Musique française au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Musique française au Canada

France. De tous les pays occidentaux, sauf peut-être ceux du Royaume-Uni, la France est celui qui a exercé l'influence la plus importante et la plus soutenue sur l'évolution de la musique au Canada.
De tous les pays occidentaux, sauf peut-être ceux du Royaume-Uni, la France est celui qui a exercé l'influence la plus importante et la plus soutenue sur l'évolution de la musique au Canada. Historiquement, les Français furent les premiers Européens à coloniser le pays au début du XVIIe siècle. Ils apportèrent leurs chansons, dont un grand nombre sont encore connues et chantées par leurs descendants après plus de trois siècles et demi, ainsi que leur musique religieuse. Parmi les missionnaires venus de France pour évangéliser les autochtones se trouvaient des hommes et des femmes pouvant lire la musique et possédant une certaine formation musicale. Ce sont les Français qui importèrent au Canada les premiers instruments dont l'orgue, ainsi que les premiers recueils de musique imprimée. Ils furent aussi les premiers à enseigner la musique, entre autres Martin Boutet et mère Marie de Saint-Joseph, une religieuse ursuline, même s'ils enseignaient aussi d'autres matières. Dès le milieu du XVIIe siècle, Louis Jolliet se rendit en France pour y parfaire ses études, notamment en musique, devenant ainsi le premier natif du Canada à se rendre au pays de ses ancêtres pour se perfectionner. Sous le régime français (1608-1760), la musique ne semble pas toutefois avoir été encouragée et développée d'une manière systématique, en dépit d'initiatives valables de quelques individus.

La conquête de la Nouvelle-France par l'Angleterre en 1760 interrompit les relations entre les deux pays mais elles reprirent peu à peu à partir du milieu du XIXe siècle. Cette influence a continué à s'exercer, principalement là où se trouvent de fortes concentrations de Canadiens d'origine et de langue françaises, notamment au Québec, en Acadie (Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse) et dans des régions de l'Ontario et du Manitoba. L'influence de la France sera précisée dans cet article selon les différents secteurs d'activité où elle fut la plus marquante.

Sous le régime français

Compte tenu du rôle prépondérant que joua l'Église catholique romaine tout au long du régime français, il va de soi que les premiers musiciens dont l'Histoire a retenu les noms furent des missionnaires ou des laïcs au service de l'église. Des chroniques du temps comme les Relations des Jésuites et le Journal des Jésuites démontrent que les rudiments de la musique étaient enseignés aussi bien aux jeunes Français qu'aux jeunes Amérindiens. Le premier évêque de Québec, Mgr de Laval, protégeait quatre « officiers de musique ». À Québec, il créa en 1684 le poste de grand chantre qui fut occupé par plusieurs prêtres-musiciens français. Un jésuite, René Ménard, aurait même signé quelques motets vers 1640. Jean-Baptiste Poitiers du Buisson fut le premier organiste de l'église Notre-Dame à Montréal, et Paul Jourdain dit Labrosse signa en 1721 un contrat pour fabriquer un orgue pour la cathédrale de Québec. Un certain Pierre DuMesnil se disait « musicien et ouvrier » lors du recensement de la ville de Québec en 1716. D'autres noms sont cités au passage dans les chroniques mais on donne peu de détails sur leur activité.

Après la conquête, la musique à l'église sera peu à peu prise en charge par des natifs du Canada ou des immigrants venus d'Allemagne ou d'Angleterre. Certains prêtres français jouèrent cependant un rôle important par la suite, comme Jean-Denis Daulé, Lazare-Arsène Barbarin, Louis Bouhier et Henri Garrouteigt.

