La marine du Canada défend les intérêts canadiens dans les eaux nationales et internationales depuis le début du 20e siècle, et ce, même si elle a souvent de la difficulté à obtenir navires et ressources auprès de gouvernements parfois négligents. La marine représente un élément central de la contribution du Canada à la Deuxième Guerre mondiale, y compris lors de la bataille de l’Atlantique et des invasions des forces alliées en Italie et en Normandie. Au cours des décennies suivantes, la marine est présente à travers le monde en servant les Nations Unies et l’OTAN, tout en protégeant la souveraineté des trois côtes du Canada.
Premières décennies
Marine « royale » du Canada
La Marine royale du Canada (MRC) est proclamée comme telle par le roi George V le 16 août 1911. Toutefois, la date commémorée est le 4 mai 1910, date à laquelle la Loi du service navalest édictée pour mettre sur pied le Service naval canadien.
La MRC est dissoute au moment de l’unification des Forces armées canadiennes, le 1er février 1968. Elle devient alors une division des Forces armées connue sous le nom de « Commandement maritime ». Cependant, son nom historique demeure populaire; il est d’ailleurs rétabli en 2011 par le gouvernement du premier ministre Stephen Harper afin de commémorer le centenaire de la proclamation originale de la MRC. La marine demeure subordonnée au commandement des Forces armées unifiées.
Service de protection des pêches
Pendant plus de trois décennies après la Confédération de 1867, l’idée de mettre sur pied une marine nationale n’est même pas évoquée. Il y a deux raisons à cela: le statut semi-colonial du Canada, qui laisse la responsabilité des relations extérieures au gouvernement britannique, et le fait que le Canada soit protégé par son appartenance à l’Empire britannique, la Royal Navy britannique étant alors l’une des plus grandes puissances navales du monde. Toutefois, comme l’Angleterre veut développer de bonnes relations avec les États-Unis, Londres n’est pas toujours disposée à prendre en compte l’intérêt plus restreint d’Ottawa. Au début des années 1880, les différends sur les pêches, notamment l’intrusion des baleiniers américains dans l’Arctique, mènent à la mise sur pied du Service de protection de la pêche. Dans les années 1890, il se transforme en une petite flotte paramilitaire.
L’expérience des contingents canadiens lors de la guerre des Boers de 1899-1902 appelle des réformes de la milice, parmi lesquelles la proposition de fonder une milice navale. En 1908, le premier ministre sir Wilfrid Laurier nomme le contre-amiral Charles Kingsmill, un Canadien ayant servi dans la Royal Navy, pour superviser le processus. Leur projet jouit d’un vaste appui politique jusqu’à la crise du dreadnought de 1909 — un élément clé dans la course à l’armement naval entre l’Angleterre et l’Allemagne — qui pousse l’Angleterre à demander au Canada et aux autres Dominions de plus grandes contributions navales. Le consensus national se trouve alors divisé quant à la façon d’aider l’Angleterre à relever le défi allemand, sans pour autant s’empêtrer dans les aventures impériales d’outremer.
Première Guerre mondiale
L’adoption de la Loi du service naval permet, en 1910, de procéder à l’achat de deux croiseurs britanniques vieillissants à des fins d’entraînement, soit un pour chaque côte : le Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Niobe à Halifax et le Rainbow à Esquimalt. Un collège naval est aussi fondé à Halifax. Lorsque les conservateurs de Robert Borden remportent l’élection générale de septembre 1911, misant en grande partie sur les réticences exprimées par les Canadiens français au sujet de la marine, le nouveau premier ministre sabre le budget de la MRC. On se trouve alors dans une situation d’impasse quant à l’avenir de la marine.
Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale en août 1914, on prépare rapidement les deux croiseurs à prendre la mer; ils deviennent les premières ressources militaires canadiennes à être déployées. Heureusement, aucun d’entre eux n’a à affronter le puissant adversaire allemand. Après avoir passé plus d’une année en fonction dans un barrage visant à imposer la neutralité des échanges entre les États-Unis et l’Allemagne, les deux croiseurs sont amarrés sur leurs côtes respectives et servent de baraques et de navires-dépôt.
