Henri
Bourassa, politicien, journaliste (né le 1er septembre 1868, à Montréal,
au Québec; décédé le 31 août 1952, à Montréal). Henri Bourassa était un
important dirigeant nationaliste canadien qui a soutenu l’accroissement de l’indépendance
du Canada envers l’Empire britannique. Henri Bourassa a également été défenseur
des droits de la population canadienne-française au Canada.
Antécédents et idéologie
politique
Henri
Bourassa naît à Montréal
le 1er septembre 1868. Sa famille est l’une des familles les plus
réputées du Québec.
Son père est un peintre de renom, et son grand-père, Louis-Joseph Papineau, est un célèbre héros folklorique
des rébellions
de 1837. Henri Bourassa commence sa carrière en politique tôt lorsqu’il est
élu maire de la ville de Montebello alors qu’il a 22 ans. Six ans plus tard, en
1896, il entre en politique fédérale, et il y reste jusqu’en 1907.
Henri
Bourassa est un Canadien français intellectuel respecté qui souligne l’importance
pour le Canada de devenir indépendant de l’Empire britannique. Il inspire également
la croissance d’un mouvement nationaliste au Canada français. (Voir aussi
Nationalisme
canadien-français.) La vision politique de Henri Bourassa se concentre sur
trois thèmes principaux : la relation du Canada avec la Grande-Bretagne,
la place des Canadiens français au Canada, et les valeurs entourant la vie
économique.
Opposition à la
participation du Canada dans la guerre d’Afrique du Sud
La carrière
politique d’Henri Bourassa coïncide avec une époque où la plupart des Canadiens
anglais se sentent fortement attachés à l’Empire britannique (voir Impérialisme). Ce sentiment devient particulièrement
fort lorsque la Grande-Bretagne prend part à la guerre d’Afrique
du Sud, et de nombreux Canadiens anglais ressentent le besoin d’aider leur
mère patrie. Henri Bourassa, jeune et prometteur député libéral,
se fait connaître en octobre 1899, lorsqu’il démissionne de son poste en guise de
protestation. Il s’oppose à la décision du gouvernement libéral de Wilfrid
Laurier d’envoyer des troupes canadiennes volontaires au combat sans
consulter le Parlement.
En 1900, il
est de retour à la Chambre
des communes, ayant gagné l’élection partielle sans opposition. Il tente
alors de faire en sorte que le Parlement soit la seule autorité pouvant
déclarer la guerre au nom du Canada. Bien que sa résolution soit rejetée, cet
enjeu sera fondamental pour les politiques canadiennes des 40 années suivantes.
En 1907,
Henri Bourassa démissionne de son poste pour entrer en politique provinciale.
Il est élu à l’Assemblée nationale du Québec en 1908, où il siège jusqu’en
1912. Entre-temps, en 1910, il fonde Le Devoir, qui demeure à ce jour un journal important
et influent du Québec. Il en est le rédacteur en chef jusqu’en 1932.
À la défense de la
souveraineté canadienne durant la Première Guerre mondiale
En 1910, Henri
Bourassa s’oppose au projet de loi du service naval du gouvernement, qui permettrait
au gouvernement de confier la Marine canadienne proposée à la Grande-Bretagne sans
le consentement du Parlement. En s’appuyant sur cet enjeu, il organise une
campagne antilibérale durant les élections fédérales de 1911. La campagne est
suffisamment efficace pour appauvrir la force électorale de Wilfrid Laurier au
Québec.
Après quelques
hésitations, Henri Bourassa en vient à s’opposer à la participation du Canada à
la Première Guerre mondiale. Son opposition est principalement due au fait que
le gouvernement conservateur de Robert Borden a engagé le Canada à entrer en
guerre sans consulter le Parlement. Il redoute qu’une telle action puisse
renforcer l’allégation que le Canada devrait automatiquement participer à
toutes les guerres britanniques.
En 1917, Henri
Bourassa devient célèbre parce que les deux grands partis se servent de lui comme
d’un symbole de nationalisme canadien-français extrême pour leurs propres fins
politiques. Wilfrid Laurier refuse d’appuyer la conscription, car il craint de céder le Québec à
Henri Bourassa.
Pendant ce
temps, le gouvernement
d’union de Robert Borden déclare que, si les libéraux dirigés par Wilfrid Laurier
sont élus, Henri Bourassa en sera le véritable chef et qu’il retirera le Canada
de la guerre. Cependant, c’est la dernière fois qu’Henri Bourassa est un
facteur sérieux de la politique canadienne. En 1925, il est à nouveau élu dans
son ancienne circonscription de Labelle et il en demeure député jusqu’à sa
défaite en 1935.