Peu de renseignements nous sont parvenus sur la vie musicale hors de l'église. Il est possible que certains seigneurs aient possédé et même joué des instruments comme la flûte et le violon. Ces instruments étaient utilisés dans des bals et fêtes populaires et même parfois à l'église, comme l'atteste un document de 1645. Les régiments français, comme celui de Carignan-Salières arrivé en 1665, possédaient sans doute leurs fifres et tambours. Ce qui a pu exister semble avoir laissé peu de traces. Des partitions d'oeuvres de Campra, Charpentier et Jean-Baptiste Morin se trouvaient à Québec et il est possible qu'elles aient été exécutées.

Voir aussi Cantique, Livre d'orgue de Montréal, Missionnaires au XVIIe siècle, Musique religieuse catholique romaine, Québec.

Visiteurs

La venue de musiciens français pour des tournées au Canada ne semble pas avoir commencé avant le milieu du XIXe siècle. En 1841, Québec accueillit la soprano Euphrasie Borghèse, le ténor Étienne Voizel et le violoncelliste Henri Billet. Le ténor Auguste Nourrit se fit entendre en 1842. Un certain Bley fut violon solo de la Toronto Philharmonic Society (1845-47). Deux jeunes prodiges du violon, Camilla Urso et Paul Julien, vinrent donner des concerts à cette époque. En 1870, le pianiste-compositeur Henri Kowalski donna plusieurs récitals. Un éminent violoncelliste, Léon Jacquard, fit un bref séjour en 1876-77 et participa au moins à un concert aux côtés de Jehin-Prume et de Lavallée. En 1893, l'organiste-compositeur Alexandre Guilmant se fit entendre à Montréal.

La première grande formation instrumentale française à venir au Canada fut la Musique de la Garde républicaine de Paris en 1904. En 1919, ce fut au tour de l'Orchestre de la Société des concerts du Cons. de Paris, dirigé par André Messager, qui donna deux concerts à Montréal. L'Orchestre national de France visita le Canada en 1948, et l'Orchestre de Paris en 1964, tous deux sous la direction de Charles Munch. Dans les années 1980, on accueillit l'Orchestre de Toulouse et l'Orchestre national de Lille.

Quant au chant choral, le premier groupe à venir au Canada semble avoir été les Montagnards en 1856. Cet ensemble de chanteurs basques obtint au Québec un succès considérable et suscita la formation au Québec de nombreux ensembles similaires (voir Montagnards). En 1931, la manécanterie des Petits chanteurs à la croix de bois de Paris effectua une première tournée au Québec et suscita elle aussi la formation de groupes identiques.

Tout au long du XXe siècle, de nombreux artistes français sont venus au Canada, comme Emma Calvé, Robert Casadesus, Alfred Cortot, Marcel Dupré, Marcel et Yvonne Hubert, Pol Plançon, Raoul Pugno, Édouard Risler, E. Robert Schmitz, Jacques Thibaud, Louis Vierne, Charles-Marie Widor. Parmi ceux accueillis depuis la Deuxième Guerre mondiale, citons le trompettiste Maurice André, le violoniste Christian Ferras, les pianistes Philippe Entremont et Samson François, le flûtiste Jean-Pierre Rampal et le violoncelliste Paul Tortelier. À ces noms s'ajoutent la Société des instruments anciens venue en 1933, ainsi que des formations comme les quatuors Pascal, Loewenguth et le Trio Pasquier. Parmi les plus illustres compositeurs français venus au Canada se détachent les noms de Pierre Boulez, Vincent d'Indy, Henri Dutilleux, Olivier Messiaen, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Maurice Ravel et Iannis Xenakis. Les plus grands chefs d'orchestre français, à savoir Serge Baudo, Pierre Boulez, Jean Martinon, Pierre Monteux, Charles Munch et Paul Paray, ont dirigé régulièrement les orchestres canadiens. En 1991, l'Ensemble InterContemporain effectua une tournée canadienne sous la direction de Boulez.