Lorsque se pointe la menace sous-marine dans l’Atlantique Nord, la Royal Navy ne peut envoyer des renforts. La MRC met alors précipitamment en service les navires et les équipages du service des pêches, acquiert progressivement une collection de yachts privés convertis et construit des chalutiers anti-sous-marins. Deux sous-marins appartenant au gouvernement de la Colombie-Britannique sont transférés à Halifax, mais ne sont pas utilisés au cours des opérations. En tout, environ 9 500 marins forment un équipage de plus de 200 bateaux. Il s’agit toutefois surtout de petites forces côtières qui n’affronteront jamais l’ennemi. L’effort national étant surtout dédié aux batailles terrestres sur le front de l’Ouest européen, la contribution matérielle de la MRC à l’effort de guerre du Canada est considérée négligeable.
Entre-deux-guerres
Après la guerre, la tentative de mettre sur pied une marine viable avorte lorsque le premier ministre William Lyon Mackenzie King se sert de la Conférence navale de Washington de 1923 (qui limite la construction par les grandes puissances) pour réduire le budget de la marine canadienne. En réponse à ces coupes, le directeur du service naval réduit à 500 le personnel de la force permanente, ferme le collège naval, ne garde que deux destroyers et quatre chalutiers en service comme vaisseaux d’entraînement et détourne des ressources pour financer la mise sur pied de la Réserve des volontaires de la Marine royale canadienne (RVMRC).
À la suite de sa réélection en 1935, Mackenzie King se rend compte qu’il est nécessaire d’agrandir légèrement la flotte de destroyers pour que la MRC puisse organiser des patrouilles neutres sur la côte du Pacifique, face à la menace grandissante de guerre entre les États-Unis et le Japon. Puisque les tensions augmentent aussi en Europe, l’idée qu’une flotte canadienne ne subirait pas autant de pertes que lors de la guerre d’attrition sur le front de l’Ouest attire les politiciens, tout comme celle de faire de la marine le pilier du réarmement. En septembre 1939, la MRC compte sur une flotte efficace, quoique de petite taille, qui compte une demi-douzaine de destroyers et quatre dragueurs de mines. L’expansion repose sur un noyau formé de 3 500 marins réguliers et réservistes de tous rangs.
Deuxième Guerre mondiale
Lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate, la MRC est encore une fois la première force militaire canadienne à se lancer dans l’action. Elle constitue le pilier de l’effort canadien au cours des deux premières années de guerre. Elle amorce immédiatement son travail d’escorte de convois dans l’Atlantique Nord. À partir du printemps 1940, les destroyers de la MRC participent aussi à des opérations au large de la côte française, notamment l’évacuation des forces britanniques du continent européen la même année.
Expansion rapide
La « marine des corvettes » de la RVMRC et la bataille de l’Atlantique contre les U-boots allemands comptent parmi les contributions majeures de la MRC, mais les réalisations de la marine ne s’arrêtent pas là. En 1941, alors que le sort de l’Angleterre est incertain et que les États-Unis ne sont pas encore entrés en guerre, l’expertise grandissante de la MRC et la possibilité d’avoir à défendre les eaux canadiennes entraînent l’établissement d’une puissante marine nationale. La défaite des U-boots demeure une priorité, mais le gouvernement ordonne l’acquisition de croiseurs et de puissants destroyers de classe Tribal, en plus de nombreuses corvettes anti-sous-marines et d’autres escortes.
Le collège naval est rouvert pour assurer la formation des officiers au Canada. L’expansion rapide au cours de laquelle le personnel est multiplié par trente (la marine compte environ 96 000 marins et 6 500 femmes à la fin de la guerre) et l’effort requis pour envoyer en mer un grand nombre de navires (souvent avant même qu’ils ne soient complètement prêts au combat) mènent à une crise de l’équipement et de la formation au printemps 1943. Cela donne lieu au licenciement du vice-amiral Percy Nelles, chef d’état-major naval.
