Navigation de plaisance
Les Canadiens sont parmi les plus grands amateurs de navigation de plaisance au monde : plus de 50 p. 100 d'entre eux, soit 13 millions de personnes, s'y adonnent chaque année dans différents types d'embarcations. Ils sont propriétaires de 2,3 millions d'embarcations allant du canot aux yachts de plus de 20 m, soit plus de deux fois le nombre d'embarcations par habitant aux États-Unis. Chaque année, la navigation de plaisance génère plus de 2,5 milliards de dollars en dépenses directes.
Le climat ne permet pas la pratique de la navigation à longueur d'année, sauf sur la Côte Ouest, mais il y a au Canada plusieurs ressources naturelles favorisant cette activité. Le Canada possède plus de plans d'eau que tout autre pays au monde, une myriade de lacs et de rivières s'étalent de par le pays, quelques-uns des plus longs fleuves au monde s'étirent jusqu'aux coins les plus reculés et deux vastes océans le bordent à chaque extrémité.
Au cours de l'histoire, les Canadiens ont vécu près de l'eau et ont voyagé sur l'eau. Les autochtones ont conçu différents types d'embarcations allant des canots d'écorce ou de peaux jusqu'aux magnifiques embarcations destinées aux longs voyages maritimes. Les premiers explorateurs et les marchands mettent peu de temps à constater l'utilité de ces embarcations artisanales et les adoptent d'emblée.
Chaque année, la Compagnie de la baie d'Hudson, la Compagnie du Nord-Ouest et d'autres expédient par bateau leurs produits sur de longues distances et, par nécessité, adaptent le canot à leurs besoins. Les premières fabriques d'embarcations utilisant des techniques spécialisées de production voient le jour au Québec à la fin du 18e siècle afin de répondre à la demande de canots.
Vers 1850, la navigation de plaisance est populaire dans toutes les couches de la société. Alors qu'un grand nombre de personnes profitent du canot ou des embarcations à avirons, les mieux nanties dépensent sans compter pour acheter des embarcations de course aux lignes pures ou pour participer aux paris qu'elles suscitent. On forme des clubs de navigation de plaisance pour tout genre d'embarcations, et il est d'usage d'organiser des compétitions pour les membres.
Toutefois, les Canadiens ne se contentent pas de leurs succès locaux et se taillent rapidement une place sur la scène mondiale. Ned Hanlan remporte le championnat du monde d'aviron en 1880; le Canada dispute la Coupe America à deux reprises, en 1876 et en 1881; en 1896, un yacht judicieusement appelé Canada remporte un trophée lors d'une course sur les Grands Lacs, symbole de la rivalité (qui dure encore) opposant le Canada et les États-Unis dans le sport de la voile.
Au début du siècle, la mécanisation atteint la navigation de plaisance. On construit des usines qui utilisent des méthodes sophistiquées pour satisfaire la demande croissante d'embarcations et on peut maintenant se procurer des moteurs pour propulser tout genre d'embarcations. Bien que les petits bateaux à vapeur soient utilisés depuis un certain temps, le moteur à gaz révolutionne la navigation de plaisance et atteint son point culminant avec le moteur amovible (hors-bord) que l'on connaît aujourd'hui.
Des techniques et des matériaux mis au point pour d'autres usages, particulièrement la fibre de verre et l'aluminium, sont adaptés pour la construction d'embarcations. En 1950, le Canada compte 72 558 embarcations enregistrées. Seules les embarcations dont le moteur dépasse une capacité de 7,4 kW (10 cv) exigent un permis. Ce chiffre représente donc seulement une partie du nombre d'embarcations. Cependant, en 1987, 1 310 000 permis sont émis. Presque toutes ces embarcations sont de fibre de verre ou d'aluminium.
Dans les années 80, le petit hors-bord est le plus populaire et représente environ 45 p. 100 de toutes les embarcations. Facile à manoeuvrer et à transporter, le hors-bord est une source d'agrément pour des millions de pêcheurs, de chasseurs, d'adeptes du ski nautique et de plaisanciers d'occasion. Le canot, de son côté, représente 30 p. 100 de toutes les embarcations. Peu coûteux, il peut aller presque n'importe où. La chaloupe à rames, longtemps dans l'ombre des embarcations motorisées, gagne en popularité auprès des fervents de la condition physique. Quant aux voiliers, embarcations souvent les plus impressionnantes et les plus remarquées, ils représentent 10 p. 100 de la flotte canadienne.
La fibre de verre a révolutionné la construction des voiliers d'abord réservés aux riches ou aux pêcheurs professionnels. Des milliers de personnes peuvent maintenant se procurer des embarcations de bonne conception, économiques, durables et aux lignes pures. Les manufacturiers canadiens ont connu beaucoup de succès dans ce secteur en particulier : un voilier sur deux fabriqué au Canada est exporté, ce qui engendre plus de 60 millions de dollars de ventes annuelles à l'étranger.
Les embarcations motorisées de plus grande taille avec moteur en Z ou moteur en-bord représentent 6 p. 100 de toutes les embarcations. Les inquiétudes concernant la consommation de carburant ont entraîné des améliorations dans le design de la coque, et l'attention particulière portée à la conception extérieure et au détail a créé de nouvelles demandes.
Au Canada, les plaisanciers sont régis par la Loi sur la marine marchande du Canada et le Règlement sur les petits bâtiments. Ces deux lois sont administrées par Transports Canada, par le biais de la Garde côtière canadienne. Toutefois, il arrive souvent que l'application de la loi soit assurée par le service de police local. Avec le concours du ministère de la Défense nationale et de nombreux bénévoles, ces organismes assurent des services de recherches et de sauvetage dans tout le pays.
Plusieurs associations de plaisanciers, souvent regroupées en organismes nationaux selon leurs intérêts, travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement. Ainsi, l'Association canadienne de yachting et les Escadrilles canadiennes de plaisance desservent les adeptes de voiliers ou d'embarcations motorisées d'un océan à l'autre et dispensent des cours de matelotage et de navigation. Parmi les autres groupes s'occupant d'activités similaires, on trouve la Fédération nautique du Canada (qui régit aussi les courses d'embarcations motorisées), la Croix-Rouge et la Société royale de sauvetage du Canada.
Tout en enseignant les principes de la navigation, plusieurs de ces groupes s'occupent aussi de la navigation en tant qu'activité sportive. Les victoires récentes des athlètes canadiens dans ces sports les ont propulsés au premier rang des compétitions olympiques et panaméricaines. Le Canada dispute la Coupe America en 1983 et en 1987 et obtient une place respectable à l'arrivée. Les athlètes canadiens connaissent du succès lors de compétitions de canotage et d'aviron. Trois années consécutives (1959-1961), Miss Supertest remporte le trophée Harmsworth dans la compétition d'hydroglisseurs.
La navigation de plaisance est privilégiée par la géographie du Canada, et les Canadiens ont su en tirer avantage.