Opéra et opérette

C'est un Français de Bretagne, Joseph Quesnel, qui composa le premier opéra-comique canadien, Colas et Colinette, en 1789. À partir de 1840, plusieurs troupes de France et de la Nouvelle-Orléans vinrent au Canada faire entendre les grandes oeuvres du répertoire français comme Le Chalet d'Adam, Les Diamants de la couronne d'Auber et, plus tard, Faust et Carmen. Jeanne d'Arc de Gounod et La Dame blanche de Boieldieu furent présentés respectivement en 1877 et 1878 par des artistes canadiens. En 1940, Pelléas et Mélisande de Debussy était présenté à Montréal pour la première fois au Canada. Jeanne d'Arc au bûcher de Honegger fut présenté pour la première fois au Canada en 1953. En 1960, la télévision de la SRC présentait Dialogues des Carmélites de Poulenc, et en 1965, L'Opéra d'Aran de Gilbert Bécaud était présenté par les Festivals de Montréal.

Le répertoire français, opéra et opérette, a toujours occupé une place de choix dans le répertoire de compagnies de Montréal et de Québec comme l'Opéra français, la Compagnie d'opéra de Montréal, la Compagnie nationale d'opéra du Canada, la Société canadienne d'opérette, les Variétés lyriques, le Théâtre lyrique de Nouvelle-France, les Festivals de Montréal, l'Opéra du Québec et, dans une certaine mesure, l'Opéra de Montréal.

Immigration

La conquête de 1760 fut suivie du retour en France de nombreux seigneurs, officiers d'administration et colons. L'émigration au Canada ne reprit par la suite qu'au milieu du XIXe siècle, sauf quelques exceptions comme Jean-Denis Daulé, Louis Dulongpré, le facteur d'orgues Jean-Baptiste Jacotel et Joseph Quesnel. Arrivèrent ensuite de nombreux musiciens formés aux meilleurs écoles françaises comme le pianiste-compositeur Charles W. Sabatier (v. 1848), l'organiste et compositeur Antoine Dessane (1849), le pianiste et violoncelliste Paul Letondal (1852), le pianiste et professeur Gustave Smith (1856), le poète et chansonnier Emmanuel Blain de Saint-Aubin (1857), la cantatrice et professeur madame Petipas (1868) et le ténor et professeur Paul Wiallard (v. 1870). Ce sont ces musiciens de solide formation qui jetèrent les bases de la vie musicale à Montréal et à Québec. Ils se produisirent en concert et formèrent de nombreux élèves selon la tradition de leur pays d'origine.

D'autres Français sont venus s'établir au Canada au cours des décennies suivantes, comme Raoul Vennat (1903), Victor Occelier (v. 1907), Charles Tanguy (1907), Henri Delcellier et Salvator Issaurel (1911), Albert Roberval (1916), Jean Riddez (1920), Jean Belland et Yvonne Hubert (1926), José Delaquerrière (1938), Louis Bailly et Joseph Bonnet (1943), Paul Loyonnet (1954), Marie-Aimée Varro (1955), Antoine Reboulot (1967) et Pierick Houdy (1970). Sans se fixer à Montréal, d'éminents maîtres français y ont prodigué un enseignement fécond durant plusieurs années, notamment le harpiste Marcel Grandjany, le compositeur Jean-Louis Martinet, le pianiste Isidor Philipp et le baryton Martial Singher.

Canadiens en France

L'activité pédagogique des musiciens arrivés de France au Québec à partir du milieu du XIXe siècle créa chez leur meilleurs élèves un désir d'aller se perfectionner à la source même, c'est-à-dire en France. Ainsi a commencé un va-et-vient, qui se produit encore, de jeunes musiciens canadiens qui ont fait des séjours d'études plus ou moins prolongés en France, principalement à Paris, tant dans les établissements officiels qu'auprès de professeurs privés. La liste est considérable et s'allonge d'année en année. Le présent texte se limite aux principaux musiciens canadiens ayant étudié en France.