Cela signifie en outre que la MRC n’est pas au centre des batailles de convois cruciales de mai 1943. Toutefois, la reconnaissance des contributions de la MRC à l’effort de guerre se mesure davantage à la décision alliée de créer une zone canadienne séparée du nord-ouest de l’Atlantique en 1943, qui tombe sous la responsabilité conjointe de la MRC et de l’Aviation royale du Canada. Sous le commandement du contre-amiral Leonard Murray, la MRC est dorénavant responsable de toutes les opérations de convoyage dans le nord de l’Atlantique, et ce, jusqu’à la fin de la guerre. Il s’agit encore aujourd’hui du seul théâtre de guerre d’importance à avoir été commandé par un Canadien.
Quatrième plus grande flotte au monde
Puisque les U-boots demeurent de puissants ennemis, plus de 100 escortes se joignent à la bataille dans l’Atlantique pendant les deux dernières années de la guerre, pour la plupart des frégates plus performantes. De plus, les destroyers de classe Tribal amorcent leur carrière dans le passage de Mourmansk (voyage du convoi vers le nord de la Russie), puis patrouillent la Manche pour soutenir le débarquement du jour J. Les dragueurs de mines canadiens aident à dégager les approches vers les plages normandes. Aussi, les bâtiments de débarquement et les croiseurs antiaériens canadiens participent aux assauts sur les îles Aléoutiennes, en Sicile, en Italie, en Normandie, dans le sud de la France et en Grèce, ainsi qu’à la libération de Hong Kong.
Les marins canadiens font aussi partie de l’équipage de deux porte-avions d’escorte britanniques (les porte-avions légers de la MRC ne seront prêts qu’après le jour de la Victoire sur le Japon). Aussi, les premiers croiseurs canadiens se joignent à la flotte britannique du Pacifique pour participer au soutien des opérations contre les îles japonaises.
En tout, les vaisseaux de guerre canadiens détruisent 42 navires de surface ennemis, seuls ou avec l’aide d’autres bâtiments et avions, en plus de couler 33 sous-marins. De son côté, la MRC perd 31 bâtiments et 1 990 hommes. À la fin de la guerre, la MRC compte sur la quatrième plus grande flotte au monde, soit plus de 400 navires de guerre, derrière celles des États-Unis, de l’Angleterre et de l’Union soviétique. Bien que la MRC ne possède aucun cuirassé ni aucun sous-marin, des marins canadiens servent avec distinction sur ces deux types de vaisseaux dans la Royal Navy.
Guerre froide
Tensions de l’après-guerre
Planifier une transition ordonnée vers une structure de temps de paix devient particulièrement ardu, puisque des coupes d’après-guerre font passer les effectifs de la MRC à moins de 6 500 membres en avril 1946. Le quasi effondrement de la marine est caractérisé par une série d’« incidents » à la fin de l’hiver 1949 : les marins déployés sur les destroyers Athabaskan et Crescent ainsi que sur le porte-avions Magnificent déclenchent de courtes grèves. Qualifiées à tort de « mutineries », ces grèves sont le fruit d’un corps d’officiers imprégné des valeurs britanniques. Elles sont rapidement réglées par les capitaines des navires. Il s’agit davantage de réactions aux tensions causées par la réorganisation radicale, le tout sur fond de contraintes budgétaires.
OTAN et Corée
La MRC prouve sa viabilité opérationnelle en pleine crise. Le porte-avions Magnificent est affecté à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à titre d’engagement militaire du Canada après la formation de l’organisation en 1949. Un an plus tard, lorsque la Corée du Nord attaque le Sud, le Canada déploie rapidement trois destroyers dans la région (les NCSM Cayuga, Athabaskan, Sioux) et maintient ce nombre en place et en rotation pour la durée de la guerre. Il s’agit d’une réalisation majeure pour une flotte qui compte seulement huit destroyers. (Voir Guerre de Corée et NCSM Haida.) Les destroyers jouent un rôle important dans la réponse navale de l’ONU, protégeant les porte-avions des attaques sous-marines et aériennes. Ils bombardent également les zones occupées par l’ennemi et les voies ferrées le long de la côte dans le cadre du « Trainbusters Club ». Le 2 octobre 1952, le NCSM Iroquois est engagé dans une telle mission lorsqu’il est touché par un obus ennemi qui fait trois victimes et dix blessés. Ce sont les seules victimes de la MRC durant la guerre de Corée.
