Ginette Reno | l'Encyclopédie Canadienne

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Ginette Reno

Ginette Reno (née Raynault), O.C., C.Q., chanteuse, actrice (née le 28 avril 1946 à Montréal au Québec). Ginette Reno est la chef de file incontestée de la chanson québécoise depuis plus de 50 ans. Souvent surnommée simplement « la Reno » ou « la voix d’or du Québec », elle a lancé plus de 60 albums et 200 chansons. Son répertoire est principalement composé de ballades sentimentales, et sa puissante voix dégage beaucoup de chaleur et de passion. Elle est aussi à l’aise à chanter en anglais qu’en français, elle a été intronisée à l’Allée des célébrités canadiennes, et elle a remporté 19 prix Félix et 4 prix Juno, ainsi qu’un Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle pour l’ensemble de sa carrière artistique. Elle est Officière de l’Ordre du Canada et Chevalière de l’Ordre national du Québec, de l’Ordre des Arts et des Lettres de France et de l’Ordre de la Légion d’honneur de France.

Reno, Ginette

Jeunesse et carrière

Fille d’un boucher, Ginette Raynault commence à chanter devant la boucherie de son père sur la rue Saint-Laurent à Montréal pour attirer les clients. Elle affirme que son talent naturel pour le chant est « un don pour lequel ma mère a prié ». Pour payer ses cours de chant, Ginette vend des journaux et elle commence à participer à des concours amateurs à l’âge de 14 ans. Ces concours comprennent « Les Découvertes de Jean Simon » au Café de l’Est à Montréal, concours pour lequel elle se classe première. De 1960 à 1964, elle se produit dans les boites de nuit et dans les studios de radio et de télévision à travers le Québec. Elle suit également des cours de chant avec Roger Larivière.

L’impresario Jean Simon la prend sous son aile et il raccourcit son nom pour Reno. En 1961, elle enregistre son premier simple qui comprend « Non papa » et « J’aime Guy » pour l’étiquette Apex, suivi de « Roger », chansons qui lui valent un succès populaire immédiat. Son premier album éponyme, qui sort en 1962, est un succès instantané. Il se vend à 40 000 exemplaires et il fait de la jeune fille de 16 ans la Connie Francis du Québec.

Comme elle chante avec autant d’aisance en anglais qu’en français, Ginette Reno modèle sa carrière dans la tradition de l’industrie du spectacle américaine. Elle est nommée « découverte féminine » au Gala des artistes de 1964 et elle obtient un énorme succès avec « Tu vivras toujours dans mon cœur » cette même année. Par la suite, son répertoire se compose principalement de ballades sentimentales.

Ginette Reno fait sa première de nombreuses apparitions à la Place des Arts (PDA) en 1965), et au Centre national des arts (CNA) en 1969. Elle se produit à la Comédie-Canadienne en 1968 et en 1969, ainsi qu’au Grand Théâtre de Québec en 1974 et en 1976. À l’Olympia de Paris, elle participe avec d’autres artistes québécois aux revues « Vive le Québec » (1967) et « Musicorama » (1968). Le Québec la vote Miss radio-télévision en 1968, et elle reçoit un trophée au festival du MIDEM à Cannes cette année-là.

Elle se produit également au Jardin des étoiles de l’Expo 67 et elle remporte trois trophées au Festival du disque (chanteuse la plus populaire, chanteuse ayant vendu le plus de disques, et meilleur microsillon de l’année). Elle chante en concert avec l’Orchestre symphonique de Montréal à la PDA et au CNA en 1969. Cette même année, elle signe un contrat avec la maison Decca et présente deux spectacles sur BBC TV.

Carrière 1970-1989

Ginette Reno retourne à Londres en janvier 1970 pour chanter au Savoy Theatre. En 1971, elle s’y rend à nouveau pour animer une série d’émissions avec le chanteur Roger Whittaker. Elle connait un grand succès au Canada anglais avec sa chanson « Beautiful Second Hand Man », qui atteint la sixième position du palmarès de CHUM en novembre 1970. En 1972, elle gagne le premier prix au Festival international de la chanson de Tokyo pour sa reprise de la chanson « I Can't Let You Walk Out of My Life » de Les Reed. Elle reçoit le prix Juno de la meilleure interprète féminine en 1970 et celui de la performance féminine de l’année en 1972 et 1973. Tout en poursuivant sa carrière au Québec, elle vit à Los Angeles de 1974 à 1976, où elle étudie au studio d’art dramatique de Lee Strasberg.