Paris demeura un pôle d'attraction pour les jeunes musiciens et leur migration fut continuelle, parfois même durant des conflits tels ceux de 1870-71, 1914-18 et 1939-45. Parmi les premiers à s'y rendre furent Ernest Gagnon (v. 1858), J.-B. Labelle (années 1850), Dominique Ducharme (1863), Moïse Saucier et C.-M. Panneton (1865), Salomon Mazurette (1866), Emma Albani (1868), R.-O. Pelletier (v. 1870), Calixa Lavallée et Guillaume Couture (1873), Gustave Gagnon (v. 1873), Oscar Martel (1875), Alfred De Sève (1876), Alcibiade Béique (1877), Charles Labelle (v. 1880), Achille Fortier (1885, premier Canadien à étudier la composition comme élève régulier au Cons. de Paris), François-Xavier Mercier et Rodolphe Plamondon (1895), Victoria Cartier, Alphonse Lavallée-Smith et Céline Marier (1896) ainsi que Joseph Saucier (1897).

Au Canada anglais, Clarence Lucas (1886), Marie Toulinguet (1890) et Hope Morgan (1892) furent parmi les premiers à se rendre en France pour étudier. Elliott Haslam enseigna le chant à Paris (1901-14) et Elizabeth Campbell fit de même de 1920 à la fin des années 1950.

Ce mouvement prit encore plus d'ampleur au XXe siècle avec le départ de Pauline Donalda (1902), Louise Edvina et Éva Gauthier (1904), et Arthur Plamondon (1905). La création de la bourse du Prix d'Europe l'accentua davantage. Parmi ses lauréats qui partirent pour Paris, on remarque Clotilde Coulombe (1911), Léo-Pol Morin (1912), Jean Dansereau (1914), Wilfrid Pelletier (1915), Graziella Dumaine (1916), Germaine Malépart (1917), Auguste Descarries (1921), Conrad Bernier (1923), Gabriel Cusson (1924), Paul Doyon (1925), Lionel Daunais (1926), Jean-Marie Beaudet (1929), Gilberte Martin (1930), première femme canadienne admise au Cons. de Paris (1932), Lucien Martin (1931), Bernard Piché (1932), Georges Lindsay (1934), Georges Savaria (1937), Jeanne Landry (1946), Clermont Pépin (1949), Josephte Dufresne (1950).

Plusieurs se rendirent aussi à Paris à titre privé ou comme boursiers du CAC ou du gouvernement du Québec, notamment Harry Adaskin, Rosario Bayeur, François Brassard, Victor Brault, Gilles Carpentier, Claude Champagne, Albert Cornellier, Andrée Desautels, Roger Gosselin, Jean-Pierre Hurteau, Jean-Paul Jeannotte, Raoul Jobin, Bernard Lagacé, Yvette Lamontagne, Annette Lasalle-Leduc, Gilles Lefebvre, Rafael et Alfred Masella, Rodolphe et André Mathieu, Barbara Pentland, Georges-Émile Tanguay.

Si les Canadiens en séjour d'études ont eu l'avantage de travailler avec les meilleurs maîtres, il faut signaler l'apport exceptionnel de la célèbre pédagogue Nadia Boulanger qui, de 1920 à sa mort en 1979, enseigna à plus de Canadiens que tout autre professeur dans un pays étranger. Parmi ses élèves figurent Françoise Aubut, Pierre Beaudet, John Beckwith, Maurice Blackburn, Richard Boulanger, Walter Buczynski, Gabriel Charpentier, Frank Churchley, Gabriel Cusson, Gwenda Owen Davies, Isabelle Delorme, Andrée Desautels, Nathaniel Dett, Paul Doyon, Elzéar Fortier, Kenneth Gilbert, Kelsey Jones, Jeanne Landry, Claude Lavoie, Roger Matton, Boyd McDonald, Pierre Mercure, Arthur Ozolins, Jean Papineau-Couture, Marguerite Pâquet, Michel Perrault, Rosette Renshaw, William K. Rogers, John Ronan, Paul Scherman, Winifred Scott, Calvin Sieb, Reginald Stewart, Yehuda Vineberg, Kenneth Winters et Robin Wood. Au nombre de ses élèves qui se sont subséquemment fixés au Canada se trouvent István Anhalt, Sterling Beckwith, Irving Heller, Richard Johnston, Maryvonne Kendergi, Peter Paul Koprowski, Pierre Mollet, Boris Roubakine et Peggy Sampson.

