Joseph Albert (Pierre) Paul Pilote, joueur de hockey (né le 11 décembre 1931 à Kénogami, au Québec ; décédé le 9 septembre 2017 à Barrie, en Ontario). Pierre Pilote a été défenseur pour la Ligue nationale de hockey (LNH) et est considéré comme l’un des meilleurs défenseurs du temps des six équipes originales de la LNH. Il est connu pour son style de jeu défensif agressif, mais aussi respecté pour ses prouesses offensives. Pierre Pilote a gagné la coupe Stanley avec les Blackhawks de Chicago en 1961 et a reçu par trois fois le trophée James Norris. Durant sa carrière au sein de la LNH, il a compté 80 buts, compilé plus de 418 passes décisives et reçu 1251 minutes de pénalité en saison régulière. Lors de ses 86 participations aux séries éliminatoires, il a récolté 8 buts et fait 53 passes décisives.
Enfance
Pierre Pilote naît à Kénogami (maintenant Saguenay) au Québec, à quelque 200 kilomètres au nord de la ville de Québec. L’aîné d’une famille de six enfants, Pierre Pilote grandit en écoutant le hockey, mais ne fait partie d’aucune ligue organisée.
Après la Deuxième Guerre mondiale, Pierre Pilote et sa famille déménagent à Fort Erie, en Ontario. C’est là qu’il commence à jouer au hockey. Bien qu’il sache patiner depuis longtemps déjà, il n’a pour jouer sur la glace que la paire de patins de sa mère. En fait, Pierre Pilote entretient plutôt depuis l’enfance une passion pour le baseball. Ce n’est qu’après avoir été la cible des moqueries d’autres garçons à Fort Erie qu’il se procure ses propres patins et commence à jouer au hockey. Pierre Pilote a à cœur le développement de ses aptitudes, et toutes les occasions sont bonnes pour aller patiner. Malheureusement, Fort Erie n’a son propre aréna qu’en 1948, le dernier s’étant écroulé lors d’une tempête de neige en 1939.
Bien qu’il ait rejoint le hockey organisé plus tard que la plupart des garçons (autour de 17 ans), Pierre Pilote se démarque rapidement de ses camarades. En 1949, à sa deuxième année de hockey, il commence à jouer pour les Cataracts de Niagara Falls, une équipe junior B de la Ontario Hockey Association (OHA).
Hockey junior
La saison suivante, Pierre Pilote monte d’un rang et rejoint les Teepees de St Catharines, une équipe junior A. Entre 1950 et 1951, il devient un joueur de défense, comptant 26 points et cumulant 230 minutes de pénalité (une moyenne élevée pour la ligue). À sa seconde saison avec les Teepees, son jeu offensif prend du galon, lui valant un impressionnant 53 points en 52 matches.
Dès la saison 1952-1953, Pierre Pilote joue au niveau professionnel pour les Bisons de Buffalo dans la ligue américaine de hockey (les Bisons sont affiliés à l’époque aux Teepees de St Catherines). L’athlète continue à se faire une réputation de défenseur redoutable, mais également capable de compter. À la fin de sa seconde saison (1953-1954) avec les Bisons, il compte 30 points et reçoit 108 minutes de pénalité.
Jusqu’en septembre 1954, les Bisons sont affiliés aux Canadiens de Montréal dans la Ligue nationale de hockey (LNH). Après avoir coupé les ponts avec Montréal, l’équipe de Buffalo œuvre de façon indépendante, jusqu’à ce que les Black Hawks de Chicago (nommé ensuite Blackhawks) fassent l’acquisition de l’équipe le 7 janvier 1955.
Durant la saison 1955-1956, Pierre Pilote partage son temps entre Buffalo et Chicago. Au sein des Black Hawks, il participe à un match historique contre les Rangers de New York, le 5 janvier 1956. Ce match est en effet le premier à être diffusé sur un réseau national à la télévision américaine. Bien que Chicago perde la partie 1 à 4, les amis de Pierre Pilote à Fort Erie sont emballés de pouvoir le voir à l’œuvre à la télévision. L’année suivante, le hockeyeur passe officiellement du côté des ligues majeures.
Black Hawks de Chicago
Pierre Pilote a un effet immédiat sur les feuilles de pointage et sur le banc des punitions des Black Hawks. Le joueur est en effet un atout de taille en supériorité numérique, grâce à ses talents autant à la défense qu’à l’offense. Il n’a pas froid aux yeux ; lors d’un match contre les Canadiens de Montréal, il s’attaque en même temps aux deux frères Richard, Maurice et Henri, dans le cadre d’une bagarre.
Dans ses cinq premières saisons régulières avec les Black Hawks, Pierre Pilote ne manque aucune partie. Cette série de 376 parties consécutives s’arrête toutefois durant la saison 1961-1962 à cause d’une blessure à l’épaule.
Coupe Stanley et trophée James Norris
Durant les séries éliminatoires de 1961, Pierre Pilote joue un rôle de premier plan dans la course vers la coupe Stanley. Il est, à égalité avec Gordie Howe, le meilleur marqueur en post-saison (15 buts), et contribue à mettre un terme aux 23 années de panne sèche de l’équipe de Chicago. Après la victoire des Black Hawks, Pierre Pilote devient capitaine de l’équipe, un mandat qu’il défend jusqu’en 1968.
