Pierre Karl Péladeau, entrepreneur et homme d’affaires canadien, d’origine québécoise est né le 16 octobre 1961 à Montréal. Fils du prospère homme d’affaires Pierre Péladeau, fondateur de Québecor inc., Pierre Karl obtient un baccalauréat en philosophie à l’Université du Québec à Montréal (1983), puis une licence en droit à l’Université de Montréal (1987). En 1985, il fait son entrée dans l’équipe de direction de Québecor et participe au développement d’Imprimeries Québecor (voir Imprimerie). Il joue un rôle de premier plan dans le succès de la papetière Donohue, une des filiales de pâtes et papiers les plus performantes au sein de Québecor de 1987 à 2000.
Bâtisseur de Québecor Média
En 1991, P. K. Péladeau est nommé président du Groupe Québecor qui comprend les secteurs de l’édition, de la distribution et de la vente au détail. Il s’établit en 1994 à Paris en vue d’accroître les effectifs de l’entreprise en Europe. En trois ans, l’entreprise devient le principal imprimeur commercial du continent européen.
Après le décès de son père survenu le 24 décembre 1997, Pierre Karl revient au pays. En 1998, il pilote l’acquisition de la Sun Media Corporation, ce qui fait de Québecor la deuxième plus importante entreprise au Canada dans le secteur des périodiques. À la suite de cette acquisition, le conseil d’administration de Québecor le nomme président et chef de la direction de l’entreprise.
Avec l’aide de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Québecor fait l’acquisition en 2000 du Groupe Vidéotron, premier câblodistributeur (voir Câblodistribution) au Québec (troisième en importance au Canada) et de TVA, premier télédiffuseur de langue française en Amérique du Nord (voir Radiodiffusion et télédiffusion). Ces entreprises sont regroupées sous la nouvelle filiale Québecor Média inc., alliant ainsi toutes les activités de télécommunications et de divertissements de l’entreprise.
L’année 2007 est une fois de plus marquée par la croissance de l’entreprise par l’achat d’Osprey Media, propriétaire de 20 journaux quotidiens et de 34 non quotidiens, guides d'achats, magazines et publications spécialisées distribués dans différentes régions canadiennes. Grâce à cette acquisition, Québecor devient le plus grand conglomérat de médias au Canada.
Les dernières années de la décennie 2000 sont marquées par l’expansion du Groupe Videotron. Celui-ci devient l’un des plus imposants fournisseurs de services Internet, de téléphonie et de télécommunications au pays. Quant au Groupe TVA, il complète l’acquisition avec Sun Media Corporation de la station Toronto 1, qui devient Sun News. TVA lance également de nouvelles chaînes spécialisées et une chaîne généraliste de langue anglaise, Sun TV.
À l’heure actuelle, Québecor Media exploite un vaste réseau de propriétés Internet, et ce, dans les deux langues officielles du pays. Nurun inc., une autre filiale de Québecor Média, a su devenir un joueur important dans le domaine des technologies et des communications interactives tant en Asie, en Europe, aux États-Unis qu’au Canada. Québécor Média est donc présent dans l’édition de livres (Groupe Livre Québecor Média inc.) et de magazines (TVA Publications inc.), la production et la distribution de produits culturels (Groupe Archambault inc. et TVA films) et dans la location et la vente au détail de DVD et de jeux vidéo (Le SuperClub Vidéotron ltée).
En moins de quinze ans, Pierre Karl Péladeau a profondément transformé le visage de l’entreprise bâtie par son père. Au début de sa présidence en 1998, les activités de Québecor inc. se concentrent dans les secteurs de l’imprimerie et des pâtes et papiers (qui représentent 7,9 milliards de dollars du 8,4 milliards de chiffre d’affaires annuel de l’entreprise). En 2009, le portrait est totalement différent. L’entreprise focalise désormais ses activités dans le secteur des télécommunications (qui représente 2 milliards sur 3,8 milliards du chiffre d’affaires).
Controverses et revers
Si la croissance fulgurante de Québecor inc. dans les années 2000 est impressionnante, celle-ci n’est pas sans semer une certaine controverse. En effet, ce succès est le fruit d’une importante restructuration menée par son président. Le conflit opposant le syndicat des journalistes du Journal de Montréal à Québecor (2009-2011) et la fermeture de différents quotidiens à travers le pays sont des dossiers épineux auxquels est associée la présidence de Pierre Karl Péladeau. En janvier 2008, les difficultés financières de Québecor World, filiale d’impression de Québecor inc., porte un coup dur à l’entreprise dirigée par Péladeau. Celle-ci se place alors sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Cette protection permet à Québecor World de se restructurer et six mois plus tard, elle vend ses entreprises européennes à un groupe néerlandais. Renommée World Color Press en 2009, elle concentre désormais ses activités dans les Amériques.
Toutefois, c’est la question de la convergence des médias (voir aussi Propriété des médias) qui retient l’actualité québécoise et canadienne depuis la création de Québecor Média inc. et des grands conglomérats médiatiques et de télécommunications. Parmi ceux-ci, Québecor est devenu le champion de la convergence des médias, dans l’espoir d’une promotion croisée du contenu qu’elle produit et distribue. Si pour les journalistes, la convergence est synonyme d’une moins grande indépendance, pour P. K. Péladeau, elle constitue une stratégie économique qui permet de « faire plus avec moins ». Lors de son intervention devant l’International Institute of Communications en 2009, celui-ci expliquait sa vision : « aujourd'hui, une émission de télé n’est jamais seulement une émission de télé : elle se décline sur le web et sur la vidéo sur demande, ses comédiens ou ses animateurs se racontent dans nos magazines, publient des livres dans nos maisons d'édition, lancent disques et DVD que nous produisons et participent à d'autres émissions de variétés et événements spéciaux ».
