Jean-Louis Riel | l'Encyclopédie Canadienne

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Jean-Louis Riel

Jean-Louis Riel (dit « Louis Riel père »), chef métis, fermier et meunier (né en 1817 à l’Île-à-la-Crosse, en Saskatchewan; décédé en 1864 à Saint-Boniface, au Manitoba). Jean-Louis Riel rallie des centaines de Métis pour venir en appui aux accusés métis poursuivis par la Compagnie de la Baie d’Hudson lors du procès Sayer en 1849. Affaire marquante dans l’histoire de l’Ouest canadien, le verdict du procès Sayer rétablit la liberté du commerce de la fourrure dans la colonie de la rivière Rouge. Dans les années 1850, Jean-Louis Riel est considéré comme un leader dans la communauté canadienne-française de la colonie. Le rôle qu’il joue pour que la langue française puisse être utilisée dans les tribunaux d’Assiniboia et que le peuple métis soit représenté au Conseil d’Assiniboia contribue à renforcer ce statut. Sa fervente défense des droits et de l’autonomie du peuple métis influence fortement son fils, Louis Riel, appelé à devenir le plus important homme politique métis de l’histoire.

Jean-Louis Riel

Jean-Louis Riel (à droite), le père de Louis Riel, avec un ami du nom de Léveillé.

(avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/PA-139074)

Jeunesse

Jean-Louis Riel est le fils d’un voyageur, Jean-Baptiste Riel, et d’une Canadienne française-chipewyan, Marguerite Boucher. Élevé dans la foi catholique, il est baptisé le 23 septembre 1822 à Berthier-en-Haut (Berthierville, au Québec), après que sa famille ait quitté l’Ouest canadien pour se réinstaller au Bas-Canada. Il effectue ses études à Berthier, puis apprend le cardage de la laine.

Jean-Louis Riel se trouve au Bas-Canada lors des rébellions de 1837. Il retourne dans l’Ouest en 1838, à l’âge de 21 ans, et travaille au poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) de la rivière à la Pluie pendant trois ans, avant de retourner au Bas-Canada.

Vie dans la colonie de la rivière Rouge

En 1841 ou 1842, Jean-Louis Riel entame son noviciat (période probatoire dans un ordre religieux) chez les Oblats de Marie-Immaculée à Saint-Hilaire. Pour des raisons inconnues, il renonce au noviciat et repart vers le nord-ouest. À l’été 1843, il s’établit dans la colonie de la rivière Rouge.

Jean-Louis s’installe sur une terre au bord de la rivière à Saint-Boniface et, en 1843 ou 1844, il épouse Julie Lagimodière, fille de Jean-Baptiste Lagimodière et de Marie-Anne Gaboury, qui vivent près de chez lui. Julie se sent déchirée entre sa vocation religieuse et le mariage, mais ses parents sont favorables à cette union. Le couple a 11 enfants. Le vif esprit religieux de Julie inspire beaucoup son fils aîné Louis et sa fille Sara, qui deviendra plus tard sœur grise et missionnaire.

Carrière commerciale

En 1847, Jean-Louis Riel ouvre une petite meunerie sur sa ferme avec l’aide de John Ballenden, commandant de la CBH. Il envisage de lancer une entreprise de moulin à foulon pour nettoyer et épaissir les tissus, mais obtient peu de succès. Il tente d’exploiter un moulin à cardage de la laine et à grains, ce qui lui vaut le titre de « meunier de la Seine »; là non plus, il ne réussit pas. En 1857, souhaitant ouvrir une usine textile dans le village, Jean-Louis Riel se rend à Montréal pour acheter de la machinerie. À son retour, son projet échoue, comme tous les précédents.

Commerce de la fourrure et procès Sayer

Depuis 1821, le commerce a continué à se pratiquer librement dans la vallée de la rivière Rouge. Toutefois, beaucoup de commerçants indépendants sont frustrés et limités par le monopole de la CBH sur le commerce de la fourrure. Le 17 mai 1849, Jean-Louis Riel joue un rôle décisif dans le procès de Pierre-Guillaume Sayer, l’un des quatre commerçants de fourrure métis accusés de commerce illégal.

Accompagné du révérend George-Antoine Bellecourt, il conduit un groupe de 400 à 500 Métis armés au tribunal, où ils s’assemblent à l’extérieur. Ils interrompent la séance et exhortent les Métis à soutenir Pierre-Guillaume Sayer et son avocat James Sinclair, qui représente les commerçants indépendants de la rivière Rouge. En plus d’encourager les Métis à protester contre le monopole de la CBH, Jean-Louis Riel et le révérend George-Antoine Bellecourt s’indignent de la faible représentation des Métis au Conseil d’Assiniboia.

Pierre-Guillaume Sayer admet avoir illégalement vendu des fourrures, mais se justifie en affirmant que la transaction est un échange de cadeaux entre parents. Ce type d’échange, soutient-il, est une pratique légitime, commune chez les peuples autochtones.

Sept jurés anglophones et cinq jurés francophones le déclarent coupable. Toutefois, ils plaident la clémence, puisque le défendant croyait sincèrement que les Métis avaient le droit de commercer librement. John Ballenden, commandant de la CBH, demande à ce qu’aucune sanction ne soit imposée et retire ses accusations portées contre les trois autres commerçants métis inculpés de commerce illégal.

Une fois Pierre-Guillaume Sayer remis en liberté, Jean-Louis Riel s’empresse d’affirmer que ce verdict sonne le glas du monopole de la CBH. Il a raison : la décision du tribunal rétablit la liberté de commerce dans la vallée de la rivière Rouge.

Importance et postérité

Peu après sa mort en 1864, la famille de Jean-Louis Riel quitte Winnipeg pour s’établir dans ce qui est aujourd’hui le lieu historique national de la Maison-Riel. Jean-Louis Riel était un brillant orateur et un homme pieux et courageux mû par un sens aigu de la justice. Par son activisme et sa défense des droits du peuple métis, il exerce une influence profonde sur son fils Louis Riel (1844-1885), futur leader de la nation métisse. Il reste une source d’inspiration pour Louis, même après sa mort; celui-ci nomme son fils Jean (né en 1882) en hommage à son père.

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