Le raton laveur (Procyon lotor) est un mammifère de taille moyenne qui se reconnaît à son masque facial noir et à sa queue annelée. Il appartient aux Procyonidés, une famille d’omnivores que l’on trouve surtout dans les régions tropicales d’Amérique; il en est le seul représentant canadien. On retrouve le raton laveur dans toutes les provinces, sauf à Terre-Neuve-et-Labrador. Animal nocturne, il s’adapte aisément à son environnement et peut survivre dans les zones urbaines comme dans les habitats sauvages. Les êtres humains considèrent souvent les ratons laveurs comme des animaux nuisibles en raison de leur agilité et de leur persistance à remuer le contenu des poubelles, des jardins et des cultures pour trouver de la nourriture.
Étymologie
Le mot anglais raccoon dérive de la langue algonquine de la Confédération powhatan, formée de tribus autochtones installées dans la région de la Virginie à l’époque de la colonisation britannique. Les mots algonquins aroughcun et aroughcoune signifient « celui qui frotte et gratte avec ses mains ». (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)
Lorsque le raton laveur est introduit en Europe et en Asie, plusieurs cultures adoptent, pour désigner l’animal, des termes qui se traduisent par l’expression « ours laveur ». Cela s’explique par les similitudes physiques entre le raton laveur et l’ours, ainsi que par le fait que le raton laveur semble toujours nettoyer sa nourriture avant de la consommer. C’est ce qui donnera naissance aux noms Waschbär en allemand, orsetto lavatore en italien et araiguma en japonais. Les Français adoptent quant à eux le nom de raton laveur, et ce même terme est utilisé dans la langue canadienne française. Au cours du 18e siècle, les habitants de la Nouvelle-France utilisent le terme chat sauvage comme autre nom pour le raton laveur. Ce nom est toujours reconnu au Québec parmi les générations plus âgées, mais il est tombé en désuétude.
On a récemment vu apparaître sur les réseaux sociaux l’expression humoristique trash panda (panda des poubelles) pour faire référence à l’animal.
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Description physique
Les ratons laveurs sont les plus grands des Procyonidés, une famille constituée de mammifères de taille moyenne originaires d’Amérique. Appartiennent à cette famille les coatis, les kinkajous, les olingos, les olinguitos et les bassaris; toutefois, le raton laveur est le seul membre répertorié au Canada.
Trapu, le raton laveur mesure environ 60 à 95 cm de longueur. Son poids moyen se situe entre 5 et 12 kg. Les mâles sont plus lourds que les femelles. Juste avant l’hiver, le raton laveur va jusqu’à doubler son poids normal. Étant donné qu’il n’hiberne pas, ces réserves de graisses accumulées lui permettent de survivre à l’hiver.
La couleur du pelage du raton laveur varie entre le gris, le brun, le noir et le rouge.
Le saviez-vous?
Certains ratons laveurs, à la naissance, ont un pelage tout blanc. Ces ratons laveurs albinos sont rares, ne représentant qu’environ 1 naissance sur 10 000.
Les ratons laveurs sont faciles à distinguer des autres animaux. Ils ont une longue queue touffue dotée d’anneaux noirs et bruns. La fourrure noire qui encercle leurs yeux évoque le masque d’un voleur. Ce trait particulier a contribué à créer la perception des ratons laveurs comme des animaux espiègles. Les pattes du raton laveur sont une troisième caractéristique propre à l’animal. Les pattes avant ressemblent aux mains humaines et sont d’agilité comparable. Contrairement aux humains, toutefois, leurs pouces ne sont pas opposables à leurs doigts. Les pattes arrière du raton laveur sont plantigrades, ce qui signifie qu’ils marchent sur la plante des pieds comme les humains.
Comportement
Les ratons laveurs s’organisent en « sociétés fission-fusion », terme décrivant un groupe qui se rassemble et se divise fréquemment à l’intérieur de son environnement. On les verra se déplacer en groupes là où des sources fiables de nourriture et de repos existent. En outre, les ratons laveurs peuvent utiliser des latrines ou des « toilettes » communes, soit des zones partagées où ils urinent et laissent leurs excréments.
Les ratons laveurs sont des animaux nocturnes qui chassent et partent en quête de nourriture pendant la nuit. Il arrive souvent qu’ils manipulent leur nourriture dans l’eau, sans que cela signifie pour autant qu’ils nettoient toujours chacun de leurs aliments. Sous l’eau, leur sens du toucher est intensifié. Ils frottent alors leur nourriture pour en éliminer toute partie indésirable. Enfin, après une inspection visuelle, ils la mangent. Ce comportement explique le nom qu’on leur donne dans différentes langues.
Les ratons laveurs sont l’une des rares espèces qui ont su s’épanouir malgré l’expansion humaine. Ceux qui se sont habitués aux environnements urbains sont devenus habiles dans leur inspection des poubelles à la recherche de restes de nourriture humaine. Opportunistes, ils sont naturellement curieux dans leur alimentation. Tous les types de contenants de nourriture les attirent, et très peu leur résistent. Cela est devenu un véritable problème à Toronto, en Ontario, à tel point que la Ville a mis au point en 2016 des bacs verts « à l’épreuve des ratons laveurs ». Cependant, une vidéo prise par la journaliste du Toronto Star Amy Dempsey en 2018 montre des ratons laveurs ouvrant avec facilité ces bacs.
Répartition et habitat
On retrouve les ratons laveurs de la moitié sud du Canada jusqu’au nord du Panama. Au Canada, ils vivent dans la région côtière du sud de la Colombie-Britannique et dans certaines parties de la vallée de l’Okanagan, presque partout en Alberta (sauf dans les montagnes Rocheuses) et dans les moitiés sud de la Saskatchewan, du Manitoba, de l’Ontario et du Québec. Enfin, les ratons laveurs vivent dans les provinces de l’Atlantique, sauf à Terre-Neuve et Labrador.
