Répartition des revenus | l'Encyclopédie Canadienne

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Répartition des revenus

 La répartition des revenus désigne la part du revenu total d'une société destinée à chaque cinquième de la population ou, plus généralement, la répartition des revenus entre les ménages canadiens.
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Répartition des revenus

 La répartition des revenus désigne la part du revenu total d'une société destinée à chaque cinquième de la population ou, plus généralement, la répartition des revenus entre les ménages canadiens. On choisit habituellement le revenu annuel comme indicateur de la capacité des ménages de subvenir à leurs besoins, étant donné qu'on possède à cet effet les données statistiques nécessaires. Néanmoins, le bien-être économique dépend aussi d'autres facteurs importants.

Facteurs déterminant la répartition des revenus

Au Canada comme dans toutes les sociétés capitalistes, les revenus des particuliers proviennent du salaire qu'ils tirent de leur travail, des INTÉRÊTS perçus sur le capital investi, des bénéfices (ou dividendes) à titre d'entrepreneurs et des loyers qu'ils touchent s'ils sont propriétaires de biens immeubles. Les gains découlant des facteurs de production déterminent ce qu'on appelle la répartition des revenus « primaires », dont les traitements et les salaires constituent à eux seuls environ 85 p. 100 (voir aussi FORMATION DE CAPITAL).

Le jeu de l'offre et de la demande de chaque marché détermine le revenu des particuliers et, en fin de compte, la répartition du revenu primaire. Par exemple, le salaire d'un joueur de hockey est tributaire de l'offre et de la demande de services dans ce domaine. Or, étant donné les nombreuses variables qui régissent l'offre et la demande des facteurs de production, il s'ensuit que tout le monde ne bénéficie pas du même niveau de revenu et, par conséquent, de la même part de revenu primaire.

 Voici les variables qui influencent la répartition des revenus primaires : compétences, instruction, formation et expérience professionnelles, heures de travail, écarts de salaire compensatoire, restrictions institutionnelles, discrimination, écarts de fortune (y compris le patrimoine reçu en héritage), possibilités, âge, santé et intervention gouvernementale, notamment dans les domaines de l'IMPOSITION, des PAIEMENTS DE TRANSFERT et de la prestation de biens et de services sociaux.

Répartition des revenus au Canada

 Tous les ans, Statistique Canada mène une enquête auprès d'environ 35 000 ménages regroupant familles et célibataires. Selon sa classification, une « cellule familiale économique » est un groupe de personnes partageant le même toit et apparentées par le sang, le mariage ou l'adoption. Une « personne seule » est un particulier vivant seul ou en cohabitation avec d'autres personnes auxquelles il n'est pas apparenté.

Le revenu total recouvre ce qui suit : traitements et salaires, revenu net d'un travail autonome, revenu de placement (intérêt, dividendes, revenu locatif), pension de retraite, revenus divers (p. ex. bourses, pension alimentaire) et paiements de transfert du gouvernement (prestations d'aide sociale, sécurité de la vieillesse, allocations familiales, assurance-emploi, etc.). Autrement dit, le revenu total, comme concept, correspond au revenu primaire avant impôts et après déduction des paiements de transfert.

Après avoir recueilli les données relatives aux revenus, Statistique Canada répartit les ménages selon le revenu, du plus faible au plus élevé, puis les divise en cinq groupes appelés « quintiles » dont chacun représente 20 p. 100 de toutes les familles. Le premier quintile (le plus bas) comprend les familles les plus pauvres et le dernier (le plus élevé), les ménages les mieux nantis. Le revenu des familles de chaque quintile est ensuite calculé en proportion du revenu que reçoivent toutes les familles.

En 1985, les familles composant le premier quintile comptent pour 6,3 p. 100 du revenu total, soit moins de 17 928 $ de revenu annuel, contrairement à 39,4 p. 100 pour les familles appartenant au dernier quintile, dont le revenu est supérieur à 53 398 $ (voir ÉLITES).

