Caractéristiques de l’hiver
En général, les météorologues et les climatologues de l’hémisphère Nord considèrent décembre, janvier et février comme les mois d’hiver. Cependant, au Canada, la durée de l’hiver varie selon les régions et sa rigueur, selon les latitudes.
Dans la plus grande partie du Canada, l’hiver est associé à la neige, à la glace, aux blizzards, au vent et aux risques que comporte le refroidissement éolien. Les conditions extrêmes des hivers canadiens semblent être la norme plutôt que l’exception. Le record de froid en Amérique du Nord a été atteint à Snag, au Yukon, le 3 février 1947, où le mercure est descendu à -63°C, une température à glacer les os.
Adaptation de l’humain à l’hiver
Les conditions hivernales ont poussé l’humain à trouver de nombreux moyens d’adaptation, et ce sont les Autochtones du pays, qui en ont d’abord conçu, en observant les animaux en hiver. Certains de ces moyens d’adaptation, comme le toboggan, le kayak et les raquettes, ont facilité les déplacements et l’exploration aux premiers temps du pays et ont depuis été intégrés aux loisirs canadiens. Se loger en hiver était tout un défi pour les premiers peuples et les Inuits ont réglé la question avec ingéniosité en trouvant la manière de construire des igloos avec de la neige pour s’en faire des habitations.
Vu la géographie du pays, les transports causent des soucis particuliers au Canada. En hiver, les routes et autoroutes jouent un rôle particulièrement crucial dans la vie quotidienne. Les premières routes d’hiver étaient les cours d’eau gelés que suivaient les Premières Nations, dont l’exemple a été suivi par les explorateurs, les colons et les soldats. Les premières routes au Canada n’étaient guère plus que des sentiers défrichés et ils étaient si difficiles que la plupart des gens préféraient voyager à cheval ou à pied que par d’autres modes de transport. Quelques routes étaient légèrement améliorées par des grumes déposées côte à côte, qui donnaient des routes « côtelées », mais pouvant servir au transport dans l’arrière-pays, surtout en hiver, quand des lisses remplaçaient les roues des chariots et voitures inconfortables.
L’hiver était un obstacle aux déplacements, même en train, et il a fallu inventer le chasse-neige. Au 19e siècle, quand la colonisation de l’Ouest a été rendue possible par le chemin de fer, l’hiver s’est avéré un ennemi rude et inlassable. Des milliers d’hommes étaient engagés pour enlever la neige des voies ferrées à l’aide de pelles. En 1869, un dentiste torontois, J.W. Elliott, a conçu le chasse-neige rotatif. Un autre Canadien, Orange Jull, améliora sa conception. Le chasse-neige Elliott-Jull est devenu un équipement standard des trains en Amérique du Nord, car il leur a permis de circuler dans les pires conditions; en outre, l’entretien hivernal des rails a désormais mis moins d’hommes en danger.
Attitudes à l’égard de l’hiver
On peut croire que l’hiver n’est pas un environnement naturel pour les humains, mais les Canadiens semblent prendre plaisir à tester l’endurance qui leur permet de supporter leur rude climat hivernal, même s’il ne leur plaît pas. À tel point qu’on peut dire que l’hiver fait partie de l’identité canadienne. Nulle part au pays empêche-t-il les Canadiens de sortir. De nombreux sports d’hiver sont pratiqués : hockey, ski alpin et ski de fond, surf des neiges, patinage sur glace, raquette, curling et motoneige.
Au Canada, l’hiver donne lieu aussi à des célébrations saisonnières telles que le célèbre Carnaval de Québec, avec son hôtel de glace, le Winterfest de Calgary, le Winter Start Festival de Banff, en Alberta, et le Bal de Neige à Ottawa. Pour éclairer les longues nuits, de nombreux événements font une place de choix à la lumière, entre autres la « Cavalcade de lumières », à Toronto, le festival Montréal en lumière et les fêtes des lumières à Vancouver, Airdrie, en Alberta, et à Niagara Falls. Les festivals d’hiver proposent typiquement des promenades en traîneau, des courses de ski de fond, du patinage, de la sculpture sur neige et sur glace, des feux d’artifice, des feux de joie et beaucoup de nourriture et de boissons chaudes.
Dans les territoires nordiques, l’hiver est si important que la culture y est étroitement associée. Dans le Nord, on voit des festivals d’hiver comme le Snowking’s Winter Festival à Yellowknife avec son château sculpté dans la neige, le Long John Jamboree de Yellowknife où il y a des courses de traîneaux à chiens, le K’amba Carnival et le tournoi polaire de hockey sur étang de Hay River, dans les Territoires du Nord-Ouest, et la Top of the World Ski Loppet d’Inuvik, également dans les Territoires du Nord-Ouest. En 1970, on a commencé à tenir les Jeux d’hiver de l’Arctique pour permettre aux athlètes du Nord de s’entraîner et de participer à des compétitions dans divers sports.
Folklore hivernal
Il est inévitable qu’un pays aussi marqué par l’hiver ait un folklore qui l’évoque, en particulier chez les peuples autochtones. Le mythe inuit du ver de glacier, nommé Sikusi et capable de faire fondre les igloos, en fait partie. Il y a aussi la légende du fantôme d’un trappeur condamné à expier ses nombreux péchés en aidant les voyageurs égarés et qui erre dans la nature du Labrador en traîneau tiré par chiens huskies blancs. Mais, l’élément le plus persistant de ce folklore, qui devrait peut-être être qualifié de méprise, est l’idée que les Inuits ont, ou n’ont pas, beaucoup de mots pour parler de la neige, croyance de nature folklorique dans les deux cas.
La prétention avancée au sujet du mythe linguistique veut que les ensembles de langue inuite ajoutent un suffixe aux mots pour exprimer les mêmes concepts que l’anglais et beaucoup d’autres langues expriment au moyen de phrases ou de mots composés, mais qu’il n’y a pas plus de racines désignant la neige en langue inuite que dans d’autres langues (voir Inuktitut; Les mots en inuktitut pour la neige et la glace). Cependant, les anthropologues qui connaissent les Autochtones de l’Arctique mentionnent la diversité des termes utilisés par les Inuits pour parler de glace et de neige, mais il n’est pas clair qu’il puisse s’agir de « mots » différents d’un point de vue linguistique. Ce qu’il y a de certain, c’est que les Inuits décrivent la glace et la neige de manière à comprendre l’environnement où ils vivent et se déplacent et à s’en arranger. La neige et la glace sont très importantes et constituent souvent des caractéristiques dangereuses de leur paysage culturel qu’il faut comprendre pour survivre. Il est donc vital de communiquer avec précision les caractéristiques de la neige et de la glace et leur état, d’où la diversité des termes qui les décrivent.
Quand arrive le Jour de la marmotte (le 2 février), la plupart des Canadiens cherchent déjà des signes du printemps et ils sont prêts à croire au folklore voulant que la marmotte sorte à la recherche de son ombre ce jour-là. Malheureusement, février est souvent le pire mois de l’hiver et de nombreux records y ont été établis, notamment : une tempête de neige mortelle à St. John’s en 1959; une tempête de verglas en 1961, où des quartiers de Montréal ont été privés d’électricité pendant une semaine; un blizzard qui a isolé Iqaluit, au Nunavut, pendant 10 jours en 1979; un blizzard qui a paralysé l’Île-du-Prince-Édouard pendant une semaine en 1982; le désastre de la plateforme Ocean Ranger le 15 février 1982; la plus grosse chute de neige en une journée, 145 cm, à Tahtsa Lake, en Colombie-Britannique, le 11 février 1999.