Rivière Rouge | l'Encyclopédie Canadienne

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Rivière Rouge

La rivière Rouge, d’une longueur de 880 kilomètres, prend naissance à la confluence des rivières Bois de Sioux et Otter Tail, à la frontière entre le Minnesota et le Dakota du Nord. Elle chemine vers le nord à travers le sud du Manitoba, puis se déverse dans le lac Winnipeg.
La rivi\u00e8re Rouge prend naissance \u00e0 la fronti\u00e8re sud entre le Minnesota et le Dakota du Nord et s'écoule vers le nord \u00e0 travers le Manitoba pour se jeter dans le lac Winnipeg.

La rivière Rouge, d’une longueur de 880 kilomètres, prend naissance à la confluence des rivières Bois de Sioux et Otter Tail, à la frontière entre le Minnesota et le Dakota du Nord. Elle chemine vers le nord à travers le sud du Manitoba, puis se déverse dans le lac Winnipeg. Ses 175 derniers kilomètres, situés au Manitoba, sont désignés comme une rivière du patrimoine canadien en raison de leur valeur historique et culturelle. La rivière Rouge suit son cours dans une région agricole qui est sujette autant aux sécheresses qu’à de graves inondations. L’« inondation du siècle », la plus importante de son histoire moderne, a par ailleurs eu lieu en 1997. Le bassin de la rivière constituait il y a longtemps le fond d’un lac glaciaire, le lac Agassiz, qui couvrait la région il y a 8 000 ans. De nos jours, la rivière Rouge constitue une source d’eau municipale, industrielle et agricole, tout en offrant de nombreux loisirs estivaux et hivernaux, dont la navigation de plaisance, la pêche (y compris la pêche sur glace), le camping et le patinage.

Cours

La rivi\u00e8re Rouge chemine \u00e0 travers le centre-ville de Winnipeg, au Manitoba. Photo prise le 14 mai 2015.

La rivière Rouge commence à la confluence des rivières Bois de Sioux et Otter Tail et suit son cours vers le nord, formant la frontière entre le Minnesota et le Dakota du Nord. Elle s’écoule àtravers les villes de Fargo et Grand Forks, au Dakota du Nord. La rivière Pembina s’y déverse juste au sud de la frontière canadienne, après quoi la rivière Rouge traverse Emerson, au Manitoba. Entre Emerson et Winnipeg, elle suit son cours dans une riche région agricole, où s’y déverse la rivière Roseau, puis passe par St. Jean Baptiste, Morris, Sainte-Agathe et St. Adolphe. Elle chemine ensuite dans l’environnement urbain de Winnipeg, où elle reçoit les eaux de la rivière Assiniboine, son principal affluent, avant de revenir dans une région agricole, passant à travers Lockport et Selkirk, en chemin vers le lac Winnipeg dans lequel elle se jette. Son parcours est sinueux, avec de nombreux lacs en croissant formés le long de son cours. (Un lac en croissant, ou lac de bras mort, est constitué lorsqu’une partie sinueuse de la rivière finit par être coupée du cours principal, alors que la rivière trouve naturellement un parcours plus direct.)

Flore et faune

La rivière Rouge est située dans une région de prairies tempérée dont une grande partie a été convertie en terres agricoles. On trouve dans les terres adjacentes à la rivière le saule, le peuplier, l’orme d’Amérique, l’érable à Giguère, le frêne vert, le chêne à gros fruits et le tilleul d’Amérique. Dans les prairies avoisinantes, on retrouve le barbon, le panic raide, l’hiérochloé odorante, le peuplier faux-tremble, la fétuque scabre et le chêne. La moule, la palourde, l’escargot, l’écrevisse, le doré jaune, le grand brochet, la barbue de rivière, la lotte, la carpe, la bourriche et la marigane vivent dans la rivière, de même que la salamandre, la tortue hargneuse, la tortue peinte de l’Ouest, trois espèces de grenouille (grenouille des bois, rainette faux-criquet et grenouille léopard), le rat musqué et le castor. On y retrouve également des oiseaux migrateurs communs, tels que le grand héron du Pacifique, le martin-pêcheur d’Amérique, le canard, l’oie, l’aigle royal, le pygargue à tête blanche, le faucon et l’épervier. La prairie avoisinante abrite le cerf de Virginie, le lapin et l’écureuil terrestre.

Préoccupations environnementales

Compte tenu de la présence de substances naturelles (telles que des sédiments) et humaines (telles que des contaminants), la qualité de l’eau de la rivière Rouge est une préoccupation. La rivière alimente en eau potable des municipalités dusud du Manitoba, ainsi qu’au Minnesota et au Dakota du Nord, en plus d’activités industrielles et agricoles telles que l’irrigation. En raison des activités humaines dans ces régions, la rivière Rouge contient des concentrations d’azote et de phosphore supérieures à la normale, qui se retrouvent dans la rivière par les écoulements provenant de l’agriculture et des agglomérations urbaines (qui contiennent par exemple des engrais, des produits de parcs d’engraissement, des engrais de gazon et des produits chimiques ménagers). Les concentrations élevées de phosphore ont mené à l’eutrophisation (croissance végétale accrue et diminution de l’oxygène dissous) des lacs et des zones humides en amont, ce qui se répercute négativement sur la qualité de l’eau et la diversité des écosystèmes. La pollution de l’air ainsi que la décharge des eaux usées traitées contribuent également à la mauvaise qualité de l’eau. En septembre 2002, un rejet accidentel d’eaux usées non traitées à Winnipeg a conduit à des niveaux élevés de coliformes fécaux en amont et dans le lac Winnipeg.

