Paul de Chomedey, Sieur de Maisonneuve | l'Encyclopédie Canadienne

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Paul de Chomedey, Sieur de Maisonneuve

Paul de Chomedey, Sieur de Maisonneuve, gouverneur français, officier (né le 13 février 1612 à Neuville-sur-Vanne, en France; décédé le 9 septembre 1676 à Paris). Paul de Chomedey de Maisonneuve est considéré comme étant le cofondateur, avec Jeanne Mance, de Ville-Marie, un avant-poste colonial français qui est devenu Montréal. Il était également le premier gouverneur de Montréal.

Paul de Chomedey de Maisonneuve

Jeunesse

Paul de Chomedey est baptisé le 15 février 1612. Son père, Louis de Chomedey, noble français, est seigneur de Chavanne, de Germenoy-en-Brie, de Charon et autres lieux. (Voir aussi Régime seigneurial.) Sa mère, Marie de Thomelin, est également de noble naissance et la seconde épouse de Louis de Chomedey. Paul de Chomedey est le premier fils de Louis et son deuxième enfant après une sœur aînée. Il a plus tard une autre sœur et un frère.

On sait peu de choses sur la jeunesse de Paul de Chomedey. Il grandit dans le manoir familial de Neuville-sur-Vanne. En 1614, alors qu’il a deux ans, son père Louis de Chomedey acquiert le domaine de Maisonneuve.

Paul de Chomedey s’engage dans l’armée française à l’âge de 13 ans. Il aurait combattu pour la première fois peu de temps après, aux Pays-Bas espagnols, pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans.

Fondation de Ville-Marie

Paul Chomedey de Maisonneuve est inspiré par la ferveur religieuse de son époque et par les écrits des Jésuites. Il est un candidat tout désigné pour la Société Notre-Dame de Montréal, une organisation religieuse française qui vise à établir une colonie missionnaire sur l’île de Montréal, dans le but de convertir au catholicisme les habitants autochtones de la terre. (Voir aussi Peuplement de la Nouvelle-France.)

Jérôme Le Royer de La Dauversière et le prêtre jésuite Charles Lalemant choisissent Paul Chomedey de Maisonneuve comme cofondateur de la future colonie de Montréal.

En mai 1641, Paul Chomedey de Maisonneuve, Jeanne Mance et les autres colons quittent le port français de La Rochelle pour se rendre en Nouvelle-France. Ils hivernent près de la ville de Québec, puis remontent le fleuve Saint-Laurent pour prendre possession de l’île de Montréal.

Le 17 mai 1642, Paul Chomedey de Maisonneuve et une cinquantaine d’autres colons fondent la colonie du fort de Ville-Marie. L’avant-poste fortifié est situé presque au même endroit qu’une colonie antérieure fondée par Samuel de Champlain en 1611. L’emplacement du fort Ville-Marie est à peu près le même que celui de l’actuel musée d’archéologie Pointe-à-Callière dans le quartier du Vieux-Port de Montréal.

Gouverneur de Montréal

En prenant possession de l’île de Montréal, Paul Chomedey de Maisonneuve devient gouverneur de la colonie. Les travaux de développement de l’avant-poste commencent immédiatement. Des navires supplémentaires amènent d’autres colons. En quelques mois, les approvisionnements commencent à arriver.

À la fin de l’année 1642, la petite colonie fait face à l’un de ses premiers grands défis : le fleuve Saint-Laurent déborde à la suite d’un dégel surprise quelques jours avant Noël. Les inondations menacent de submerger et de détruire l’avant-poste fragile, presque entièrement fait de bois à ses débuts. Paul Chomedey de Maisonneuve fait une promesse aux prêtres de la communauté et lit une déclaration selon laquelle si Dieu épargnait la communauté, il porterait une croix et la planterait au sommet du mont Royal, surplombant la colonie. Les eaux de crue commencent à se retirer à minuit la nuit de Noël et Paul Chomedey de Maisonneuve tient sa promesse. La croix qui se dresse aujourd’hui au sommet du mont Royal commémore celle qu’il a plantée par Paul Chomedey de Maisonneuve le 6 janvier 1643.

