Jeanne Mance, cofondatrice de Montréal, fondatrice et administratrice de l’Hôtel-Dieu de Montréal (baptisée le 12 novembre 1606 à Langres, en France; décédée le 18 juin 1673 à Montréal, en Nouvelle-France). En 1642, Jeanne Mance était à la tête d’une colonie de missionnaires utopiste sur l’île de Montréal. Elle a mobilisé de riches donateurs en France et est devenue la trésorière de la colonie. Elle en a aussi géré l’approvisionnement et administré l’hôpital. Quand la jeune colonie a été menacée, elle a utilisé les fonds destinés à l’hôpital pour rassembler des troupes, ce qui a assuré la survie de la colonie.
Infirmière et missionnaire
Jeanne Mance est fille d’un procureur du roi et vit à Langres, en Champagne. Elle semble avoir acquis ses compétences d’infirmière en travaillant au sein d’organismes caritatifs de sa région pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648). Un célèbre tableau d’elle la dépeint comme une belle jeune femme avec des yeux de biche et une chevelure ondulante. Elle n’est pas attirée par le mariage, préférant suivre les traces des laïques et des Ursulines qui ont fondé une école et un hôpital à Québec en 1639. Son cousin, un prêtre missionnaire, est également une source d’inspiration pour elle. Des hommes d’Église la présentent à des membres appartenant aux cercles de gens pieux de la cour de France. Elle rencontre également Paul Chomedey de Maisonneuve et d’autres membres de la Société de Notre-Dame de Montréal. Le groupe est entré en possession de l’île de Montréal avec l’intention d’en faire une grande mission destinée à convertir les peuples autochtones au catholicisme. Ils projettent de continuer vers l’Ouest au-delà de la colonie implantée à Québec et d’y installer une mission en pleine nature sur le passage des routes commerciales des redoutables Haudenosaunee (Iroquois).
Collectrice de fonds et organisatrice
Oratrice éloquente, Jeanne Mance inspire confiance aux donateurs et colons potentiels. En 1641, rejoignant sur le tard la Société qui se prépare alors à prendre la mer à La Rochelle, elle assure au groupe de visionnaires des assises plus solides. Elle les convainc de communiquer avec Angélique de Bullion (veuve d’un surintendant des Finances de France) ainsi que d’autres Parisiens fortunés au sujet de leur projet. Par la suite, les dons font plus que doubler et la Compagnie de Montréal passe de 8 à 38 membres, dont 9 femmes. Jeanne Mance, de son côté – elle mène une vie d’ascète et ne s’alimente que de pain et d’eau à cette époque –, effectue quatre visites à l’hôtel particulier fastueux de madame de . Cette dernière est la principale donatrice de l’entreprise et demande à Jeanne Mance de fonder un hôpital.
La Mission sur l’île de Montréal
En mai 1642, Jeanne Mance et ses compagnons arrivent sur l’île de Montréal. (Voir aussi Peuplement de la Nouvelle-France.) Ils y installent leur campement et commencent à vivre dans les bois. Quand l’hiver arrive, 55 d’entre eux (dont 10 femmes) restent sur l’île. L’année suivante, Jeanne Mance installe un petit hôpital à l’intérieur des palissades du fort. L’hôpital attire très vite les Wendats (Hurons) souffrants, des alliés des Français. Ils y deviennent chrétiens en plus d’être patients. Plusieurs lits sont réservés aux colons français blessés par les guerriers haudenosaunee, qui s’opposent à l’empiétement des Français sur leurs voies commerciales.
Fondatrice et protectrice
Des contemporains reconnaissent le rôle essentiel joué par Jeanne Mance dans ce chapitre précoce de l’histoire canadienne. Des récits ultérieurs ne reconnaissent toutefois pas toujours son importance. L’historien du 17e siècle Dollier de Casson décrit Jeanne Mance et le gouverneur de Maisonneuve comme les cofondateurs de Montréal. À titre officiel, Jeanne Mance est trésorière, gère l’approvisionnement et administre l’hôpital. En 1649, elle décide de retraverser l’Atlantique pour ranimer le soutien décroissant des Français pour la colonie.
C’est Jeanne Mance qui a l’idée d’utiliser sa dotation pour l’hôpital afin de recruter plus de soldats pour protéger la ville. Quand la lointaine Sainte-Marie-des-Hurons, une mission jésuite, s’effondre en 1649, Montréal se trouve désormais sur la ligne de front dans le conflit franco-iroquois. Plus d’un tiers des colons sont tués. La peur incite les survivants à abandonner leurs maisons et à s’installer dans le fort. Au milieu de 1651, il ne reste que 17 miliciens pour s’opposer aux 200 guerriers haudenosaunee. Jeanne Mance persuade alors le gouverneur de Maisonneuve d’aller voir sa bienfaitrice en France et de lui demander la permission d’utiliser la dotation de l’hôpital pour mobiliser des troupes françaises. Il accepte, la prévenant qu’il ne reviendra que s’il réussit à ramener des renforts; mais la bienfaitrice consent et les renforts arrivent en 1653. Dollier de Casson affirme que ce sont les mesures prises par Jeanne Mance pour rassembler des troupes qui sauvent la colonie.
Héritage
Pendant que la petite colonie s’agrandit, l’hôpital prospère. En 1659, Jeanne Mance se rend en France et recrute trois pour l’aider à l’Hôtel-Dieu. L’hôpital se transforme vite en un bâtiment de trois étages et devient un établissement très apprécié. De nos jours, une imposante statue en métal représentant Jeanne Mance se trouve à l’extérieur du site original de l’Hôtel-Dieu.
En 2014, Jeanne Mance est reconnue comme vénérable par l’Église catholique. En 2020, elle est intronisée au Temple de la renommée médicale canadienne.