Pur-sang, courses de | l'Encyclopédie Canadienne

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Pur-sang, courses de

 Certains considèrent les courses de chevaux comme un sport de riches, fondé sur une longue tradition à laquelle l'histoire a accordé beaucoup d'importance. D'autres voient aussi leur côté sombre puisqu'elles sont associées aux paris et à la sous-culture des nouveaux riches qui en résulte.
Wilson, Emma-Jayne
 Piste de courses de Woodbine
Toronto, lieu où se dispute le Queen's Plate (avec la permission de la Commission canadienne du tourisme).
Northern Dancer
Northern Dancer avec son propriétaire, E. P. Taylor et son jockey, Bill Hartack, après avoir remporté la course Queen's Plate en 1964 (avec la permission du Temple de la renommée des sports du Canada).

Pur-sang, courses de

Les courses de pur-sang réunissent des chevaux de race qui courent sur des pistes dont la longueur, en Amérique du Nord, varie de moins d'un mille à un mille et demi (1,6 à 2,4 km). Au Canada et aux États-Unis, les courses de plat sur gazon ou sur terre sont la règle. En Europe, on trouve les courses de plat et les courses d'obstacles où cheval et cavalier doivent franchir une série d'obstacles (des haies par exemple). Tous les chevaux pur-sang sont les descendants des chevaux arabes, turcs et barbes importés en Angleterre dans les années 1600. En fait, la plupart des pur-sang ont comme ancêtre commun l'un des trois chevaux suivants : Byerly Turk, Godolphin Arabian et Darley Arabian.

Certains considèrent les courses de chevaux comme un sport de riches, fondé sur une longue tradition à laquelle l'histoire a accordé beaucoup d'importance. D'autres voient aussi leur côté sombre puisqu'elles sont associées aux paris et à la sous-culture des nouveaux riches qui en résulte. Cette dichotomie existe depuis les débuts des courses de chevaux au Canada. Il est évident que le sport a toujours été populaire, particulièrement dans une société de pionniers où le cheval représente un moyen de transport essentiel. Néanmoins, en 1771, les autorités d'Halifax interdisent les courses de chevaux sous prétexte qu'elles transforment les citoyens en joueurs paresseux et immoraux. Malgré cela, le Halifax Turf Club est fondé et tient sa première assemblée en 1825.

Être propriétaire d'un cheval, même au prix de sévères privations, est un symbole de statut social aux yeux des Canadiens français et les courses de chevaux sont très populaires dans le Bas-Canada (Québec) à la fin du 18e et au 19e siècle, à tel point que les chroniques sportives des journaux leur accordent, à l'époque, presque autant d'importance qu'à tous les autres sports réunis. Le Québec Turf Club est fondé en 1789 et, en 1836, la course du Trophée du roi (King's Plate), accompagnée d'une bourse de 100 guinées, a lieu pour la première fois à Trois-Rivières. Initialement, la course est réservée aux chevaux élevés dans le Bas-Canada mais, en 1859, on admet les chevaux du Haut-Canada. L'année suivante, la course du Trophée de la reine (QUEEN'S PLATE) a lieu à Toronto pour la première fois. Cette course, qui depuis a lieu chaque année, est la plus vieille en Amérique du Nord (15 ans de plus que le derby du Kentucky). En 1860, le gagnant de cette course est un cheval appelé Don Juan, propriété de James White Stable de Bronte et Milton (Ontario). Les petits éleveurs aux moyens limités peuvent, à cette époque, espérer gagner la course. C'est aussi l'époque où la qualité des chevaux est discutable et les agissements d'un grand nombre de propriétaires suspects. En 1865, les juges disqualifient trois chevaux avant de faire connaître le gagnant du Trophée de la reine. Dix ans plus tard, le gagnant de la course la plus prestigieuse au Canada est Trumpeter, un cheval de huit ans n'ayant pas connu de succès auparavant.

En août 1881, le colonel Casimir GZOWSKI et quelques-uns des citoyens les plus respectables de Toronto fondent l'Ontario Jockey Club afin de « sortir les courses de chevaux de la boue ». À titre de premier président du club, Casimir Gzowski cherche à redorer le blason du sport en le débarrassant de sa mauvaise réputation et en améliorant la qualité des pur-sang canadiens. Un important pas est franchi lorsque, deux ans plus tard, le club obtient que le Gouverneur général et sa femme, le marquis de Lorne et la Princesse Louise (quatrième fille de la Reine Victoria), assistent à la course du Trophée de la reine. Dès lors, la course a lieu à Toronto et gagne l'intérêt des Canadiens les mieux nantis. En 1891, un cheval nommé Terror Colt, appartenant à Joseph Seagram, riche distillateur de Waterloo (Ontario), remporte la première d'une série de 20 victoires revenant aux écuries Seagram. L'ère des riches propriétaires commence.

Le sport est aussi soutenu par le pari de 2 $ qui captive l'intérêt et contribue, au fil des années, à assurer aux courses une couverture dans les journaux. Au tournant du siècle, les activités des agents de paris suffisent à effrayer les clients les plus courageux. Ces agents font courir leurs chevaux en empruntant le nom d'autres chevaux, ils arrangent les courses et on modifie les cotes en leur faveur. Finalement, en 1910, le Parlement canadien, par une majorité d'une seule voix, interdit ce type de commerce. L'année suivante, la création du pari mutuel aux pistes de course de Toronto, de Winnipeg et de Calgary rend le pari plus équitable et contribue à sauver le sport.