D'autres données recueillies par Statistique Canada révèlent que les familles du premier quintile, principalement les assistés sociaux, les familles monoparentales et les personnes âgées (bénéficiaires d'une pension de sécurité de la vieillesse et du supplément de revenu garanti), dépendent des paiements de transfert du gouvernement pour 60 p. 100 de leur revenu. En revanche, les traitements et salaires constituent près de 80 p. 100 du revenu des familles classées dans le dernier quintile, souvent à deux revenus.

Selon Statistique Canada, la répartition des revenus au cours des trente dernières années est très stable. C'est-à-dire que la proportion du revenu qui revient à chacun des quintiles a très peu varié. Cette stabilité a pourtant de quoi étonner car, pendant la même période, le Canada connaît une forte croissance économique et le revenu moyen par famille, après correction pour l'INFLATION, triple presque. Qui plus est, l'ÉTAT PROVIDENCE, qui fait alors son apparition, permet la redistribution d'importantes sommes d'argent sous forme de paiements de transfert.

En général, on attribue cette stabilité à deux facteurs. D'une part, les écarts de revenu primaire se creusent de plus en plus en raison de l'évolution du mode de vie. Mentionnons notamment les jeunes et les personnes âgées qui, plus souvent qu'il y a quelques décennies, tendent à vivre d'une manière autonome, sans oublier la multiplication des familles monoparentales par suite de la montée en flèche du taux de divorce. Comme ces groupes se caractérisent par de faibles revenus, les inégalités de revenu primaire augmentent. D'autre part, les paiements de transfert du gouvernement, dont une partie est destinée aux personnes pauvres, viennent réduire ces disparités.

L'intervention de l'État ne se limite pas aux paiements de transfert. Il perçoit en effet un impôt sur le revenu et fournit des biens et des services sociaux. C'est chose difficile de déterminer l'incidence nette de l'imposition et des dépenses de l'État sur la répartition des revenus, mais un certain nombre d'hypothèses sont formulées au sujet des contribuables qui supportent le fardeau fiscal et des bénéficiaires des dépenses publiques.

Certains observateurs prétendent que, à la lumière des données recueillies en 1969, la répartition des revenus entre riches et pauvres tend à favoriser légèrement ce dernier groupe. Les familles aisées, qui représentent environ 25 p. 100 des ménages, totalisent une contribution nette de 6,2 p. 100 du revenu total. Toutefois, l'effet de la répartition des revenus par l'État est certainement plus limité que ce qu'on peut attendre puisque que seul un nombre restreint de programmes gouvernementaux s'adresse aux plus pauvres. En fait, la plupart de ces programmes consistent en paiements de transfert au sein de la classe moyenne elle-même.

Il convient donc de procéder à certains ajustements pour déterminer la « véritable » répartition des revenus au Canada. Tout d'abord, Statistique Canada devrait revoir sa notion de revenu. Dans sa forme actuelle, celle-ci sous-estime les revenus découlant des paiements de transfert, notamment les prestations d'aide sociale, et exclut les gains en nature (p. ex. logement à prix modique), les gains en capital et les transferts entre particuliers. Elle ne tient pas compte non plus de la production à domicile et des revenus tirés de l'ÉCONOMIE SOUTERRAINE.

Ensuite, il faudrait calculer le revenu à l'échelle d'une vie, vu que celui-ci varie avec l'âge. Enfin, la taille de la famille devrait aussi entrer en ligne de compte. En attendant de pouvoir réaliser ces ajustements difficiles, on ne connaîtra pas la « véritable » répartition des revenus au Canada.

Pauvreté

La PAUVRETÉ est un phénomène social complexe qui ne résulte pas uniquement de l'insuffisance de revenus, même s'il s'agit là d'un facteur important. Sont considérés pauvres au Canada les personnes dont le niveau de vie est en deçà d'un certain seuil, appelé couramment « seuil de pauvreté », et dont la participation active à la vie de la société se trouve compromise par de graves difficultés. Ainsi définie, la pauvreté est un phénomène relatif mesurable selon les niveaux de revenu.

