Une maison longue est le modèle de base d’habitation des nations du Nord parlant la langue iroquoienne de la période précontact, comme les Hurons-Wendats, les Haudenosaunee, les Pétuns et les Neutres. La maison longue abrite un nombre de familles parentes de façon matrilinéaire. Dans les années 1700, les maisons de style européen qui n’accueillent qu’une seule famille remplacent graduellement les maisons longues en tant que résidences principales. Cependant, les maisons longues continuent de servir d’établissements importants dans lesquels certains peuples autochtones procèdent à des cérémonies, à des réunions politiques et à divers rassemblements communautaires.
Origine et définition
Jusqu’au 18e siècle, les nations du Nord parlant la langue iroquoienne (voir Langues autochtones au Canada) du sud de l’Ontario et du nord de l’État de New York construisent et habitent dans des résidences faites en bois appelées maisons longues. Étant donné que les murs et les toits des maisons longues historiques n’ont pas survécu jusqu’à aujourd’hui, les archéologues s’appuient sur des indices trouvés sur la base de la structure, comme des poutres de soutien pour les murs, pour suggérer à quoi ressemblaient les maisons longues. Les vestiges en décomposition (connus sous le nom de « post moulds ») ressemblent à des taches ou à des cercles foncés dans le sol. Les archéologues se basent aussi sur les récits d’explorateurs européens et de missionnaires des 17e et 18e siècles pour leur description des maisons longues. La tradition orale est une autre source importante d’information pour les chercheurs.
Selon ces sources, les archéologues croient que les maisons longues avaient un contour long et arrondi, ainsi que des côtés droits. Joseph-François Lafitau, un missionnaire jésuite du 18e siècle, écrit que la largeur des maisons longues varie de six à neuf mètres. Dans certains cas, les maisons longues pouvaient être beaucoup plus larges. Par exemple, en 1970-1972, une maison longue découverte sur le site archéologique Moyer, situé dans le sud de l’Ontario, était d’une longueur de 93 mètres. Les maisons longues décrites par les premiers explorateurs français et les missionnaires jésuites sont cependant considérablement plus petites. Des sources historiques fournissent diverses mesures de maisons longues, et suggèrent que la taille et la forme ont changé au fil du temps.
LE SAVIEZ-VOUS?
Les Haudenosaunee sont connus sous le nom de « peuple des maisons longues ».
Construction
Les Haudenosaunee construisent des maisons longues en enfonçant dans le sol des poutres de bois rigides. Des pôles en bois flexibles sont ensuite fixés au haut des poutres et pliés pour former les supports du toit. Reliés ensemble à l’aide de matériaux naturels comme de longues bandes d’écorce ou de la corde faite à partir d’écorce, ces pôles horizontaux solidifient le châssis. Un revêtement de bois couvre la structure. Dans les maisons des Hurons-Wendats, ce revêtement est en cèdre; les Haudenosaunee préfèrent l’orme.
Des plateformes de couchage s’étendent sur toute la longueur de la maison. Le nombre de foyers dépend du nombre de familles qui vivent dans la maison. Souvent, on retrouve entre quatre et douze foyers dans une maison longue. Les foyers sont de six à treize mètres de distance, et sont alignés au centre de la structure. Deux familles nucléaires de cinq ou six membres chacune se partagent un foyer. Des trous d’aération dans le toit empêchent la fumée des foyers de tourbillonner à l’intérieur de la maison. Les accès à la maison sont fréquemment recouverts de cuir. (Voir aussi Histoire de l’architecture des Autochtones au Canada.)
LE SAVIEZ-VOUS?
Durant l’hiver, la maison longue est le cœur de la vie communautaire iroquoienne. C’est là que les membres de la communauté se rassemblent pour raconter des histoires, procéder à des cérémonies sacrées et socialiser. Les maisons longues sont moins fréquentées durant la période estivale, car les membres de la communauté s’affairent dans les champs.
Fonction et objectif
La maison longue est d’abord et avant tout une résidence. On croit que plusieurs familles, comprenant entre six et huit membres, habitent dans la même maison. Avant 1300, les maisons longues abritent entre 20 et 30 personnes. Plus tard, elles doublent de taille et accueillent jusqu’à 100 personnes. Il est probable que les gens qui vivent sous le même toit sont tous parents ou reliés les uns aux autres du côté maternel, étant donné que les sociétés iroquoiennes, comme les Haudenosaunee, sont principalement matrilinéaires. Par exemple, suite à l’union d’un couple, l’homme emménage dans la maison longue de la famille de sa femme.
Les maisons longues servent également de lieu de stockage. Les viandes séchées et le maïs, ainsi que d’autres aliments et des effets personnels, sont placés sur des plateformes construites dans le haut des murs. Le bois de chauffage est cordé près des entrées, à chaque extrémité de la structure. On conserve également de la nourriture dans des trous creusés à même le sol de la maison et ensuite recouverts.
Outre leurs usages pratiques, les maisons longues servent de lieux pour des rencontres politiques et des cérémonies. Les fidèles de la religion de Handsome Lake, par exemple, continuent d’appeler « maisons longues » leurs lieux de culte. Le terme est également porteur d’une signification philosophique et culturelle. La Confédération haudenosaunee – qui, au départ, regroupe les Mohawks, les Oneidas, les Sénécas, les Cayugas et les Onondagas (les Tuscaroras se joignent plus tard) – caractérise son association de maison longue des cinq feux. De cette façon, ces nations représentent la maison longue, démontrant la place centrale qu’occupe la maison longue dans la culture iroquoienne.
Usages contemporains
Même si les maisons longues ne servent plus à loger des familles, elles demeurent importantes dans la culture et dans l’histoire iroquoiennes. Plusieurs cérémonies sacrées et des rassemblements culturels ont toujours lieu dans les maisons longues. On peut trouver des reconstructions de ces structures historiques dans divers musées et dans des centres culturels, comme le Museum of Ontario Archaeology et la Sainte-Marie-des-Hurons (aussi en Ontario) où les visiteurs peuvent découvrir de première main l’histoire de la vie dans un village Iroquoien.