La monnaie de carte était un type de papier-monnaie utilisé périodiquement en Nouvelle-France de 1685 jusqu’à la Conquête britannique de 1763. Les monnaies de cartes étaient émises par le roi et elles détenaient des valeurs équivalentes aux livres françaises. Elles ont plus tard été remplacées par des cartes blanches découpées sous diverses formes.
Histoire
L’administration de la Nouvelle-France compte sur l’arrivée de l’argent comptant venant de France pour payer les fonctionnaires, les fournisseurs, les soldats et les commis. Il y a confusion lorsque le bateau n’arrive qu’en fin de saison, et plus encore quand il n’arrive pas du tout. En 1685, l’intendant Jacques de Meulles invente un type de papier-monnaie afin de faire face aux dépenses. Il imprime divers montants sur des cartes à jouer et il y appose son sceau. Lorsque le navire du roi arrive, il échange cette monnaie de carte contre de l’argent comptant. Ce système prend fin après 1686, mais il s’avère nécessaire d’y recourir de nouveau entre 1689 et 1719. En 1714, on évalue à 2 millions de livres le montant total de monnaies de carte en circulation. Certaines cartes valent jusqu’à 100 livres.
Le roi recommence à avoir recours à la monnaie de carte en 1729, parce que les marchands le demandent. Cette fois, l’argent prend la forme de cartes blanches sans couleurs, qui sont coupées ou dont les coins sont découpés selon une table de calcul définie. Une carte entière vaut 24 livres (soit la somme la plus élevée pour de la monnaie de carte). Lorsque les coins sont coupés, elle vaut 12 livres. D’autres coupes ont d’autres valeurs.
Au 18e siècle, la monnaie de carte n’est pas la forme la plus importante de papier-monnaie. Il y a le certificat, un montant certifié que le commerçant donne au fournisseur. L’ordonnance est un billet à ordre signé par l’intendant sur un formulaire imprimé. Comme les cartes et les certificats, l’ordonnance est remboursable par une lettre de change du Trésorier de la Marine. Et finalement, il y a la lettre de change, ou traite, utilisée entre particuliers afin d’éviter un transfert en espèces. L’État se sert également de cette forme d’argent, surtout pour racheter le papier-monnaie.
Après la Conquête de la Nouvelle-France en 1763, les Canadiens détiennent encore l’équivalent d’environ 16 millions de livres en papier-monnaie, dont seulement 3,8 % en monnaie de carte. Le Traité de Paris prévoit le règlement des obligations de papier-monnaie. Les spéculateurs britanniques achètent du papier-monnaie aux colons à prix réduit dans l’espoir de le racheter près de sa valeur nominale. Après des négociations, la France accepte de convertir la monnaie de carte en obligations du gouvernement. Cependant, en 1771, les problèmes financiers du gouvernement français font en sorte que ces obligations sont sans valeur.