Les peuples autochtones et les guerres mondiales | l'Encyclopédie Canadienne

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Les peuples autochtones et les guerres mondiales

Des milliers d’Autochtones ont servi dans les Forces armées canadiennes pendant la Première Guerre mondiale, la Deuxième Guerre mondiale, la plupart du temps en tant que volontaires. Sur le front intérieur, la plupart des communautés autochtones ont participé à l’effort national de guerre selon différentes modalités.

Les guerres mondiales ont représenté pour les peuples autochtones du Canada des événements historiques d’une portée considérable. (Voir Les peuples autochtones et la Première Guerre mondiale et Les peuples autochtones et la Deuxième Guerre mondiale.) Ces conflits ont offert à des populations marginalisées des occasions de redonner vie à des cultures guerrières traditionnelles, de réaffirmer le caractère sacré des traités conclus avec le Canada, de prouver leur valeur à une population canadienne qui les considérait avec indifférence, de briser les barrières sociales et de trouver de bons emplois.

Monument national des anciens combattants autochtones, Ottawa

Volontariat pour la guerre

Officiellement, environ 4000 soldats des Premières Nations (Indiens inscrits) servent à l’étranger pendant la Première Guerre mondiale, tandis que 4250 soldats des Premières Nations ont servi pendant la Deuxième Guerre mondiale. Des recherches récentes révèlent que des milliers d’autres soldats des Premières Nations, métis et inuits (comme John Shiwak du Labrador, qui combat pendant la Première Guerre mondiale) se sont portés volontaires pour servir sans s’identifier comme Autochtones. Au moins 72 femmes des Premières Nations servent aussi dans les forces armées.

Au total, plus de 500 soldats autochtones sont tués et beaucoup d’autres blessés ou capturés pendant les deux guerres mondiales. Sur le front intérieur, la plupart des communautés autochtones participent à l’effort national de guerre selon différentes modalités, notamment en donnant de l’argent et en travaillant pour l’industrie de guerre sur le front intérieur. Toutefois, en dépit de leurs contributions et de leurs sacrifices, les peuples autochtones demeurent marginalisés et privés de droits civiques fondamentaux comme le droit de vote. (Voir Droit des votes des peuples autochtones.)

Le saviez-vous?
Selon Yann Castelnot, historien amateur basé au Québec, 14 900 Autochtones ont servi dans les forces armées canadiennes pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale, soit des milliers de plus que les estimations précédentes. Depuis plus de 20 ans, Yann Castelnot fait des recherches sur les hommes et les femmes autochtones qui ont servi dans les forces britanniques, françaises, canadiennes et américaines depuis le 17e siècle.


Héritage et mémoire

Après la Première Guerre mondiale (1914-1918), peu de reconnaissance est accordée aux peuples autochtones pour leur contribution à l’effort de guerre. Contrairement à ce qui s’était passé à l’occasion de la Première Guerre mondiale, le Canada rend hommage, à la sortie de la guerre, à la participation autochtone durant la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945). Dans un contexte où le gouvernement cherche à mettre en place un nouvel ordre social, de nombreuses Canadiennes et de nombreux Canadiens se penchent en outre, durant cette période, sur le traitement réservé par leur pays aux populations autochtones et ne sont pas particulièrement satisfaits de ce qu’ils découvrent. Des groupes d’anciens combattants, des dirigeants autochtones et de nombreux autres sympathisants profitent de ce climat favorable et de cette courte période de reconnaissance pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il réforme les droits civiques des Autochtones, ces actions conjointes conduisant, en 1946, à un examen parlementaire et, en 1951, à d’importants amendements à la Loi sur les Indiens. Il faut toutefois noter que les peuples autochtones n’obtiendront le droit de vote à l’échelon fédéral qu’à compter de 1960. (Voir Droit de vote des peuples autochtones.)

Par la suite, les anciens combattants autochtones vont être largement oubliés jusqu’à ce que, des années 1970 aux années 2000, ils commencent à s’organiser, à faire campagne pour que leurs sacrifices soient reconnus et à réclamer la restitution des avantages offerts aux anciens combattants jamais perçus. Leur persévérance va payer : un rapport, établi sur la base d’un consensus, est accepté par les groupes d’anciens combattants des Premières Nations et par le gouvernement en 2001; il est suivi d’une offre d’excuses publiques et d’une offre d’indemnisation en 2003. Les revendications des anciens combattants métis et inuits ne feront toutefois pas l’objet de la même écoute. Au cours des dernières années, les anciens combattants autochtones sont devenus bien plus visibles à l’occasion des manifestations locales et nationales du Souvenir, notamment lors de la Journée des anciens combattants autochtones le 8 novembre (inauguré par le conseil municipal de Winnipeg en 1994) et sur les lieux de mémoire comme le Monument à la mémoire des anciens combattants autochtones du Canada à Ottawa.

Francis “Peggy” Pegahmagabow

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