À la fin de la saison 1962-1963, le hockeyeur gagne son premier trophée James Norris, remis au meilleur défenseur de la LNH. Il remporte ce même trophée les deux saisons suivantes, pour un total de trois fois consécutives. À ce moment de sa carrière, Pierre Pilote a prouvé qu’il est un des meilleurs défenseurs offensifs de la ligue. À la saison 1964-1965, Pierre Pilote, en plus de gagner son troisième trophée Norris, établit un nouveau record du plus grand nombre de buts comptés par un défenseur en une seule saison, battant par deux points le Torontois Walter « Babe » Pratt, qui avait cumulé 57 points avec les Maple Leafs entre 1943 et 1944.
En plus de son trophée James Norris avec les Black Hawks, Pierre Pilote est aussi voté membre de la première équipe des étoiles pendant 5 années consécutives, de 1963 à 1967, et participe à un total de huit matches des étoiles de la LNH.
Échange à Toronto
Le 13 mars 1968, Chicago remporte la victoire 4 à 3 contre les Penguins de Pittsburgh. Ce jour-là est aussi celui où Pierre Pilote atteint le jalon des 400 passes décisives. Il s’agit aussi de sa dernière passe décisive au sein des Black Hawks.
Le 23 mai 1968, l’équipe de Chicago surprend tout le monde (le principal intéressé en tête) en échangeant son défenseur étoile contre l’ailier droit des Maple Leafs de Toronto, Jim Pappin. Dans ses mémoires, Pierre Pilote se souvient même avoir appris la nouvelle de la bouche du journaliste sportif torontois Red Burnett, plutôt que de son équipe.
En effet, malgré son succès incroyable au sein de l’équipe, Chicago croit que Pierre Pilote est en déclin. Stupéfait par la façon dont il a été traité, le hockeyeur songe à la retraite. Il balaie toutefois l’idée du revers de la main : il n’en a pas fini avec le hockey. Il rejoint donc les rangs de Toronto.
Pierre Pilote a joué plus de 821 parties en saison régulière avec Chicago, cumulant 77 buts, 400 passes décisives et 1205 minutes de pénalité. En 82 participations aux séries éliminatoires, il a compté 8 buts et fait 52 passes décisives. En mai 2015, ses 400 passes décisives le placent au 6e rang dans l’histoire de la franchise.
Maple Leafs de Toronto et retraite
Bien qu’il ne soit pas de prime abord très chaud à l’idée de jouer pour Toronto, Pierre Pilote saisit vite l’occasion de continuer à jouer au hockey avec les Maple Leafs. Le défenseur vétéran ne manque que 7 parties au cours de la saison. Ce sera toutefois sa dernière au sein de la LNH, son dernier match ayant lieu le 6 avril 1969 en post-saison contre les Bruins de Boston, qui remportent la victoire.
S’il se retire du sport professionnel, l’athlète s’implique toujours dans le hockey en entraînant les équipes mineures midget et bantam de son fils.
Entrepreneuriat
Pierre Pilote s’est toujours intéressé aux affaires, même pendant son heure de gloire sur la glace. Alors qu’il joue pour Chicago, il suit un cours d’administration des affaires. Lorsqu’il est échangé aux Maple Leafs de Toronto, il possède déjà un commerce de voitures d’occasion à Fort Erie, des buanderies à Welland et St. Catharines et une agence de publicité à Hamilton, en Ontario.
Après sa retraite du hockey, il fonde aussi à Toronto sa propre entreprise de bagages en vinyle qui, à un certain point, emploie plus de 30 personnes. En 1986, Pierre Pilote se retire de façon officielle des affaires et vend ses actifs, soit son commerce de voitures, ses buanderies, son agence de publicité et son entreprise de bagages.
Prix et distinctions
À l’été 1975, Pierre Pilote est intronisé au Temple de la renommée du hockey.
Le 12 novembre 2008, dans une cérémonie conjointe, les Blackhawks de Chicago font retirer le chandail numéro 3 porté d’abord par Pierre Pilote, puis par Keith Magnuson, faisant de lui l’un des sept joueurs dont le chandail est accroché au plafond du United Center. En septembre 2011, il est également intronisé au Temple de la renommée sportive Chicagoland.
En janvier 2012, le Palais des sports de Jonquière, au Québec, dévoile dans son hall d’entrée une statue de bronze à l’effigie de Pierre Pilote.
Pierre Pilote est aussi mis à l’honneur dans deux collections de timbres de Postes Canada, d’abord en 2005, dans le cadre d’une série sur les joueurs étoiles de la LNH, ensuite en 2014 pour une collection célébrant les meilleurs défenseurs à l’époque des six équipes originales de la Ligue nationale. Cette dernière inclut aussi Bobby Orr, Harry Howell, Red Kelly, Doug Harvey et Tim Horton.
Pierre Pilote finit ses jours à Wyevale, en Ontario. Il a quatre enfants et 10 petits-enfants. Sa femme adorée, Annie, décède en mai 2012, après près de 60 ans de vie commune.