Une récession est une phase temporaire du cycle économique caractérisée par un déclin général des activités économiques. Cette phase comprend habituellement une baisse de la production industrielle et agricole, du commerce international, du revenu national, des marchés boursiers, des dépenses des consommateurs et du niveau d’emploi. D’un point de vue purement technique, il y a récession lorsque le produit intérieur brut (PIB) réel, soit la valeur du rendement économique d’un pays ajusté en fonction de l’inflation, diminue pendant au moins deux trimestres consécutifs (six mois). En ce sens, les récessions répondent à une définition large et peuvent représenter des périodes extrêmement difficiles pour un pays.
Ce texte est l’article intégral sur la récession au Canada. Si vous souhaitez lire un résumé en langage simple, veuillez consulter : Récession au Canada (résumé en langage simple).
Cycles économiques
Comme l’activité économique fluctue toujours, les récessions sont une phase normale du cycle économique, un terme désignant les hauts et les bas de l’économie. Une récession commence dès que le sommet d’un cycle économique est atteint et se termine, après une période de déclin, à son creux le plus bas. C’est souvent la chute des dépenses des consommateurs, causée par une hausse des prix et une baisse des revenus, ou encore par des incertitudes par rapport à l’avenir, qui entraîne un ralentissement de la croissance économique. Cette chute de la demande force les entreprises à diminuer leurs investissements, leur production ainsi que leur main-d’œuvre, ce qui ralentit davantage l’économie.
Si l’économie entre dans une période de récession, redresse sa situation au trimestre suivant, puis chute à nouveau, il y a lieu de parler d’une récession « à double creux ». Sur un graphique, la récession à double creux ressemble à la lettre « w ».
Récessions régionales au Canada
Les récessions peuvent se produire de façon régionale parce que chaque province canadienne dispose d’industries différentes affectées par diverses variables. Une récession peut ainsi avoir lieu en Alberta, par exemple, si les marchés pétrolier et gazier chutent, sans toutefois affecter l’Ontario, pourvu que les secteurs manufacturier et des services demeurent stables, et vice versa. Le Canada est en récession lorsque toutes les régions et provinces du pays sont en récession.
Réactions des entreprises en période de récession
Les récessions peuvent avoir des retombées positives, notamment en encourageant les entreprises à privilégier la productivité et à améliorer la qualité de leurs produits pour garder leur part du marché. Elles peuvent également promouvoir la recherche de nouveaux marchés par les entreprises qui désirent rester profitables. Les récessions encouragent la création de petites entreprises qui sont à même de rivaliser avec les grandes en innovant à moindre coût. Elles peuvent aussi forcer les grandes entreprises à réévaluer l’ampleur de leurs activités et la façon dont elles sont gérées. Certaines entreprises défensives, c’est-à-dire qu’elles demeurent stables malgré les fluctuations du cycle économique, s’en tirent mieux que d’autres pendant une récession. C’est notamment le cas des producteurs alimentaires et des détaillants bon marché — des entreprises dont les produits sont toujours prisés. Malgré tout, les déclins généraux en matière de production et de revenu, couplés à une augmentation du chômage, font des récessions une période difficile pour la plupart des entreprises.
Relance économique : la réponse du gouvernement en récession
Afin de maintenir l’équilibre économique et de limiter le nombre de récessions et leur durée, le gouvernement agit directement sur les cycles économiques en dépensant de l’argent et en modifiant les taux d’intérêt et la masse monétaire. Ainsi, aux premiers signes de récession, le gouvernement peut réduire les taux d’intérêt et augmenter la masse monétaire, dans l’espoir d’inciter les consommateurs et les entreprises à emprunter de l’argent, à en investir et à dépenser davantage. Le gouvernement peut également choisir de dépenser plus pour créer des emplois et de l’activité commerciale, et stimuler ainsi l’économie et l’emploi en général. La réponse d’un gouvernement en période de récession peut mener à des investissements en infrastructure, en recherche et en éducation.
Début et fin de récession
C’est le gouvernement qui est responsable d’annoncer si l’économie entre en récession ou si elle en sort. L’annonce est faite par l’intermédiaire de la Banque du Canada ou du ministère des Finances, puisque ce sont eux qui préparent les rapports économiques nationaux à l’aide des données fournies par Statistique Canada. Depuis 2015, la Loi fédérale sur l’équilibre budgétaire définit ce qui constitue une récession et fixe des limites en ce qui concerne les augmentations de budget que le gouvernement fédéral peut déployer en réponse à la récession.
Les économistes et le gouvernement tentent d’établir des indicateurs de mesure de l’activité économique qui peuvent prédire l’arrivée des prochaines récessions. Ces mesures, appelées indicateurs précurseurs, peuvent être une combinaison de chutes marquées dans les marchés boursiers, des déclins de la vente au détail ou dans le stock des entreprises, et une baisse importante des prix du secteur immobilier. De façon semblable, il existe des mesures d’activité économique, appelées indicateurs tardifs, qui permettent de confirmer l’arrivée d’une récession. Ces indicateurs comprennent des baisses du PIB réel, des salaires et des revenus, une détérioration du commerce international et une hausse du taux de chômage.