Rodolphe Mathieu, Roy Royal et Georges-Émile Tanguay furent des élèves de Vincent d'Indy, Claude Champagne étudia avec André Gédalge et Raoul Laparra, et Bruce Mather, Boyd McDonald et Harry Somers travaillèrent avec Darius Milhaud.

Un autre éminent professeur français qui a compté de nombreux élèves canadiens est Olivier Messiaen. Ses classes d'analyse et d'esthétique au Cons. de Paris ont été fréquentées par Françoise Aubut, Serge Garant, Steven Gellman, Jacques Hétu, Talivaldis Kenins, Sylvio Lacharité, Roger Matton, Clermont Pépin, André Prévost, Gilles Tremblay et plusieurs autres. (Voir aussi Orgue - Pratique et enseignement, Piano - Pratique et enseignement.)

La plupart des étudiants furent éventuellement de retour au Canada mais quelques-uns amorcèrent en France une carrière internationale, principalement au théâtre lyrique. Ce fut le cas d'Emma Albani, Jean Dansereau, Pauline Donalda, Louise Edvina, Éva Gauthier, Raoul Jobin, André Mathieu, François-Xavier Mercier et Rodolphe Plamondon ainsi que Béatrice La Palme et Sarah Fischer, qui, bien que n'ayant pas étudié en France, y firent une carrière brillante, notamment à l'Opéra-Comique de Paris. Parmi les Canadiens qui se sont produits avec succès en France à l'opéra, signalons également Pierrette Alarie, Victor Braun, Jean-Pierre Hurteau, Louis Quilico, Joseph Rouleau, Léopold Simoneau, Teresa Stratas, André Turp et Jon Vickers. Le chef d'orchestre Jacques Beaudry a dirigé plusieurs représentations à l'Opéra de Paris. Certains compositeurs canadiens ont été joués en France dès le XIXe siècle, comme Lavallée et Couture. Plusieurs autres l'ont été par la suite, comme Claude Champagne, Rodolphe Mathieu, Roger Matton, André Prévost, Gilles Tremblay. Un bloc important d'oeuvres canadiennes furent exécutées à Paris en 1977 lors du festival Musicanada. Des Canadiens comme Aglaé, Roger Gosselin, André Jobin et Thérèse Laporte se sont illustrés à l'opérette. Nombreux sont les Canadiens qui ont donné des récitals en France : Paul Bley, le Canadian Brass, Maureen Forrester, Oscar Peterson, le Quatuor à cordes Orford, etc. La Chorale Bach de Montréal, les Disciples de Massenet, les Festival Singers, l'OCNA, l'OSM, le Studio de musique ancienne de Montréal et le TS sont parmi d'autres ensembles qui ont donné des concerts à Paris et en province. En 1977, Robert Aitken, à l'invitation de Pierre Boulez, se produisit en récital lors de l'inauguration de l'Institut de recherche et de coordination acoustique-musique (IRCAM) au Centre Georges-Pompidou à Paris. Raffi Armenian, Pierre Hétu et Gilles Auger ont été lauréats du Concours pour jeunes chefs d'orchestre de Besançon. En 1988, Kenneth Gilbert était nommé professeur au Cons. de Paris, devenant ainsi le premier Canadien à occuper un tel poste. En 1991, la Direction de la musique de la cathédrale Notre-Dame de Paris annonçait la nomination de Michel Gervais au poste de maître de chapelle, à compter de 1992. Il est aussi le premier Canadien à occuper ce poste prestigieux.