Malgré la
diminution du rôle d’Henri Bourassa dans la politique, son influence
intellectuelle n’en est pas moins considérable. Mackenzie
King, qui succède à Wilfrid Laurier comme chef du Parti libéral en 1919,
reprend l’idée d’Henri Bourassa selon laquelle seul le Parlement canadien peut
déclarer la guerre. Il maintient le Canada juridiquement neutre pendant 7 jours
après le déclenchement de la guerre de la Grande-Bretagne contre l’Allemagne en
1939. Ainsi, Mackenzie King réalise le programme initialement établi par Henri Bourassa
au tournant du siècle.
Nationalisme canadien
d’Henri Bourassa
Un autre
aspect du programme nationaliste d’Henri Bourassa est son insistance sur le
fait que le Canada devrait être un pays anglais-français. Selon son point de
vue, la culture canadienne-française doit résister à l’assimilation et doit
obtenir l’égalité des droits dans tout le pays. Il devient publiquement associé
à ce qui s’appellera le biculturalisme dans les années 1960. En 1905,
Henri Bourassa fait campagne sans succès pour que les catholiques puissent
contrôler leurs propres écoles en Saskatchewan et en Alberta. Il déclare que l’égalité
des cultures est une importante condition pour que les Canadiens français
continuent d’accepter la Confédération.
En 1912,
Henri Bourassa fait campagne en faveur de l’éducation en français lorsque le
gouvernement ontarien cherche à limiter l’usage du français dans les écoles
primaires. (Voir Question
des écoles de l’Ontario.) Il met fin à sa campagne en septembre 1916
lorsque le pape fait appel à la modération. Cependant, ce n’est qu’à la fin des
années 1920 que ce règlement critiqué est abrogé.
Au début
des années 1920, Henri Bourassa voit sa vision d’une nation canadienne
biculturelle attaquée par les nationalistes du Québec dirigés par Lionel Groulx.
En 1922, Lionel Groulx propose l’idée d’un État laurentien séparé comme
objectif souhaitable pour les Canadiens français. Henri Bourassa s’oppose avec
véhémence à ce vague idéal d’un État distinct. Les deux personnages
représentent deux visions distinctes du nationalisme, et ils s’affrontent pour
savoir lequel d’entre eux a le plus de mérite.
Vision économique d’Henri
Bourassa
Bien que la
vision nationaliste d’Henri Bourassa a surtout un impact politique, ses
préoccupations religieuses sont encore plus importantes pour lui. Il croit que son
peuple devrait être le phare du catholicisme en Amérique du Nord. Sa plus
grande ambition est d’empêcher l’américanisation du Canada en résistant à
placer l’accumulation des richesses au-dessus de la vénération de Dieu dans la
société canadienne. Bien qu’il accepte que la propriété privée soit essentielle
à la liberté de l’homme, il croit qu’en ce qui concerne les questions
économiques, le bien public doit prévaloir.
Henri
Bourassa est très troublé par l’essor des grosses industries. Il croit que les
profits des grandes entreprises sont immoraux, mais que ceux des petites
entreprises sont légitimes. Il considère que les petits entrepreneurs en tant
que classe sociale sont mieux préparés pour préserver les valeurs catholiques.
Il semble penser que la croissance des grandes entreprises n’est pas due à l’efficacité
économique, mais à l’appât du gain. Il croit que si les enseignements du
catholicisme sont acceptés, cette tendance pourrait être interrompue ou renversée.
Parfois, il
rêve d’une société qui redeviendrait plus rurale et serait constituée de petites
entreprises. Ce point de vue a entravé sa capacité d’élaborer un programme
réaliste pour réglementer la puissante influence des grandes entreprises dans
la vie économique.
Vie ultérieure
Lors des
élections de 1935, Henri Bourassa est battu par Maurice Lalonde. Malgré sa
défaite, Henri Bourassa se dit « soulagé d’un lourd fardeau, et même ravi. » Il
se retire de la politique électorale pour le moment. Cependant, il continue de
prononcer des discours publics à l’occasion. Il réitère sa vision du Canada,
bien qu’elle irrite de nombreux jeunes nationalistes qui préfèrent la vision de
Lionel Groulx. Henri Bourassa dénonce également l’Union soviétique et
l’Allemagne nazie. Toutefois, il manifeste son soutien au régime de Vichy,
probablement en raison de la très forte influence catholique du régime. Tout
comme lors de la Première Guerre mondiale, son appétit très faible pour la
guerre le pousse à soutenir le retrait du Canada de la Deuxième Guerre
mondiale. En 1942, il participe même à la fondation du Bloc
populaire canadien pour lutter contre la perspective d’une autre crise de
conscription.
En 1944, Henri Bourassa subit une crise cardiaque qui limite sévèrement ses capacités. Il se retire finalement de la vie publique, et meurt le 31 août 1952.