La rivière Saguenay, d’une longueur d’environ 170 km, puise sa source dans le lac Saint-Jean, dans les hautes terres Laurentiennes au Québec. Elle a un bassin hydrographique de 88 000 km2 et un débit moyen de 1750 m3/s. Elle s’écoule du lac par deux chenaux qui se rejoignent une dizaine de kilomètres plus loin, près d’Alma.
Géologie et hydrologie
La majestuosité, la puissance et la beauté austère de rivière Saguenay sont légendaires. De Saint-Fulgence jusqu’au fleuve Saint-Laurent, la rivière coule dans une profonde entaille formée dans le roc précambrien, d’une largeur d’environ 2 km et profonde de plus de 275 m par endroits, avec des falaises qui s’élèvent jusqu’à 500 m au-dessus de la rivière. Le bas Saguenay est un fjord creusé par les glaciers au cours de la dernière glaciation, il y a 10 000 ans. Au fur et à mesure du retrait des glaces, la mer envahit le fjord; encore aujourd’hui, les marées montent aussi loin que Chicoutimi, montant et descendant jusqu’à 6 m à l’équinoxe. Les eaux douces et chaudes des affluents flottent sur l’eau de mer froide et salée.
Plusieurs de ses affluents connaissent de graves inondations en juillet 1996, ce qui affecte considérablement trois communautés situées le long de ses rives (Chicoutimi, Jonquière et La Baie).
Faune et conservation
Les eaux profondes du Saguenay sont le lieu de reproduction du béluga, et il est possible d’y apercevoir des petits rorquals. Au confluent du fleuve Saint-Laurent, les eaux moins profondes regorgent de krill et de petits poissons comme le capelan, ce qui attire d’autres mammifères marins comme des phoques communs, des marsouins communs, des rorquals communs et même des rorquals bleus.
Le parc du Saguenay est voué à la préservation des terres des deux côtés de la rivière, à partir de la région de Chicoutimi jusqu’à Tadoussac, tandis que le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent voit à la protection des eaux du fjord.
Tourisme
Le paysage spectaculaire de la rivière, en particulier le formidable cap Trinité (348 m), sur lequel est érigée une énorme statue de la Vierge Marie en 1881, et le cap Éternité (352 m), à l’embouchure de la rivière du même nom, attirent les touristes depuis les années 1850.
Histoire
Jadis, le Saguenay est le corridor d’un réseau de traite qui s’étend au-delà de la ligne de crête jusqu’au lac Mistassini et au-delà, jusqu’à la baie James. Au confluent du fleuve Saint-Laurent, Tadoussac est un point de rencontre des Algonquiens du bouclier et des Iroquoiens de la vallée du Saint-Laurent. Jacques Cartier visite l’embouchure de la rivière en 1535 et il rassemble avec enthousiasme des récits qui évoquent un riche « royaume du Saguenay » dans le bassin de la rivière.
Le « royaume » est une fantaisie, et le périple de la remontée du fleuve n’est entrepris qu’en 1647 par le missionnaire jésuite Jacques Dequen, qui se rend aussi loin que l’emplacement actuel de Chicoutimi. Le père Albanel atteint le lac Saint-Jean en 1671-1672. En 1600, Pierre Chauvin fonde le premier poste de traite du Canada à Tadoussac, et la rivière demeure une voie pour la traite des fourrures et, plus tard, pour le commerce du bois jusqu’au 19e siècle. La première colonie agricole voit le jour à La Baie en 1838. L’industrialisation commence avec la construction d’une scierie à Chicoutimi en 1842; les usines de pâtes et papiers de Chicoutimi ouvrent leurs portes en 1898.
Énergie
L’incroyable puissance de la rivière et de ses affluents fait de la vallée du Saguenay un des centres industriels du Québec. La première centrale hydroélectrique ouvre en 1925 à Isle-Maligne (402 000 kW). L’immense barrage de Shipshaw (896 000 kW) est construit durant la Deuxième Guerre mondiale pour alimenter la gigantesque fonderie d’aluminium d’Arvida (maintenant Jonquière).
Les centrales électriques de Chute-à-Caron (224 000 MW) sur le Saguenay, et de Chute-à-la-Savane (210 000 MW), de Chute-des-Passes (750 000 MW) et de Chute-du-Diable (205 000 MW) sur la rivière Péribonka fournissent également de l’électricité aux usines de pâtes et papiers de Chicoutimi, de Jonquière et de La Baie.