Chanson et chansonniers

S'il est un domaine où l'influence de la France a été déterminante, c'est celui de la chanson. Durant plus de deux siècles, la chanson folklorique d'origine française est demeurée peut-être le seul lien que les Canadiens pouvaient garder avec la France. On a souvent fait remarquer que les chansons françaises au Canada avaient été conservées dans leur forme la plus pure, à cause d'une industrialisation venue beaucoup plus tard, et aussi parce qu'elles furent moins exposées au Canada à des influences extérieures. Si les chansons de folklore furent le lien le plus solide, elles ne furent cependant pas le seul. Durant le XIXe siècle, la romance de salon connut une grande vogue et les oeuvres de Nadaud, Boissière, Panseron et Loïsa Puget furent aussi populaires au Canada qu'en France, du moins si l'on en juge par les nombreuses éditions et recueils consacrés à ce répertoire.

Le Québec demeura étranger à la vogue de la chanson montmartroise d'un Aristide Bruant mais la célèbre diseuse Yvette Guilbert reçut un accueil chaleureux à sa visite en 1897. Par la suite, le barde breton Théodore Botrel et le chansonnier Albert Larrieu firent de nombreuses tournées au Québec pour répandre ce qui allait être connu sous le nom de « bonne chanson ». Ce n'est qu'après 1930 que les artistes français de la chanson et les vedettes du music-hall vinrent régulièrement au Québec où leur répertoire fut également répandu par le disque puis par le cinéma.

Parmi les vedettes dont le succès fut vif au Québec et dans certains centres francophones du Canada, on relève les noms de Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Bourvil, Lucienne Boyer, Georges Brassens, Maurice Chevalier, Philippe Clay, les Compagnons de la chanson, Annie Cordy, André Dassary, Fernandel, Léo Ferré, Jacqueline François, les Frères Jacques, Juliette Greco, Georges Guétary, Johnny Halliday, Rudi Hirigoyen, Jacques Jansen, Zizi Jeanmaire, Luis Mariano, Marjane, Yves Montand, Patachou, Tino Rossi, Suzy Solidor et Charles Trenet. En retour, plusieurs auteurs-compositeurs-interprètes canadiens ont connu une carrière d'importance en France, depuis Félix Leclerc en 1951. Après lui, plusieurs sont venus chercher la consécration de Paris : Robert Charlebois, Diane Dufresne, Jean-Pierre Ferland, Pauline Julien, Jacques Labrecque, Claude Léveillée, Raymond Lévesque, Monique Leyrac, Luc Plamondon, Diane Tell, Fabienne Thibeault, Gilles Vigneault, Roch Voisine, etc. (Voir aussi La Chanson au Québec, Musique folklorique canadienne-française.)

Paris a aussi attiré plusieurs musiciens de jazz canadiens. Parmi ceux-ci, Milt Sealey, pianiste né à Montréal, se fixa à Paris dans les années 1950 et un autre pianiste, Wray Downes, y étudia et travailla durant la même décennie.

Les relations culturelles entre la France et le Canada existent de façon officielle depuis 1882 alors que le gouvernement canadien nomma un premier agent général du Canada à Paris. Plus tard, l'Ambassade du Canada eut son attaché culturel. À la fin des années 1920, l'ouverture de la Maison des Étudiants canadiens à la Cité universitaire de Paris facilita le séjour des jeunes musiciens. En 1970, le ministère des Affaires extérieures inaugura le Centre culturel canadien à Paris dont le premier dir. fut Guy Viau. Quant au Québec, il ouvrit en 1961 à Paris une Délégation générale dont Raoul Jobin et Jean Vallerand furent parmi les conseillers culturels.

À la Cité internationale des arts, au coeur de la ville, trois studios sont mis chaque année à la disposition de jeunes artistes canadiens de toutes disciplines, grâce à un programme administré conjointement par le ministère des Affaires extérieures et le CAC. Deux de ces studios sont assignés à des étudiants en musique.