L’histoire des données démographiques consignées du Canada débute au 16e siècle avec l’arrivée des Européens. Les peuples autochtones ont par la suite été dépeuplés, en grande partie en raison des maladies épidémiques. Les taux élevés de fertilité et d’immigration ont entraîné une croissance rapide de la population totale du pays jusqu’au milieu du 19e siècle, époque où elle a légèrement ralenti. La croissance démographique a continué d’être lente durant la Première Guerre mondiale, la crise des années 1930, et la Deuxième Guerre mondiale. À la suite de cette période, les taux de croissance ont recommencé à augmenter. Aujourd’hui, la croissance démographique du Canada dépend de la migration internationale. Lors du recensement de 2021, la population du Canada était de près de 37 millions d’habitants (36 991 981).
Termes clés : Population
Taux de natalité : nombre de naissances vivantes pour 1 000 personnes dans une population au cours d’une année donnée.
Taux de mortalité : nombre de décès pour 1 000 personnes dans une population au cours d’une année donnée.
Taux de fécondité : nombre de naissances vivantes pour 1 000 femmes dans une population, dans une tranche d’âge spécifique, au cours d’une année donnée.
Indice synthétique de fécondité : estimation du nombre moyen d’enfants qu’une femme aura au cours de sa vie, selon le taux de fécondité de l’année donnée.
Taux d’accroissement naturel : excédent ou déficit de naissances par rapport aux décès au cours d’une année donnée, exprimé en pourcentage de la population.
Migration nette : effet combiné de l’immigration et de l’émigration sur la population d’une région.
Taux de croissance : taux selon lequel une population augmente ou diminue au cours d’une année donnée, en raison de l’accroissement naturel et de la migration nette, exprimé en pourcentage de la population.
Histoire de la population
Population autochtone
Il n’existe pas de comptes définitifs de la population de l’Amérique du Nord, et en particulier celle du Canada, avant l’arrivée des Européens. Cependant, des chercheurs ont produit un certain nombre d’estimations en utilisant une variété de méthodes et d’hypothèses. Ces estimations de la population autochtone de l’Amérique du Nord, excluant le Mexique, varient entre 1,5 million et 7 millions, et vont même jusqu’à 18 millions.
Malgré l’incertitude de ces estimations, la plupart des chercheurs s’accordent pour dire qu’un important dépeuplement des populations autochtones s’est produit après l’arrivée des Européens. On estime que ce dépeuplement commence au cours du 16e siècle. L’introduction de maladies hautement contagieuses comme le typhus, la variole et la rougeole s’avère catastrophique pour les Autochtones, qui n’ont pas d’immunité acquise contre ces maladies mortelles. Au cours des trois siècles qui suivent le premier contact avec les Européens, ces épidémies, et plus particulièrement celle de variole, entraînent l’effondrement des populations autochtones vivant dans ce qui est aujourd’hui les États-Unis et le Canada.
Les effets dévastateurs du colonialisme et des guerres entre tribus contribuent également au déclin. À la fin des années 1800, les populations autochtones de l’Amérique du Nord (englobant les États-Unis, le Canada et le Groenland) atteignent un minimum de seulement 375 000 personnes en 1900. Au cours des deux premières décennies du 20e siècle, ce chiffre rebondit et s’engage dans une trajectoire de croissance à long terme. Les raisons de cette croissance comprennent des taux élevés de fécondité, et des taux de mortalité en baisse. Des améliorations socioéconomiques progressives entraînent ces tendances. (Voir aussi Démographie des Autochtones; Santé des Autochtones.)
De la Nouvelle-France à la Confédération : 1608–1867
À partir du 17e siècle, les révolutions agricoles et industrielles en Europe de l’Ouest entraînent l’expansion de la population européenne et la colonisation du Canada par les Européens. Les Français comptent parmi les premiers explorateurs du Canada. L’établissement de la Nouvelle-France est principalement la conséquence de préoccupations politiques et militaires, de recherche de richesses naturelles, et du désir de l’Église catholique de convertir les peuples autochtones. (Voir aussi Exploration.)
