Hogan's Alley | l'Encyclopédie Canadienne

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Hogan's Alley

Hogan’s Alley est un ancien quartier de Vancouver, en Colombie-Britannique, qui accueillait les immigrants de communautés multiples, mais surtout la population afro-canadienne. Le nom de « Hogan’s Alley » n’a jamais été officiel, mais demeure le terme populaire utilisé pour décrire l’intersection en « T » comprenant Park Lane et les entreprises et les résidences situées au sud-ouest de Strathcona.

Hogan’s Alley est un ancien quartier de Vancouver, en Colombie-Britannique, qui accueillait les immigrants de communautés multiples, mais surtout la population afro-canadienne. Le nom de « Hogan’s Alley » n’a jamais été officiel, mais demeure le terme populaire utilisé pour décrire l’intersection en « T » comprenant Park Lane et les entreprises et les résidences situées au sud-ouest de Strathcona. Au début de 1967, la ville de Vancouver commence des travaux de nivelage sur la moitié ouest de Hogan’s Alley dans le but d’y installer une autoroute. Ce faisant, ce quartier distinct disparaît.


Hogan’s Alley est un ancien quartier de Vancouver, en Colombie-Britannique, qui accueillait les multiples communautés d’immigrants, mais surtout la population afro-canadienne. Le nom de « Hogan’s Alley » n’a jamais été officiel, mais demeure le terme populaire utilisé pour décrire l’intersection en « T » comprenant Park Lane et les entreprises et les résidences situées au sud-ouest de Strathcona. J. S. Matthews, premier archiviste de Vancouver, note que le nom informel date d’au moins avant 1914. La communauté noire s’établit dans la région dès 1923 lorsque l’African Methodist Episcopal Fountain Chapel est fondée. La présence des Noirs dans le quartier s’explique par sa proximité avec la gare de Great Northern Railway, où beaucoup d’hommes dans la communauté travaillaient comme porteurs. La discrimination en matière de logement dans le reste de Vancouver amplifie aussi la concentration de la population noire à cet endroit. Au début de 1967, la ville de Vancouver commence des travaux de nivelage sur la moitié ouest de Hogan’s Alley dans le but d’y installer une autoroute interurbaines. Ce faisant, ce quartier distinct disparaît. La commémoration de Hogan’s Alley ne commence sérieusement que dans les années 1990, avec l’augmentation de la reconnaissance publique accompagnant la venue de 21e siècle.

Origines

Au début du 20e siècle, la ségrégation raciale à Vancouver n’est pas comparable au reste du monde. Une concentration d’immigrants s’installe donc à Hogan’s Alley et dans ses environs. Alors que les Asiatiques et les Autochtones sont sujets à une ségrégation officielle exigeante, les autres gens n’étant pas de race blanche ou ne parlant pas l’anglais vivent la discrimination en proportion de leur petit nombre. Parmi les conditions qui contribuent au développement multiethnique du quartier, on compte la discrimination en matière de logement à l’extrémité est de Vancouver, les classes sociales et économiques et la proximité de la gare de chemin de fer. En effet, beaucoup d’hommes noirs y sont porteurs. Un document civil datant de 1957 parle de Strathcona dans ces termes :

La population noire, bien que numériquement petite, constitue sans doute une grande portion de la population noire de Vancouver. Leur choix de ce quartier tient en partie à sa proximité avec les chemins de fer qui emploient beaucoup d’entre eux, en partie du coût de la vie très bas et en partie du fait qu’il est traditionnellement le domicile de plusieurs groupes qui ne sont pas de race blanche.

Dans un document de planification, le scientifique social Leonard Marsh confirme la présence de la communauté noire dans le quartier, et les raisons qui l’expliquent : « Il y a une petite colonie de familles noires, assez nombreuses pour représenter presque trois pour cent de la population totale [de Strathcona]. Beaucoup pourraient se permettre d’habiter ailleurs, mais il est bien trop clair qu’ils ne seraient pas les bienvenus ». (Voir aussi Préjugés et discrimination)

