Haïdas | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Haïdas

Les Haïdas sont un peuple autochtone ayant traditionnellement occupé les baies côtières et les anses de l’archipel Haida Gwaii en Colombie-Britannique. Lors du recensement de 2021, 4260 personnes ont déclaré être d’ascendance haïda, tandis que 220 personnes ont déclaré être des locuteurs de la langue haïda.

Charme du chaman
Charme haïda en os, provenant de Haida Gwaii (archipel également appelé îles de la Reine‑Charlotte), Colombie‑Britannique.
Canot haïda
Certains canots haïdas peuvent embarquer jusqu’à 40 personnes.
Cuivre
Cuivre haïda provenant de Haida Gwaii (archipel également connu sous le nom des îles de la Reine‑Charlotte), Colombie‑Britannique. Les cuivres étaient l’une des offrandes les plus prisées lors des potlatchs.
Hochet haïda
Hochet en bois datant d’avant 1880, 25,3 x 12,6 cm.
Village haïda
Village autochtone Skidegate des Haïdas à Haida Gwaii (archipel également connu sous le nom des îles de la Reine‑Charlotte), Colombie‑Britannique, juillet 1878.
Habitation haïda
Les Haïdas affirment publiquement leur appartenance au clan par le biais d’un affichage sophistiqué d’emblèmes familiaux, sculptés sur des totems ou dressés devant leur maison.
Masque de lune
Masque de lune en bois, provenant de Haida Gwaii (archipel également appelé îles de la Reine‑Charlotte), Colombie‑Britannique.

Population et territoire

Les Haïdas sont un peuple autochtone qui occupe traditionnellement les baies côtières et les anses l’archipel Haida Gwaii en Colombie‑Britannique. Des preuves archéologiques confirment que ces îles sont habitées de façon continue depuis au moins 6000 à 8000 ans. La relation entre les Haïdas et Haida Gwaii, qui signifie « les îles du peuple », est fondamentale pour la vie traditionnelle et contemporaine des Haïdas. Les deux principaux centres de population sont Old Masset, dans la partie nord de l’île Graham, et Skidegate, dans le sud‑est. Lors du recensement de 2021, 4260 personnes déclarent être d’ascendance haïda.


Vie avant la colonisation

Traditionnellement, chaque village haïda constitue une unité politique indépendante et, dans une grande mesure, chaque famille d’un village est une entité indépendante. Sur le plan économique, les Haïdas échangent des produits, comme des eulakanes, avec d’autres nations autochtones en Colombie‑Britannique, notamment les Nisga’a. Les Haïdas mangent également souvent du saumon et une variété d’animaux chassés, dont le grizzli.

Société et culture

Les Haïdas appartiennent à l’un de deux groupes sociaux, celui de l’Aigle et celui du Corbeau, parfois appelés « moitiés » ou clans. Les Haïdas épousent un membre du groupe opposé. L’appartenance au clan est matrilinéaire et chaque groupe est composé de plus de vingt lignées. Les individus affirment publiquement leur appartenance au clan par le biais d’un affichage sophistiqué d’emblèmes familiaux dont ils ont hérité, qui sont sculptés sur des mats totémiques ou dressés devant leur maison, mais qui peuvent également être sculptés ou peints sur des canots, des boîtes de cèdre, des masques et sur toutes sortes d’objets utilitaires et décoratifs. Bien que ces pratiques culturelles et artistiques soient distinctes, elles présentent un certain nombre de similitudes avec les pratiques des Tsimshians et des Tlingits voisins.

Les potlatchs sont au cœur de la vie des Haïdas. Ces cérémonies constituent un moyen de renforcer l’organisation sociale et économique ainsi que l’interdépendance des moitiés, des lignées et des villages. Le nom des lignées est généralement dérivé du lieu d’origine du groupe. Les lignées sont constituées en groupes détenteurs de biens ou propriétés. Ces biens ou propriétés détenus par la lignée incluent les droits sur certains cours d’eau à saumons, sur des sites de trappage, sur des parcelles de terrain où sont cultivés des plantes comestibles et du tabac, sur des peuplements de cèdre, sur des roqueries d’oiseaux, sur des bandes côtières et sur des sites d’habitation dans le village d’hiver. C’est le chef de la lignée qui assure la gestion des biens du groupe.

Langue

La langue des Haïdas est un isolat qui comprend deux dialectes : le xaad kil (masset), parlé dans le nord de l’île et dans certaines régions du sud‑est de l’Alaska, et le xaayda kil (skidegate), parlé dans le sud. Cette langue est en voie de disparition. Lors du recensement de 2021, 220 personnes déclarent avoir une connaissance de la langue haïda. Cependant, ce chiffre ne précise pas le nombre de personnes qui parlent couramment la langue. Selon la Nation Haïda, il y a moins d’une douzaine de personnes parlant couramment le xaad kil. La Nation reconnait également qu’environ la moitié de tous les locuteurs qui parlent couramment le xaayda kil sont des aînés. Le X̲aad Kíl Née Language Office et le Skidegate Haida Immersion Program soutiennent la revitalisation de la langue haïda (voir aussi Langues autochtones au Canada; Familles des langues autochtones de la côte du Nord‑Ouest).

Histoire coloniale

On estime en général que le premier contact enregistré avec les Européens a lieu en 1774, avec l’explorateur espagnol Juan Pérez; toutefois, certains chercheurs suggèrent que des explorateurs russes pourraient avoir été en contact avec les Haïdas dès 1741. En 1787, le capitaine britannique George Dixon commence à faire de la traite de peaux de loutre de mer avec les Haïdas, et ces derniers restent au centre de la lucrative traite des fourrures de loutre de mer avec la Chine jusqu’au milieu des années 1800.

