Jagmeet Singh Jimmy Dhaliwal, chef du Nouveau Parti démocratique du Canada depuis 2017, député fédéral, député provincial et avocat (né le 2 janvier 1979 à Scarborough, en Ontario). Jagmeet Singh a été député provincial de l’Ontario de 2011 à 2017, jusqu’à ce qu’il remporte la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD) fédéral. Il est ainsi devenu le premier représentant d’une minorité visible à diriger un parti fédéral canadien d’envergure. Il est également le premier sikh enturbanné à être élu à l’Assemblée législative de l’Ontario. Jagmeet Singh a toujours été mieux classé que les autres chefs de partis fédéraux dans les sondages d’opinion publique, mais il n’a pas encore transposé cela en succès électoral national. Il est le député de Burnaby-Sud depuis 2019.
Jeunesse et formation
Jagmeet Singh naît le 2 janvier 1979 à Scarborough, en Ontario. Il est l’aîné de trois enfants nés de l’union entre Harmeet Kaur et Jagtaran Singh, un psychiatre. Alors qu’il n’a qu’un an, Jagmeet Singh est envoyé dans le Pendjab indien, la région natale de sa famille, pour vivre avec ses grands-parents. À l’époque, ses parents luttent pour boucler leurs fins de mois tout en s’occupant du bébé. Harmeet travaille dans une banque, tandis que Jagtaran travaille comme gardien de sécurité et il étudie en même temps pour faire reconnaître sa formation médicale (il a obtenu sa formation de médecin en Inde, mais il doit prouver qu’il peut pratiquer au Canada). Malgré tout, Jagmeet Singh retrouve rapidement ses parents et s’installe avec eux à St. John’s, à Terre-Neuve-et-Labrador, où son père étudie à l’Université Memorial et où naissent sa sœur Manjot, et son frère Gurratan. Jagmeet Singh apprend l’anglais à Terre-Neuve où on l’appelle « Jimmy ».
Alors qu’il est âgé de sept ans, sa famille déménage à Windsor, en Ontario. C’est dans cette ville qu’il grandit et qu’il commence à utiliser son prénom, Jagmeet. Préoccupé par l’intimidation, son père l’envoie étudier de l’autre côté de la rivière qui longe Windsor, à l’école privée Detroit Country Day School aux États-Unis, où il brille sur les plans scolaire et sportif. Comme le veut la tradition égalitaire sikhe visant à diminuer l’influence du système de castes, il utilise le nom Singh plutôt que Dhaliwal.
Après ses études secondaires, Jagmeet Singh s’inscrit à l’Université Western, où il obtient un baccalauréat ès sciences en biologie, avant d’être admis à l’ Osgoode Hall Law School de Toronto.
Début de carrière
Bien que Jagmeet Singh passe la majorité de sa jeunesse à Windsor, une pépinière néo-démocrate, il ne s’intéresse à la politique partisane qu’après avoir travaillé comme avocat de la défense en droit pénal à Brampton, en Ontario. « Je ne suis pas un activiste néo-démocrate de longue date, mais plutôt un sympathisant de longue date. La défense pénale est un domaine plutôt libéral, plutôt de gauche, car […] elle repose sur la justice sociale. Nous sommes des défenseurs de la Charte canadienne (des droits et libertés) », confie-t-il au Toronto Star.
À titre d’avocat, Jagmeet Singh travaille bénévolement pour des groupes de lutte à la pauvreté, aide des immigrants et des réfugiés à revendiquer leurs droits et offre gratuitement des séminaires juridiques aux étudiants de divers campus.
Élection fédérale de 2011
Les injustices dont il est témoin amènent Jagmeet Singh à faire le saut en politique. Aux élections fédérales de mai 2011, il représente le NPD dans la circonscription de Bramalea-Gore-Malton. Le NPD du chef Jack Layton obtient les meilleurs résultats de son histoire, finissant deuxième derrière les conservateurs de Stephen Harper, mais Jagmeet Singh n’est pas élu lors de cette « vague orange ». Il finit deuxième, devancé d’à peine 539 voix par le conservateur Bal Gosal. Il devance toutefois le député libéral sortant Gurbax Malhi, devenu en 1993 le premier député enturbanné à être élu à l’extérieur de l’Inde.