En 1608, au moment de la fondation de la Nouvelle-France, Samuel de Champlain et ses compagnons ne sont que 28. Seuls huit d’entre eux survivent à leur premier hiver dans la nouvelle colonie. En 1666, ce petit groupe de colons, combiné à des arrivées périodiques en provenance de la France, connaît une croissance phénoménale et atteint une population de 3 216 habitants. Un an après la conquête anglaise de 1759, alors que la Nouvelle-France est constituée de Montréal, de Québec et de Trois-Rivières, la population atteint 70 000 habitants. À la fin du 19e siècle, la population s’élève à 200 000 habitants. La majeure partie de cette croissance est le résultat d’une fécondité exceptionnellement élevée et de taux de mortalité relativement bas.
L’immigration est également un facteur de croissance de la colonie. Par exemple, entre l’année de sa fondation en 1608 et l’année 1650, la Nouvelle-France accueille environ 25 000 immigrants, mais seulement 15 000 d’entre eux s’y installent de façon permanente. De ces colons, 10 000 laissent des descendants dans la colonie. La vaste majorité de ces premiers migrants, principalement originaires de Normandie, de la région autour de Paris et du centre-ouest de la France, sont des hommes : des soldats, des travailleurs sous contrat, des ecclésiastiques, et même quelques prisonniers. Toutefois, entre 1663 et 1673, la Couronne française subventionne l’immigration de centaines de jeunes femmes en âge de se marier. Appelées les Filles du roi, ces jeunes femmes contribuent à équilibrer l’écart entre les sexes. Après la Révolution américaine, la population non française augmente à mesure que les loyalistes britanniques émigrent des États-Unis vers le Canada.
En 1761, la population du Canada est d’un peu moins de 76 000 habitants, et elle passe à 102 000 habitants en 1771. Soixante ans plus tard, en 1831, la population du Canada dépasse tout juste la barre du million. Entre 1761 et 1811, la population a augmenté rapidement à un taux annuel de 3,9 % en raison de niveaux élevés de fécondité et d’immigration. La croissance se poursuit à un rythme soutenu de 1811 à 1861, à une moyenne de 3,7 % par année, mais elle ralentit considérablement au cours des quatre dernières décennies du 19e siècle en raison de taux élevés d’émigration vers les États-Unis, et de la baisse de taux de natalité.
De la Confédération à la Première Guerre mondiale
Au moment de la Confédération en 1867, la population du Canada est de 3,4 millions d’habitants. Le pays est constitué du Bas-Canada ( Québec), du Haut-Canada (Ontario), de la Nouvelle-Écosse, et du Nouveau-Brunswick. Alors que le 20e siècle approche, la population connaît une baisse des taux de natalité et de mortalité, même si en termes absolus, elle continue de croître. Entre 1901 et 1911, la population connaît une croissance significative de près de 3 % par année en raison d’une forte immigration, principalement dirigée vers les provinces de l’Ouest (voir aussi Prairies occidentales). À la fin de cette période, la population du Canada atteint 7,2 millions d’habitants.
De la Deuxième Guerre mondiale à aujourd’hui
Une période instable suit la Première Guerre mondiale, culminant avec la crise des années 1930. Il s’agit d’une période de faible fécondité et de faible immigration. La croissance de la population ralentit considérablement. Toutefois, cette longue baisse de fécondité est interrompue par la Deuxième Guerre mondiale. Après la fin de la guerre, le pays connaît une longue période de développement économique qui stimule une augmentation significative de l’immigration, surtout en provenance d’Europe, et de la fécondité. De 1941 à 1951, le taux de croissance annuel moyen au Canada est d’un peu moins de 2 % par an. Toutefois, durant le baby-boom, entre 1946 et 1966, les taux de fertilité atteignent des niveaux inégalés depuis le début du 20e siècle. Par conséquent, la population augmente en moyenne de 2,7 % par année pendant la décennie de 1951 à 1961. En 1961, la population est de 18 millions d’habitants.
