Opéra de Montréal
Opéra de Montréal. Compagnie lyrique fondée à Montréal en 1980 par le ministère des Affaires culturelles du Québec afin de prendre la relève de l'Opéra du Québec dont les activités ont cessé en 1975 en raison de son déficit accumulé.Historique
À l'invitation de la basse Joseph Rouleau et du baryton Robert Savoie, un groupe d'artistes se regroupent pour former le Mouvement d'action pour l'art lyrique du Québec (MAALQ) et commencent à agir comme groupe de pression. Le 5 février 1980 le ministre des Affaires culturelles du Québec Denis Vaugeois, annonce la création d'une nouvelle compagnie, l'Opéra de Montréal, avec Jean-Paul Jeannotte comme directeur artistique et Jean-Claude Delorme comme président du conseil d'administration.
Le programme de la saison 1980-1981 comprend trois productions (chacune présentée sept fois) à la Salle Wilfrid-Pelletier à la Place des Arts : Tosca, Così fan tutte et La Traviata. Pendant la saison 1981-1982, le nombre de productions passe à quatre : Madama Butterfly, L'Elisir d'amore, Werther et Il Trovatore. La compagnie reçoit une subvention provinciale de 638 000 $.
Dans le cadre du mandat de la nouvelle compagnie, de jeunes chanteurs du Québec sont privilégiés, ainsi que des chefs d'orchestre, des metteurs en scène et des décorateurs québécois. L'Opéra se fait un devoir d'engager des jeunes stagiaires pour des rôles de soutien.
Développements ultérieurs
En 1983, l'Opéra de Montréal nomme Jacques Langevin au poste nouvellement créé de directeur général. Langevin démissionne en novembre 1986 et est remplacé par Bernard Creighton. Le nombre de productions passe de quatre à cinq pendant la saison 1986-1987, mais retombe à quatre au cours des saisons 1987-1988 et 1988-1989, chacune des productions étant présentée six fois.
La situation financière de l'entreprise se détériore à cause de l'inflation et du déficit accumulé qui dépasse un million en 1988. Cette année-là, la direction nomme Bernard Uzan, metteur en scène franco-tunisien, directeur général, et, un mois plus tard, également directeur général. Sous sa tutelle rigoureuse, la compagnie se ressaisit : le déficit à la fin de 1989 est réduit de moitié et d'importantes coupures ont été pratiquées dans les dépenses. Uzan introduit les surtitres afin d'attirer un public encore plus nombreux. Pendant la saison 1991-1992, Uzan ajoute une cinquième production annuelle, une opérette. En 1993-1994, il parvient à présenter sept productions chaque année dont bon nombre sont des coproductions. En 1994-1995, l'Opéra compte 12 000 abonnés.
Uzan se concentre sur une programmation sans risque qui garantit la vente de billets et l'intérêt du public. Vers 1997, la compagnie bénéficie d'un surplus. Cependant, les critiques décrivent parfois ses productions comme étant médiocres sur le plan vocal et ordinaires sur le plan musical.
Uzan demeure directeur général jusqu'en septembre 2000 et directeur artistique pendant une saison de plus. En avril 2002, Bernard Labadie est nommé directeur artistique pour une saison comptant cinq opéras. Notons parmi les opéras choisis sous la direction de Labadie, Thais (2003), l'opéra baroque Agrippina (2005), et un programme plus obscur, avec des œuvres telles que Bluebeard's Castle et Erwartung (les deux en 2004); toutefois, les salles ne sont pas combles. La saison 2005-2006 connaît des pertes malgré des initiatives visant à attirer le public, comme la diffusion sur grand écran en plein air de Aida.
Le budget de l'Opéra de Montréal pour les saisons 2002-2003 et 2003-2004 est de 9 millions de dollars. Jusque-là, le financement repose sur la vente de billets, ainsi que sur des subventions du Conseil des Arts du Canada et d'autres organismes. Les nouveaux directeurs et directeurs généraux (Kimberly Gaynor, de janvier 2001 à novembre 2002, Pierre Dufour pendant la saison 2002-2003, David Moss en poste d'août 2003 à 2006) tentent d'obtenir un financement sur une plus grande échelle. Vers 2006, lorsqu'un déficit (se chiffrant à 1,95 million de dollars) frappe encore une fois la compagnie, entraîne des mises à pied et provoque presque l'annulation de la saison, Dufour revient occuper le poste de directeur général; Labadie quitte son poste, et le poste de directeur artistique reste vacant. La saison est encore réduite pour passer à quatre opéras par année et le budget tombe à 8 millions de dollars.
Répertoire
Depuis la saison d'ouverture 1980-1981, l'Opéra de Montréal a présenté plus de 800 représentations de plus de 80 opéras à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts à Montréal ou à la Salle Pierre-Mercure au Centre Pierre-Péladeau. Une préférence est accordée aux opéras les plus populaires du répertoire, particulièrement aux principaux opéras du répertoire de longue date en italien et, à un degré moindre, à ceux présentés en français dont les préférés (Tosca, Madame Butterfly, La Bohème, Le Barbier de Séville, Fidelio, Rigoletto et Roméo et Juliette) sont montés sur scène plus d'une fois. La programmation des saisons est effectuée en fonction de la philosophie de la compagnie, notamment sous la direction d'Uzan, de façon à ne mettre en scène de nouvelles œuvres que si un marché existe pour elles.