Jagmeet Singh est amèrement déçu de sa défaite, mais ses bons résultats encouragent les néo-démocrates. « J’ai voulu prendre une pause après cette première élection. C’est dur de perdre, surtout par si peu. Le parti et la communauté m’ont vraiment encouragé. Environ 200 ou 300 personnes m’ont appelé pour m’encourager à persévérer. »
Politique provinciale
Le NPD ontarien de la chef Andrea Horwath convainc Jagmeet Singh de représenter sa bannière dans la même circonscription (Bramalea-Gore-Malton) à l’élection provinciale d’octobre 2011. Lors de sa campagne, il recourt efficacement aux réseaux sociaux et attire de nombreux jeunes bénévoles, qui envahissent son bureau de campagne après les heures de cours. Il remporte la circonscription avec 38,16 % des voix, alors que le député libéral sortant, Kuldip Kular, obtient 32,93 % des suffrages. Jagmeet Singh devient le premier candidat néo-démocrate de la région de Peel à être élu à l’Assemblée législative de l’Ontario.
Affable et charismatique, le nouveau venu fait une entrée remarquée à Queen’s Park, siège de l’assemblée provinciale. Avec son coupé rouge BMW Z4 M, son vélo pliant Brompton, ses complets taillés sur mesure et ses turbans colorés, il devient rapidement l’un des députés les plus en vue de la province. Souvent photographié lors de soirées mondaines, il est l’une des rares célébrités du monde politique canadien, récoltant des dizaines de milliers d’abonnés sur Twitter et Instagram.
Le Toronto Star affirme que Jagmeet Singh est l’une des 12 personnalités à surveiller en 2012, louangeant ses prouesses au jiu-jitsu brésilien et soulignant qu’il est le premier sikh enturbanné à siéger à l’Assemblée législative de l’Ontario.
Premier mandat comme député provincial
À Queen’s Park, Jagmeet Singh propose de réformer l’assurance automobile en déposant en 2013 une motion visant à forcer le gouvernement libéral minoritaire de Kathleen Wynne à graduellement réduire de 15 % les primes pour les voitures particulières. La réduction de ces primes constituait l’une des principales exigences des néo-démocrates d’Andrea Horwath en échange de leur soutien au gouvernement Wynne.
En décembre 2013, l’Inde refuse d’octroyer à Jagmeet Singh un visa en raison de ses propos sur le bilan indien en matière de droits de la personne. Singh souhaite se rendre à Amritsar, en Inde, pour y recevoir le prix SEWA Sikh of the Year (personne sikhe de l’année). Il doit se résigner à accepter la récompense lors d’une présentation vidéo, dans laquelle il dédie son prix à Bhai Gurbakhsh Singh Khalsa, un activiste indien des droits de la personne. Jagmeet Singh affirme que le consulat indien à Toronto lui a indiqué que son visa lui avait été refusé parce qu’il critiquait ouvertement la façon dont l’Inde traite ses minorités, notamment les sikhs, les musulmans et les chrétiens.
Le 2 mai 2014, Andrea Horwath annonce que les néo-démocrates, de concert avec les progressistes-conservateurs de Tim Hudak, n’appuieront pas le budget déposé par les libéraux, plongeant ainsi l’Ontario en campagne électorale. Bien que le NPD ait déclenché cet appel aux urnes, le parti mène une campagne boiteuse, désorganisée et ternie par des dissensions internes. Toujours solidaire, Jagmeet Singh est l’un des seuls députés provinciaux à assister au lancement du programme électoral du parti à l’Université de Toronto.
Deuxième mandat comme député provincial
Jagmeet Singh conserve son siège à l’élection du 12 juin 2014, mais le NPD est relégué au troisième rang dans un parlement mené par un gouvernement libéral majoritaire. Jagmeet Singh demeure toutefois à l’avant-plan de la scène politique.
Il milite activement pour que la police cesse d’effectuer des contrôles aléatoires de pièces d’identité, une pratique qui vise injustement les minorités visibles. En entrevue au Toronto Star, il raconte l’humiliation qu’il a lui-même ressentie en se faisant demander ses cartes d’identité par la police à Toronto et Windsor : « Je me suis senti intimidé, menacé […], comme si j’étais exclu ».