Le saviez-vous?
En décembre 1950, les NCSM Cayuga, Athabaska, et Sioux ont fait partie d’une mission pour évacuer 7700 soldats des forces de l’ONU de la ville portuaire de Chinnampo sur le fleuve Taedong. Dirigés par le Cayuga, les navires ont navigué de nuit sur plus de 35 km en remontant le fleuve, naviguant sur les eaux peu profondes et les mines. Deux navires de l’ONU, incluant le NCSM Sioux, ont touché le fond et ont dû retourner en mer. Après l’embarquement des troupes, les navires ont détruit les quais, les voies ferrées, les décharges pétrolières, et les usines afin d’éviter qu’ils ne tombent entre les mains de leurs ennemis.
Guerre anti-sous-marine
La nature de la guerre maritime change sensiblement à la fin des années 1950 et au début des années 1960, en raison de la menace changeante des sous-marins nucléaires soviétiques et de l’aviation à long rayon d’action (voir Le Canada et la lutte anti-sous-marine pendant la Guerre froide). Pour contrer les sous-marins, les architectes navals conçoivent les destroyers d’escorte de classe St-Laurent. De plus, ils sont à l’origine d’innovations de taille comme le sonar à immersion variable, l’hydroptère et le destroyer porte-hélicoptères. (Voir aussi Le Canada et le SOSUS.)
Brise-glace et couverture aérienne
Le brise-glace Labrador, mis en chantier en 1948, fait de nombreux voyages en Arctique et établit une présence militaire visible dans cette région importante avant d’être transféré à la Garde côtière. Afin d’assurer une couverture aérienne à sa flotte, le porte-avions Bonaventure est mis en service en 1957. De construction anglaise, il comporte un pont oblique et des chasseurs à réaction.
Alors que se négocient les premières ententes de coopération navale entre le Canada et les États-Unis, l’état-major naval prend la décision avisée de s’assurer que tous les bâtiments, équipements et systèmes de communication soient compatibles avec la US Navy. Ces mesures sont toutes en place lorsque la flotte de l’Atlantique amorce ses patrouilles pendant la crise des missiles cubains en 1962, en réponse à une menace directe et considérable à la sécurité continentale.
Commandement maritime
Cette réussite opérationnelle à un moment critique se révèle, à bien des égards, être le sommet atteint par la MRC au cours de la guerre froide. L’année suivante, les libéraux du premier ministre Lester Pearson prennent le pouvoir et s’engagent à réorganiser la défense nationale. En 1964, l’intégration de la marine avec la force aérienne et l’armée élimine les différentes entités de personnel de service; lors de l’unification de 1968, la MRC devient enfin, et dans la controverse, un Commandement maritime subordonné. Un certain nombre d’amiraux démissionnent en guise de protestation.
Au même moment, la réduction importante du budget de la défense rend trop coûteux le maintien d’une division d’aviation navale. Le porte-avions Bonaventure est donc mis au rancart en 1970.
En 1960, lors de la célébration de son 50e anniversaire, la flotte de la MRC compte 50 navires de combat (le porte-avions, 14 destroyers d’escorte de classe St-Laurent et 6 autres bâtiments, 23 destroyers et frégates de guerre convertis et 10 dragueurs de mines) dont l’équipage compte 21 500 marins. En 1970, soit dix ans plus tard, la marine ne compte, en plus des St-Laurents vieillissants, qu’un seul navire de soutien opérationnel et trois sous-marins d’entraînement de classe Oberon acquis au milieu des années 1960. Elle est aussi dans l’attente de quatre nouveaux destroyers porte-hélicoptères (de classe Iroquois) et de deux autres navires de soutien opérationnel (de classe Protecteur). Elle compte désormais moins de 10 000 marins. Au milieu des années 1970, le Commandement maritime n’est plus que l’ombre d’une marine. C’est avec sa flotte ainsi réduite pendant les vingt dernières années de la guerre froide que la marine s’exerce activement avec ses partenaires d’alliance dans un rôle de plus en plus marginal, même dans le domaine anti-sous-marin, sa spécialité.
