Premières années
Sixième enfant d’une fratrie de sept, Jean Lapointe est le fils d’Arthur-Joseph Lapointe, un ancien militaire devenu député de Matane-Matapédia. Alors que Jean est encore un enfant, la famille déménage à Québec où il crée son premier groupe, Les Québécaires. Ses imitations, ses monologues et ses chansons lui valent de remporter le concours amateur organisé dans le cadre du programme radio animé par Saint-Georges Côté puis de passer sur les ondes de CHRC. Jean Lapointe déménage à Montréal en 1954 et effectue ses débuts cette même année au Café Caprice où il se produit brièvement sous le nom de Jean Capri.
Les Jérolas
La carrière de Jean Lapointe en tant que chanteur de cabaret et chansonnier commence à une époque où les cabarets québécois sont florissants. Sa rencontre avec Jérôme Lemay débouche sur la création du duo Les Jérolas qui effectue bientôt une tournée des cabarets québécois où il interprète de nombreux succès dont Yakety Yak, Charlie Brown et Méo Penché. Les Jérolas se produisent lors de l’émission The Ed Sullivan Show en 1967 et à l’Olympia à Paris en 1966, 1967 et 1974. Le duo enregistre 20 albums avant de se séparer en 1974.
Jean Lapointe et Jérôme Lemay reforment Les Jérolas en 2011 et lancent le spectacle de cabaret Le grand retour des Jérolas. Cependant, à l’occasion de la première à la Place des Arts à Montréal le 31 mars 2011, Jérôme Lemay est victime d’une attaque. Il décède trois semaines plus tard, le 20 avril.
Carrière en solo
En 1975, Jean Lapointe décide de poursuivre sa carrière en solo. Son sens du spectacle, ses pots-pourris de chansons, ses sketches comiques et ses imitations, sa voix rauque et son humour bon enfant lui valent l’adhésion d’un large public. En 1975, il participe aux festivités de la Saint-Jean Baptiste sur le mont Royal. Son premier disque, Démaquillé, paru en 1976, et le spectacle du même nom présenté au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, également 1976, sont tous deux des succès. Cette année-là, Jean Lapointe remporte le Prix Orange octroyé par les critiques.
En 1977, il présente sur scène Un an déjà. L’année suivante, il donne un spectacle intitulé Rire aux larmes et sort Chante-la ta chanson, un disque qui remporte un énorme succès au Québec. Il se produit en spectacle avec La Grande séance en 1979 et Lapointe... pour le fun en 1980. En 1984, il présente des extraits de ses cinq premiers spectacles à Bobino à Paris. Il revient à Paris l’année suivante, cette fois à l’Olympia, avec Showman, une production qui a déjà attiré plus de 140 000 personnes au Québec. Un spectacle rappelant la période du vaudeville au Québec, Histoire de rire, suit en 1987. En 1988, Attend'rire tient l’affiche pendant six semaines au Grand Edgar à Paris, puis est joué à l’Olympia avant de partir en tournée en France, en Belgique et en Suisse.
Carrière d’acteur
Au début des années 1970, Jean Lapointe commence une carrière d’acteur à succès. Il joue les premiers rôles dans de nombreux films : OK la liberté et Ti-Mine, Bernie pis la gang de Marcel Carrière, respectivement en 1973 et en 1977, Les Ordres de Michel Brault en 1974, J.A. Martin, photographe de Jean Beaudin en 1977, L’eau chaude, l’eau frette et Une histoire inventée d’André Forcier, respectivement en 1976 et en 1990 et la comédie à grand succès Ding et Dong le film d’Alain Chartrand en 1990. En 1978, il fait particulièrement grosse impression dans son interprétation pleine de fougue et de passion du premier ministre québécois Maurice Duplessis, connu pour son autoritarisme et son populisme, dans la minisérie télévisée Duplessis diffusée sur Radio-Canada sur un scénario de Denys Arcand. Il remporte, en 2004, un prix Génie et un prix Jutra pour son interprétation dans un rôle de soutien dans Le dernier tunnel d’Érik Canuel, et reçoit un prix Hommage-Jutra pour l’ensemble de sa carrière en 2011.