Lorsque le gouvernement Wynne décide de ne pas exempter les sikhs enturbannés de l’obligation de porter un casque à moto, Jagmeet Singh rappelle que plusieurs députés libéraux, conservateurs et néo-démocrates appuient une exemption juridique semblable à celles adoptées en Grande-Bretagne, en Colombie-Britannique et au Manitoba.
Le 20 avril 2015, Andrea Horwath nomme Jagmeet Singh comme chef adjoint de son parti. Cette annonce surprise survient alors que Jagmeet Singh refuse depuis plusieurs semaines les invitations du chef du NPD fédéral, Thomas Mulcair, à être candidat pour son parti à l’élection fédérale de 2015. « Je suis très honoré, et je n’aurais jamais pensé qu’un petit gars de Windsor comme moi deviendrait un jour le chef adjoint d’un parti provincial », confie-t-il.
En 2016, Jagmeet Singh et quatre autres députés néo-démocrates s’opposent à une motion conjointe du Parti libéral et du Parti progressiste-conservateur dénonçant le mouvement BDS — boycottage, désinvestissement et sanctions — visant Israël. Jagmeet Singh souligne que la motion est contraire au « droit à la divergence », mais elle est néanmoins adoptée par l’assemblée.
Course à la chefferie du NPD
Après des résultats décevants à l’élection fédérale de 2015, le NPD du Canada montre la porte à son chef Thomas Mulcair lors de son congrès de 2016, ouvrant la voie à une nouvelle course à la chefferie. Jagmeet Singh demeure discret quant à ses intentions de se lancer dans la course et continue à jouer son rôle de député provincial. En février 2017, il confie au magazine masculin américain GQ qu’il est « honoré » d’être pressenti comme chef d’un parti fédéral, dans un article intitulé « Discussion avec Jagmeet Singh, une étoile montante de la politique canadienne et un homme incroyablement élégant ».
Le 15 mai 2017, Jagmeet Singh lance finalement sa campagne dans une salle de réception de Brampton, sous le slogan « Avec cœur et courage ». Dans son programme, il propose de décriminaliser toutes les drogues illégales afin de traiter la dépendance comme une crise de santé publique plutôt qu’une question judiciaire, d’abolir le profilage racial au sein des entités fédérales comme la GRC et de réformer le système électoral canadien.
Lors des débats entre les candidats, Jagmeet Singh, seul aspirant issu de la scène politique provinciale, se fait demander à plusieurs reprises s’il se présentera aux élections fédérales même s’il ne devient pas chef. « Je vais gagner, et après ma victoire, je vais me présenter dans une circonscription fédérale », déclare-t-il lors d’un débat à Vancouver. Dans une réponse démontrant à quel point l’establishment du NPD considère Singh comme un intrus, la candidate et députée manitobaine Niki Ashton lui rétorque : « Je tiens à rappeler que ce sont les membres du parti qui décideront qui gagnera la course ».
Le moment le plus poignant de cette course à la chefferie autrement plutôt tranquille survient lors d’un rassemblement tenu à Brampton le 6 septembre 2017. Alors qu’il s’adresse à la foule, Jagmeet Singh est interrompu par Jennifer Bush, une agitatrice associée à un groupuscule antimusulman. Sous l’œil des caméras, elle accuse Jagmeet Singh d’être « associé aux Frères musulmans ». Jagmeet Singh garde son calme et sa grâce malgré la pression, et enjoint ses partisans à entonner un chant « d’amour et de courage » afin d’enterrer les cris hystériques de Jennifer Bush. La vidéo de cette affaire est visionnée 35 millions de fois en ligne après être devenue virale sur Twitter et Facebook. Plusieurs félicitent Jagmeet Singh d’être demeuré impassible lorsque Jennifer Bush a affirmé qu’il était musulman. « Je n’ai pas répondu, car ma réponse à l’islamophobie n’a jamais été de dire : “Je ne suis pas musulman”. Ma réponse a toujours été et sera toujours de dire que la haine est inacceptable. Une fois qu’on la laisse prendre racine, la haine n’épargne aucune cible. »
Cette affaire galvanise les néo-démocrates. Même si on savait déjà que Jagmeet Singh avait vendu plus de cartes de membre que ses rivaux, sa position de favori s’en trouve désormais renforcée.
