L’hydroélectricité
est une forme d’énergie produite par l’écoulement de l’eau. La quantité d’énergie produite varie selon le volume d’eau et
sa vitesse : plus il y a d’eau et plus elle s’écoule vite, plus la
quantité d’énergie produite sera importante. C’est pourquoi bon nombre de
centrales hydroélectriques sont construites à proximité de chutes d’eau. Pour produire de l’énergie, l’eau
est acheminée vers des turbines, parfois par l’intermédiaire d’un barrage. Elle fait tourner les turbines,
qui à leur tour font tourner les génératrices, produisant ainsi de l’électricité.
Renouvelable et relativement non polluante, l’hydroélectricité est la plus
importante source de production d’électricité au Canada.
Aperçu
La
disponibilité des ressources d’énergie hydraulique varie selon la topographie
et le climat.
Leur exploitation, cependant, dépend de l’importance et de la proximité des
marchés à qui est destinée l’énergie, ainsi que de la disponibilité et des prix
des sources d’énergie
concurrentielles comme l’énergie éolienne
et solaire.
L’exploitation de l’énergie hydroélectrique et sa contribution à la production
canadienne totale d’électricité varient d’une province à l’autre. Le Québec, la Colombie-Britannique,
Terre-Neuve-et-Labrador
et l’Ontario génèrent la majorité de l’hydroélectricité
au Canada. En 2018, le Québec a produit un peu plus de 50 % de l’hydroélectricité
canadienne, la Colombie-Britannique, 17 %, et Terre-Neuve-et-Labrador et l’Ontario,
environ 10 % chacun. À l’exception du Manitoba, qui en a produit 9 % en 2018, la
production de chacune des autres provinces et de chacun des territoires
représente moins de 1 %.
Les sites
les plus propices à l’exploitation hydroélectrique sont situés à une distance
raisonnable des centres de distribution. Au Canada, des centrales électriques
sont déjà construites sur la majorité d’entre eux. Cependant, un important
potentiel hydroélectrique demeure encore inexploité dans le nord du Québec, en Colombie-Britannique
et au Yukon. Les facteurs qui influent sur la viabilité de
sites hydroélectriques techniquement réalisables sont presque exclusivement
économiques. L’exploitation de ces sites nécessiterait donc une diminution
importante des coûts de construction et de financement, une augmentation
substantielle des coûts de l’énergie provenant d’autres sources, la création de
marchés énergivores situés à une distance raisonnable ou des tarifs établis en
fonction des frais de transport de l’énergie vers le Sud.
Les grands
projets hydroélectriques traditionnels ont comme principaux inconvénients l’investissement
initial élevé requis, de longs travaux de construction et l’impact
environnemental de l’inondation
du territoire. Par contre, on estime en général qu’ils sont compensés par la
longue durée de vie des centrales, leurs coûts d’exploitation peu élevés et
leur faible bilan carbone.
Historique : De 1850
à 1900
Au cours
des années 1850, les Nord-Américains ont exploité l’énergie de
l’eau en
mouvement au moyen de roues hydrauliques et de turbines de faible puissance. L’énergie
ainsi produite servait à actionner des machines comme celles utilisées dans les
moulins et les scieries.
Vers les années 1860, les États-Unis fabriquaient plusieurs centaines de
turbines dont la puissance atteignait 1 000 chevaux-puissance (hp). Au
début des années 1870, au moins une usine canadienne produisait en moyenne
20 turbines par année. L’hydroélectricité fait son apparition au cours des
années 1880, à la même époque où Thomas Edison commence à fabriquer des
génératrices à courant continu, ce qui permet d’éclairer plusieurs immeubles d’un
même quartier.
L’avènement
des génératrices d’électricité fait croître la demande en électricité. S’ensuit
un besoin grandissant en sources d’électricité,
comme l’hydroélectricité. Là où l’énergie hydraulique est facile d’accès, on
installe des turbines spéciales pour actionner des génératrices d’électricité
qui permettent d’éclairer,
d’abord uniquement en soirée. Vers la fin des années 1880, la production d’électricité
hydraulique est déjà bien établie. Au début, l’utilisation de la production
hydroélectrique est limitée par la puissance de la centrale électrique, qui
varie selon la vitesse et le volume de sa source en eau, ou par la demande en
électricité près de la centrale. Il est difficile de transmettre le courant
électrique continu, car plus on s’éloigne de la source, plus la quantité d’électricité
diminue. Le cuivre
permet de transmettre l’énergie sur de longues distances mieux que d’autres
types de métaux conducteurs, mais il est inabordable.