En 1974, avec Jean-Pierre Ferland, Ginette Reno enregistre un autre succès, « T’es mon amour, t’es ma maitresse ». Elle participe à diverses émissions télévisées de Radio-Canada, dont « Bonjour Canada » (1970), « Spécial Ginette Reno » (1972), « Gershwin 76 » (1976), « Vingt-cinq ans ensemble » (1977) et « Superstar » (1978 et 1979). Elle effectue des tournées dans diverses régions au Canada en 1968 et en 1970, et au Québec en 1969, 1970 et en 1976. Elle chante l’hymne national à la Coupe Grey de 1976, et elle est invitée aux émissions télévisées de Johnny Carson, de Merv Griffin et de Dinah Shore en 1978.

En 1977, Ginette Reno crée sa propre maison de disques, Melon-Miel. Son album Je ne suis qu’une chanson (1979) devient son plus grand succès et l’un des albums les plus populaires de tous les temps au Québec (387 000 exemplaires vendus).

Ginette Reno remporte les prix Félix du microsillon populaire de l’année, du microsillon le plus vendu, et celui de l’interprète féminine de l’année en 1980. En 1981, elle coanime la soirée des prix Juno avec Frank Mills. De nombreuses tournées et plusieurs voyages en France s’ensuivent (bien qu’elle n’y connait jamais un grand succès). Elle anime l’émission française « Champs-Élysées », enregistrée au Québec avec Michel Drucker (1986), et elle chante avec l’Orchestre symphonique de Québec au Grand Théâtre (1987). Lors du gala Métrostar de 1987, elle remporte les trophées de l’artiste le plus aimé du public et de la chanteuse de l’année. Après le lancement de son album Ne m’en veut pas, elle voyage à travers le Québec avec son spectacle La Prochaine fois que j’aurai 20 ans.


Carrière d’actrice et enregistrements, de 1990 à aujourd’hui

La carrière de Ginette Reno prend un virage lorsqu’elle joue pour la première fois dans le film Léolo de Jean-Claude Lauzon (1991). Elle poursuit sa carrière d’actrice en 1994 en jouant dans la minisérie télévisée Million Dollar Babies/Les jumelles Dionne, qui raconte l’histoire des quintuplées Dionne. Elle joue également le rôle principal dans la série franco-canadienne Une voix en or, en 1997. Elle perfectionne ses talents en comédie dans C’t’à ton tour Laura Cadieux (1998) de Denise Filiatrault et dans Laura Cadieux… la suite (1999), qui lui valent des nominations aux prix Génie et aux prix Jutra (maintenant les prix Iris) dans la catégorie de la meilleure actrice principale. Ginette Reno est également en nomination pour le prix Jutra de la meilleure actrice pour Mambo Italiano (2003) et en nomination pour un prix Génie pour Le secret de ma mère (2006).

Ginette Reno (à gauche) et Jean-Claude Lauzon sur le plateau de Léolo

Entre deux rôles, Ginette Reno continue d’enregistrer. Elle remporte un prix Félix pour l’album de l’année en 1992 avec L’essentiel et en 1996 avec La chanteuse, album pour lequel elle collabore avec Luc Plamondon. En 1995, elle reçoit le Félix Hommage pour l’ensemble de sa carrière. En 1998, Ginette Reno enregistre Love Is All, son premier album en anglais depuis 1979. Elle enregistre ensuite un album de Noël en anglais, The First Noel, et sa version française, Un grand Noël d’amour (2000), albums qui sont tous deux lancés par sa propre maison de disque, Melon-Miel.