Les membres du NPD commencent à voter par la poste et en ligne le 18 septembre, les résultats du premier tour étant dévoilés le 1er octobre. Jagmeet Singh l’emporte dès le premier tour avec 53,8 % des voix. Son plus proche rival, le député ontarien Charlie Angus, obtient 19,4 % des suffrages. Trois semaines après avoir remporté la direction du parti fédéral, Jagmeet Singh démissionne de son siège de Bramalea-Gore-Malton à l’Assemblée législative de l’Ontario. Il est accueilli par une ovation debout par les députés des trois partis lors de sa visite d’adieu à Queen’s Park.
Chef du NPD fédéral
Puisqu’il ne siège pas encore à la Chambre des communes, Jagmeet Singh nomme le député québécois Guy Caron, lui aussi ancien candidat à la chefferie, comme chef parlementaire du NPD. Ce choix est perçu comme une concession aux Québécois, qui ont joué un rôle essentiel dans les succès de Jack Layton en 2011, mais qui se méfient du nouveau chef. Jagmeet Singh assure qu’il « est confiant […] de voir le NPD gagner du terrain au Québec » lors de l’élection de 2019. Il s’oppose toutefois farouchement au controversé projet de loi 62 déposé par le gouvernement québécois, qui entend empêcher les femmes musulmanes de donner ou de recevoir des services publics à visage couvert.
Peu après sa victoire à la chefferie, Jagmeet Singh fait la manchette en raison d’une entrevue accordée à la télévision de la CBC. On lui demande s’il condamne les sikhs qui révèrent et exposent des affiches de Talwinder Singh Parmar, le présumé cerveau de l’attentat contre le vol 182 d’Air India qui a fait 329 victimes en 1985. Bien qu’il qualifie l’attentat de « massacre haineux », il refuse de dénoncer les sikhs qui honorent Talwinder Singh Parmar (Talwinder Singh Parmar est torturé et tué par la police indienne en 1992.) « Je ne sais pas qui est responsable [de l’attentat], mais je pense qu’il faut trouver cette personne, il faut s’assurer que l’enquête mène à la condamnation de la personne qui est effectivement responsable », affirme-t-il.
L’un des défis les plus importants auxquels Singh et le NPD fédéral doivent faire face est l’agrandissement proposé de l’oléoduc Trans Mountain. Rachel Notley, première ministre néo-démocrate de l’Alberta, appuie le projet, tandis que John Horgan, premier ministre néo-démocrate de la Colombie-Britannique, s’y oppose. Le gouvernement minoritaire de John. Horgan dépend donc de l’appui du Parti vert de la Colombie-Britannique et s’engage pleinement à mettre un terme à l’expansion de l’oléoduc. Ce conflit met Jagmeet Singh et le NPD fédéral dans une position difficile. Pendant des mois, il s’efforce de rester neutre, demandant une évaluation environnementale plus approfondie du projet. Cependant, en mai 2018, il annonce son opposition, poussant Rachel Notley à qualifier sa position de « naïve ».
À ce moment-là, Jagmeet Singh n’a toujours pas de siège à la Chambre des communes.
En août 2018, Jagmeet Singh annonce son intention de se présenter à l’élection partielle de Burnaby South, en Colombie-Britannique. Cette circonscription de la région de Vancouver est sans représentant depuis juin, moment où le député néo-démocrate Kennedy Stewart démissionne pour devenir maire de Vancouver (il gagne les élections et devient maire en octobre 2018). Le 25 février 2019, Jagmeet Singh est élu député fédéral de Burnaby South, remportant 39 % des suffrages et se plaçant devant ses principaux rivaux dans l’élection partielle, le candidat libéral Richard Lee et le candidat conservateur Jay Shin.
Élections fédérales de 2019
Le 16 juin 2019, Jagmeet Singh et le NPD annoncent La vision du NPD : des résultats pour vous!, le programme électoral du parti pour les élections fédérales d’octobre. L’une de ses principales politiques est un régime national d’assurance-médicaments. La plateforme se penche également sur le changement climatique, s’engageant à mettre fin aux subventions aux compagnies pétrolières et gazières et à augmenter les objectifs en matière d’émissions. Le parti promet également d’étendre la couverture cellulaire et l’Internet à large bande et de fixer des plafonds pour les factures d’Internet et de téléphone cellulaire. De plus, le programme du NPD met l’accent sur le logement abordable et confirme son engagement envers la réconciliation et les droits des Autochtones. Il promet également de meilleurs logements, de l’eau potable et une meilleure éducation pour les collectivités des Premières nations, des Inuits et des Métis. Pour aider à payer ces plans, le NPD propose d’augmenter le taux d’imposition des sociétés et le taux d’imposition du revenu le plus élevé, ainsi que d’imposer un nouvel impôt sur la fortune d’un pour cent sur les fortunes de plus de 20 millions de dollars.