Culture

À l’époque, Hogan’s Alley était un creuset de groupes ethniques, étant le quartier original de la communauté italienne de Vancouver et la frontière sud du Quartier chinois. Des institutions de culture noire notables, on compte les « chicken house », restaurants qui servaient aussi de lieux de réunion (le plus connu étant Vie’s Chicken and Steak house), de même que l’African Methodist Episcopal Fountain Chapel et les quartiers généraux de la Brotherhood of Sleeping Car Porters. La résidente la plus célèbre du quartier est Nora Hendrix, grand-mère paternelle du musicien Jimi Hendrix et femme très engagée dans la communauté de 1920 jusqu’aux années 1980, après la démolition du quartier. Elle avait de l’expérience avec les vaudevilles et participait à des spectacles communautaires à Vancouver, tout comme son fils, Al Hendrix, le père de Jimi Hendrix. D’autres artistes de la communauté noire de l’est ont connu le succès, dont l’actrice et chanteuse Thelma Gibson-Towns et son frère Leonard Gibson, un danseur d’exception qui grâce à son groupe de danse, le Negro Workshop Dance Group, a dansé pour les Ballets de la Colombie-Britannique.

Renouveau urbain

413, rue Prior à Hogan's Alley, 1973, Vancouver (Colombie-Britannique).

Dès 1929, Hogan’s Alley est le sujet d’un long débat sur son statut de bidonville. À cette époque, un changement dans les lois civiles commence à décourager le développement résidentiel du quartier. En 1939, un jury d’assises de la Cour suprême de Colombie-Britannique fait état des graves conditions de pauvreté dans le quartier. Des journaux locaux reprennent l’information en pointant Hogan’s Alley comme une zone troublée. Helena Gutteridge, première femme à être conseillère municipale à Vancouver, se charge du dossier des logements sociaux dans l’est; elle visite donc le quartier et interroge ses résidents. Toutefois, elle n’est pas réélue, et le débat sur Hogan’s Alley devient le point de mire du « renouveau urbain », projet de planification civile venant des États-Unis (voir Réformes urbaines). Ce concept américain s’effectue en construisant des autoroutes intermunicipales, en démantelant les infrastructures des tramways et en « vidant les bidonvilles ». Habituellement, les résidents sont déménagés dans des projets d’habitation expérimentaux dans des programmes de ce type. Les villes qui adoptent cette loi choisissent le plus souvent des quartiers noirs ou chinois comme lieux de renouveau. Dans le cas de Vancouver, c’était les deux. On justifie la construction d’autoroutes sur les sites de Hogan’s Alley et de la moitié du Quartier chinois par la création de deux tours d’habitations sociales à Strathcona : MacLean Park et le Raymur Social Housing Project, qui doivent tous deux abriter les résidents évincés.

La majorité de la population noire réussit à rejoindre la population générale avant le commencement des avis d’expropriation dans les années 1960. Durant cette décennie, le site qui était autrefois Hogan’s Alley devient la portion sud du Quartier chinois, même si quelques familles noires y restent et que l’église reste en fonction jusque dans les années 1980. Après la disparition de la partie ouest du quartier à cause de la construction des viaducs Georgia et Dunsmuir en 1967, la communauté manifeste son opposition aux autres phases du projet, qui est donc arrêté. Le Quartier chinois est ainsi sauvé, mais peu des marqueurs de la communauté noire qui y étaient présents demeurent.

Patrimoine

Depuis la fin de Hogan’s Alley, il n’existe aucun quartier spécifiquement noir à Vancouver. Malgré tout, des organisations comme la British Columbia Association for the Advancement of Coloured People et des festivals comme les Carribean Days et le mois de l’Histoire des Noirs rassemblent les membres de la communauté. L’intérêt pour Hogan’s Alley et la communauté noire de l’est croît grandement au début du 20e siècle; des réalisateurs, des écrivains et des artistes comme Andrea Fatona et Cornelia Wyngaarden, Wayde Compton et Stan Douglas explorent même le sujet dans leurs œuvres. Bien que peu de preuves de l’histoire d’un quartier noir aient existé entre 1970 jusqu’au début des années 2000, des gestes ont récemment été posés pour commémorer l’endroit, comme la création du Hogan’s Alley Café et du Jimi Hendrix Shrine, tous deux situés sur l’ancien site de Hogan’s Alley. Des groupes communautaires comme les différents comités du mois de l’Histoire des Noirs, la Black Cultural Association et le Hogan’s Alley Memorial Project en perpétuent le souvenir et mènent même à l’installation par la ville d’une plaque commémorative sur le site de Hogan’s Alley en 2013. En 2014, la ville de Vancouver reconnaît officiellement Hogan’s Alley et sa communauté noire en proclamant février le mois de l’Histoire des Noirs. La même année, Postes Canada crée un timbre commémorant le quartier.

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