L’année 1966 marque la fin du baby-boom d’après-guerre. Depuis le début des années 1970, la population continue d’augmenter, bien que ce soit à des taux relativement inférieurs par rapport aux périodes précédentes. Entre le recensement de 2016 et celui de 2021, la population du Canada augmente de 5,2 %, soit de 35 151 728 habitants à 36 991 981 habitants.
Composantes de la croissance démographique
La croissance démographique comprend deux composantes : l’accroissement naturel et l’accroissement migratoire net. L’accroissement naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès pendant une période donnée. L’accroissement migratoire net est la différence entre le nombre d’immigrants arrivant au pays et le nombre d’émigrants quittant le pays.
Avec un taux annuel d’accroissement naturel d’environ 1 % depuis 1971, le Canada est caractérisé par une population industrielle et urbaine qui a connu une transition démographique qui passe de niveaux élevés de natalité et de mortalité élevés à des niveaux faibles. Historiquement, l’accroissement naturel représentait environ les deux tiers de la croissance démographique. Cependant, depuis 2001, cette composante a diminué d’environ un tiers, tandis que l’accroissement migratoire net est devenu de plus en plus important.
Deux facteurs sont au cœur de ce changement dans l’importance relative des deux composantes de croissance. Le premier facteur est la baisse rapide de la fécondité à la fin des années 1960 et dans les années 1970, ainsi que son niveau relativement constant depuis cette époque. Ceci entraîne une baisse du nombre annuel de naissances, du niveau record historique de 479 275 naissances en 1959 à un niveau moyen inférieur de 400 000 naissances par année. Le deuxième facteur est le nombre de décès par année qui augmente au cours de la même période en raison de la population vieillissante. Ensemble, ces changements démographiques signifient que le nombre de naissances et de décès évolue en direction d’un point de convergence depuis la fin du baby-boom. Par conséquent, la migration internationale nette joue un rôle de plus en plus important dans la croissance démographique du Canada.
Mortalité et longévité
Les taux de mortalité diminuent depuis la dernière moitié du 19e siècle. Les principaux gains en espérance de vie depuis 1900 peuvent être attribués aux développements en matière de santé publique, notamment la vaccination des enfants, ainsi qu’à l’amélioration des niveaux de la nutrition, de l’hygiène personnelle, l’amélioration des conditions de logement, et l’élévation du niveau de vie. Les innovations médicales, plus particulièrement la découverte des antibiotiques dans les années 1930, ont joué un rôle majeur dans l’explication des gains en espérance de vie.
Les améliorations les plus frappantes dans la mortalité ont eu pour conséquence une réduction considérable des taux de mortalité infantile et une augmentation consécutive de l’espérance de vie. En 1931, le nombre d’années qu’une personne pouvait espérer vivre à la naissance était de 60 ans pour les hommes et de 62,1 ans pour les femmes. En 2014, l’espérance de vie est montée à 79,7 ans pour les hommes et à 83,9 ans pour les femmes, soit une espérance de vie moyenne de 81,8 ans. Entre 1921 et 2014, le gain de l’espérance de vie globale des Canadiens a progressé de 24,7 ans. Près de la moitié de cette amélioration s’est produite entre 1921 et 1951, encore une fois en grande partie en fonction de la baisse des taux de mortalité infantile. En comparaison, la baisse des taux de mortalité due aux maladies circulatoires explique la plupart des gains d’espérance de vie depuis 1951.
Au début des années 1970, la mortalité infantile a considérablement diminué. Aujourd’hui, les taux de mortalité des nourrissons canadiens sont parmi les plus bas au monde, soit 4,5 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2020. Les taux de survie de la population âgée de 60 ans et plus ont également augmenté au cours de la seconde moitié du 20e siècle. Ceci, combiné aux taux de fécondité inférieurs au seuil du remplacement depuis plus de quatre décennies, a accéléré le rythme de vieillissement de la population du Canada.
Comparativement aux États-Unis, l’espérance de vie au Canada a toujours été plus longue, bien qu’elle soit assez semblable à celle de plusieurs pays européens (par exemple la France, la Suède, la Norvège et l’Islande). Aujourd’hui, les femmes japonaises ont l’espérance de vie la plus élevée au monde.