Au cours de la campagne de 2019, Jagmeet Singh annonce plusieurs nouvelles politiques visant à soutenir et à accroître l’appui au Québec, où les sondages indiquent que les Québécois abandonnent largement le parti. Ces politiques incluent la promesse d’un financement accru pour l’intégration des immigrants ; la reconnaissance de l’importance de l’autonomie culturelle du Québec ; et un droit de veto efficace sur les projets d’infrastructure qui ont un impact environnemental, comme les oléoducs. Jagmeet Singh suggère également qu’il pourrait faire du Québec, la seule province qui n’a pas signé la Constitution canadienne, un signataire, sans toutefois préciser comment il y parviendrait.
Jagmeet Singh est toutefois critiqué, y compris par certains membres de son propre parti, pour avoir déclaré avant la campagne électorale qu’il ne travaillerait pas avec le gouvernement conservateur s’il remportait une minorité aux élections et qu’il voulait compter sur l’appui du parti pour certaines mesures. Les critiques ont laissé entendre qu’il admettait en fait que le NPD ne peut pas gagner les élections lui-même, et qu’il abandonne également une monnaie d’échange potentiellement précieuse dans un tel cas.
Au début de la campagne électorale, Jagmeet Singh et le NPD se trouvent pratiquement à égalité avec le parti vert d’Elizabeth May dans les sondages d’opinion. Cependant, à l’approche des élections, les néo-démocrates devancent les verts, en grande partie à cause de la performance de Jagmeet Singh dans les débats télévisés des chefs. De plus, Jagmeet Singh est félicité pour sa réaction envers les photos et la vidéo qui font surface à trois reprises montrant le chef libéral Justin Trudeau maquillé d’un visage noir. Au lieu de s’attarder sur le comportement ou les motivations de Justin Trudeau, Jagmeet Singh se concentre sur les gens qui ont été victimes de racisme :
Les enfants qui voient cette image, les gens qui voient cette image vont se rappeler toutes les fois où on s’est moqués d’eux, où ils ont été blessés, frappés, insultés, où ils se sont sentis diminués à cause de qui ils sont… Je veux que vous sachiez que vous avez de l’importance, que vous avez de la valeur et que vous êtes aimé. Et je ne veux pas que vous laissiez tomber le Canada, et s’il vous plaît, ne vous laissez pas tomber vous-mêmes.
À la fin de la campagne électorale, Jagmeet Singh et le NPD ont des raisons d’être optimistes, malgré les prédictions antérieures selon lesquelles le parti pourrait perdre sa position. Cependant, les élections fédérales du 21 octobre 2019 déçoivent à bien des égards. Alors que Jagmeet Singh conserve son siège à Burnaby-Sud, le NPD est réduit à 24 sièges à la Chambre des communes, passant ainsi à la quatrième place du classement général. Le parti perd tous ses sièges sauf un au Québec, où le Bloc québécois vit une renaissance. Le NPD est également exclu de la région du Grand Toronto, qui est dominée par les libéraux. Malgré cela, Jagmeet Singh est optimiste quant à la capacité que pourrait avoir son parti d’influencer la politique du nouveau gouvernement minoritaire libéral.
Opposition, 2019 à 2021
Habile débatteur, Jagmeet Singh demeure efficace en tant que chef de l’opposition, posant souvent des questions cinglantes pendant la période des questions. En juin 2020, Jagmeet Singh est à la tête des efforts déployés à la Chambre des communes pour que tous les partis acceptent une motion affirmant que le racisme systémique existait à la GRC et que cela devrait faire l’objet d’une enquête et de mesures. Le député du Bloc québécois Alain Therrien est le seul à ne pas appuyer la motion. À un moment donné, alors que Singh parle, Alain Therrien agite le bras comme pour rejeter les points soulevés. Jagmeet Singh traite alors Therrien de raciste. Lorsque Jagmeet Singh refuse la directive du président de retirer l’insulte et de s’excuser, il est expulsé de la Chambre pour le reste de la journée. Malgré tout, il répète son accusation à l’extérieur de la Chambre. Les actions de Singh attirent l’attention nationale sur la question du racisme systémique et le présentent comme un défenseur des minorités raciales au Canada.