Style et importance
Gérard Spiteri décrit, en ces termes, dans Le Quotidien de Paris, Jean Lapointe comme représentant l’accomplissement de l’art du spectacle : « Jean Lapointe est un showman complet, une race devenue rarissime; on le croit chanteur, il est imitateur; on le croit musicien, il est illusionniste; on se dit qu’il n’est qu’un bateleur, il nous élève sur les hauteurs d’une poésie légère sans jamais se donner des airs de penseur. Clown, homme-orchestre, interprète virevoltant, Jean Lapointe ne cesse de nous émouvoir, de nous surprendre par la vérité de ses talents. Voilà précisément ce que signifie le mot si souvent usurpé de variétés. »
Œuvres caritatives et vie politique
En 1982, après s’être battu pendant de nombreuses années pour guérir de son alcoolisme, Jean Lapointe crée la Maison Jean-Lapointe, un organisme qui offre de l’aide aux alcooliques, aux toxicomanes et aux parieurs compulsifs en vue de leur réinsertion et qui propose également des ateliers de prévention et de sensibilisation dans les écoles québécoises. En 1986, il organise le premier téléthon au profit de la Fondation Jean Lapointe, l’organisme sans but lucratif qui gère la Maison Jean Lapointe dont il est toujours, à ce jour, président honoraire.
Il occupe également pendant près de dix ans un poste de sénateur au Sénat canadien, une expérience qu’il décrit la plupart du temps comme étant frustrante. En 2010, il déclare : « Je n’aime pas la politique. Je n’ai pas aimé ça [en faire]. Il y a bien des combines qui se font. Je n’ai jamais cédé d’un pouce. J’y suis allé selon ma conscience puis selon mes connaissances. » Il avait été nommé au Sénat par le premier ministre Jean Chrétien en juin 2001 pour représenter la circonscription deSorel au Québec. Il quitte la Chambre haute après avoir atteint l’âge de la retraite obligatoire en décembre 2010.
Une version de cet article est parue initialement dans l’Encyclopédie de la musique au Canada.
Distinctions
- Officier, Ordre du Canada (1983)
- Doctorat honoris causa, Université du Québec (1989)
- Meilleur acteur dans un second rôle (Le dernier tunnel), prix Génie (2005)
- Meilleur acteur de soutien (Le dernier tunnel), prix Jutra (2005)
- Chevalier, Ordre national du Québec (2006)
- Meilleur acteur de soutien (À l’origine d’un cri), prix Jutra (2011)
- Prix Jutra-Hommage pour l’ensemble de sa carrière, prix Jutra (2011)
Discographie
Avec Jérôme Lemay (Les Jérolas)
- Les Jérolas (1959). RCA LCP-1009/RCA CGP-207.
- Sont là! (1961). RCA LCP-1029/RCA PC-1069.
- Les Jérolas au Théâtre national (1962). RCA LCP-1040/RCA Gala CGPS-238.
- Toujours plus vite! (1962). RCA Gala CGP-116.
- Les Jérolas à la Porte Saint-Jean (1964). RCA LCPS-1073/RCA Gala CGPS-267.
- Les Jérolas à la Comédie canadienne (1966). RCA PCS-1033.
- Les Jérolas à l’Olympia (1966). RCA PCS-1126.
- Succès souvenirs (1966). RCA CGPS-340.
- Es-tu content? (1967). RCA PCS-1165.
- Le Tribunal des vedettes (1968). RCA PCS-1201.
- Quinze ans déjà (1971). Elan SJL-12501.
- Les Grands succès des Jérolas (1972). RCA Gala CGPS-393.
- Ça viola barder (1973). Elan SJL-12502.
Solo
- Démaquillé (1976). Kébec-Disc KD-907.
- Face A, Face B (1977). Kébec-Disc KD-930.
- Chante-la ta chanson (1978). Kébec-Disc KDL-958.
- Jean Lapointe jongleur (1980). Kébec-Disc KD-501.
- Profil (1981). Kébec-Disc KD-530.
- Si on chantait ensemble (1982). Disques “Couleurs” CO-101.
- C’est beau le monde (1984). Disques “Couleurs” CO-102.
- 'Showman' à l’Olympia (1985). Disques “Couleurs” CO-103.
- Comme en amour (1986). Disques “Couleurs” CO-105.
- Les Grands succès de Jean Lapointe (1987). Disques “Couleurs” CO-107.
- Nature (1989). Disques “Couleurs” CO-108.
- 15 ans d’émotion en 21 chansons. 2-Disques “Couleurs” COCD-109-110 (CD).