Joseph Brant (Thayendanegea) | l'Encyclopédie Canadienne

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Joseph Brant (Thayendanegea)

Joseph Brant, ou Thayendanegea (« deux bâtons liés ensemble pour la force »), chef de guerre kanyen'kehà:ka (mohawk), loyaliste, interprète et homme d’État (né vers mars 1742-1743 à Cuyahoga [près d’Akron, en Ohio] ; décédé le 24 novembre 1807 à Burlington Bay, en Ontario) ; frère de la chef mohawk Mary (Molly) Brant. Fidèle à la Grande-Bretagne pendant et après la Révolution américaine, Joseph Brant a été un capitaine militaire influent. Tout comme sa sœur Mary, il a été un puissant diplomate qui a encouragé les tribus autochtones à adhérer à ses allégeances politiques. Chef des Six Nations (voir Haudenosaunee), il a rencontré d’importantes personnalités politiques, comme George Washington et le roi George III, au nom de son peuple.

Joseph Brant (Thayendanegea)
Huile sur toile réalisée par William Berczy, vers 1807.

Enfance et éducation

Joseph Brant naît de l’union de Margaret Onagsakearat (vers 1715-1779) et de Peter Tehowaghwengaraghkwin (1707-1743), tous deux protestants. Après la mort de Peter alors que la famille vit sur la rivière Ohio, Margaret retourne dans la vallée de la Mohawk, dans le nord de l’État de New York, avec sa fille Mary et son bébé Joseph.

La famille s’installe à Canajoharie près de Little Falls, à New York. Margaret y épouse Nickus (Kanagaradunkwa) Brant, un Mohawk que l’on croit en partie hollandais et qui a adopté le mode de vie et les habits européens.

Chez les Mohawks, la famille Brant est fort respectée. En effet, Margaret serait la petite-fille du chef mohawk Theyanoguin (aussi connu sous les noms de roi Hendrick, Hendrick Peters et White Head).

En 1761, sir William Johnson, commandant militaire britannique et conjoint de fait de sa sœur Mary, envoie Joseph à la Indian Charity School de Moor (l’ancêtre du Dartmouth College) à Liban, au Connecticut. Il y reste deux ans. Son professeur, Eleazar Wheelock, le décrit comme « d’un génie vif, d’un comportement viril et doux, et d’un caractère modeste, courtois et bienveillant. »

Dans le Connecticut, Joseph Brant apprend à parler, à lire et à écrire l’anglais. Fort de cette éducation, il caresse le rêve de fréquenter le King’s College (maintenant l’Université Columbia) à New York, mais la rébellion de Pontiac de 1763 contrecarre ses plans.

Allié des Britanniques

Joseph Brant participe à la guerre de Sept Ans et à l’expédition de sir William Johnson contre le fort Niagara en 1759.

Pendant de nombreuses années, il sert d’interprète à William Johnson et à Guy Johnson, son successeur au ministère britannique des Affaires indiennes. Il aide également des missionnaires à enseigner le christianisme aux peuples autochtones et à traduire des documents religieux en mohawk (voir Kanyen'kéha : la langue mohawk).

Révolution américaine

Lorsque la Révolution américaine éclate en 1775, Joseph Brant se rallie immédiatement à la Couronne et en 1775-1776, il se rend même en Angleterre avec Guy Johnson pour y défendre les intérêts des Mohawks.

Pendant toute la guerre, Joseph Brant se bat au sein d’un groupe d’autochtones et de loyalistes. Soldat admiré par ses pairs, il est nommé capitaine par les Britanniques en 1780; cela étant dit, c’est à titre de chef de guerre mohawk qu’il combat. Il est considéré comme un soldat parfait, qui plus est doté d’une endurance remarquable. Il inspire une telle confiance autour de lui que certains combattants non autochtones demandent à être transférés dans son groupe.

À partir de 1783 et jusqu’au milieu des années 1790, Joseph Brant s’affaire à former la Confédération de l’Ouest, un groupe uni de Haudenosaunee (Iroquois) et de peuples autochtones de l’Ouest, créé pour bloquer l’expansion américaine vers l’Ouest.

Ce projet unificateur est toutefois miné par la jalousie factionnaliste des Premières Nations, par l’opposition américaine et, enfin, par la trahison de l’Angleterre. En effet, bien que Joseph Brant se soit rendu à Londres en novembre 1785 pour demander au roi George III de l’aider à défendre la Confédération de l’Ouest contre les attaques des Américains, le gouvernement britannique ne lui promet aucun soutien.

Colonie de la rivière Grand

À l’automne de 1784, à la suite de la Révolution américaine, Joseph Brant conduit les loyalistes mohawks et d’autres peuples autochtones sur une vaste étendue de terre sur la rivière Grand. Ce territoire, nommé Brant’s Ford en l’honneur du chef de guerre (et aujourd’hui la ville de Brantford, en Ontario), est accordé aux Six Nations en guise de compensation pour leurs pertes pendant la guerre (voir aussi Proclamation Haldimand).