Le gouvernement libéral minoritaire a besoin du soutien d’au moins un autre parti pour rester au pouvoir, et Jagmeet Singh se montre habile dans ses négociations avec le premier ministre Trudeau pour lui accorder le soutien du NPD. Il est particulièrement efficace pour aider à façonner la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19, la question la plus critique abordée pendant la session parlementaire.
À partir du printemps 2020, le gouvernement entreprend diverses initiatives pour aider la population canadienne. Les libéraux proposent une aide financière directe aux étudiants, mais Jagmeet Singh indique clairement que le NPD ne soutiendrait pas le programme sans augmenter le montant de l’aide, ce que le gouvernement accepte. Jagmeet Singh dit au premier ministre qu’il peut compter sur le soutien continu du NPD seulement s’il s’engage à améliorer les congés de maladie payés. Là encore, le premier ministre accepte. Pour aider les Canadiens et les Canadiennes qui ont perdu leur emploi en raison de la pandémie, le gouvernement offre une prestation canadienne d’urgence (PCU) de 1000 $ par mois pendant 16 semaines. Jagmeet Singh déclare qu’il ne voterait en faveur de la PCU que si elle était de 2 000 $ par mois et étendue à 28 semaines. Le premier ministre accepte. À la suite des pressions exercées par Jagmeet Singh et de sa promesse de soutien, le gouvernement accepte également d’augmenter sa subvention salariale initiale de 15 % à 75 %.
Élections fédérales de 2021
Le 15 août 2021, le premier ministre Trudeau convoque des élections fédérales pour le 20 septembre. Comme en 2019, Jagmeet Singh mène une campagne enthousiaste et utilise de nouveau les médias sociaux à son avantage. Contrairement aux autres chefs de parti, il publie régulièrement de courts clips sur TikTok qui démontrent son sens de l’humour autodérisoire. Jagmeet Singh visite 51 circonscriptions détenues par des députés conservateurs et libéraux dans l’espoir de les faire basculer du côté du NPD. Un sondage d’opinion publié par Abacus Data le 26 août révèle que Jagmeet Singh est « de loin le leader le plus populaire du pays », avec 42 % des répondants exprimant une opinion positive et seulement 24 % une opinion négative.
Contrairement à 2019, Jagmeet Singh n’exclut pas la possibilité de travailler avec un gouvernement conservateur minoritaire, mais il concentre la plupart de ses commentaires sur Justin Trudeau. Il souligne par ailleurs dans presque chaque discours et réponse aux journalistes que Trudeau s’est bien exprimé sur les questions, mais n’a pas tenu ses promesses. Jagmeet Singh attire ainsi l’attention à plusieurs reprises sur des questions telles que l’imposition des Canadiens riches, la résolution de la crise climatique, l’amélioration de l’accès au logement et l’assurance que toutes les communautés autochtones disposent d’eau potable.
Cependant, les résultats des élections sont décevants pour Singh et le NPD. Les libéraux conservent leur statut de gouvernement minoritaire avec 159 sièges, les conservateurs en remportent 119 et le Bloc québécois arrive troisième avec 33 sièges. Bien que le NPD augmente sa part du vote populaire de 16,0 % en 2019 à 17,8 %, le parti termine de nouveau en quatrième position avec 25 sièges, soit un de plus qu’en 2019. Le soir des élections, Jagmeet Singh parle de continuer à se battre pour les Canadiens et les Canadiennes sur les questions qu’il a soulevées pendant la campagne.
Le parti entame ensuite un processus d’examen de la campagne. La pratique de Singh consistant à prendre des fonds dans les circonscriptions locales pour soutenir sa propre campagne est examinée de près et suscite de nombreuses critiques. Cette situation, combinée au deuxième résultat électoral décevant de Singh, amène certains membres du parti à se demander s’il n’est pas temps de changer de direction.