Jeunesse et début de carrière
Né le 13 octobre 1803, Augustin-Norbert Morin connaît une enfance difficile. Il souffre de rhumatismes et sa famille, des cultivateurs, n’a pas les moyens de l’envoyer à l’école. Thomas Maguire, le curé de paroisse de Saint-Michel, lui donne la possibilité de faire des études. Impressionné par son intelligence, le prêtre le prend sous sa protection et l’envoie au Séminaire de Québec en 1815. Quand il sort du Séminaire, en 1822, le jeune Augustin-Norbert décide d’étudier le droit. Sans un sou, et ne pouvant poursuivre ses études, il commence à écrire pour Le Canadien. Il s’installe ensuite à Montréal où il étudie le droit auprès de Denis-Benjamin Viger. Ce dernier est non seulement un excellent avocat mais aussi, à ce moment, un des leaders les plus influents du Parti canadien.
Bien qu’encore tout jeune, Augustin-Norbert Morin compte parmi les plus importants nationalistes de la colonie. Il connaît personnellement plusieurs leaders Patriotes, comme Denis-Benjamin Viger, Louis-Joseph Papineau et Ludger Duvernay, et en 1825 il écrit un pamphlet célèbre critiquant la politique linguistique du juge Edward Bowen, qui avait refusé d’accepter une assignation écrite en français. Signant « un étudiant en droit », Augustin-Norbert Morin rappelle à Edward Bowen que l’utilisation du français au Bas-Canada est un droit juridique protégé par le traité de capitulation de la Conquête et l’Acte constitutionnel de 1791. À aucun moment depuis
À l’âge de 23 ans, Augustin-Norbert Morin fonde
Dans le Parti patriote
En 1830, Augustin-Norbert Morin est élu à l’Assemblée législative par les électeurs de Bellechasse. Il travaille énormément ; par exemple, un an après le début de son mandat, il siège déjà sur sept comités différents. Et après les années difficiles de 1833-1834, pendant lesquelles il doit démissionner de l’Assemblée à cause d’« accusations non prouvées de malversation », il devient une des figures de proue du Parti patriote.
En 1834, Augustin-Norbert Morin joue un rôle de premier plan en rédigeant, à la demande de Louis-Joseph Papineau, les 92 résolutions, le célèbre document qui établit les réformes politiques demandées par les Patriotes. En mars de la même année, il est choisi par l’Assemblée législative pour accompagner Denis-Benjamin Viger à Londres afin de présenter le document. Augustin-Norbert Morin est aussi le lieutenant de Louis-Joseph Papineau à Québec, et en 1835, avec Denis-Benjamin Viger, Edmond Baily O’Callaghan, Édouard-Raymond Fabre et plusieurs autres, il fonde l’Union patriotique de Montréal, une association qui a pour objectif de défendre la colonie et l’Assemblée législative contre toute intervention injustifiée et inconstitutionnelle, et contre les abus des autorités coloniales.
Si Augustin-Norbert Morin est au début un des éléments les plus modérés du mouvement patriote, il commence à se radicaliser après 1836. Comme dit l’historien Jean-Marc Paradis, il est « entraîné dans le tourbillon des événements » et il participe activement à la rébellion de 1837, menant la charge à Québec. Cependant, sa tentative d’amener la population de la ville à se soulever échoue complètement. Les historiens Jean-Marc Paradis et Antoine Roy ont remarqué qu’en dépit de son dévouement à l’égard du mouvement, il n’avait pas l’étoffe d’un leader. Après la rébellion de 1837, Augustin-Norbert Morin se cache dans la forêt près de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud jusqu’à l’été 1838, quand il revient à Québec. Malgré ses activités pendant la rébellion, il ne passe que dix jours en prison, après son arrestation en 1839 ; il n’y a tout simplement pas assez de preuves contre lui.
Dans le mouvement réformiste
Après les rébellions, Augustin-Norbert Morin souffre de problèmes de santé et connaît des difficultés financières. Pour joindre les deux bouts, il revient à la pratique du droit. Cependant, les patriotes ne demeurent pas longtemps à l’écart de la politique. Dans les années suivant les rébellions, le gouvernement britannique adopte un plan pour unir le Bas et le Haut-Canada, un projet très diviseur qui pourrait représenter une menace pour la survie du Canada français. Cédant à la requête de son ami Louis-Hyppolyte La Fontaine, Augustin-Norbert Morin revient dans l’arène politique.
Comme beaucoup de ses collègues, Augustin-Norbert Morin change d’attitude à l’égard de l’Union. Il commence par lui être favorable, car il croit qu’elle pourrait mettre en place une relation fructueuse entre les réformistes du Haut-Canada et du Bas-Canada, mais finit par s’y opposer. Comme plusieurs, il dénonce le fait que les deux colonies auront droit au même nombre de représentants dans l’assemblée législative du Canada-Uni, alors que la population du Bas-Canada est beaucoup plus importante. Il affirme même : « Je suis contre l’Union et ses principaux points, comme je crois que devrait l’être tout Bas-Canadien honnête. » Une telle affirmation laisser suggérer beaucoup de points communs avec le Parti rouge. En fait, Augustin-Norbert Morin a même été orateur de l’Institut canadien, le lieu de rencontre initial du Parti. Cependant, selon l’historien Brian Young, l’attitude d’Augustin-Norbert Morin, après les rébellions, est plutôt marquée par un esprit de compromis. Même s’il ne s’entend pas avec les réformistes sur tous les points, il veut « convaincre les autorités de leur erreur, et leur donner le temps nécessaire pour la réparer. […] Je suis pour la paix, l’union et l’harmonie, s’il y a possibilité d’y arriver. »
À l’Assemblée législative, Augustin-Norbert Morin se montre à nouveau très actif. En 1842, il est commissaire des Terres de la couronne, il rédige
Création du Code civil du Bas-Canada
Bien qu’il doive quitter la politique en 1855 pour des raisons de santé, Augustin-Norbert Morin ne prend pas sa retraite. En fait, il lui reste à faire une autre importante contribution à l’histoire du Canada. En 1859, il est nommé, avec Charles Dewey Day et René-Édouard Caron, à la commission qui codifie les lois du Bas Canada et créé le Code civil du Bas-Canada de 1866 (Voir Code civil). C’est une de ses plus grandes réalisations. Il se met à la tâche avec énergie, portant une grande attention aux détails. Selon Jean-Marc Paradis, il est entièrement consacré à la tâche : « Chargé du droit civil, il fait le relevé de toutes les références possibles sur tous les sujets, établit une jurisprudence à partir d’une bibliothèque de plus de 400 œuvres de droit et il rédige un nouveau texte. » Malheureusement, Augustin-Norbert Morin n’est plus là le jour où son œuvre de plusieurs années devient loi dans la colonie : il décède en juillet 1865.