Le
développement des transformateurs commercialement viables dans les années 1890
a permis le transport de l’électricité à des distances considérables
sans perte excessive. Plus rapide que le courant en continu, le courant
alternatif sous haute tension permet l’exploitation de sites hydroélectriques
plus éloignés. Par exemple, en 1896, on réussit à transporter de l’électricité
sur une ligne de 11 000 V (considérée à l’époque comme une tension
prodigieusement élevée) à une distance d’environ 32 km, soit des chutes Niagara jusqu’à Buffalo (New York). Deux
ans plus tard, une ligne de 22 400 V s’étalant sur plus de 56 km
commence à fournir Hamilton
en électricité depuis DeCew Falls à St.
Catharines. Ainsi, le transport sur une longue distance donne lieu à d’importantes
augmentations de la puissance de l’équipement utilisé pour la production d’hydroélectricité :
dès le début du XXe siècle, on fabrique des génératrices à
turbines de 5 000 hp. À titre de comparaison, on utilise maintenant
des génératrices hydroélectriques à turbines dont la puissance dépasse 600 000 hp.
De 1900 à 1945
Au début du
siècle, on assiste à une croissance rapide de l’exploitation des sites
hydroélectriques et à des augmentations progressives de la tension de
transmission. On exploite un plus grand nombre de sites éloignés et on prolonge
les lignes de transport afin de répondre à l’augmentation graduelle, mais
importante, de la demande en électricité.
En 1903, une centrale hydroélectrique située à Shawinigan, au Québec,
alimente Montréal par une ligne de transport de
50 000 V d’une longueur de 135 km. En 1910, Hydro Ontario transporte l’énergie
hydroélectrique produite aux chutes
Niagara sous une tension de 110 000 V.
En 1900, la
capacité totale de production hydroélectrique du Canada atteint 133 000 kilowatts
(kW). Cette électricité est produite principalement au Québec et en Ontario, où se trouvent des sites
hydroélectriques intéressants près des centres urbains. Les Maritimes, l’Alberta et la Colombie-Britannique comptent aussi quelques
centrales moins importantes. Au cours des 10 années suivantes, on
construit d’importantes installations hydroélectriques dans toutes les
provinces, sauf à l’Île-du-Prince-Édouard et en Saskatchewan. En 1906, la Yukon Gold Company
bâtit une installation hydroélectrique sur la rivière Little Twelve Mile,
au Yukon. Au début des années 1950, des centrales
hydroélectriques alimentent les deux territoires du Nord. En Saskatchewan, on
ne produit pas d’énergie hydroélectrique avant le début des années 1960,
alors que le projet d’aménagement de la rivière Saskatchewan Sud commence à
assurer le contrôle et la régulation du principal bassin
hydrographique de la province.
La
production canadienne d’énergie hydroélectrique connaît une croissance modérée
jusqu’au milieu des années 1920, après quoi la croissance s’accélère
pendant les 10 années suivantes, pour ralentir pendant la Deuxième Guerre mondiale.
De 1945 à aujourd’hui
Après 1945,
le nombre d’installations hydroélectriques et thermiques s’accroît soudainement
afin de répondre à la croissance progressive de la demande. (Voir aussi Production
d’électricité.) Cette croissance, qui dépasse annuellement 10 % dans
certaines provinces, ne ralentit pas avant le milieu des années 1970, au
moment où l’activité économique subit les effets de la crise internationale de
l’énergie
de 1973 et entraîne une diminution du taux annuel de croissance de la
consommation d’électricité.
De 1920 à
1950, les centrales hydroélectriques produisent plus de 90 % de la
capacité totale de production du Canada. Toutefois, ce pourcentage diminue
après les années 1950 et passe sous la barre des 60 % en 1976. Cette
diminution est attribuable aux centrales thermiques à combustible fossile, qui
constituent un remplacement à prix compétitif, et au nombre restreint de bons
sites hydroélectriques restants près des grandes agglomérations,
ce qui augmente les coûts de transport. Cependant, les coûts d’exploitation des
sources concurrentielles d’électricité, principalement l’énergie nucléaire et les centrales thermiques au
charbon,
au pétrole
et au gaz
naturel, ont augmenté depuis le début des années 1970.
En 2018, 61 %
de l’électricité produite au Canada est de source hydroélectrique. Le reste de
l’électricité est produit à partir du nucléaire, du gaz naturel, du charbon, de
l’énergie éolienne, du pétrole et de sources d’énergie renouvelables autres que
l’hydroélectricité.