Depuis l’année 2000, Ginette Reno est reconnue comme étant une influence majeure pour les artistes québécois, au même titre que la vedette internationale Céline Dion. Une compilation rétrospective de la carrière de Ginette Reno en huit CD est lancée en 2004. En 2008, elle livre une performance époustouflante avec Céline Dion en chantant la chanson « Un peu plus haut, un peu plus loin » de Jean-Pierre Ferland devant quelque 250 000 personnes sur les plaines d’Abraham, à l’occasion du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec. L’album suivant de Ginette Reno, Fais-moi la tendresse (2009), remporte le prix Félix de l’album populaire de l’année. Sa chanson-titre est nommée chanson populaire de l’année et Ginette Reno remporte le prix Félix de la meilleure artiste féminine de l’année. Elle est également en nomination pour le prix Juno Fan Choice lors des galas des prix Juno de 2010 et de 2012.


Éloges

La popularité de Ginette Reno ne diminue pas au fil des années. À la suite d’un récital à la PDA en 1977, Pierre Beaulieu écrit dans La Presse : « Quelle bête de scène colossale, quelle magnifique interprète, quelle voix, quelle âme, quelle chaleur elle dégage... Ginette Reno, c’est la musique pure et simple, la musique sans nationalité, sans limites, sans âge, au-delà du temps. Ginette Reno est l’âme de la musique, une succession de notes qu’elle repense, qu’elle retravaille, auxquelles elle redonne vie et qu’elle nous livre finalement à travers sa perception des choses, sa chaleur, sa voix et son talent incroyable. » Mireille Simard écrit dans Le Devoir en 1984 : « Tout repose en quelque sorte sur ce timbre particulier qu’un seul souffle suffit à déployer… Elle est là, dans son état naturel, avec une pureté qui est sans limites. »

Ginette Reno est souvent surnommée « la voix d’or du Québec ». Ses plus grands succès incluent des chansons comme « Les yeux fermés », « Aimez-le si fort », « La dernière valse », « Reste auprès de moi » et « Le sable et la mer », ainsi que « À ma manière » et « Je ne suis qu’une chanson », qui sont composées pour elle par Diane Juster.


Les Canadiens de Montréal

En avril 2014, l’entraineur-chef des Canadiens de Montréal, Michel Therrien, demande à Ginette Reno de chanter le « Ô Canada » avant le troisième match de la première ronde des séries éliminatoires de l’équipe contre le Lightning de Tampa Bay. Bien que Ginette Reno n’ait pas chanté depuis qu’elle a subi une crise cardiaque en janvier, elle chante l’hymne national avec fougue. Comme les Canadiens marquent 11 secondes après le début du match, on demande à Ginette Reno de chanter l’hymne avant le quatrième match. L’équipe marque deux minutes après le début de ce match, et continue à balayer les séries.

Ginette Reno devient le porte-bonheur de l’équipe et elle réapparait tout au long des séries éliminatoires du Canadien cette année-là. Elle chante à nouveau l’hymne lors des matchs éliminatoires des Canadiens en 2015 et 2017, mais on ne lui demande pas de le chanter durant les performances inattendues de l’équipe vers la finale de la Coupe Stanley en 2021.


Distinctions

En 1982, Ginette Reno devient la plus jeune interprète à être nommée Officière de l’Ordre du Canada. Elle reçoit le Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle en 1999 ainsi qu’une étoile sur l’Allée des célébrités canadiennes en 2000. Elle est nommée Chevalière de l’Ordre national du Québec en 2004 et de l’Ordre des Arts et des Lettres de France en 2011. Également en 2011, Postes Canada émet un timbre en son honneur dans le cadre de sa série sur les artistes canadiens de la chanson. En 2022, pour son 76e anniversaire, Ginette Reno est nommée Chevalière de l’Ordre de la Légion d’honneur en France.

Prix

Prix Félix

  • Chanson de l’année (« Je ne suis qu’une chanson ») (1980)
  • Microsillon le plus vendu (Je ne suis qu’une chanson) (1980)
  • Microsillon de l’année/populaire (Je ne suis qu’une chanson) (1980)
  • Interprète féminine de l’année (1980)
  • Microsillon le plus vendu (Ne m’en veux pas) (1989)
  • Microsillon de l’année/populaire (Ne m’en veux pas) (1989)
  • Spectacle de l’année/populaire (La prochaine fois que j’aurai vingt ans) (1989)
  • Album de l’année/populaire (L’essentiel) (1992)
  • Spectacle de l’année/interprète (L’essentiel… la suite) (1992)
  • Félix hommage (1995)
  • Album de l’année/populaire (La chanteuse) (1996)
  • Chanson populaire de l’année (« Fais-moi la tendresse ») (2009)
  • Album de l’année/meilleur vendeur (Fais-moi la tendresse) (2009)
  • Album de l’année/populaire (Fais-moi la tendresse) (2009)
  • Interprète féminine de l’année (2009)
  • Album de l’année/pop (La musique en moi) (2011)
  • Album de l’année/meilleur vendeur (La musique en moi) (2011)
  • Album de l’année/adulte contemporain (À jamais) (2019)
  • Album de l’année/adulte contemporain (C’est tout moi) (2023)
  • Album de l’année/succès populaire (C’est tout moi) (2023)