Après les nourrissons, ce sont les femmes qui constituent le deuxième sous-groupe en importance à connaître d’importants gains en matière de probabilité de survie à partir de la moitié du 20e siècle, plus particulièrement les femmes en âge de procréer. Les améliorations apportées à la chirurgie et aux antibiotiques dans le domaine obstétrique ont considérablement réduit le risque de mortalité des mères due aux complications de la grossesse et de l’accouchement. Au cours de l’histoire, ces risques ont été les principales causes de décès prématurés chez les femmes (voir Méthodes d’accouchement).
En raison de la croissance démographique et du vieillissement de la population, le nombre de décès augmente chaque année, atteignant 285 270 en 2019. Il s’agit d’une augmentation importante comparativement au total de 168 183 décès de 1979. Aujourd’hui, les deux principales causes de décès chez les Canadiens sont le cancer et les maladies cardiaques.
Fécondité
Avant le 19e siècle, les niveaux de fécondité en Amérique du Nord sont aussi élevés, sinon plus, que les niveaux actuels trouvés dans de nombreux pays moins développés dans le monde. À mesure que le Canada se développe et que les conditions de vie s’améliorent, le taux de natalité baisse de manière régulière par rapport aux premiers taux d’environ 50 naissances pour 1000 habitants. Lorsque les années 1920 arrivent, le taux de natalité est passé sous la barre de 30 naissances et, en 1937, il atteint un minimum de 20 naissances pour 1000 habitants. La Deuxième Guerre mondiale relance l’économie et renverse la tendance à la baisse du taux de natalité. Les taux atteignent des niveaux records durant le baby-boom, soit 28,9 % en 1947 et 28,5 en 1954, avant de reprendre un déclin à long terme au début des années 1960. Ce déclin se produit dans un contexte de changements sociaux importants, notamment en ce qui a trait au rôle et au statut de la femme dans la société. À partir des années 1960, on voit des progrès significatifs dans le niveau d’éducation des femmes, et dans leur participation à la population active rémunérée. De plus, des méthodes de contraception efficaces sont plus accessibles (voir aussi Femmes dans la population active). Tous ces facteurs contribuent au déclin des taux de fertilité.
Depuis le milieu des années 1970, le nombre de naissances est inférieur à 400 000 par année et l’indice synthétique de fécondité se situe entre 1,5 et 1,7 enfant par femme. Ces chiffres sont nettement inférieurs au niveau de fécondité de 2,1 nécessaire pour assurer le remplacement à long terme des générations d’une population au faible taux de mortalité comme le Canada. La tendance persistante de faible fécondité depuis près d’un demi-siècle donne peu de raisons d’espérer un retour au niveau de remplacement. En 2019, l’indice synthétique de fécondité est de 1,47 enfant par femme, bien en deçà de l’indice du taux de 3,85 enregistré en 1959 au plus fort du baby-boom.
Immigration
Au cours des 160 dernières années, le Canada a connu des vagues importantes d’immigration, enregistrant à différents moments des gains ou pertes nets. Des pertes notables ont eu lieu au cours des quatre dernières décennies du 19e siècle, soit de 1861 à 1901, ainsi qu’entre 1931 et 1941 (une période qui comprend la crise des années 1930). Pendant ces périodes, la croissance démographique est entièrement le fruit de l’accroissement naturel, qui a plus que compensé les pertes migratoires nettes.
Malgré ces tendances négatives, il est important de souligner qu’entre 1861 et 1901, le Canada connaît une certaine immigration, principalement en provenance d’Europe. De plus, à partir de 1880, le pays accueille de nombreux immigrants à la fois d’Europe et d’Asie, en grande partie en raison des besoins en main-d’œuvre pour la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique. Plusieurs personnes quittent le Canada entre 1873 et 1896, d’une part attirées par les usines aux États-Unis, et d’autre part repoussées par le manque de débouchés économiques de l’époque.
Les années 1930 voient une autre période de déclin considérable dans le nombre d’immigrants admis au Canada. Alors que dans les années 1920, le pays accueille en moyenne 123 000 nouveaux arrivants par année, ce chiffre chute à environ 16 000 par année au cours des années 1930.
