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Jack Chambers

Jack Chambers, peintre, cinéaste (né le 25 mars 1931 à London en Ontario; décédé le 13 avril 1978). Bien qu’il ait disparu relativement jeune, Jack Chambers a vu son travail faire l’objet de deux expositions rétrospectives majeures au Musée des Beaux Arts de l’Ontario et à la Vancouver Art Gallery. Maître reconnu d’un mouvement théorique qu’il a lui même estampillé « réalisme perceptuel », il a été l’un des artistes de sa génération ayant le mieux vécu de son art et obtenu le plus de succès auprès de la critique.

Formation et début de carrière

Après des études au Sir Adam Beck Collegiate Institute de London en Ontario où il se forme auprès de Selwyn Dewdney (père du célèbre poète canadien Christopher Dewdney avec lequel il nouera une amitié de toute une vie) puis à la H.B. Beal Technical School, Jack Chambers poursuit des études de littérature à l’Université Western Ontario avant de partir pour l’Europe en 1953. Alors qu’il séjourne en France, il rencontre Picasso (on raconte même que la porte du domaine du maître étant verrouillée, il a grimpé la clôture pour y pénétrer) qui lui conseille de poursuivre sa formation à Barcelone. À compter de l’automne 1954, il suit donc des cours à l’Escuela Central de Bellas Artes de San Fernando, non pas à Barcelone, mais à Madrid. Après l’obtention de son diplôme en 1959, il demeure en Espagne et cultive une solide amitié avec le peintre réaliste Antonio Lopez Garcia. Sa première exposition a lieu en 1961 à la galerie Lorca à Madrid. Cette même année, il revient au Canada lorsqu’il apprend que sa mère est gravement malade. Au cours des années 1960, ses tableaux, intégrant des images oniriques et combinant expériences personnelles immédiates et souvenirs, évoquent le style empreint d’une très forte charge émotionnelle des maîtres de l’école baroque espagnole.

Maladie et œuvres de la maturité

En 1969, année au cours de laquelle les médecins diagnostiquent chez lui une leucémie, Jack Chambers publie un essai intitulé « Perceptual Realism » dans lequel il élabore, en s’appuyant sur différentes sources philosophiques et théologiques et notamment sur la lecture assidue des écrits du philosophe phénoménologiste existentialiste français Maurice Merleau‑Ponty, ses théories sur l’art. À compter de cette date, son travail connaît une évolution saisissante. Le caractère visionnaire de ses tableaux des années 1960 fait place à une représentation claire et précise de la réalité. Tout au long de sa vie artistique, il s’inspire de sujets qui lui sont chers : sa famille, son foyer, la ville de London et les paysages environnants. Ses œuvres incarnent une certaine idée d’un régionalisme qui ne s’appuierait pas sur une vision restrictive empreinte de nostalgie et de sentimentalisme, mais qui célébrerait la réalité de la vie et du travail en un lieu particulier. C’est au cours de cette phase de sa carrière qu’il produit certains de ses tableaux les plus marquants, notamment les œuvres emblématiques que sont La 401 vers London nº 1 (1968‑1969), Dimanche matin nº 2 (1968‑1970) et L’hôpital Victoria (1969‑1970).

Jack Chambers s’adonne également à l’art cinématographique, produisant cinq films entre 1964 et 1970. Bien qu’il ait lui‑même minimisé son œuvre de réalisateur, son film le plus long The Hart of London (1968‑1970) – une méditation approfondie sur le conflit entre la nature et la ville de London intégrant, comme un ready‑made cinématographique, des images tournées des années plus tôt en Espagne – s’est bâti, après la mort de l’artiste, une brillante réputation. Le légendaire cinéaste expérimental américain Stan Brakhage en a parlé comme l’un des plus grands films jamais réalisés.

En 1967, à la suite d’un différend avec le Musée des beaux‑arts du Canada à propos de droits de reproduction, il fonde, conjointement avec d’autres artistes de London — Tony Urquhart, Kim Ondaatje, Greg Curnoe et Ron Martin —, la Canadian Artists’ Representation (CAR) pour tenter de mettre au point un barème tarifaire concernant les droits de reproduction et la location des œuvres lors des expositions publiques. Sous sa présidence, de 1967 à 1975, la CAR évolue en une organisation nationale dotée d’établissements locaux dans tout le pays.

Héritage

Les œuvres de Jack Chambers sont représentées dans de nombreuses collections publiques canadiennes, notamment celles du Musée des beaux‑arts du Canada, du Musée des Beaux‑Arts de l’Ontario, du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée des beaux‑arts de Montréal et de la Vancouver Art Gallery. En 1970, le Musée des Beaux‑Arts de l’Ontario et la Vancouver Art Gallery mettent sur pied l’exposition Jack Chambers Retrospective. En 2011, le Museum London présente l’exposition Jack Chambers: Light from the darkness, silver paintings and film work qui sera ensuite Collection McMichael d’art canadien. En 2012, le Musée des Beaux‑Arts de l’Ontario monte une rétrospective de grande ampleur de son œuvre, Jack Chambers: Light, Spirit, Time, Place and Life.

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