Des années 1990 à aujourd’hui
Nouveaux navires, nouvelles guerres
La chute du mur de Berlin en 1989 coïncide avec le renouvellement longtemps reporté de la flotte, qui comprend 12 frégates de classe Halifax dans diverses phases de construction, une mise à niveau majeure de mi-vie des quatre destroyers de classe Iroquois et 12 navires de défense côtière destinés à relancer la capacité de déminage de la Réserve navale. Toutefois, l’annulation d’un projet de 10 à 12 sous-marins à propulsion nucléaire signale la possibilité d’une autre période de réduction des dépenses.
De façon inattendue, l’Irak envahit le Koweït en août 1990. Le Canada se retrouve encore une fois en guerre, et sa marine est là pour répondre à l’appel. Les priorités opérationnelles de la marine, axées auparavant sur la guerre anti-sous-marine dans les océans, se concentrent alors sur des opérations de sécurité maritime dans les eaux chaudes, humides et restreintes de l’Asie du Sud-Ouest. La marine y maintient une présence au cours des 25 années qui suivent.
Les opérations s’intensifient au cours des deux années qui suivent les attaques terroristes du 11 septembre 2001, plus encore que lors de la guerre de Corée. Dix-sept navires de guerre canadiens (tous les gros navires, sauf deux qui requièrent une longe remise en état) servent en Asie du Sud-Ouest. Une série de commodores canadiens occupe le prestigieux poste de commandement de la flotte de la coalition dans la mer d’Oman, qui soutient les forces internationales déployées en Afghanistan.
Parmi ses autres opérations à travers le monde, notons les déploiements au Timor-Oriental, la circumnavigation du continent africain, les incursions quasi annuelles à divers endroits des Caraïbes, et un déploiement dans l’Atlantique Sud pour soutenir une descente antidrogue de la GRC au large de l’Angola. Plus près de chez elle, la marine est à l’avant-scène des opérations annuelles des Forces armées dans l’Arctique.
Construction navale au 21e siècle
Au 21e siècle, la MRC s’engage dans une nouvelle phase d’après-guerre de renouvellement de sa flotte. En 2011, le gouvernement du premier ministre Stephen Harper annonce que la société Irving Shipbuilding Inc. de Halifax a obtenu un contrat de 25 milliards de dollars pour la construction de 21 navires de combat canadiens. Ce contrat comprend six navires de patrouille en mer et dans l’Arctique et 15 navires de combat de surface canadiens, qui remplaceront la flotte vieillissante de frégates de classe Halifax et de destroyers de classe Iroquois de la marine. L’entreprise Seaspan ULC de Vancouver obtient quant à elle un contrat de 8 milliards de dollars pour la construction de sept navires non combattants, dont deux navires de ravitaillement. Depuis lors, les coûts de ce projet de construction navale ont considérablement augmenté.
Bien que les navires de soutien aient été initialement attendus pour 2020, on s’attend maintenant à ce que le premier soit livré en 205. La construction des nouveaux navires de guerre devrait commencer en 2024. La flottille de six navires de patrouille arctique et hauturière devait initialement être livrée en 2020. Cependant, la production est retardée. Le navire de tête, le NCSM Harry DeWolf, est livré en juillet 2020. En date de septembre 2023, trois autres navires sont livrés : HMCS Margaret Brook, le HMCS Max Bernays, et le HMCS William Hall. Le Harry DeWolf et le Margaret Brooke sont tous deux mis en service.
La Marine royale canadienne compte également quatre sous-marins de classe Victoria qui ont des difficultés et qui sont acquis de la Grande-Bretagne en 1998. Selon la politique de défense du gouvernement libéral pour 2017, les sous-marins ne seront pas remplacés avant la fin des années 2030.
