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Instruments de musique

La fabrication des instruments de musique au Canada, surtout dans des domaines bien précis, connaît un grand succès depuis ses débuts.

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La fabrication des instruments de musique au Canada, surtout dans des domaines bien précis, connaît un grand succès depuis ses débuts. Au XIXe siècle, le dynamisme, la fiabilité et l'intégrité des entreprises individuelles et familiales, tels l'atelier de Thomas Heintzman, fabricant de pianos, et l'atelier de Joseph Casavant, spécialisé dans la fabrication des orgues, assurent à ces instruments un marché national et international. Le zèle religieux, qui a joué un rôle important dans la colonisation du Canada, trouve son expression musicale dans l'orgue, l'harmonium (orgue à anches) de fabrication canadienne étant particulièrement populaire de 1870 à 1970.

Avant la Première Guerre mondiale, le piano est à la mode dans les salons, les cercles militaires d'officiers, les salles paroissiales, les écoles, les propriétés familiales des colons et les saloons de la ruée vers l'or. Après une grave période de crise due à la situation économique du pays, les ventes de pianos font une remontée spectaculaire pour atteindre le chiffre d'environ 11 000 au milieu des années soixantes. Mais depuis, la concurrence étrangère a engendré de nombreuses faillites et fusions chez les fabricants canadiens, si bien qu'en 1987, le Canada ne fabrique plus aucun piano. En revanche, les fabricants d'orgues, avec à leur tête des constructeurs hautement qualifiés (Brunzema, Guilbault-Thérien, Kney, Letourneau, Wilhelm et Wolff), acquièrent une renommée internationale. Dès le début des années 80, grâce à sa maîtrise du métier et à l'utilisation de certaines pièces fabriquées au pays, CASAVANT FRÈRES de Saint-Hyacinthe, au Québec, exporte 80 p. 100 de sa production et installe, entre autres, 18 grandes orgues au Japon.

Les forêts canadiennes fournissent le bois nécessaire à la fabrication d'instruments à clavier et à cordes qui résistent à notre climat. L'abondance de bois d'excellente qualité contribue à attirer au Canada des artisans de talent, tels que les luthiers et archetiers Chanon (Français), Karlsson (Suédois), Kun et Mach (Tchèques), Loerakker et Vann (Hollandais), de Lellis et Righele (Italiens), Erdész et Saint-Michael (Hongrois). En 1979, l'ouverture d'une école de lutherie à Québec, sous la direction de Sylvio de Lellis et de Mario Lamarre, ressuscite la tradition de la lutherie québécoise établie au XIXe siècle par les familles Lyonnais, Martel, Lavallée et Bayeur.

L'intérêt contemporain pour la musique ancienne, exécutée avec des instruments de facture authentique, stimule les luthiers à faire preuve de créativité avec les matériaux mis à leur disposition. Cela est évident dans la production des fabricants de clavecins Albarda, Beaupré, Kater, Redsell et Turner, ainsi que dans celle des fabricants de luths et d'autres instruments anciens Allworth, Boudreau, Davis, Hobrough, Noy, Philpot, Schreiner, Titmuss et Zuchowicz , pour ne citer qu'eux. Les noms de fabricants de guitares sèches de grande qualité, comme Dunn, Bay, Larrivée, Laskin, Manzer, Panhujsen, Lister et Wren, viennent confirmer l'intérêt des artisans pour leur art et une attitude très favorable à l'artisanat qui rappellent les premiers ateliers d'instruments de musique du XIXe siècle.

L'entreprise individuelle donne naissance à des compagnies remarquables, comme la Stoermer Bell Foundry (Breslau, Ont., 1931) et Guitabec (La Patrie, Qc, 1972). Le Canada fabrique peu de bois, de cuivres ou d'instruments à percussion à l'échelle industrielle, à l'exception de Sabian Ltd. (Meductic, N.-B.), dont les cymbales fabriquées selon la tradition Zildjian sont renommées mondialement. De même, l'accordéon à basses chromatiques, en vogue depuis les années 60, et l'accordéon à boutons, indispensable à la musique folklorique francophone et terre-neuvienne, sont importés.

On peut admirer des instruments de musique fabriqués au Canada, et dont le degré de conservation varie, dans les villages de colons, les forts et les musées des sociétés historiques locales. La sonorité des violons québécois du XIXe siècle, dont seulement quelques exemplaires existent encore et appartiennent à des particuliers, a disparu . Il reste quelques spécimens, en état de fonctionnement, d'orgues fabriqués par Samuel Warren (Chambly, 1854), Louis Mitchel (Vaudreuil, 1871), Casavant Frères (Lacolle, 1885) et Napoléon Déry (Saint-Roch-des-Aulnaies, 1874). L'ENCYCLOPÉDIE DE LA MUSIQUE AU CANADA (2e éd.) comporte une liste de 26 collections publiques et privées d'instruments de provenance canadienne ou étrangère. La plus importante est celle du Musée royal de l'Ontario, réalisée à partir de la collection R.S. Williams. Le musée compte plus de 1000 instruments, répartis dans les sections Extrême-Orient, Europe et ethnologie. Le musée d'anthropologie de l'U. de la Colombie-Britannique (Vancouver), le musée provincial de la Colombie-Britannique (Victoria), le Glenbow-Alberta Institute (Calgary), la collection Robertson (Regina) et le Musée canadien des civilisations (Ottawa) exposent, entre autres, des instruments amérindiens et non-occidentaux.

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