Le 4 août 1701, les Français ont conclu un accord de paix avec les Cinq Nations haudenosaunee (iroquois), mettant ainsi fin à près d’un siècle d’hostilités marquées par des atrocités dans les deux camps. Les Haudenosaunee sont autorisés à commercer librement et à obtenir des marchandises des Français à un coût réduit. En échange, ils s’engagent à permettre la colonisation française à Detroit et à rester neutres en cas de guerre entre l’Angleterre et la France. L’accord assure la supériorité de la Nouvelle-France dans le traitement des questions relatives aux Premières Nations de la région. Elle donne également aux Français la liberté de s’étendre militairement au cours des cinquante années suivantes.
Contexte
Le siècle de guerre entre les Français et les Cinq Nations haudenosaunee (iroquois) est marqué par une série d’expéditions militaires et de raids de guérilla. Il est initié par Samuel de Champlain en 1609, lorsqu’il se joint au groupe de guerre des Algonquins et des Hurons-Wendats contre les Mohawks de la région du lac Champlain. Il implique ainsi les Français dans le réseau préexistant d’alliances et d’ennemis qui caractérise les conflits autochtones nord-américains de l’époque, dans le but de renforcer la position de la Nouvelle-France en matière de traite des fourrures.
Par la suite ont lieu des conflits mineurs avec les Haudenosaunee sous les gouverneurs Daniel de Rémy de Courcelle en 1665, Joseph-Antoine Le Febvre de La Barre en 1684 et Marquis de Denonville en 1687. Ce n’est qu’en 1696 que le gouverneur Frontenac réussit à mettre fin aux raids des Haudenosaunee contre la Nouvelle-France. Il détruit également les villages et les vivres des Onondagas et des Oneida, ce qui affaiblit considérablement les Haudenosaunee et les motive à négocier avec les Français.
Début des négociations
Après la mort de Frontenac en novembre 1698, Louis-Hector de Callière est promu gouverneur de Montréal. Lorsqu’il devient gouverneur de toute la Nouvelle-France au printemps 1699, il commence à chercher des moyens de mettre fin aux guerres. En juillet 1700, des délégués de quatre nations haudenosaunee (les Mohawks sont absents) rencontrent le gouverneur de Callière pour entamer des pourparlers de paix. Une réunion de toutes les nations, y compris les cinq nations haudenosaunee et toutes les autres nations alliées aux Français, est prévue pour l’été suivant à Montréal.
Trente-neuf nations envoient un total de 1300 délégués pour discuter des modalités de l’action collective. (La population de Montréal à l’époque est d’environ 1 200 habitants.) Ils viennent d’aussi loin que les Maritimes à l’est et ce que l’on appelle aujourd’hui l’Illinois, à l’ouest. Les négociations durent plusieurs semaines et se terminent le 4 août 1701. Grâce à la cérémonie de condoléances des Haudenosaunee, qui prévoit un échange de cadeaux et de prisonniers et la « signature » solennelle des accords, les différentes nations acceptent de rester en paix les unes avec les autres. Le gouverneur de Callière fait faire des ceintures wampum pour chaque nation autochtone afin de commémorer le traité.
Clauses et portée
La Ligue iroquoise s’engage à permettre aux Français de s’établir à Detroit et à demeurer neutre en cas de guerre entre l’Angleterre et la France. En échange, les Haudenosaunee sont autorisés à commercer librement et à obtenir des marchandises des Français à un coût réduit. Tous s’entendent pour dire que le gouverneur général de la Nouvelle-France assurera la médiation des différends entre eux, reconnaissant par le fait même une relation privilégiée entre les Haudenosaunee et les Français.
L’accord de Montréal crée une ère de paix qui dure jusqu’à la conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques en 1760. L’entente assure aussi la supériorité de la Nouvelle-France dans le traitement des questions liées aux Premières Nations de la région. Elle donne également aux Français la liberté de s’étendre militairement au cours des cinquante années suivantes. Cependant, elle mine aussi l’efficacité de la chaîne d’alliance, un système d’alliances entre les Haudenosaunee et les treize colonies américaines. Cela entraîne ainsi une détérioration des relations entre eux.
Commémorations
À l’occasion du 300e anniversaire du traité de paix en 2001, le musée d’anthropologie Pointe-à-Callière, à Montréal, accueille une exposition d’artefacts liés à l’accord, dont le manuscrit original. La Ville de Montréal renomme également une partie de la Place d’Youville « Place de la Grande-Paix-de-Montréal ». Un obélisque indique également l’endroit où le traité a été signé.