Deux périodes de gains migratoires nets marquent l’histoire de l’immigration canadienne. De 1901 à 1911, tout juste avant le début de la Première Guerre mondiale, le Canada connaît sa plus importante vague d’immigration jamais enregistrée. Pendant cette période, plus de deux millions d’immigrants, la plupart d’Europe, arrivent au pays, et ils s’installent plus particulièrement dans les provinces de l’Ouest où on leur offre des terres gratuites (voir aussi Histoire de la colonisation dans les Prairies occidentales). En 1913, plus de 400 000 immigrants arrivent, ce qui représente le plus grand afflux annuel de l’histoire canadienne.
La deuxième grande vague d’immigration a lieu entre 1941 et 1961, une période qui comprend la Deuxième Guerre mondiale et sa fin, ainsi que le baby-boom d’après-guerre. L’immigration s’intensifie durant cette époque; au total, on compte 2,14 millions arrivées. Les plus grands afflux d’immigration ont lieu en 1951 et en 1957, alors que le pays accueille respectivement 194 391 et 282 164 nouveaux arrivants.
Au début des années 1960, les modifications apportées à la politique d’immigration encouragent l’immigration. Le gouvernement canadien supprime les restrictions de longue date fondées sur les origines raciales et ethniques, et il introduit des critères de sélection fondés sur l’éducation, les compétences professionnelles et les besoins en matière de main-d’œuvre. D’autres changements sont apportés à la politique d’immigration lorsque, en 1976, le gouvernement présente la Loi sur l’immigration. En vertu de cette loi, les réfugiés deviennent une catégorie distincte d’immigrants pour la première fois dans l’histoire du Canada, et la planification gouvernementale en matière de future immigration devient obligatoire.
Au cours de la deuxième moitié de la décennie de 1971-1981, le Canada est l’un des trois principaux pays qui accueillent des immigrants au monde. De 1976 à 1981, une moyenne annuelle de 122 000 immigrants arrive au pays. Malgré des taux de chômage continuellement élevés en 1982, le Canada s’engage publiquement à maintenir des plafonds d’immigration entre 135 000 et 145 000 jusqu’en 1984. Le gouvernement s’engage également à augmenter ces plafonds dans les années qui suivent afin de compenser en partie les effets de la baisse de la croissance démographique. Toutefois, entre 1980 et 1985, l’immigration diminue, passant de 143 117 à 84 302 arrivants, alors que les pressions pour recevoir davantage d’immigrants et de réfugiés demeurent élevées. Le nombre d’immigrants arrivant au Canada augmente au cours de la deuxième moitié des années 1980, atteignant près de 255 000 immigrants en 1992. À la fin des années 1990, le gouvernement fixe des niveaux cibles pour le nombre d’immigrants et de réfugiés à des chiffres entre 200 000 et 225 000 et, à l’exception de 1997-1998 et de 1998-1999, ces niveaux sont atteints. Entre 2000 et 2018, les taux d’immigration augmentent à nouveau, atteignant une moyenne de près de 257 000 par an. Il est à noter qu’au cours de cette période, 2015–2016 est l’année où le Canada accueille 323 192 immigrants, un chiffre obtenu en grande partie grâce à la réponse du Canada à la crise des réfugiés syriens.
Structure démographique
Proportion hommes-femmes
Un nombre relativement plus élevé de jeunes hommes adultes que de jeunes femmes immigrent au Canada au cours des premières années. À la suite d’une immigration massive au cours de la première décennie du 20e siècle, le recensement de 1911 rapporte 113 hommes pour 100 femmes vivant au Canada. Depuis 1921, la proportion d’hommes par rapport aux femmes baisse graduellement dans l’ensemble du pays. Actuellement, il y a un peu plus de femmes que d’hommes au Canada, et la proportion hommes-femmes est tout juste sous 100 hommes pour 100 femmes. Ce léger déséquilibre en faveur des femmes est surtout dû aux taux de mortalité plus élevés chez les hommes à presque tous les âges. Dans la plupart des populations, le ratio homme-femme à la naissance est en moyenne de 105 hommes pour 100 femmes. Toutefois, le nombre relatif d’hommes par rapport aux femmes diminue progressivement avec l’âge, toujours en raison de la mortalité masculine plus élevée. En 2021, environ 54 % de la population canadienne âgée de 65 ans et plus sont des femmes, ce nombre monte à près de 63 % pour les personnes âgées de 85 ans et plus, et monte encore à près de 81 % pour les personnes âgées de 100 ans ou plus.