La seule production canadienne de la compagnie est la commande et la création (en mars 1990) de Nelligan (livret de Michel Tremblay et musique d'André Gagnon). Nelligan est présentée 16 fois à Montréal, cinq fois dans la ville de Québec et deux fois à Ottawa. L'annulation d'un opéra canadien prévu pour 1995, La princesse blanche de Bruce Mather est controversée. La compagnie est également critiquée pour ne pas tenter de présenter d'autres œuvres de compositeurs vivants.
Prix
L'Opéra de Montréal remporte deux Prix Opus, en 1998, pour Jenufa, et encore une fois en 2004, pour Bluebeard's Castle.
Artistes
L'Opéra de Montréal se donne comme priorité l'engagement d'artistes lyriques québécois, autant ceux qui jouissent d'une réputation internationale que ceux qui sont en début de carrière comme, par exemple, les stagiaires de l'Atelier lyrique. Dans la nomenclature qui suit, bien qu'incomplète, on verra que cet objectif a été atteint dans une bonne mesure. Au nombre des chanteuses et chanteurs du Québec qui se sont vus confier des premiers rôles ou des rôles de soutien figurent les sopranos Colette Boky, Michèle Boucher, Clarice Carson, Gail Desmarais, Yolande Dulude, Céline Dussault, Hélène Fortin, Lyne Fortin, Christiane Guénette, Chantal Lambert, Nicole Lorange, Marie-Danielle Parent, et Adrienne Savoie; les mezzo-sopranos ou contraltos Christine Lemelin, Thérèse Sevadjian, Odette Beaupré, Gabrielle Lavigne; les ténors Benoît Boutet, Yves Cantin, André Lortie, Claude-Robin Pelletier et André Turp; les barytons , Jean-Clément Bergeron, Desmond Byrne, Gaétan Laperrière, Bruno Laplante, Grégoire Legendre, Claude Létourneau, Erik Oland, Louis Quilico; les bassesGregory Atkinson, Pierre Charbonneau,Claude Corbeil, Roland Gosselin, Jean-Pierre Hurteau, et Joseph Rouleau.
Notons parmi les autres Canadiens qui ont chanté avec l'Opéra de Montréal, Theodore Baerg, Russell Braun, Benjamin Butterfield, Maureen Forrester, Judith Forst, Karina Gauvin, Joanne Kolomyjec, Michèle Losier, Linda Maguire, Richard Margison, Ermanno Mauro, Krisztina Szabo et Daniel Taylor. Chaque année, des chanteurs américains et européens sont embauchés également.
L'OSM ou l'Orchestre métropolitain se partagent la tâche d'orchestre résidant à l'Opéra de Montréal. Au pupitre de l'OSM ou de l'Orchestre métropolitain se succèdent Charles Dutoit, Mario Bernardi, Franz-Paul Decker, Pierre Hétu, Raffi Armenian et Richard Bradshaw, ainsi que de nombreux invités internationaux. Assurent la mise en scène Jean Gascon, Olivier Reichenbach, Peter Symcox,André Jobin, Bernard Uzan et Irving Guttman. Les chefs de chœur sont René Lacourse, Brian Law, Guy Bélanger, Yannick Nézet-Séguin (1988-2002) et Jean-Marie Zeitouni (depuis 2002).
Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal
La compagnie crée en 1984 l'Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal afin que les jeunes chanteurs doués puissent parfaire leur formation. Yvonne Goudreau en assume la direction de 1984 à 1989, suivie de Chantal Lambert en 1990.
Administration
À la présidence se succèdent Jean-Claude Delorme (1980-1982), Hervé Belzile (1982-1988), Claude Béland (1988-1989) et Roger D. Landry.
Afin de contribuer à la stabilité financière de la compagnie, on fonde en 1989 la Guilde de l'Opéra de Montréal, avec Jacqueline Desmarais comme présidente et Pierre Béique comme vice-président.
L'Opéra de Montréal publie des périodiques d'information sous divers titres, dont Apéro-Opéra, Ouverture et Prélude à l'Opéra de Montréal.
Bibliographie
« L'Opéra c'est pour bientôt... espérons-le! » (interview de Joseph Rouleau accordée à Daniel MOISAN), Aria, II (print. 1979).
Eric McLEAN, « Determination, good sense launch opera », The Gazette (Montréal, 9 fév. 1980).
« Aux commandes de l'Opéra de Montréal » (interview de Jean-Paul Jeannotte accordée à Daniel MOISAN), Aria, III (aut. 1980).
Benoît AUBIN, « Les hauts et les bas de l'Opéra de Montréal », L'Actualité (oct. 1981).
Maryse ANGRIGNON SIROIS, « Derrière la scène : Jacques Langevin, directeur de l'Opéra de Montréal », Aria, VII, no 1 (print. 1984).
Claude GINGRAS, « Bernard Uzan sera seul maître à bord », La Presse (Montréal, 31 août 1988).
Gilles POTVIN, « On the cover », Opera Canada, XXIX (hiv. 1988).
Maryse ANGRIGNON SIROIS, « Bernard Uzan au gouvernail de l'Opéra de Montréal », Aria, XII (aut. 1989).
Claude GINGRAS, « Bernard Uzan, l'homme que l'Opéra de Montréal attendait », La Presse (Montréal, 23 déc. 1989).
Véronique ROBERT, « De l'ordre dans la boutique », L'Actualité (déc. 1989).
Arthur Kaptainis, « Tyrant at the top? », La Gazette (Montréal, 27 fév. 1993).
« Practical considerations », Opera Canada (hiver 1994).