Bien que les colons français visent à convertir les peuples autochtones au christianisme, ils ne s’entendent pas bien avec toutes les Premières Nations. Si les Français entretiennent d’excellentes relations avec les Algonquins, leurs rapports avec les Haudenosaunee (Iroquois) sont beaucoup plus tendus. Les Haudenosaunee ont déjà de fortes prétentions sur la région et des relations commerciales avec les colonies anglaises et néerlandaises de traite des fourrures plus au sud (l’État de New York actuel). Ils perçoivent la colonie française comme une intrusion indésirable. On croit que les attaques des Haudenosaunee contre les colons français à Ville-Marie commencent dès l’été 1643. Les colons de Ville-Marie se sentent régulièrement observés par les Haudenosaunee. (Voir Guerres iroquoises.)

Un affrontement majeur a lieu le 30 mars 1644, lorsque les chiens de garde de l’avant-poste sentent les Haudenosaunee approcher dans les bois. Alerté de leur présence, Paul Chomedey de Maisonneuve demande à la trentaine d’hommes valides de s’armer pour le combat. En infériorité numérique, les colons français décident de se battre pour venger leurs compatriotes tués l’année précédente. Paul Chomedey de Maisonneuve mène ses troupes jusqu’à ce qu’elles soient à court de poudre et de plomb. Les colons retournent alors en courant vers la sécurité relative du fort Ville-Marie. Paul Chomedey de Maisonneuve reste en arrière pour que ses hommes puissent battre en retraite. Il est rattrapé par un chef haudenosaunee et doit se battre. Bien que le chef haudenosaunee ait d’abord le dessus, Maisonneuve le tue d’un coup de son dernier pistolet chargé. Les Haudenosaunee suspendent leur attaque pour récupérer leur chef tombé au combat, tandis que Maisonneuve retourne à son fort. Il est salué comme le sauveur de la colonie. On croit généralement que l’escarmouche a eu lieu près de l’emplacement de l’actuelle Place d’Armes de Montréal.

Paul Chomedey de Maisonneuve fait encore plusieurs fois le voyage entre la France et Ville-Marie. Il ramène souvent des volontaires pour soutenir la jeune colonie, qui ne cesse de croître à cette époque malgré les guerres fréquentes avec les Haudenosaunee. (Voir aussi Peuplement de la Nouvelle-France.)

En 1665, il reçoit l’ordre de rentrer en France, ce qui met fin à ses 23 années passées à la tête de la colonie. Il se retire à Paris et y meurt dans une relative obscurité 11 ans plus tard.

Héritage

Paul Chomedey de Maisonneuve est reconnu et commémoré de plusieurs façons à Montréal et au Québec.

Depuis 1895, un monument en son honneur, œuvre du sculpteur Louis-Philippe Hébert se dresse au centre de la Place d’Armes à Montréal. Une statue de Maisonneuve surmonte le monument qui comporte quatre bas-reliefs illustrant les événements des débuts de la colonie.

En 1967, le Collège Sainte-Croix est renommé Collège de Maisonneuve. (Voir CEGEP.)

En 1985, le gouvernement fédéral reconnaît Paul Chomedey de Maisonneuve comme personnage historique national. Dans le Vieux-Montréal, plusieurs plaques soulignent également son rôle dans la fondation de Ville-Marie.

Plusieurs endroits à Montréal portent le nom de Maisonneuve. C’est le cas de l’actuel quartier Hochelaga-Maisonneuve, et du parc situé près du stade olympique. En 1966, on crée le boulevard de Maisonneuve qui rejoint plusieurs rues existantes pour créer un axe est-ouest majeur qui traverse le centre-ville de Montréal. Il existe également une rue Saint-Paul dans le Vieux-Montréal, ainsi qu’une rue Chomedey située dans le quartier Village Shaughnessy.

Place d'Armes, Montréal