Composition par âge
Au fil du temps, la population canadienne vieillit progressivement. Une exception notable s’est produite au cours des années du baby-boom lorsque, entre 1951 et 1966, l’âge moyen de la population du Canada est passé de 27,7 ans à 25,4 ans. Cependant, entre 1976 et 2016, l’âge médian de la population augmente considérablement, passant de 26,2 à 40,7 ans. De même, entre les recensements de 2011 et de 2016, le Canada enregistre la plus forte hausse du nombre de personnes âgées (personnes de plus de 65 ans) depuis la Confédération. En date de 2021, les personnes âgées représentent près de 19 % de la population du pays. Les facteurs contribuant à la population vieillissante du Canada incluent la génération vieillissante des baby-boomers, l’augmentation de l’espérance de vie, et les faibles taux de fécondité.
Ces niveaux de vieillissement de la population contrastent fortement avec certains des pays les moins développés sur le plan économique qui, en raison de taux de natalité historiquement élevés, continuent de se caractériser par une proportion relativement élevée de personnes âgées de moins de 15 ans et un faible pourcentage de personnes âgées de plus de 65 ans. Néanmoins, alors que les taux de natalité chutent un peu partout dans le monde, toutes les populations vieillissent à divers degrés.
Diversité ethnique
Depuis 1901, lorsque les premières données ethniques ont été recueillies, mesurer la composition ethnique du pays est devenu de plus en plus complexe. De multiples facteurs contribuent à cette complexité, incluant : la compréhension, les opinions et la conscience des répondants concernant leur propre appartenance ethnique; le nombre croissant de mariages mixtes entre groupes ethniques (ce qui mène à la déclaration d’origines ethniques multiples); et les changements apportés au format du questionnaire (y compris la liste d’exemples fournie). (Voir aussi Recensement canadien.) Les informations sur la population née à l’étranger sont plus simples et plus faciles à comparer d’un recensement à l’autre. Toutefois, en limitant ce discours aux immigrants récents, le nombre de personnes nées à l’étranger dépeint également un tableau incomplet de la composition ethnique du Canada. Pour ces raisons, les données sur les personnes nées à l’étranger et les données sur l’origine ethnique autodéclarée sont examinées ici.
Population née à l’étranger
En 2016, 21,9 % de la population du Canada est née dans un autre pays, selon le recensement de cette année-là. En pourcentage de sa population, le Canada a le nombre le plus élevé de résidents nés à l’étranger parmi les pays membres du G7.
Le nombre de personnes nées en Asie a considérablement augmenté au fil du temps. Selon le recensement de 2016, la plupart des personnes qui ont immigré au pays entre 2011 et 2016 étaient originaires des Philippines (15,6 %), suivies de l’Inde (12,1 %) et de la Chine (10,6 %). Durant cette période, un grand nombre d’immigrants sont également venus d’Iran, du Pakistan, des États-Unis, de la Syrie, du Royaume-Uni, de la France, et de la Corée du Sud.
Le changement en faveur des pays non européens comme lieux de naissance des immigrants canadiens résulte en partie de l’élimination des aspects discriminatoires des politiques d’immigration au cours des années 1960 et 1970.
Origine ethnique
Le recensement canadien de 1901 rapporte 25 différents groupes ethniques; en 2016, plus de 250 groupes sont dénombrés dans le recensement. Alors qu’historiquement, le principal lieu de naissance des immigrants récents était l’Europe, la proportion d’immigrants nés en Europe a diminué avec le temps. Par exemple, ils étaient 61,6 % en 1971, et en 2016, ce chiffre est passé à seulement 11,6 %.