Dans l'Ouest canadien, le sport subit une relance grâce à R.L. « Jim » Speers, commerçant de grain et de fourrage qui a quitté Toronto pour Winnipeg et qui deviendra le doyen de ce sport. En 1922, il achète sa première piste de course et, en 1925, il en possède trois autres. Il finit par avoir la mainmise sur les pistes et les courses à Winnipeg, Regina, Saskatoon, Calgary et Edmonton. Comme il est difficile d'obtenir des chevaux de qualité qui attireraient les foules lors des courses, « Jim » Speers met sur pied sa propre ferme d'élevage à Winnipeg qui, dès le milieu des années 1930, est la plus grande au pays.

Les difficultés économiques que connaît l'ensemble du Canada dans les années 1930 affectent l'opération des pistes de course et intensifient les abus associés à ce sport. Cependant, les efforts soutenus du gouvernement et des dirigeants de pistes de course viennent à bout des abus à la fin des années 1940. Le sport est en train de devenir un commerce et E.P. TAYLOR joue un rôle important dans cette transformation qui rendra plus efficaces les courses de chevaux. Taylor est responsable de la fermeture des vieilles pistes non rentables et organise des journées de course à la piste reconstruite de Fort Érié et à Woodbine (nouvelle grande piste au nord-ouest de Toronto). Ainsi, la saison des courses est plus longue et, conséquemment, le nombre de spectateurs augmente, les bourses sont plus importantes et de meilleurs chevaux participent. En 1949, Taylor achète aussi les écuries Parkwook de R.S. MCLAUGHLIN, pionnier canadien de l'automobile et un des plus grands éleveurs de chevaux de course dans les années 1930 et 1940. Le nom des écuries est changé pour National Stud Farm, d'où seront issus 15 gagnants de la course du Trophée de la reine, y compris le légendaire NORTHERN DANCER. Résultat d'un programme d'élevage à long terme établi par Taylor, ce petit cheval trapu démontre une volonté de gagner inouïe : en 1964, il est le premier cheval d'élevage canadien à remporter le derby du Kentucky. Il remporte aussi le Preakness, enlevant ainsi deux pierres précieuses à l'American triple crown. Après une blessure à une patte la même année, il assumera le rôle d'étalon. Ses victoires totalisent 580 000 $ en bourses. Durant sa deuxième année en tant que reproducteur, il engendre le magnifique NIJINSKY, qui aura une brillante carrière en Europe et remportera le derby d'Epsom, le derby irlandais et plusieurs autres courses de chevaux importantes. Un autre de ses descendants, The Minstrel, remporte 2 millions de dollars en bourses en 1977. On dit que Northern Dancer est l'ancêtre de tous les véritables pur-sang d'Amérique du Nord.

En 1973, Ron TURCOTTE du Nouveau-Brunswick et son cheval Secretariat remportent la victoire à l'American triple crown. Cinq ans plus tard, Ron Turcotte fait une chute de cheval qui le laisse paralysé, ce qui met fin à sa carrière. Il a eu le temps, cependant, de se distinguer comme l'un des meilleurs jockeys nord-américains. La même année, Sandy HAWLEY, de Mississauga (Ontario), remporte 515 victoires et devient le premier jockey à dépasser le cap des 500 victoires en un an. Dix ans plus tard, Sunny's Halo remporte le derby du Kentucky et, en 1991, Dance Smartly remporte le Distall Breeder's Cup (Coupe des éleveurs); il est le premier cheval d'élevage canadien à remporter cette coupe. En septembre 1980, Sandy Hawley, alors âgé de 31 ans, remporte la 4 000e victoire de sa carrière et devient ainsi l'un des dix jockeys à réaliser un tel exploit. En 1992, il est le huitième jockey à avoir obtenu 6 000 victoires. Au cours de sa carrière, Jeffery Fell remporte plus de 2 600 victoires avant de prendre sa retraite en 1986. Auparavant, Johnny LONGDEN avait obtenu 6 032 victoires entre 1927 et 1966. Son contemporain, George Woolf, baptisé « Iceman » pour son sang-froid sur la selle, monte de nombreux chevaux victorieux, dont Seabiscuit, qui l'emportera sur War Admiral en 1938. George Woolf meurt en 1946 dans un accident de course. Un autre jockey qui se distingue à cette époque est le Terre-neuvien Nick Wall; il monte Stagehand et remporte le derby de Santa Anita en 1938. De son côté, Avelino Gomez remporte 4 078 victoires et arrive au premier rang des jockeys nord-américains en 1966. Il est tué dans un accident à Woodbine, lors de la course du Canadian Oaks, en juin 1980.

Récemment, les femmes font leurs preuves dans les courses de pur-sang. En effet, en 2006, Josie Carroll devient la première entraîneuse d'un cheval se méritant le Trophée de la reine et, en 2007, Emma-Jayne WILSON devient la première jockey à remporter une course.

George Woolf, Johnny Longden, Sandy Hawley, Ron Turcotte et Avelino Gomez sont honorés au Racing Hall of Fame des États-Unis. Le Temple de la renommée canadien du cheval, situé à Toronto, rend hommage aux jockeys, aux chevaux et à ceux et celles qui ont contribué de façon importante aux courses de chevaux au Canada. La Woodbine Racetrack, à Toronto, est actuellement la meilleure piste au Canada, et la bourse Pattison Canadian International, totalisant 2 millions de dollars, est actuellement la plus riche au pays.

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