québec et à l'étranger. Son extraordinaire talent de conteur se confirme dans Floralie, où es-tu? (1969) et Il est par là, le soleil (1970), dans lesquels il reprend quelques-uns des personnages de La Guerre et approfondit des thèmes similaires : la guerre, le nationalisme, le nationalisme canadien-français, la répression sexuelle, l'exploitation des petits, la méfiance des Canadiens français à l'égard des « Anglais », l'emprise de l'Église catholique (voir catholicisme) au Québec. Cette trilogie apparaît comme une recherche du sens de la vie et de la mort, quête omniprésente dans l'ensemble de l'œuvre de Roch Carrier. De l'amour dans la ferraille (1984) traite de l'ère Duplessis et est considéré comme le plus grand et le plus ambitieux de ses romans.

Roch Carrier publie également un nombre considérable d'œuvres pour enfants ainsi que des œuvres écrites à partir du point de vue d'un enfant qui peuvent être perçues comme de la littérature pour enfants. Son œuvre la plus connue est Le chandail de hockey qui, à l'origine, est une nouvelle publiée dans son recueil Les enfants du bonhomme dans la lune (1979). Republié en 1984 sous le titre Le chandail de hockey, il est lu par des millions de personnes puis obtient un aussi grand succès lorsque l'Office national du film en réalise un court métrage intitulé Le chandail. Une suite, Un champion, est publiée en 1991. Prières d'un enfant très sage est un poignant récit fait par un enfant. Il est d'abord publié en français (1988), puis en anglais, et remporte la Stephen Leacock Memorial Award for Humour (1992). D'autres œuvres pour enfants sont publiées en français et en anglais, comme Une bonne et heureuse année (1991), Plus long circuit (1993), Le joueur de basket-ball (1996) et Chasse-galerie (2004).

Parmi ses œuvres dramatiques figurent des adaptations de ses romans pour la scène (La guerre, yes sir!Pièce en quatre parties, 1970; Floralie, 1974) et des pièces de théâtre originales, comme La céleste bicyclette (1980), Le cirque noir (1982) et L'Ours et le Kangarou (1986).

Individuellement et collectivement, tous ces ouvrages constituent un témoignage éloquent de l'imagination fertile de leur auteur et d'un désir de raffiner ses techniques narratives et de développer ses thèmes, même s'il continue d'écrire sur des sujets qui le touchent particulièrement. Il collabore fréquemment avec la traductrice Sheila Fischman, qui traduit en anglais nombre de ses œuvres pour adultes et enfants. Il est reçu membre de l'Ordre du Canada en 1992 et est membre de la Société royale du Canada.

En plus de sa production littéraire, R.Carrier mène une brillante carrière en tant que défenseur des Arts. De 1994 à 1997, il est directeur du Conseil des arts du Canada. En 1997, il est nommé administrateur général de la Bibliothèque nationale du Canada. Sous sa gouverne, la Bibliothèque nationale du Canada règle bien des problèmes auxquels sont confrontées les bibliothèques contemporaines, notamment, le manque d'espace pour ranger la vaste quantité de matériels imprimés et les coûts associés à l'accès à des outils numériques. En effet, Roch Carrier est l'instigateur de la Bibliothèque numérique du Canada, une banque de données qui contient des copies numériques comptant parmi les trésors nationaux les plus précieux et qui fournit l'accès à ces documents à tous les Canadiens qu'importe où qu'ils habitent. La barrière des frais d'utilisation de la banque de données bibliographiques (AMICUS) de la Bibliothèque nationale du Canada est également retirée. Le mandat de Roch Carrier en tant qu'administrateur prend fin en 2004 quand la Bibliothèque nationale fusionne avec les Archives nationales du Canada pour devenir Bibliothèque et archives Canada. En tant que dernier administrateur général de la Bibliothèque nationale, il a légué à la Bibliothèque nationale un bon nombre de politiques et d'activités qui sont toujours en vigueur dans la nouvelle institution.