À partir d'une enquête sur les dépenses des familles réalisée en 1978, Statistique Canada établit les seuils de pauvreté, plus précisément les « seuils de faible revenu », les plus souvent utilisés au Canada. D'après cette enquête, les familles canadiennes consacrent en moyenne 38,5 p. 100 de leur revenu aux besoins essentiels (alimentation, vêtement et logement). À ce chiffre, Statistique Canada ajoute 20 p. 100 puis conclut qu'une famille à faible revenu est celle qui doit consacrer plus de 58,5 p. 100 de son revenu total à ses besoins essentiels. Enfin, on détermine les seuils de faible revenu, indexés annuellement à l'INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION. En 1985, par exemple, les seuils de faible revenu pour les familles canadiennes vivant dans de grands centres urbains s'établissent à 10 233 $ pour les personnes seules et à 20 812 $ pour les familles de quatre personnes.

En 1985, 13,1 p. 100 des familles et 36,6 p. 100 des personnes seules (représentant 15,9 p. 100 de la population canadienne ou 3,9 millions de personnes) sont classées pauvres. La pauvreté est plus répandue dans les provinces de l'Atlantique et au Québec (voir ÉCONOMIE RÉGIONALE), chez les jeunes, les personnes âgées et au sein des familles (en général, les familles monoparentales) dont le chef est une femme.

Avant de déterminer si la répartition des revenus au Canada est quelque peu ou très inégale en 1985, il faut faire intervenir le principe du « partage égal ». En adoptant ce principe, garant d'une répartition égale, il est possible de mesurer et de visualiser l'inégalité selon la courbe de Lorenz où l'axe vertical représente la part cumulative du revenu total et l'axe horizontal, celle de la population. À supposer que chaque famille touche un même revenu, 20 p. 100 des familles bénéficieront de 20 p. 100 du revenu total, 40 p. 100 d'entres elles gagneront 40 p. 100 de ce revenu et ainsi de suite. Sous ce rapport, la répartition des revenus suivra la ligne droite représentant l'égalité complète. La courbe située au-dessous de la ligne droite retrace la répartition des revenus au Canada en 1985. Plus la courbe s'éloigne de la ligne droite, plus la répartition des revenus devient inégale.

Bien que le gouvernement tente, à l'aide de nombreux programmes de sécurité du revenu, de suppléer quelque peu aux écarts de revenu, la société canadienne affiche, quant à elle, une certaine ambivalence vis-à-vis du principe du « partage égal » qui correspond sans doute, du moins en partie, au sens moral qu'elle défend.

De nombreuses politiques gouvernementales en faveur de la formation des jeunes, par exemple, reposent sur le principe de l'égalité des chances. Même si ce principe se concrétisait d'une manière absolue pour les enfants, il reste que, à l'âge adulte, certains écarts de revenu persisteraient en raison de la fortune familiale et d'autres avantages et du fait des différences d'attitude à l'égard de l'éducation, du travail et de l'épargne.

Revenu annuel garanti

Depuis le début des années 60, le revenu annuel (ou minimum) garanti, appelé « impôt négatif » dans le cadre du régime fiscal, sert régulièrement en Amérique du Nord de solution universelle à la pauvreté et aux écarts entre les revenus.

Ce revenu comporte deux volets. Premièrement, on détermine un minimum annuel, pouvant être analogue au seuil de pauvreté, qui est établi en fonction des besoins de chaque famille selon sa taille. En théorie, ce revenu est dispensé à présent sous forme de prestations d'aide sociale. Deuxièmement, alors que les prestations d'aide sociale sont imposées actuellement à un dollar pour chaque dollar gagné en plus du minimum garanti, ce dernier serait réduit à un taux d'imposition plus faible, par exemple à raison de 50 cents pour tout dollar gagné en sus.

Beaucoup s'accordent à dire que l'État pourrait diminuer de beaucoup les écarts entre revenus s'il avait la volonté politique d'imposer les riches plus lourdement au profit des pauvres (voir COMMISSION ROYALE D'ENQUÊTE SUR LA FISCALITÉ). Or, étant donné qu'une telle mesure impliquerait une hausse d'impôt substantielle pour les familles disposant d'un revenu annuel supérieur à 40 000 $, il est fort peu probable que ces familles de classe moyenne acceptent une telle augmentation.