La rivière Rouge contient beaucoup de sédiments en suspension, en particulier lorsque les inondations érodent les berges de la rivière. Puisque les sédiments contiennent eux-mêmes certains produits chimiques rejetés dans l’environnement, l’exposition excessive aux sédiments peut être nocive pour les espèces aquatiques.De plus, la présence de sédiments rend l’eau plus difficile à traiter afin de la rendre propre à la consommation humaine. Les contaminants s’accrochent aux particules en suspension ou s’y dissimulent, ce qui rend plus difficile, pour les usines de traitement des eaux, l’élimination des agents pathogènes.

Inondations

Inondation de la rivière Rouge en 1997
Inondations à Sainte-Agathe, au Manitoba. L'inondation de 1997 est la plus dévastatrice en 145 ans.
La rivière Rouge sort de son lit à Selkirk, au Manitoba, les températures au-dessous de zéro provoquant le gel des crues.
Église ukrainienne grecque orthodoxe St. Michael, à Winnipeg, au Manitoba, au milieu d'une inondation (vers 1950).

La rivière Rouge est sujette à de graves inondations, en particulier lors de la fonte des neiges printanière. D’importantes inondations en 1826 et 1852 contribuent à la destruction de la ville originale d’Upper Fort Garry (Winnipeg). Par la suite, de graves inondations surviennent en 1861, 1950, 1966, 1974,1979, 1996, 1997, 2006, 2009 et 2011. L’inondation de 1997, la plus importante en 145 ans, est qualifiée « d’inondation du siècle ». Au Manitoba, la zone inondée, que les médias appellent mer Rouge, couvre environ 2 000 kilomètres carrés et cause des dommages estimés à plus de 500 millions de dollars.

Les données indiquent que l’ampleur et la fréquence des inondations augmentent. De nombreuses petites communautés ont construit des digues circulaires afin de réduire le risque de dommages attribuables aux inondations,et en 1968,la Ville de Winnipeg construit le canal de dérivation de la rivière Rouge, qui détourne les eaux des crues vers l’est. Ce canal contribue à atténuer les effets des inondations à Winnipeg durant les inondations de 2009 et 2011.

Histoire

Pendant des milliers d’années, avant le contact avec les Européens, le bassin de la rivière Rouge, situé dans ce qui est aujourd’hui le Manitoba, est habité par les Sioux et les Saulteaux (un peupleojibwé).La rivière Rouge et ses affluents jouent un rôle important dans le transport, le commerceet la pêche,tandis que les terres avoisinantes sont utilisées pour la chasse et les rituels. Des trouvailles archéologiques indiquent que les premières tentatives de pratiquer l’agriculture près de Lockport ont lieu au début du XVe siècle, alors que des camps de pêche et de commerce sont établis à la confluence des rivières Assiniboine et Rouge il y a quelque 6 000 ans, dans un endroit aujourd’hui appelé la Fourche.

Avant même l’exploration de la rivière Rouge par les Européens, les Sioux, les Saulteaux et lesCrisétablissent des contacts avec les Européens par l’entremise du commerce à York Factory, un poste établi sur les rives de la baie d’Hudson, au sud du delta du fleuve Nelson. Les activités commerciales se rapprochent de ces collectivités après la construction en 1734 du fort Maurepas, près de l’embouchure de la rivière Rouge, et la construction en 1738 du fort Rouge à la Fourche, sous la gouverne de Pierre Gaultier de Varennes, Sieur de La Vérendrye. Bien que ces forts soient vite abandonnés, la Fourche demeure une plaque tournante pour le transport et le commerce, en raison de l’établissement en 1809 du fort Gibraltar, qui deviendra plus tard Upper Fort Garry. En 1812, Thomas Douglas, 5e comte de Selkirk, établit la colonie de la rivière Rouge le long de la rivière. Alors que les Européenscontinuent à coloniser la vallée de la rivière Rouge, la population métisse croît. En 1869, Louis Riel mène la résistance des Métis à Upper Fort Garry, avant de former un gouvernement et de créer la province du Manitoba. (Voir aussi Peuplements Métis,Rébellion de la rivière Rouge.)

Rivière // Mots clés

Aire de drainage (bassin versant ou bassin hydrographique)

Portion du territoire entourant un cours d’eau, en général délimitée par des frontières naturelles topographiques plus élevées, au sein duquel l’ensemble des précipitations et la fonte des neiges convergent vers ce cours d’eau.

Débit moyen

Volume de l’écoulement moyen du cours d’eau par unité de temps; formulé habituellement en mètres cubes par seconde; la moyenne est calculée pour l’ensemble de l’année, mais il y a des mois au cours desquels le débit est naturellement plus ou moins élevé.

Affluent

Cours d’eau qui se jette dans un cours d’eau plus important; le point de rencontre entre les deux cours d’eau s’appelle un point de confluence ou confluent.

Rivière Rouge

Superficie du Bassin (km2)

288,000

Longueur (km)

880

Débit moyen (m3/s)

236