Réserves du clergé
Les réserves du clergé, terres représentant le septième du territoire du Haut et du Bas-Canada, sont établies par l'ACTE CONSTITUTIONNEL de 1791 et réservées pour le maintien d'un « clergé protestant », expression devant viser uniquement l'Église anglicane. Bien qu'elles ne produisent aucun revenu pendant de nombreuses années étant donné que les colons peuvent obtenir d'autres terres gratuitement, les réserves suscitent la controverse, surtout au Haut-Canada. Lorsque la concession de terres gratuites prend fin dans les années 1820, l'évêque John STRACHAN est d'avis que l'Église anglicane devrait vendre ses terres au lieu de les louer comme elle le fait depuis 1819. En 1827, après avoir empêché une cession à la CANADA COMPANY, il convainc la Grande-Bretagne d'autoriser la vente d'un quart des réserves, jusqu'à concurrence de 100 000 acres (40 468 ha) par année.
Un mouvement réformiste de plus en plus puissant, qui regroupe notamment de nombreuses confessions rivales, s'oppose aux projets de Strachan. En 1824, l'Assemblée législative confirme les revendications de l'Église écossaise à une part des réserves. Plus tard, le débat au sujet du « coétablissement » de l'Église écossaise devient un affront à l'idée même d'établissement (voir ANGLICANISME). En 1828, un comité spécial de l'Assemblée législative et le CANADA COMMITTEE de la Chambre des communes britannique critiquent l'établissement de l'Église et recommandent qu'elle répartisse les profits venant des réserves parmi les confessions protestantes. En 1840, l'Assemblée accepte un projet de loi qui répartit la moitié des profits entre l'Église anglicane et l'Église écossaise, laissant le reste aux autres confessions. Au début des années 1850, la sécularisation des réserves est pourtant largement exigée. À la fin de 1854, la coalition MacNab-Morin, formée de conservateurs du Haut-Canada et de réformistes du Bas-Canada, adopte un projet de loi visant à céder les produits de la vente des réserves aux fonds des municipalités des deux régions, et à verser des appointements aux titulaires cléricaux jusqu'à leur décès et à leur permettre de céder leur concession à vie à leur Église respective, laquelle pourrait commuer le total en des rentes de 6 p. 100.
La commutation est mal vue, mais la plupart désirent régler la controverse qui tourmente la vie religieuse et politique depuis trois décennies. Les réserves du clergé seront sécularisées non parce qu'elles sont un obstacle à la colonisation, mais parce que la politique d'établissement de l'Église qu'elles représentent est inacceptable aux yeux du Haut-Canada, qui est hétérogène sur le plan religieux.