Prix Juno

  • Meilleure interprète féminine (1970)
  • Meilleure performance féminine de l’année (1972, 1973)
  • Album francophone le plus vendu (Un grand Noël amour) (2001)

Autres

  • Découverte féminine, Gala Meritas (1964)
  • Miss radio-télévision, Gala Meritas (1968)
  • Prix spécial, MIDEM (1968)
  • Chanteuse la plus populaire, Festival du Disque (1968)
  • Chanteuse ayant vendu le plus de disques, Festival du Disque (1968, 1969)
  • Trophée Rolande-Desormeaux, Gala Meritas (1969)
  • Prix Or et Argent, Yamaha Music Festival (1972)
  • Rose d’or, Salon de la femme (1980)
  • Officière, Ordre du Canada (1982)
  • Chanteuse de l’année, Prix MetroStar (1987)
  • MetroStar de l’année, Prix MetroStar (1987)
  • Chanteuse de l’année, Prix MetroStar (1988)
  • MetroStar de l’année, Prix MetroStar (1988)
  • Trophée hommage, Salon de la femme (1989)
  • Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle pour l’ensemble de sa carrière artistique (1999)
  • Intronisée, Allée des célébrités du Canada (2000)
  • Médaille du jubilé d’or de la reine Elizabeth II (2002)
  • Chevalière, Ordre national du Québec (2004)
  • Grand prix spécial des Amériques, Festival des films du monde de Montréal (2011)
  • Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II (2012)
  • Chevalière, Ordre de la Légion d’honneur de France (2022)
  • Prix hommage, SOCAN (2023)

Discographie choisie

  • Ginette Reno en spectacle au Casa Loma (1966)
  • Quelqu’un à aimer (1967)
  • Les grands succès d’une grande vedette, Ginette Reno (1968)
  • Ginette Reno (1969)
  • Ginette Reno à la Comédie-Canadienne 69 (1969)
  • Ginette Reno (1969)
  • Beautiful Second Hand Man (1970)
  • Touching Me, Touching You (1971)
  • Aimez-le si fort (1971)
  • Ginette Reno à la Comédie-Canadienne :(1971)
  • Ombre et soleil (1973)
  • Aimons-nous (1974)
  • En direct de la Place des arts (1974)
  • The Best of Ginette Reno (1975)
  • Ce que j’ai de plus beau (1977)
  • Trying to find a way (1979)
  • Je ne suis qu’une chanson (1979)
  • Souvenirs tendres (1984)
  • Ginette Reno (1985)
  • Si ça vous chante/De plus en plus fragile (1986)
  • Ne m’en veux pas (1988)
  • Ma vie en chansons (1990)
  • L’essentiel (1991)
  • Versions Reno (1995)
  • La chanteuse (1997)
  • Love Is All (1998)
  • Un peu plus haut - le nouveau spectacle (1999)
  • Un grand Noël d’amour (2000)
  • The First Noel (2000)
  • Mademoiselle Reno, coffret (1. Tu vivras toujours, 2. T’es mon amour) (2004)
  • Moi c’est Ginette, coffret (3. À ma manière, 4. L’essentiel) (2004)
  • Les grands soirs, coffret (5. Ma mère chantait toujours, 6. Léolo) (2004)
  • Vocally Yours (7. Beautiful Second Hand Man, 8. Somewhere) (2004)
  • Fais-moi la tendresse (2009)
  • La Musique en moi (2011)
  • À jamais (2018)
  • C’est tout Moi (2023)

Lecture supplémentaire