Une autre source d’informations concernant les récessions est le Conseil des cycles économiques de l’Institut C.D. Howe, un groupe d’économistes canadiens qui étudie les cycles économiques au Canada.
Histoire des récessions au Canada
Les récessions sont rares parce que l’économie est souvent en croissance. Le Canada a connu cinq récessions depuis 1970, et douze depuis 1929. Les récessions durent habituellement entre trois et neuf mois; la plus récente, celle de 2008-2009, a perduré sept mois. Toutes les récessions au Canada depuis 1970 ont eu lieu en même temps que celles des États-Unis, un signe que les deux économies sont étroitement synchronisées (voir Relations économiques canado-américaines). Malgré tout, l’ampleur d’une récession au Canada est déterminée par plusieurs facteurs, selon le secteur économique touché. Par exemple, l’économie canadienne est très sensible aux fluctuations de l’industrie des ressources naturelles comme le pétrole et le gaz naturel, ainsi que l’exploitation minière et forestière.
Récession et crise financière mondiale de 2008-2009
De 2008 à 2009, l’économie canadienne est entrée en récession en raison des problèmes du marché immobilier aux États-Unis. Un boum dans l’achat de propriétés, alimenté par un financement artificiellement bon marché et la déréglementation financière dans le pays, s’est effondré lorsque les taux d’intérêt ont commencé à monter en flèche, causant la faillite de plusieurs institutions financières d’envergure. Ces faillites ont à leur tour engendré une méfiance généralisée envers le secteur financier mondial, ce qui a affecté l’économie du Canada et d’autres pays aux quatre coins de la planète. Les dépenses des consommateurs et l’investissement des entreprises au Canada ont connu un ralentissement soudain, et il a fallu un certain moment avant que le gouvernement arrive à rétablir, en réduisant les taux d’intérêt tout en augmentant la masse monétaire, la stabilité et la confiance des marchés.
Pendant cette récession, le PIB du Canada a baissé de 3,3 % en l’espace de 3 trimestres (9 mois) à cause d’un déclin de 16 % des exportations. L’investissement des entreprises en matière de nouveaux bâtiments et de machinerie a subséquemment baissé de 22 %. La hausse des dépenses du gouvernement et des consommateurs, associée à un assouplissement de la politique monétaire (des taux d’intérêt plus bas et masse monétaire accrue), a néanmoins offert un soutien nécessaire pour rééquilibrer l’économie. (Voir Récession de 2008-2009 au Canada.)
Récession liée à la pandémie de COVID-19
Durant la pandémie de COVID-19, les autorités fédérales, provinciales et locales ont mis en œuvre des mesures de santé publique pour limiter la propagation du virus. Ces mesures, telles que la distanciation sociale et les restrictions imposées aux entreprises non essentielles, ont eu une incidence majeure sur l’emploi et l’activité économique (voir Chômage au Canada). Le 1er mai 2020, le Conseil du cycle économique de l’Institut C.D. Howe a annoncé que le Canada était entré en récession au premier trimestre 2020. Le creux de la récession est atteint en avril de la même année, mais à partir de mai 2020, l’économie canadienne a commencé à se redresser. Selon un rapport publié en août 2021 par le Conseil du cycle économique, la récession COVID-19 est « la plus courte et la plus profonde depuis la crise économique qui a débuté en 1929 ». (Voir aussi Crise des années 1930 au Canada.)
Récessions canadiennes depuis 1929
Sommet mensuel |
Creux mensuel |
Février 2020 |
Avril 2020 |
Octobre 2008 |
Mai 2009 |
Mars 1990 |
Mai 1992 |
Juin 1981 |
Octobre 1982 |
Octobre 1974 |
Mars 1975 |
Mars 1960 |
Mars 1961 |
Mars 1957 |
Janvier 1958 |
Juillet 1953 |
Juillet 1954 |
Avril 1951 |
Décembre 1951 |
Août 1947 |
Mars 1948 |
Novembre 1937 |
Juin 1938 |
Avril 1929 |
Février 1933 |
Source : Conseil des cycles économiques de l’Institut C.D. Howe.
Récession ou dépression?
Une récession dure généralement moins d’un an. Le danger d’une récession est qu’elle se transforme en dépression, c’est-à-dire qu’elle persiste et que le déclin économique qu’elle engendre soit très important. Bien qu’il n’existe aucune définition absolue pour la dépression économique, elle est caractérisée par une période prolongée de chômage de masse, une chute des prix, des revenus faibles et un manque de confiance chronique par rapport à l’avenir économique. La crise des années 1930, qui a sévi de 1929 à 1939, est le plus important ralentissement économique de l’Histoire.
Le Conseil des cycles économiques de l’Institut C.D. Howe a créé un système de classification des récessions, qu’il regroupe par classe : « Une récession de classe 1 désigne une baisse légère et à court terme du PIB, sans déclin trimestriel dans l’emploi. À l’opposé, une récession de classe 5 implique des fluctuations extrêmement rapides dans l’économie sur une période prolongée. » En 2012, le Conseil a statué que la seule récession de classe 5 que le monde ait connue est la crise des années 1930 et que les 3 dernières récessions (2008‑2009, 1990‑1992, 1981‑1982), de classe 4, ont été les plus importantes depuis la moitié des années 1950.