Engagement social
Tout comme son père, Pierre Karl Péladeau est très engagé dans le milieu culturel et croit à la démocratisation de la culture. Cet engagement prend des formes variées, allant de sa présence au sein d’un conseil d’administration (Fondation Lionel-Groulx, un organisme voué à la promotion de l’histoire du Québec) à des dons faits au nom de Québecor inc. afin de permettre l’agrandissement d’un musée (Fondation du Musée national des beaux-arts du Québec) ou l’acquisition d’objets ayant appartenu à un artiste (Les Musées de la civilisation à Québec). Une bourse d’études décernée annuellement par le département de philosophie de l’Université du Québec à Montréal porte également son nom.
Sa philanthropie s’exerce auprès des fondations des principaux hôpitaux québécois. Grand amateur de cyclisme, il commandite l’équipe cycliste professionnelle Garneau-Québecor. Depuis 2011, les admirateurs des Nordiques de Québec ont trouvé en lui un allié précieux. En effet, il s’est engagé à négocier le retour d’une équipe de la Ligue nationale de hockey et Québecor est devenu le plus important partenaire financier de la Ville de Québec dans la construction d’un nouvel amphithéâtre multifonctionnel.
Depuis 2011, Pierre Karl est aussi président du conseil d’administration de la Fondation de l’entrepreneurship. Il est régulièrement invité à titre de conférencier par les villes et les chambres de commerce.
De nouveaux défis
Le 14 mars 2013, Péladeau annonce son départ de la direction de Québecor inc. Il souhaite se tourner vers de nouveaux défis, passer plus de temps avec sa famille et se consacrer à la philanthropie. Il conserve néanmoins son poste de président du conseil de Québecor Média inc. et du Groupe TVA inc. Le 17 avril 2013, la première ministre du Québec, Pauline Marois le nomme président du conseil d’administration d’Hydro-Québec, la plus importante société d’État québécoise et le plus grand producteur d’hydroélectricité au Canada.
Après des mois de spéculations, Pierre Karl Péladeau fait le grand saut en politique provinciale. Le 9 mars 2014, il démissionne des derniers postes de direction qu’il occupe au sein de Québécor Média et annonce sa candidature dans la circonscription électorale de Saint-Jérôme pour le Parti Québécois. Du même souffle, il évoque son attachement profond aux valeurs de ce parti, y compris l'indépendance du Québec. En se présentant comme candidat, le magnat des médias espère travailler à favoriser la prospérité du Québec, comme il l'a fait à la tête de l'entreprise fondée par son père.
L’annonce de sa candidature est un véritable coup d’éclat dans la campagne. Néanmoins, c’est sa décision de conserver ses actions de Québecor qui retient l’attention des médias et de la classe politique. Plusieurs personnalités souverainistes dont Gilles Duceppe, Jacques Parizeau et Lise Payette se portent à sa défense, car à leur avis, il est crucial que la province garde le contrôle sur cette entreprise et, par conséquent, que son siège social demeure au Québec.
Malgré la défaite cuisante du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau est élu, le 7 avril 2014, dans Saint-Jérôme. Il est l’un des candidats pressenti pour succéder à Pauline Marois. Victime d’un grave accident de vélo le 18 mai 2014, il fait néanmoins son entrée à l’Assemblée nationale, en chaise roulante, une dizaine de jours plus tard.
Le 19 juin 2014, Brian Mulroney, ancien Premier ministre du Canada (1984-1993), succède à Robert Dépatie qui lui-même avait pris la relève de Pierre Karl Péladeau à la tête de l’empire Québecor. Le 27 novembre 2014, lors d'une conférence devant un groupe d'étudiants à l'Université de Montréal, Péladeau annonce sa candidature à la direction du Parti québécois. Il fait face à cinq autres candidats : Jean-François Lisée, Martine Ouellet, Alexandre Cloutier, Bernard Drainville et Pierre Céré. Le 23 janvier 2015, Lisée se retire de la course avant même son lancement officiel, convaincu de la victoire de Péladeau. Ce dernier remporte d'ailleurs le 15 mai 2015 le premier tour de scrutin (avec 57,6 % des voix), devenant ainsi le huitième chef de l'histoire du Parti québécois.
Cependant, le 2 mai 2016, Pierre Karl Péladeau annonce qu’il quitte ses fonctions de chef du Parti québécois, de chef de l’Opposition officielle et de député de la circonscription de Saint-Jérôme, invoquant des raisons familiales.
Prix et distinctions
Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale (2005)
Prix Yvonne-Maisonneuve, Le Chaînon (2008)
Homme d’affaires de l’année à Montréal, Gala des Prix du Choix des consommateurs (2011)
Chevalier de l’Ordre de la Pléiade, Assemblée parlementaire de la Francophonie (2013)
Prix Bâtisseur - Entreprise innovante, Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (2013)