Sur les questionnaires du recensement, les gens peuvent déclarer une ou plusieurs origines ethniques. En 2016, l’ethnicité la plus citée était l’origine canadienne, représentant 32,3 % de la population, suivie par l’origine anglaise (18,3 %) et l’origine écossaise (13,9 %). Les autres ethnicités fréquemment citées sont les Français, les Irlandais, les Allemands, les Chinois, les Italiens, les Premières Nations, et les Indiens d’Asie.
Depuis le recensement de 2001, on voit une croissance considérable de la population des minorités visibles du Canada (des personnes autres qu’autochtones, qui ne sont pas de race blanche). En 2011, près de 6 264 800 personnes s’identifient comme faisant partie de la population des minorités visibles dans le questionnaire de l’Enquête auprès des ménages, ce qui représente environ une personne sur 5 (19,1 %) au Canada. Lors du recensement de 2016, ce chiffre est passé à 7 674 580 (22,3 %).
La croissance de la population des minorités visibles est largement due à l’augmentation de l’immigration provenant de pays non européens. En 2016, les Sud-Asiatiques, les Chinois et les Noirs représentent 61,2 % de la population des minorités visibles, suivis par les Philippins, les Arabes, les Latino-Américains, les Asiatiques du Sud-Est, les Asiatiques occidentaux, les Coréens, et les Japonais.
Population autochtone
La compilation du nombre d’Autochtones au pays présente des défis semblables à ceux impliqués dans l’évaluation de la composition ethnique globale du Canada. Statistique Canada utilise des définitions multiples et différentes des peuples autochtones, incluant les personnes ayant une descendance autochtone, celles qui déclarent une identité autochtone, celles qui sont inscrites en vertu de la Loi sur les Indiens, et celles qui déclarent être membres d’une bande ou d’une Première Nation. Au cours d’une même année de recensement, les effectifs de ces différentes catégories varient considérablement. Tout comme pour l’origine ethnique, les questions ayant trait à la descendance et à l’identité autochtone reposent sur la perception et la connaissance des répondants quant à leur appartenance ethnique. L’analyse qui suit se concentre sur la population qui rapporte une ascendance autochtone. (Pour un portrait plus détaillé de la démographie autochtone au Canada, voir Démographie des autochtones.)
Lors du recensement de 1901, seules 127 941 personnes déclarent une ascendance autochtone. Toutefois, à partir du recensement de 1951, le nombre de personnes d’origine autochtone augmente rapidement, faisant un bond de près de 200 % entre 1951 et 1981, soit de 165 607 à 491 465 personnes, puis d’environ 334 % entre 1981 et 2016, alors que le nombre de personnes rapportant une descendance autochtone atteint plus de 2,1 millions.
Plusieurs facteurs contribuent à expliquer cette croissance rapide. Alors que durant la première moitié du 20e siècle, les taux de mortalité élevés dans les communautés autochtones compensent les taux de natalité élevés, ceci commence à changer dans les années 1960. À cette époque, la baisse du taux de mortalité infantile combinée à un taux de fécondité élevé contribue à favoriser une croissance démographique rapide.
D’autres facteurs comprennent les changements politiques, qui mènent à une volonté accrue de reconnaître l’ascendance autochtone, tant de la part du gouvernement que des personnes mêmes. Entre autres lois, ces changements comprennent les modifications apportées à la Loi sur les Indiens en 1985, qui ont élargi la définition de l’Indien inscrit.
Tendances futures
Aujourd’hui, la croissance démographique du Canada est la plus élevée parmi les pays du G7. La migration internationale est la principale source de croissance démographique du Canada depuis 1993, et elle représente environ les deux tiers de cette croissance. Quels que soient les futurs niveaux d’immigration au Canada, les conditions mondiales continueront de maintenir la pression en faveur de l’immigration en provenance de sources non européennes. La population du Canada, plus particulièrement dans les régions fortement urbanisées, devrait augmenter en diversité ethnique et culturelle. En 2013, Statistique Canada a prévu que la population du pays allait croître au cours des 50 prochaines années, passant de 35,2 millions à entre 40 millions et 63,5 millions d’ici 2063.