Le saviez-vous?
Plusieurs Premières nations, dont les Salish de la côte sur la côte ouest et les Mi’kmaq sur la côte est, pratiquaient traditionnellement le piégeage et la chasse aux ratons laveurs pour leur fourrure ou leur viande. On utilisait les peaux pour la confection de vêtements ou le troc avec d’autres peuples.
Depuis son introduction en Europe, le raton laveur commun se retrouve maintenant dans toute l’Europe continentale, surtout en Allemagne et en France. Il a également été introduit au Japon vers la fin des années 1970. Inspirées par une émission de télévision populaire, les familles importaient alors de jeunes ratons laveurs comme animaux domestiques, qu’ils relâchaient ensuite dans la nature une fois devenus vieux et trop lourds. Les ratons laveurs sont désormais considérés comme une espèce envahissante au Japon.
Les ratons laveurs peuvent vivre dans tout type d’habitat pourvu de sources d’eau et de nourriture, et d’un abri adéquat pour construire une tanière pour le repos et l’hivernage. Les tanières de ratons laveurs peuvent être des terriers, des troncs d’ arbres creux, des bûches creuses, des grottes ou encore des terriers abandonnés creusés par d’autres animaux. Dans les villes et les banlieues, les ratons laveurs peuvent élire domicile dans les égouts, les garages, les arbres, les caniveaux et le dessous des porches de maison. Les habitats les plus naturels, pour les ratons laveurs, sont les milieux humides (p. ex., marécages et marais de feuillus), les terres agricoles et les forêts. Les ratons laveurs n’étant pas particulièrement territoriaux, il n’est pas rare de voir leurs habitats se chevaucher.
Alimentation
Les ratons laveurs sont des omnivores opportunistes, ce qui signifie qu’ils mangent toute la nourriture végétale et animale disponible dans leur environnement ou presque. Cela peut inclure les fruits de saison, le maïs, les noix, les œufs d’oiseaux, les insectes, les écrevisses, les palourdes, les grenouilles, les crapauds, les vers, les larves, les escargots et les restes de nourriture humaine. Les ratons laveurs, selon leur habitat particulier, ont des préférences alimentaires qui leur sont propres.
Reproduction et développement
Les ratons laveurs mâles atteignent généralement la maturité sexuelle à l’âge d’environ un an; chez la plupart des femelles, cela se produit un peu plus tôt. La saison de reproduction va de février à juin, variant selon les populations situées du nord au sud. Au Canada, la reproduction a généralement lieu en février et en mars, les bébés ratons laveurs naissant vers le mois de mai. La gestation (ou période pendant laquelle la mère est enceinte) est d’environ 63 à 65 jours. Dans les habitats situés plus au sud, les femelles donnent habituellement naissance à jusqu’à quatre bébés, appelés ratonneaux. Plus au nord, y compris au Canada, les portées peuvent compter jusqu’à sept ratonneaux. Les mâles ne jouent pas de rôle dans l’élevage des petits. Ceux-ci, à la naissance, sont entièrement dépendants de leur mère; toutefois, leur développement est rapide. Au bout de deux mois, les ratonneaux sortent de la tanière, chassent et partent en quête de nourriture avec leur mère. Une fois prêts, les jeunes mâles se dispersent loin de l’habitat de leur mère, tandis que les jeunes femelles ont tendance à demeurer à proximité.
La longévité du raton laveur est de 3 à 5 ans à l’état sauvage. Les menaces les plus communes sont la chasse, le piégeage, les collisions avec des véhicules, la malnutrition et l’empoisonnement. Les ratons laveurs peuvent nuire aux agriculteurs, qui tentent parfois de les éliminer de leurs propriétés. En captivité (dans un zoo, par exemple), on a déjà vu des ratons laveurs atteindre l’âge de 21 ans.
Relations avec les humains
Les ratons laveurs sont souvent perçus comme des animaux nuisibles en raison de leur mobilité pour ainsi dire infinie pour trouver de la nourriture. Les ratons laveurs font parfois irruption dans les poulaillers pour manger des œufs et des oisillons. Dans leur recherche de sources de nourriture, ils peuvent endommager les cultures végétales. Dans les villes et les banlieues, les ratons laveurs accèdent parfois aux greniers et aux garages, où ils causent des dommages aux objets ménagers dans leur quête pour trouver de la nourriture.
Les experts de la faune déconseillent aux gens de domestiquer les ratons laveurs. À certains endroits, cela est même interdit. Les ratons laveurs sont des animaux sauvages. Les jeunes aiment bien la compagnie des humains, mais deviennent plus agressifs à l’âge adulte. De plus, les ratons laveurs requièrent une grande quantité d’exercice et peuvent détruire le mobilier d’une maison. Des centres de réadaptation des espèces sauvages peuvent prendre en charge les ratons laveurs orphelins ou blessés pour une éventuelle mise en liberté dans la nature.
Les ratons laveurs peuvent être porteurs de la rage, un virus mortel transmissible par morsure. Comme il n’existe aucun remède contre la rage, on invite la population à éviter les ratons laveurs dont l’aspect ou le comportement semblent anormaux. En outre, les ratons laveurs sont largement touchés par un autre virus du nom de maladie de Carré, en plus d’être vulnérables à la panleucopénie féline. Ces virus, bien que ne se propageant pas aux humains, peuvent être transmis aux animaux domestiques, comme les chiens, les chats et les furets (voir Maladies animales).