Les colons européens ne peuplent pratiquement pas l’archipel Haïda Gwaii avant 1900. Le Conseil de la Nation Haïda estime que la population de l’archipel Haida Gwaii avant l’arrivée des Européens est de l’ordre de quelques dizaines de milliers de personnes, un chiffre qui est confirmé par les premiers marchands de fourrure qui enregistrent des estimations similaires, bien que naturellement imprécises. Même si les Haïdas s’engagent dans des guerres avec d’autres nations autochtones, en utilisant de grands canots de mer pour les expéditions de raids aussi loin au sud que l’État de Washington, les confrontations violentes avec les Européens sont relativement peu nombreuses. Néanmoins, en 1915, leur population en est au nombre de 588 personnes, principalement en raison de la variole et d’autres maladies apportées par les Européens.

À mesure que les Européens empiètent sur leurs territoires, les Haïdas se voient contraints de s’installer sur des parcelles de terre plus petites. Afin d’assimiler les populations autochtones, le gouvernement canadien envoie les enfants haïdas dans des pensionnats indiens où il leur est interdit, tout comme aux autres enfants autochtones, de parler leur langue et de pratiquer leurs coutumes culturelles. Lancée officiellement en 2008, la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVRC) a pour objectif de guider la population canadienne dans la difficile découverte de la réalité des faits derrière le système des pensionnats indiens, et de jeter les bases d’une réconciliation durable partout au Canada.

Constitution haïda

La Nation Haïda revendique un titre autochtone sur l’ensemble de l’archipel Haida Gwaii, mais n’est pas en mesure de conclure un traité formel avec le gouvernement de la Colombie‑Britannique, et elle se retire des négociations. Les Haïdas continuent cependant de négocier avec le gouvernement provincial sur une base intergouvernementale et ils parviennent à un certain nombre de négociations importantes, incluant la protection de zones ayant une importance culturelle, la réduction de moitié de l’exploitation forestière, l’accès aux ressources et aux revenus connexes, le renforcement de la protection environnementale et une participation continue à un modèle de relations de « gouvernance partagée », plutôt qu’une autonomie gouvernementale pure et simple.

En avril 2024, la Nation Haïda et le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique signent une entente visant à reconnaitre le titre autochtone sur Haida Gwaii. L’entente, intitulée Gaayhllxid/Gíihlagalgang « Rising Tide » Haida Title Lands Agreement, reconnait le titre des Haidas sur Haida Gwaii comme un droit protégé en vertu de l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. De plus, l’entente établit une période de transition de deux ans au cours de laquelle la Nation Haïda et le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique travailleront à la « réconciliation des compétences et des lois sur Haida Gwaii ».

La constitution de la Nation Haïda de 2010 stipule :

La Nation Haïda est l’héritière légitime de l’archipel Haida Gwaii. Notre culture est faite de respect et d’une relation intime avec la terre, l’océan et l’air qui nous entourent. À l’image des forêts, les racines de notre peuple sont si solidement imbriquées que les plus grandes difficultés ne peuvent avoir raison de nous. Nous devons notre existence à l’archipel Haida Gwaii. La génération actuelle accepte la responsabilité de garantir que notre héritage sera transmis aux générations suivantes. Sur ces îles, nos ancêtres ont vécu et sont morts, et c’est là, également, que nous entendons résider jusqu’à ce que nous soyons appelés à les rejoindre dans l’immense au‑delà.


Vie contemporaine

De nombreux Haïdas contemporains sont célèbres pour leurs œuvres d’art (voir aussi Art autochtone de la côte Nord‑Ouest), tandis que beaucoup d’autres ont des activités prospères dans la pêche ou dans la foresterie. Conjointement avec Parcs Canada, les Haïdas gèrent la réserve de parc national Gwaii Haanas/Moresby‑Sud sur l’archipel Haida Gwaii. Un programme intitulé « gardiens de Haida Gwaii » protège et interprète les sites historiques archéologiques sur l’ensemble des îles. Les Haïdas travaillent également dans des programmes d’écotourisme, et la pêche commerciale comprend un permis pour la pêche d’œufs de hareng sur algue, traditionnellement appelés k’aaw, appartenant à la bande de Massett. La bande de Skidegate détient également plusieurs permis de pêche de ce type.

La pêche des k’aaw fait l’objet d’un certain nombre de controverses lorsque des entreprises de pêche commerciale, soutenues par le ministère des Pêches et des Océans de la Colombie‑Britannique, cherchent à obtenir des permis pour pêcher les œufs de hareng directement plutôt que par le biais de la collecte du frai. Les Haïdas, ainsi que les Nuu‑chah‑nulth et les Heiltsuks s’opposent à ces actions au début de 2014. Les Nuu‑chah‑nulth obtiennent une décision de la Cour fédérale contre la pêche commerciale sur leur territoire, tandis que les Haïdas négocient un moratoire d’un an sur la pêche commerciale.

Le Conseil de la Nation Haïda représente tous les Haïdas, tout en reconnaissant les pouvoirs distincts des Haidas‑Kaiganis qui vivent au nord de l’entrée Dixon dans le sud de l’Alaska. La Constitution de la Nation Haïda accorde à toutes les personnes d’ascendance haïda la citoyenneté et les droits autochtones, héréditaires et culturels connexes, ainsi que les droits individuels et participatifs. Tout citoyen haïda âgé de plus de 16 ans peut voter pour élire des représentants au Conseil, ou peut proposer des lois et des politiques qui seront soumises à un vote. La Constitution reconnait également le rôle des conseils de village ainsi que des chefs héréditaires des lignées matrilinéaires.

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection des peuples autochtones

Liens externes