Femmes et politiques de genre dans la Marine
En juillet 1942, le Service féminin de la Marine royale du Canada est créé en tant que service distinct de la MRC. (Le Service féminin de l’Armée canadienne et la Division féminine de l’Aviation royale du Canada sont également créés pendant la Deuxième Guerre mondiale). La plupart de ces femmes occupent des postes administratifs dans les bases navales et les établissements d’entraînement ainsi qu’au quartier général de la marine à Ottawa, tandis que d’autres travaillent dans des équipes de cartographie au quartier général de commandement et dans les sites de renseignement sur les transmissions navales sur les deux côtes. En 1946, le service est dissous. Un service féminin est reconstitué en 1951 pendant la guerre de Corée, au sein de la réserve de la MRC. En 1955, le commandement naval autorise une composante féminine dans la marine régulière. Contrairement au Service féminin, il ne s’agit pas d’un service séparé. (Voir aussi Femmes de la Marine canadienne pendant la Guerre froide.)
Les femmes de la réserve navale commencent à servir sur des navires dans les années 1970. En 1980, le NCSM Cormorant devient le premier navire de la marine régulière à avoir un équipage mixte. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des essais du programme SWINTER (Service Women in Non-Traditional Environments and Roles [Femmes militaires dans des rôles et environnements non traditionnels]). En 1989, les Forces armées canadiennes ouvrent tous les métiers militaires aux femmes, à l’exception du service sous-marin. La guerre du Golfe de 1990-1991 est le premier conflit au cours duquel les femmes membres des Forces armées canadiennes servent dans des rôles de combat. Lorsque le navire de ravitaillement NCSM Protecteur est déployé dans le Golfe, il contient un équipage mixte. En 2001, la marine ouvre le service sous-marin aux femmes.
Depuis lors, des femmes commandent des navires et occupent des postes de haut niveau dans la marine canadienne. En 2003, Marta Mulkins devient la première femme à servir en tant que capitaine d’un navire de guerre mineur canadien. Josée Kurtz devient la première femme à commander un grand navire de guerre en 2009. Deux ans plus tard, Jennifer Bennett devient la première femme à être promue contre-amirale dans la MRC. En 2019, Josée Kurtz prend le commandement du 2e Groupe maritime permanent de l’OTAN. Elle est la première femme à diriger un tel commandement dans l’histoire de l’OTAN. En 2023, Josée Kurtz est nommée commandante des Forces maritimes de l’Atlantique (FMAR[A]) à Halifax. Elle est la première femme à commander une formation côtière de la MRC.
Le saviez-vous?
Dre Bonnie Henry, médecin hygiéniste en chef de la Colombie‑Britannique (2018 à ce jour), a été médecin militaire dans la Marine canadienne dans les années 1990. Au cours de son service, Bonnie Henry a navigué à bord des navires NCSM Annapolis, NCSM Provider et NCSM Regina; elle a suivi également une formation spécialisée en tant que plongeuse médicale, plongeuse de bord et médecin de bord. Bonnie Henry est surtout connue pour avoir dirigé la réponse de la Colombie‑Britannique à la pandémie de COVID‑19.
En juillet 2020, la marine a annoncé qu’elle remplacerait le terme « seaman » en anglais par quelque chose de plus inclusif (par exemple, « sailor » [marin]). Les marines du monde entier appellent en anglais depuis longtemps les jeunes marins des « seamen » (matelot). Dans la marine canadienne, les grades de sous-officiers comprenaient les termes « matelot de 3e classe », « matelot de 2e classe », « matelot de 1re classe » et « matelot-chef », leurs équivalents anglais étant « ordinary seaman », « able seaman », « leading seaman » et « master seaman ». En septembre 2020, ces termes anglais ont été remplacés par « sailor third class », « sailor second class », « sailor first class » et « master sailor » respectivement.
En date de mai 2023, près de 22 % des officiers et 20 % des militaires du rang de la force régulière et de la première réserve de la marine sont des femmes. Dans l’ensemble, 20,7 % des postes dans la marine canadienne sont occupés par des femmes. Ce pourcentage est plus élevé que dans l’armée de l’air (20,3 %) et que dans l’armée (13,9 %).