Comme Brant’s Ford est trop petit pour la chasse, Joseph Brant craint que les peuples autochtones se tournent vers l’agriculture pour survivre. Pour assurer un revenu, il espère louer ou vendre des terres à des non-Autochtones. Un scandale complexe éclate avec le gouvernement au sujet de la nature du régime foncier autochtone, tandis que Joseph Brant et d’autres dirigeants mohawks luttent pour le droit de leur peuple de posséder les terres sur lesquelles ils vivent. Parallèlement, certains autochtones de la rivière Grand se disent mécontents de la distribution des revenus.

Essentiellement, du vivant de Joseph Brant, le gouvernement du Haut-Canada refuse de concéder des titres fonciers aux Mohawks de la vallée de la rivière Grand. Pendant des décennies, de 1776 jusqu’à sa mort en 1807, Joseph Brant se bat en vain auprès des gouvernements britannique et du Haut-Canada pour les droits de propriété de son peuple sur les terres de la vallée de la rivière Grand.

Tout comme sa sœur Mary, Joseph Brant se fait connaître pour son travail diplomatique, surtout en tant que chef des tribus autochtones se battant pour le droit de demeurer sur leurs terres ancestrales.

Dans les dernières années de sa vie, Joseph Brant vit paisiblement dans sa magnifique maison sur la baie de Burlington et traduit des passages de la Bible en langue mohawk (voir Kanyen'kéha : la langue mohawk).

Vie personnelle

En 1765, Joseph Brant s’installe à Canajoharie, dans la vallée de la Mohawk (aujourd’hui le haut de l’État de New York). Cette année-là, il épouse sa première femme, Margaret (surnommée « Peggie »), fille de planteurs de Virginie et esclave assimilée. Ils ont deux enfants : Isaac, qui meurt des suites d’une bagarre avec son père (selon la plupart des témoins, Joseph Brant agit en état de légitime défense), et Christina.

Margaret meurt de la tuberculose en 1771, et Joseph Brant épouse Susanna, la demi-sœur de Margaret, deux ans plus tard. En 1778, elle meurt également de tuberculose. Il existe très peu d’information à son sujet.

En 1780, Joseph Brant épouse Catherine (Adonwentishon) Croghan, fille de l’agent des Indiens irlandais George Croghan et d’une femme provenant d’une famille mohawk importante. Ils ont sept enfants : Joseph, Jacob, John, Margaret, Catherine, Mary et Elizabeth.

Elizabeth, née en 1796, épouse William Johnson Kerr, petit-fils de sir William Johnson et de la sœur de Joseph, Mary. Son fils devient plus tard chef mohawk.

John, quant à lui, devient surintendant des Six Nations vers 1826, après s’être distingué pendant la guerre de 1812.

Le saviez-vous?

En 1784, soit cinq ans avant de déménager à Burlington, en Ontario, Joseph Brant commence à acquérir des esclaves noirs. Certains estiment qu’il aurait eu jusqu’à 30 personnes en esclavage. Alors qu’il vit encore du côté américain de la frontière, près de Niagara, il fait l’acquisition de Sophia Pooley, une esclave noire kidnappée qu’il dit avoir adoptée comme « l’une des membres de sa famille ». Il l’emmène avec lui, elle et d’autres esclaves, lorsqu’il déménage dans la baie de Burlington, où elle chasse le cerf avec ses enfants et voyage avec la famille pendant de nombreuses années.

Décès

Joseph Brant décède le 24 novembre 1807 à Wellington Square (aujourd’hui Burlington). D’abord enterré chez lui à Burlington, il est plus tard inhumé de nouveau avec les restes de son fils John près de la chapelle des Mohawks à Brantford, en Ontario, en novembre 1850. La Fondation maçonnique de l’Ontario y érige d’ailleurs une plaque commémorative en 1984.

Patrimoine

Influent fonctionnaire et interprète britannique, Joseph Brant a aussi gagné le respect et les éloges en étant un soldat et un guerrier d’exception. Après la fin de la Révolution américaine en 1783, il s’est battu pour les droits fonciers autochtones en tant que chef des Mohawks et des Six Nations.

En Ontario, la ville de Brantford et le comté de Brant portent le nom de Joseph Brant. En 1886, une statue commémorative de Joseph Brant, conçue par l’architecte John Turner, est dévoilée au square Victoria à Brantford.

Une plaque historique du gouvernement du Canada commémorant Joseph Brant se dresse dans le parc des anciens combattants des Six Nations, dans le village d’Ohsweken, près de Brantford. Son portrait, peint par William Berczy vers 1807, figure aussi dans la collection du Musée des beaux-arts du Canada.

Enfin, l’hôpital Joseph Brant, ouvert en 1961 à Burlington, en Ontario, porte son nom.